« J’aurais aimé pouvoir te dire à quel point ton absence m’est douloureuse. J’aurais aimé retourner dans le passé et effacer cette affreuse journée. J’aurais aimé avoir eu quelques secondes d’avances et empêcher ce qu’il s’est passé. Te souviens-tu de cette journée ? Tu étais venu me chercher dans mon appartement. Tu avais ce sourire si magnifique qui me contaminait, je souriais en ta présence. Tu avais posé ton ballet sur le perron de ma porte comme si de rien n’était, tu étais entrée comme si c’était chez toi, tu avais prit un verre de jus d’orange et tu t’étais posée avec mes deux soeurs dans le canapé. On est sortie, toutes les deux. Tu avais claquée la bise à ma sœur, tu t’étais arrêtée et avais parlé créatures magiques avec la femme de ménage, coupe du monde de Quidditch avec mon voisin. Ce soir là, je me souviens, tes boucles rousses volaient légèrement. La lune était pleine et tu m’avais dit que c’était un signe, un signe de bonheur imminent. Tu m’avais sourie et tapé sur l’épaule en disant « voila mon bonheur » et tu étais partie en trombe sur ton ballet. Tu avais un don pour cette discipline, tu faisais partie des meilleures au Quidditch, tu voulais même en faire ton métier. Ce soir là, on avait été au trois ballets, un bar sorcier londonien. Tu avais bu beaucoup, comme à ton habitude. Je te soupçonnais même d’avoir consommée autre chose pendant que tu avais été te laver les mains dans les toilettes. Tu dansais bien mais tu faisais toujours la débile, pour te faire remarquer. Tu explosais de rire, en retroussant ton petit nez. Tes yeux se plissaient, et tes tâches de rousseur ressortaient plus à la lumière du bar. Alcolisée, tu ne rendais pas compte de ce que tu faisais. Moi aussi, alcolisée, je collais un baiser sur le bout de ton petit nez que j’aimais tant pincer. On était alors sortie du bar, tu rigolais, pour un rien. Tu t’étais baissé au pied d’un arbre. Tu aimais la botanique et tu excellais en cette matière. Tu avais sortie discrètement ta baguette magique et avait fait pousser des plantes grimpantes qui se sont parsemées de petites fleurs aux couleurs de l’arc-en-ciel. Tes yeux brillaient dans la pénombre. Tu souriais, tu t’es retournée, et tu t’es mit à courir, tu riais et je te regardais, heureuse que tu le sois. Et puis d’un coup, alors que tu disparaissais dans le noir, j’entendis un sort de défense, un cri, strident, le tien. Paniqué, je couru, baguette en main et je découvris, en plein milieux de l’herbe fraiche de la nuit, ton corps. Tu avais été tuée parce que tes parents étaient moldus, parce que tu n’avais pas le sang-pur. J’aurais du courir avec toi, j’aurais été là et je t’aurais sauvé, je ne sais comment du haut de mes dix-sept ans face à des sorciers expérimentés, j’aurais été là, je .. pardonne-moi encore, je n’arrive toujours pas à te dire à quel point tu me manques. Mais sache une chose, tu resteras la seule dans mon esprit, la seule à l’occuper. A toi ma meilleure amie.

Max »




C'est ce putain de mot qui est sortit de la bouche de cet homme. Intelligente. Sa bouche s'est ouverte puis fermée. Sa moustache s'est retroussée. Il l'a dit, il l'a osé. Il ne m'avait pas préparé à ce mot. Il l'a prononcé, comme ça, de but en blanc, sans crier garde. Ma tante n'y a pas cru. Elle a rit, m'a ébouriffé les cheveux de sa main remplie de pierres précieuses. Son sourire s'était crispé comme à chaque fois qu'elle cache une gène naissante. Elle a essayé d'afficher un air complice comme si elle pouvait être complice avec une quelconque personne. Je le savais bien. Cet affront, ce minuscule mot dit par un vieux péquenot à la science infuse avait repoussé ma tante sur ses tranchées. Je l'imaginais très bien, armure sur le dos, épée en main, se cacher derrière son casque comme elle le fait si bien avec ce monstrueux sourire qu'elle pensait beau. « Vous devez faire erreur, elle ne peut être intelligente. » Voilà que maintenant elle me tapote le genoux faisant cliqueter ses bracelets. Tout était parfait chez elle. Son maquillage qu'elle peaufinait chaque matin durant de longues minutes, sa jupe sans aucun plis, sa coiffure exemplaire, tout était parfait, son image était parfaite. Là, elle en prenait un coup. Intelligente. Cet enfant ne pouvait l'être. Ce mot résonnait dans ma tête comme une mélodie. Il prenait tout son sens. Intelligente. L'intonation, le nombre de syllabe, la façon dont il avait été prononcé par l'homme, j'analysais tout. Je restais là, bouche ouverte, immobile. « Je suis certain de mon jugement, cette gosse est très intelligente. » Il le répétait, un seconde fois. Le regard interrogateur de ma tante se pose sur moi. Sa chevelure rousse ondule sous ce geste. Elle me fixe longuement et moi, je suis là, immobile, sans voix. Intelligente. Le vieux avait vu au-delà de l'apparence. Il avait su regarder et lire dans mon âme ce que personne n'avait su faire jusqu'à présent. Pas même moi n'était au courant de ce trait de caractère majeure de ma personnalité. Le sourire parfait de ma tante disparait peu à peu. Elle comprend maintenant le sens de ce mot. Intelligente. Comment avait-elle fait pour ne pas le voir? Une légère étincelle brillait maintenant dans son regard. Son esprit analysait tant de choses à la fois. Elle voyait de nouveaux horizons pour cette môme. Pas même mon père n'avait su dire ce mot. J'étais pour lui une plante qu'on arrosait une fois par semaine. J'étais pour lui, une bonne gosse qui sait écouter les ordres et les appliquer. Bon résultats, sage, une gosse exemplaire polie, une plante qu'on avait bien fait pousser. Cette bulle s'était formée autour de moi. Je voulais être parfaite. Lui aussi allait être choqué de ce diagnostique. Intelligente. Et moi, muette, je comprenais que ma vie changerait maintenant.