Les couloirs de l’école étaient mortellement silencieux à cette heure avancée de la nuit, si bien que l’on pouvait s’imaginer des milliers de complots se former à travers les murs sans que l’on ne s’en rende compte. C’était la soirée de ronde de la vélane puisqu’elle n’avait aucun cours le lendemain. Elle se revoyait encore il y a trois jours de cela dans la grande salle, alors qu’elle était nommée la nouvelle préfète de Poudlard. Ça avait été une vraie surprise, cela voulait signifier que les professeurs avaient proposés son nom, que même si les trois dernières semaines de l’année elle avait agit différemment, on lui donnait la chance de sa vie. Katniss était une bonne élève, si bien qu’elle méritait réellement se poste, elle avait cependant eut droit à des paroles du directeur concernant ses pouvoirs de vélane. Elle ne pouvait s’en servir contre le gré des étudiants, c’était pourtant très normal et la blonde accepta cette condition sans broncher. Elle agirait comme une poufsouffle responsable et alerte, en parfaite préfète. Elle avait revêtu son uniforme vers 22h du soir, après avoir dormi une petite heure pour se requinquer un peu de sa journée. Arrangeant vaguement ses cheveux ondulés, elle accrocha avec précision son badge de préfète du côté de son cœur. Kat prenait son rôle très au sérieux car il représentait réellement une chance de montrer aux autres qu’elle était redevenue gentille. Elle passa tout près d’Ashton avant de sortir à pas de loups de son dortoir, souriant devant son air totalement inoffensif.

Ash’ était l’une de ses meilleures amies, son caractère était parfois si merdique que seul Kat pouvait la calmer. Elles se complétaient, elle était la seule qu’elle n’avait pas réussie à mettre de côté en fin d’année dernière. La blonde la faisait tellement rire, Kat ne pouvait pas comprendre sa relation houleuse avec Leven. Ces deux-là se détestaient tellement maintenant que la poufsouffle avait décidé de ne pas lui avouer qu’elle parlait parfois avec lui. C’est clair, Ashton l’aurait assassiné, pourtant Kat ne voulait que leur bien, étant certaine qu’ils étaient fais pour finir ensemble. Ses devoirs l’amenèrent dans la partie universitaire où elle commença sa ronde en surveillant bien ses arrières, allumant d’un lumos sa baguette pour voir aux alentours. Un reflet au tournant d’un couloir la surpris, avant qu’elle ne se rendre tout simplement compte qu’il ne s’agisse que du grand miroir des mystères. Endroit où plusieurs mois auparavant elle avait débuté sa quasi-relation avec Reed. Elle stoppa net, observant au loin sa drôle de lueur rosée qui flottait autour d’elle. Secouant la tête, tout comme ses pensées elle se remit en marche, mais s’arrêta net quand elle remarqua du mouvement non loin du miroir. Son sang se glaça et elle pointa sa baguette vers l’inconnu en laissant aller un petit cri de peur. Leven! Merlin, tu m’as fichu une de ses trouilles! Veux-tu bien me dire ce que tu fiches ici, dans le noir?! Elle s’était approchée de lui pour croiser le feu avec le brun.

Leven était un serpentard. Leven était un garçon solitaire et plus ou moins insomniaque. Leven était ami avec des personnes comme Isaac Rosier. Cela faisait tant d'excuses pour son comportement étrange qui le poussait à se balader dans les catacombes en pleine nuit. Ce qu'il faisait ici ? Personne ne le savait, personne ne le saurait jamais. C'est sans doute pourquoi il s'était caché derrière le miroir des mystères lorsqu'il entendit approcher des pas. Et ce n'est que lorsqu'il vit son amie s'en aller que le jeune homme sortit furtivement de sa cachette. Après tout, il n'y avait pas de raisons pour qu'elle le dénonce. Affichant ce qui semblait être un sourire, le jeune serpentard s'avança vers son amie. Leven! Merlin, tu m’as fichu une de ses trouilles! Veux-tu bien me dire ce que tu fiches ici, dans le noir?! Cette fille était irrécupérable, il n'y avait sans doute pas plus curieuse qu'elle. Mais, bizarrement, Leven trouva cela amusant. La surprise sur son visage, cette voix qui était partie trop haut dans les aigus, cette rencontre si absurde – eux qui ne s'étaient pas vu depuis un moment ; tout dans cette scène l'amusait déjà.

