Je me tenais devant le miroir de la salle de bain, mes cheveux dégoulinants de flotte, ma main rouge et douloureuse, pour changer. Je m'étais battue, encore. J'avais fais pleurer ma mère... Et pourtant, c'est pour qu'elle n'ait plus à pleurer que je cognais. Les 21 années de ma vie se résumaient à ce que je renvoyais dans le miroir. Un mec, plutôt beau gosse, propre sur lui et violent, mais pour la bonne cause. Dès ma naissance, j'avais eu à me battre pour ma place en ce bas monde. Ma mère appartenait à une famille très conservatrice. Elle était promise à un brillant avenir et a un mari de renom, bien entendu. Et pourtant, elle a choisi mon père Achille Orwell, pauvre moldu qui n'avait rien demandé à personne. Il n'avait rien pour lui, ni la richesse, ni la renommée, ni même la Magie. Simplement un regard "à vous faire tomber par terre" selon ma mère. Moi, je ne l'ai jamais connu. Parce que vous pensez bien que mes grand-parents et consorts n'ont pas laissé passer une chose pareille ! Ils ont exigé de ma mère que cette liaison cesse. Elle avait 19 ans, elle était folle amoureuse, elle ne voulait pas. De toute manière, le mal était fait, j'étais déjà en route. Elle a tout fait pour me protéger. Elle a fui avec mon père, aussi longtemps que cela leur a été possible. Mais il n'était pas dans le genre très robuste, mon père. Une mauvaise pneumonie et il était mort. J'avais à peine quelques mois. Ma mère ne savait pas quoi faire, elle est rentrée chez ses parents.

Je soupirais et me tournai pour m'admirer sous un autre angle. Enfin m'admirer, je ne m'aimais pas encore à ce point. Quoique... La lumière fit ressortir quelques unes de mes cicatrices, vestiges de mon enfance douloureuse, aussi bien physiquement que mentalement. Et pour cause: ma famille ne m'a jamais adopté comme étant un membre à part entière de la famille. J'étais un vulgaire sang-mêlé, une tare, une honte pour leur si prestigieuse lignée. Je n'avais pas ma place parmi eux. Je subissais la froideur de mon entourage, les coups de mon grand-père, les brimades de mes cousins et surtout, les larmes incessantes de ma mère. Toute sa belle volonté s'était envolée avec mon père. Elle avait sans cesse les yeux rouges et pochés, le front plissé d'angoisse mais toujours pour moi un sourire bienveillant et plein d'amour. Alors très tôt, j'ai décidé de ne plus me laisser faire. Il était hors de question que je les laisse me détruire. Je me suis forgé tout ce que j'ai à la force de mes poings, les obligeant à me respecter et à me reconnaître le droit de vivre. De toute manière, une fois intégré Poudlard, je n'avais plus à les supporter à longueur de temps.

Je jetai un coup d'oeil à ma baguette, posé sur le bord de l'évier. C'est bête à dire mais j'avais changé en entrant Poudlard. Au début, j'étais toujours le même: rebelle, bagarreur, renfrogné. Le genre qu'on évite de contrarier pour ne pas s'en prendre une dans la figure illico derrière. Mais j'ai fais des rencontres, j'ai découvert de nouvelles opinions, des personnalités, des idées qui m'étaient inconnus avant. Tout le monde n'était pas comme ma famille et je n'avais pas à réprimer ce que j'étais. Certes, je restais bagarreur mais je pouvais enfin montré au monde que j'étais sociable dans le fond, toujours prêt à rire et que j'avais la bonne habitude de me mettre mes profs dans la poche ! Assez pratique car je n'étais pas vraiment le plus sage de tous les élèves de Poudlard. J'ai récolté une bonne dose de retenues, plus que la moyenne pour X ou Y motifs. Ca m'amusait assez je dois dire. Mais ce n'était pas bien méchant, je m'étais du piment dans la vie incipide des profs.
Mais il faut aussi avouer que Poudlard correspond à ma découverte du sexe opposé. Ca aussi ça m'a changé. Les filles aiment les bruns ténébreux ? J'ai pu le vérifier plusieurs fois, ouais ! Si elles maimaient quand j'étais souriant, elles semblaient être au bord de l'extase lorsque j'étais ombrageux. Je n'allais pas m'en plaindre, pas vrai ? Elle me donnait tout ce qu'elle voulait et je les renvoyais bien gentiment chez elle. Enfin, gentiment, c'est une façon de parler. Avec l'âge, j'ai compris que moins on est gentil et moins elle s'accroche alors je suis devenu un parfait connard. Et ça me va. Et pourtant, elle existe. Celle vers qui je reviens sans cesse. Si ce n'était qu'une affaire de sexe, ce serait tellement plus simple ! Or, elle compte pour moi. Pas parce qu'elle est malade, elle ne me fait pas pitié, je m'en moque pas mal à vrai dire. C'est une part d'elle insignifiante à mes yeux. Mais parce qu'elle a réussi à déclencher chez moi un fort instinct protecteur, ce qui n'est pas une mince affaire. Et rien que pour ça, elle mérite mon respect.
J'ai trouvé qui je suis, j'ai trouvé ce que je voulais devenir et je vais montrer à cette famille de fous que je peux devenir quelqu'un de trop bien pour leur nom, que je porte pas d'ailleurs, dieu merci. Je suis Ezra Dante Montgomery et je vous emmerde.