Leven fuyait la salle commune des Serpentard, redoutant d'y croiser un Isaac déprimé ou en pleine colère. Il s'était alors réfugié dans une des salles d'étude afin d'étudier au calme, là où il était sûr de ne jamais croiser quiconque capable de le faire sortir de ses gonds. Mais alors qu'il planchait sur une étude des lois magiques, Leven sentit quelqu'un l'approcher. Pas franchement sociable, Leven resta concentré sur son devoir, jusqu'à ce que ce parasite vienne s'asseoir à ses côtés. Aussi froid qu'à son habitude, Leven ne releva même pas la tête pour murmurer d'une voix serpentine, traduisant son agacement, « Il y a des places plus loin. Elles sont bien plus accueillante et bien mieux situées, va donc voir. ». Leven faisait une étude des élèves qu'il croisait à Poudlard, et il savait bien que pour les plus aventureux, il fallait quelques minutes d'inattention totale avant qu'ils ne s'en aillent. Mais il fut désagréablement surprit lorsque cet individu osa poser la main sur son bras. Se retournant calmement vers cette personne, Leven mis quelques secondes avant de se rappeler que ce type s'appelait Castiel, qu'il était complètement taré ou masochiste, et qu'il aimait déclarer sa flamme régulièrement à Isaac. Alors qu'il avait prévu de se montrer des plus froid pour faire face à cette intrusion dans son espace vitale, Leven se calma instantanément, amusé de le voir ici, et amusé par toute sa personne en réalité. « Je ne viens pas pour t'embêter. J'ai... quelque chose à te donner. On se voit demain midi, le lac noir, ça va ? ». Leven acquiesça d'un vague hochement de tête qui pouvait très bien passer inaperçu, et se remit aussitôt à son travail.

La soirée se déroula d'une manière des plus habituelles qui soit. La curiosité ne fit parler d'elle qu'en début de journée. Qu'est-ce que ce type pouvait bien lui vouloir ? Il ne pouvait pas le détester, après tout, il ne prenait même pas part à ses histoires avec Isaac – même si elles l'amusaient particulièrement. Alors qu'il aurait très bien pu ne pas se rendre au rendez-vous, ne même pas y prêter la moindre attention, il se retrouva à ne penser qu'à ça durant tous ses cours de la matinée. Il détestait l'idée qu'on puisse le surprendre, il détestait l'idée qu'un type comme Castiel puisse le surprendre, le prendre de court. Agacé, obsédé par l'idée qu'il n'arrivait pas à deviner ce qui se passait, Leven finit par sécher une bonne partie de ses cours, arrivant plusieurs heures en avance devant le lac noir. Comment un type comme Castiel avait pu choisir un lieu si parfait ? Leven adorait cet endroit, il adorait se poser devant cette eau intrigante, au calme, là où personne ne venait jamais le déranger, se laissant revivifier par l'air froid qui lui fouettait le visage.

Leven passa des heures installé dans l'herbe, au pieds du lac auquel il faisait face. On aurait pu le prendre pour un narcisse, mais il travaillait sagement, les livres posaient sur ses jambes, il étudiait encore et toujours. Jusqu'à ce que l'idée de Castiel lui donnant un quelconque objet ne revint l'obséder. Incapable d'étudier plus longuement avec cette idée en tête, il se releva et passa un certain temps à faire les cents pas devant le lac noir. Il commençait à s'en vouloir d'avoir rater des cours pour une raison aussi absurde. Il n'aurait même pas du venir. Pourquoi se déranger pour un type qui trouver du charme à Isaac. Il était sur le point de se convaincre de partir lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule. Désagréable au possible, Leven fit volte-face, dégageant rapidement cette main. « C'est une manie chez toi ? ». Mais Leven n'était pas une personne réellement colérique, il avait beau se forcer, il finissait toujours par reprendre le contrôle de toutes ses émotions. Et il ne tarda pas à se faire aussi doux, ou du moins calme, qu'à son habitude. « Bon, alors, le maso, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » Intrigué par ce rendez-vous étrange, il attendit une quelconque réaction de la part du jeune homme qui tenait un étrange paquet dans ses mains. « Oh, mon dieu. Faites que ce ne soit pas un stupide cadeau qu'il voudrait que j'offre à Isaac. Me dites pas qu'il est aussi fou que ça. Pourquoi je suis venu moi ? »