« Ce que je fais dans le noir ? Mais, voyons, tout le monde se balade dans le noir, tu sais ? Mais vous, ma petite dame, depuis quand êtes vous effrayée par si peu ? » Leven se mit alors à marcher au même rythme que Katniss, ravi d'avoir de la compagnie en cette soirée si banale. Et puis, si elle était effrayée pour si peu, elle aurait sans doute besoin de compagnie à son tour. Alors qu'ils commençaient à s'éloigner du miroir des mystères, le jeune homme lança un regard furtif vers ce dernier. Fixant alors Katniss pendant qu'elle lui parlait, Leven attendit un instant avant de prendre à nouveau la parole. « Et... des nouvelles de notre très chère Ashton ? ». Le jeune homme lacha cette question comme si elle ne voulait rien dire de particulier, comme s'il prenait nouvelles d'une vieille tante par alliance par pure politesse. Sa voix avait même marquée une sorte de dégoût, de lassitude, un total manque d'intérêt. Katniss devait bien se douter que cette réaction était fausse, après tout, rien ne l'obligeait à prendre des nouvelles d'Ashton. Mais il était terriblement curieux, cela faisait au moins deux semaines qu'il n'avait pas entendu parler d'elle ou qu'il l'avait croisé. Ce qui commençait à faire beaucoup trop à son goût, laissant supposer un mauvais présage. Comme si elle avait finit par se caser officiellement avec quelqu'un. Ou peut-être qu'elle l'avait remplacé par quelqu'un de tout à fait ignoble. Peut-être qu'elle s'était mise avec un de ses ignobles Poufsouffle. Leven refréna une grimace à cette idée et continua de marcher en compagnie de Katniss, refrénant toute démonstration du moindre sentiment, aussi froid et calme qu'à son habitude. « Et toi, sinon, rien de nouveau dans ta vie ? » Pas que ça l'intéressait réellement, mais il suffit de faire parler une fille et elle vous raconterait tout les ragots qu'elle aura pu entendre dans la journée d'une seule traite. Et quel meilleur sujet qu'elle-même pour la faire parler qu'elle-même ? Et puis, avouons-le, Leven était un curieux, capable d'écouter sagement n'importe qui tant que cette personne finissait par lui apporter quelque chose un jour ou l'autre.

« Bah, surprend n’importe qui comme tu as fais et ça fiche la trouille ! » Leven ne put retenir un rire amusé ; la fragilité, la sensibilité de ce genre de personnes le surprenaient toujours. Elle était tellement convaincue de ce qu'elle avançait, comme si tout le monde avant encore ce degré de sensibilité. Personne dans l'entourage de Leven n'aurait eu peur. Il essaya de s'imaginer Isaac, Marcus et même Bellatrix à la place de Katniss et aucun d'eux n'auraient montré la moindre surprise. Alors qu'il baissait son regard jusque cette jeune femme, Leven se demandait si c'était cette étrange innocence qui, au fond, les démarquait tant et faisait qu'il réussissait à l'apprécier. D'un ton plus doux, plus amusé encore, il finit tout de même par lui répondre. « Pas n'importe qui. Il faut être habitué, ma petite. Surtout vu ton nouveau poste. » Leven n'avait jamais saisit l'intérêt que ces jeunes camarades étaient capables de porter sur ce poste de préfet. Ça n'apportait absolument aucun bénéfice : les autres élèves vous fuyaient, vous cachaient tellement de chose qu'on pouvait se demander si vous faisiez encore partie de votre propre maison. Quant aux inconvénients, ils étaient en si grand nombre que Leven n'aurait jamais terminé d'en dresser la liste. Mais Leven avait eut connaissance des événements récents dans la vie de Katniss, se tenant toujours au courant des moindres nouveautés dans la vie des ses proches, et il imaginait bien toute l'importance qu'un tel rôle devait avoir à ses yeux. « Ça. C’est cool d’avoir un peu de pouvoir pour une fois. Puis j’ai décidé de ne plus être aussi garce qu’en fin d’année dernière. J’ai fait beaucoup trop d’erreurs en trop peu de temps. » Leven lui souriait gentiment. Il se demandait sincèrement comment elle faisait pour rester si naïve après tant de temps passé à Poudlard. Mais il ne voulait pas la brusquer, il aurait voulu qu'elle garde ce même caractère toute sa vie. « J'en ai entendu parler. Je crois que tu peux être fière de toi pour le coup. Et tu crois qu'en devenant une femme de pouvoir tu deviendra moins garce ? … Enfin, ne t'en fais pas, tout le monde enchaîne les erreurs, et on les oublie encore plus vite. » Ce n'était absolument pas vrai, et pourtant, Leven lui donnait l'impression d'y croire. Mais il savait très bien qu'on oubliait jamais les erreurs des autres, on oublie jamais que les siennes. Le jeune homme commençait à se demander s'il avait bien fait de lui mentir, jusqu'à ce qu'elle entame le sujet Ashton. « Très bien. Elle a rencontré un docteur moldu cet été, ils ont l’air de bien s’entendre. » Un docteur ? Et moldu en plus de cela ? Ce qu'elle pouvait tomber bas. Elle aurait pu avoir n'importe qui, quelqu'un de sang pur, quelqu'un d'important, lui par la même occasion, mais la voilà qui se rabaissait à un moldu qui se prétendait docteur ? C'était absurde et d'une tristesse incroyable. Leven ne put retenir son rire bien longtemps, s'ouvrant plus ou moins librement à Katniss, espérant qu'elle n'en répéterait rien. « Mince, alors. La pauvre tout de même. Je me demande comment elle fait pour toujours réussir à tomber plus bas qu'elle ne l'était déjà. La dernière rumeur la voulait avec un type tellement affreux pourtant... » Mais Leven savait que désormais elle irait n'importe où tant que ce ne serait pas avec lui, et bizarrement, il ressentit comme un pincement au cœur, qu'il mit sur le compte de son fou rire.

Bon, si l’on reprend dans la même optique que tout à l’heure, on peut avancer, ou du moins vous rappeler que Katniss n’était pas une serdaigle non plus. Alors oui, elle était intelligente et excellait dans sa matière, mais elle n’était pas la fille la plus brillante de Poudlard. Et pour sur, la pauvre était d’une naïveté qu’on ne voyait plus, si bien qu’on s’en prenait à elle beaucoup plus de fois qu’elle n’en aurait jamais cru. Elle n’avait par ailleurs totalement aucune idée qu’Isaac, qu’elle pensait son ami était en fait un cruel personnage qui n’attendait juste que de pouvoir se servir de sa pauvre gentillesse. Pourtant, si elle y avait réellement songé une minute elle aurait put comprendre pourquoi sa relation amicale avec Leven devait réellement rester secrète. La pauvre, elle était loin d’imaginer à quel point on pouvait l’insulter parfois. Elle savait de quelle façon elle était vue de la part des sang-pur, surtout des serpentards et à vraie dire elle n’avait jamais remis en doute son amitié avec Leven, car elle ne voulait pas la perdre. « Pas n'importe qui. Il faut être habitué, ma petite. Surtout vu ton nouveau poste. » Une moue s’afficha sur son doux visage, il avait du culot! Oh, au cas où vous étiez encore dans le doute, elle n’était pas une vipère alors elle n’avait pas un super sang-froid à tout casser! Quand elle se faisait surprendre dans les catacombes, elle avait peur point barre! « ‘Scusez-moi pardon! J’ai des émotions, moi, du genre qui se voient. » Ses yeux forment deux petites fentes, lançant un regard qui en dit long à Leven. Ils se chamaillent souvent, si bien que des piques comme ce genre-là ne veux absolument rien dire. « J'en ai entendu parler. Je crois que tu peux être fière de toi pour le coup. Et tu crois qu'en devenant une femme de pouvoir tu deviendras moins garce ? … Enfin, ne t'en fais pas, tout le monde enchaîne les erreurs, et on les oublie encore plus vite. » Encore fâchée, la poufsouffle reluquait son ami comme s’il était drôlement agaçant. « Bouse de dragon, j’suis pas plus avancée, t’as raison! » Katniss passe ses mains dans ses cheveux en soupirant de désespoir. Il est vrai que normalement, les gens n’appréciaient pas les préfets car ils pouvaient toujours vous faire royalement chier. Elle qui avait cru se sauver de son ancienne réputation, c’était encore pire qu’elle ne l’aurait cru! La vélane laissa échapper un gémissement, suivit d’un grognement plutôt inoffensif avouons-le. « Je vais devoir y aller mollo avec les punitions! » Pauvre fille! Sérieusement, comment pouvait-elle se sortir d’un tel embargo social? Peut-être était-elle réellement damnée à n’avoir pas d’amis! Bien entendu, le sujet dévia rapidement vers Ashton, leur sujet de prédilection entre les deux amis. Normal, leur amitié servait en quelque sorte à réparer les pots et la jaune et noir c’était toujours contenter de ça. « Mince, alors. La pauvre tout de même. Je me demande comment elle fait pour toujours réussir à tomber plus bas qu'elle ne l'était déjà. La dernière rumeur la voulait avec un type tellement affreux pourtant... » Katniss stoppa net, le dévisageant à nouveau. S’il n’était pas si grand, elle lui aurait enfourné une baffe derrière la tête, pour la forme elle se contenta de l’épaule. « Leven! Merde, t’es pathétique! Un peu de cran mon vieux, vous êtes vraiment pareil! Casses-pieds! » Comment pouvaieint-ils être si amoureux de l’autre, mais pourtant si éloignés? Arrête de croire toutes ses foutues rumeurs, je te charriais pour voir ta réaction! C’est toi qui tombe bas, fonce ma parole! » Était-ce Kat, la nouvelle furie de l’amour qui embarquait dans le jeu?