Le vent effleurait le paysage, faisant frémir les plantes, mais la surface sombre du lac, quant à elle, restait imperturbable. Son eau calme et profonde imposait à la fois la crainte et le respect, elle était magnifique. Et plus il avançait vers cette étendue glacée, plus il était persuadé que c’était l’endroit idéal pour le rendez-vous qu’il avait fixé. D’ailleurs, c’était sûrement osé, aux yeux de la plupart des élèves de Poudlard du moins, mais pour Castiel, c’était plutôt… amusant. Inviter le meilleur ami d’Isaac Rosier sans vraiment en donner la raison exacte, en laissant ainsi planer le doute et le mystère, c’était plaisant. Pourtant, il avait envisagé plusieurs échecs. Premièrement, Leven aurait pu directement décliner son invitation. Mais pour éviter cette situation, il avait tenté de le surprendre, d’éveiller sa curiosité. Cependant, l’effet pouvait vite retomber et pousser le serpentard à ne pas se présenter au lac à l’heure fixée. C’était le risque et le serdaigle l’avait pris en compte, bien qu’il aurait été déçu, il n’en aurait pas été surpris. Après tout, Isaac ne l’appréciait pas du tout, et le dire ainsi était un euphémisme affligeant, alors Leven ne devait pas avoir un avis bien différent à son sujet. Du moins, c’était ce qu’il croyait. Parce que, contre toute attente, lorsqu’il s’approcha de la berge, il aperçut la silhouette du vert et argent qui l’attendait avec plus ou moins de patience. De là où il se trouvait c’était dur à dire. Mais dans tous les cas, le jeune homme était en avance et cette perspective arracha un sourire à Castiel. Avait-il réellement piqué sa curiosité au point de le pousser à venir plus tôt ?

Il ne lui fallut que quelques secondes pour traverser la distance qui le séparait de Leven. À vrai dire, il était plutôt pressé de voir la réaction du serpentard face au paquet qu’il tenait dans les mains. D’après ce qu’il savait, ce n’était pas vraiment son anniversaire ce jour-là, ni une quelconque fête. Alors, cela lui semblerait sûrement inattendu, voire même plutôt louche. Et le serdaigle s’en amusait d’avance. Posant sa main sur l’épaule du jeune homme, il attira à nouveau son attention de cette manière si tactile qui lui ressemblait tant… Et qui déplut à son camarade vert et argent. Enfin, ce n’était pas une surprise, loin de là. « C'est une manie chez toi ? » Il s’était levé si rapidement que la main de Castiel retomba mollement contre son corps. Mais il n’y prêta pas attention, trop occupé à sourire malicieusement. Car oui, c’était bel et bien une manie chez lui de toucher tous ceux qui ne le désiraient pas. D’ailleurs, il ne prit pas la peine de répondre, car c’était davantage un reproche qu’une question. Et puis, Leven n’était pas comme Isaac et il reprit rapidement une contenance afin de s’adresser à nouveau à lui d’une voix plus calme. « Bon, alors, le maso, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » Amoureux du mystère, le serdaigle haussa négligemment les épaules. En effet, il n’était pas pressé de tout lui dire et de laisser filer le suspens. Néanmoins, il était pratiquement certain que le serpentard n’était pas du genre à apprécier l’attente et ses insatisfactions.

Silencieux, il suivit le regard du jeune homme qui venait de se poser sur le paquet qu’il tenait nonchalamment contre son torse. Amusé par son air dubitatif, il hésita un instant à retarder encore le moment où la surprise n’en serait plus entièrement une. Du moins, plus pour très longtemps. En même temps, il avait hâte de savoir également ce que contenait le paquet qu’il avait trouvé dans la chambre de sa jumelle. Bien sûr, il l’avait déjà vu lorsqu’elle lui avait annoncé fièrement qu’elle allait l’offrir à Leven pour son anniversaire, mais il n’était pas là lorsqu’elle l’avait acheté et pour être honnête, à l’époque il se moquait éperdument de ce qu’il pouvait bien contenir. Mais à présent, c’était différent, c’était un souvenir, une partie de Katsa, qu’elle avait laissée derrière elle. « Tu ne crois quand même pas que ce cadeau vient de moi ? Certes, je suis gay, mais tu sais que je ne suis pas amoureux d’Isaac, n’est-ce pas ? Je continue à lui faire des avances simplement parce qu’il est tellement colérique qu’il ne voit pas que c’est ce que je cherche. Me disputer avec lui me distrait, c’est tout. » Il avait prononcé ces quelques mots sur un ton calme et posé, presque neutre et pourtant, une pointe de malice animait ses traits. Repenser à ce qu’il faisait pour détourner son esprit de son seul et véritable problème lui donnait souvent envie de sourire. Mais derrière sa nonchalance, il se fissurait lentement. La découverte de ce cadeau avait réveillé tellement de choses… C’était devenu essentiel de le faire parvenir rapidement à son véritable propriétaire. « En revanche, ce paquet est vraiment pour toi. Avant que tu paniques et que tu t’imagines que je vais te sauter dessus ou je ne sais quoi d’autre, sache que je n’ai pas menti, ce cadeau ne vient pas de moi, je l’ai trouvé dans la chambre de Katsa. Elle avait écrit ton nom dessus et je me suis souvenu que c’était pour ton anniversaire. » Sa voix ne tremblait pas, elle semblait même presque détachée, mais ce n’était qu’une apparence. Lorsqu’il mentionnait sa sœur, ses démons le rongeaient de l’intérieur et il oscillait alors entre colère et désespoir, sans savoir quel côté devait l’emporter. Mais pour se protéger, il choisissait souvent la colère, il feignait l’arrogance, et il jouait son propre rôle à la perfection. Cependant, cette fois, c’était tellement différent… Il remplissait une mission que Katsa n’avait pu mener à bien avant de partir, et il n’aurait pas supporté de souiller sa mémoire en agissant comme un con.