« Leven ! Merde, t’es pathétique ! Un peu de cran mon vieux, vous êtes vraiment pareil ! Casses-pieds ! Arrête de croire toutes ses foutues rumeurs, je te charriais pour voir ta réaction ! C’est toi qui tombe bas, fonce ma parole ! » Je soupirais profondément. Je n'avais même pas pris la peine de répondre à tout ce qu'elle me disais. Je la laissais parler, profitant de cette soirée et de cette promenade qui l'égayait. J'étais véritablement content que Katniss soit passée sur mon chemin, qu'elle me tienne compagnie en cette soirée solitaire. J'étais presque en train de m'adoucir au fil de la conversation, malgré la fatigue, malgré mon sale caractère. J'avais même souris lorsqu'elle m'avait accusé de ne pas avoir de sentiments, de ne pas en montrer, comme la plupart des autres Serpentards. Mais sa dernière tirade provoqua en moi une certaine colère ; je m'arrêtais un quart de seconde sur place, lui lançant un regard sombre sans même le vouloir. Reprenant notre marche je passais ma langue sur ma canine, un nouveau tic qui m'était apparu depuis peu et qui se manifestait lorsque j'étais gêné ou énervé. Je ne voulais absolument pas parler de ma vie sentimentale, pas ce soir, pas avant un bon bout de temps. J'étais dans une mauvaise période, je ne voulais pas être brusqué, je ne voulais pas parler de moi, de quelconque sentiment. J'aurais tellement apprécié ne plus voir personne pendant des mois entiers, ne pas devoir rester en cours, j'aurais voulu avoir des vacances, de longues vacances quelque part en Irlande. Mais je n'étais que là, dans les couloirs sombres de Poudlard, à traîner avec une gentille fille, trop gentille fille, qui se permettait de me faire la morale par rapport à ma vie sentimentale. Et plus vite que je ne le pensais possible, je reprenais mon air froid et ma distance habituelle, m'adressant à elle avec une pointe de lassitude s'approchant de la colère. « Katniss, ne me parle pas comme ça. Préfète ou non. Je suis peut-être tombé très bas, mais je suis bien. Je ne compte pas foncer. J'ai pas envie de foncer. Ça ne sert à rien de foncer, d'ailleurs. » Je ne prenais même pas la peine de la regarder, me contentant de fixer le loin, d'un regard absent. Je savais pourtant qu'elle devait se sentir obligée de participer à ma non-relation avec Ashton, qu'elle voulait faire pour le mieux, qu'elle voulait sûrement m'aider, nous aider. Mais je refusais une quelconque aide extérieure en toutes situations, ça n'allait pas faire une différence aujourd'hui. Pas pour une vague histoire de cœur. Je me calmais pourtant, désolé de m'être montré brusque avec elle. « Je veux dire, Kat', je suis pas une personne sentimentale, c'est pas fait pour moi les sentiments. Te sens pas obligé de nous caser ensemble uniquement parce qu'on allait plus ou moins bien ensemble. » retrouvant un peu de gentillesse, j'essayais vainement de passer à autre chose et d'une voix plus joviale je reprenais la parole, presque amusé. « Et puis, tu sais, il faut toujours croire les rumeurs. Elles disent toujours vraie. »