« Tu ne crois quand même pas que ce cadeau vient de moi ? Certes, je suis gay, mais tu sais que je ne suis pas amoureux d’Isaac, n’est-ce pas ? Je continue à lui faire des avances simplement parce qu’il est tellement colérique qu’il ne voit pas que c’est ce que je cherche. Me disputer avec lui me distrait, c’est tout. » Bien sûr que je pensais que ce cadeau venait de lui, j'avais pas des centaines d'étudiants prêts à me faire passer un cadeau par les mains d'un type que je connaissais à peine. Bien sûr que je me demandais s'il était véritablement amoureux d'Isaac ; évidement, j'avais toujours eut des doutes, mais personne ne pouvait tomber amoureux d'Isaac, ce type avait déjà assez de mal à se faire des amis, alors se trouver des amants... J'écoutais ce quasi inconnu d'un air assez las ; comme si j'avais besoin de toutes ces explications. Cela faisait un moment que je le prenais pour un maso qui aimait s'attirer les foudres d'Isaac pour une raison ou une autre, il n'avait pas besoin de me l'expliquer aussi platement. Ses explications m'énervant quelque peu, je ne posais qu'à peine mon regard sur lui, le fixant sur des détails du décor ; ne l'écoutant que d'une oreille distraite. « En revanche, ce paquet est vraiment pour toi. Avant que tu paniques et que tu t’imagines que je vais te sauter dessus ou je ne sais quoi d’autre, sache que je n’ai pas menti, ce cadeau ne vient pas de moi, je l’ai trouvé dans la chambre de Katsa. Elle avait écrit ton nom dessus et je me suis souvenu que c’était pour ton anniversaire. » Je paniquais. Dès qu'il avait annoncé que le cadeau m'était véritablement adressé j'avais légèrement sursauté. Mon regard s'était concentré de nouveau sur sa personne, mon attention s'était réveillée. Je ne voulais pas de cadeaux, je détestais ce genre de choses ; je détestais les surprises et n'appréciais même pas le jour de mon anniversaire. Pourquoi donc me l'offrir aujourd'hui, sans raison particulière, en ce jour si banal ? J'avais beau l'écouter rejeter la raison de son action sur le souvenir de sa sœur, je ne pouvais pas m'empêcher de lui en vouloir de me faire une chose pareille. Pourquoi est-ce qu'il ne s'était pas contenté de me le déposer quelque part ? Pourquoi est-ce qu'il ne me l'avait pas tout simplement jeté dans les mains entre deux cours ? Je trouvais toute cette scène totalement déplacée, ridicule, et mon regard comme mon humeur commençaient à s'assombrir. J'étais terriblement agacé, beaucoup trop gêné pour réagir normalement. « Tu n'aurais pas du. » Je finissais par répondre, après avoir laissé un certain silence s'installer. Je n'avais même pas envie de rester là, de prendre ce cadeau, je n'avais même pas envie de savoir de quoi il s'agissait. J'avais envie de regagner le château, les cours, la vie quotidienne. « Je veux dire, … ce n'est même pas mon anniversaire. Tu aurais du attendre. » Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Je me refusais à prendre ce cadeau, je me contentais de le fixer, comme si toutes ses intentions allaient s'afficher sur son visage. J'étais terriblement gêné à le voir ainsi, se débarrassant d'un souvenir de sa sœur qu'il aurait sûrement gardé s'il n'avait pas été à mon nom. J'imaginais assez difficilement la peine qu'il devait ressentir et me sentais d'autant moins à ma place. Je ne voulais pas être celui qui le prive d'un souvenir de sa sœur, je ne voulais pas non plus avoir à le consoler et pourtant une espèce de conscience habituellement endormie me répétait d'être plus délicat avec lui. « Je suis censé l'ouvrir tout de suite ? » je lui désignais le paquet d'un vague hochement de tête. S'il me permettait de partir avec et l'ouvrir une fois dans mon dortoir, je pourrais toujours m'en sortir. Il me suffirait de le remercier plus tard, lors d'une ses éternelles prise de bec avec Isaac. Mais je sentais que ce serait assez déplacé, ou méchant. Je soupirais. « La connaissant, ça risque d'être quelque chose de tellement ridicule... » En quelques secondes, j'essayais de m'imaginer les pires choses qu'elle aurait pu me trouver, mais elle arrivait toujours à trouver pire que moi... Mon imagination m’entraînant dans des délires peu réconfortants, je ne me décidais toujours pas à accepter le paquet. Je ne me sentais véritablement pas la force d'accepter un cadeau pareil, peu importe ce que c'était au fond. La situation m'agaçait profondément. « Tu sais, tu aurais pu me le donner lors d'une de tes prises de bec avec Isaac... Mais puisqu'on en est là, ouvre-le. Et, surtout : aucun jugement. Je suis certain que ça va être atrocement ridicule... »