Atlance & Kelly-Anne •• You make me crazy

Dimanche matin, Poudlard s'éveille. Je quittais mes songes, mes paupières encore lourdes ne parvenaient pas à s'ouvrir complètement. La lumière du jour filtrait à travers le voile de chaire, m'indiquant que la matinée était déjà bien avancée. Je n'en étais pas pour autant plus éveillée. Un marmonnement s'extirpa de mes lippes alors que j'enfouissais ma tête sous l’oreiller. Trop tard, la réalité avait à nouveau pris pleinement possession de moi. Je luttais encore un peu, essayant de me replongé dans le rêve dans lequel je me trouvais avant que le sommeil ne me quitte. je n'avais aucune envie de me lever, j'étais bien, terriblement bien dans mon lit, je m'y sentais à l'abri, comme si rien d'autre ne pouvait m'arriver, comme si j'étais hors d'atteinte. Cette délicieuse sensation me quitta bien vite lorsque la conscience me revint. J'aurais donné n'importe quoi pour garder cette sensation de bien être éprouvée quelques secondes après le réveil, quelques malheureuses petites secondes. Je finis par me rendre à l'évidence et rejetais la couette pour m'en extraire. Je me trainais jusqu'au miroir de la salle de bain, analysant les désastres que la nuit avait apporter avec elle. Mes yeux étaient fatigués, soulignés par deux poches mauves. Boarf. Génial. Des cernes. Comme si je n'étais pas suffisamment horrible comme cela. Je ne supportais plus l'image que me renvoyait mon reflet, je me détournais de lui, allant rejoindre la salle de bain pour me brosser les dents et me laver avant de me rendre dans la salle commune. J'en sortais habillée d'un simple jeans en slim et d'un t-shirt jaune. Un drap sur la tête, je le secouais frénétiquement pour me sécher les cheveux un maximum. Je détestais avoir les cheveux mouillées, mais le sortilège d'essorage les rendait fourchu et terriblement difficile à coiffé. J'en étais donc réduite à la bonne vieille manière moldue, lorsque le sèche cheveux n'avait pas encore été inventé. Mes cheveux étaient encore humides lorsque j'enfilais un sweet-shirt à capuche au couleur de Gryffondor. Je rejoignais finalement la Salle Commune, l'une de mes mains se glissant dans mes cheveux pour y remettre de l'ordre. Il n'y avait pas grand monde, sans doute parce qu'ils étaient tous partis déjeuner. Moi, je n'avais pas faim.

Atlance n'était pas là, il était certainement avec les autres. Je me laissais retomber mollement contre l'un des sofas, m'installant en tailleurs contre celui-ci. Je restais quelques secondes à ne rien faire, mais très vite, je me laissais gagné par l'ennuie. Mon regard vagabondant ici et là, je cherchais une occupation quelconque, allant même jusqu'à écouter l'une ou l'autre conversation. Pfiou. Je devais avoir mieux à foutre. Je sortais ma baguette de la poche kangourou de mon pull et murmurait "Accio Les secrets de l'Atlantide ". En moins de quelques secondes, je vis le bouquin en question virevolter jusqu'à moi et retomber sur mes genoux. Parfait. Je tournais rapidement les pages, reprenant ma lecture là où je l'avais terminé la dernière fois. Rapidement, je parcourais les lignes, dévorant littéralement le moindre des mots qu'il contenait, me nourrissant de toutes les informations que je le pouvais. l'Atlantide. C'était un rêve de petite fille. J'avais toujours désiré en retrouvé des traces, cela faisait d'ailleurs quelques temps que je fouillais et farfouillais la bibliothèque à la quête de nouvelles informations qui pourraient me faire avancer dans mes recherches. Parfois, je craignais que les traces que je suivais ne me mènerait qu'à une utopie, un rêve ridicule auquel je m'accrochais, un fantaisie de plus dans la famille St-James. Je craignais que cela me rapproche de ma famille, qui ne cessait de se perdre dans des découvertes plus farfelues les unes que les autres à tel point que plus personne dans le monde de la magie et celui des moldus ne les prenait plus aux sérieux. Je n'avais pas envie que cela m'arrive, porter le même nom qu'eux étaient déjà suffisamment handicapant. J'avais réussis à m'extraire de leur influence, mais je l'avais fait en mentant exagérément. Je m'en voulais, mais je ne pouvais m'arrêter, tout le monde croyais à ce joli mensonge... Il paraît que toute vérité n'est pas bonne à dire, celle là ne l'était pas, pas pour moi, en tout cas. Prise par ma lecture, je n'avais pas pris conscience de la présence d'Atlance.

« - Ça va ?
- J'en peux plus...
- De quoi tu parles ?
- Tu vas en crever et moi, je ne le supporterais pas.
- Arrête, Kelly-Anne.
- Arrêter? Combien vont devoir mourir pour que tu comprennes ? Peut-être que tu l'écouteras Elle. »

J’avais repassé la conversation en boucle pendant quelques bons instants en silence dans mon lit, jusqu’à ce que je parvienne à m’endormir. En fait, cette conversation m’avait quasiment tenu éloigné des bras de Morphée tout ce temps. J’avais l’impression que depuis que j’étais revenu à Poudlard, les problèmes ne faisaient que s’accumuler, encore et encore. Et le pire, dans cette histoire, c’est que je ne recevais aucune bonne nouvelle. Rien, absolument rien. Tous les petits trucs qui rendent heureux, même si ce n’est quelques secondes, s’étaient volatilisés. En fait, en y réfléchissant bien, la seule chose que j’avais eue de bien en commençant l’année avait été mon après-midi passée avec une vieille amie. Mis à part ça, tout avait posé problème.

Je n’étais pas un expert en psychologie. Je pouvais être compréhensif, mais n’étais certainement pas devin. Je remarquais que la réplique de Kelly-Anne sur le nombre de morts avait cruellement manqué de tact, lorsqu’elle rejoignait directement le décès de ma sœur aînée, mais j’étais plus ou moins accoutumé à endurer les sauts d’humeur de la jeune femme, qui n’étaient pas toujours tendres. Beaucoup me voyaient comme le souffre-douleur de la Gryffondor, et l’estimaient comme une fille à problèmes, qui avait d’une certaine manière, obtenu le gros lot en m’ayant comme petit copain. Mais ces gens là ignoraient beaucoup de choses. Ils ignoraient par exemple que j’étais fou amoureux de Kelly-Anne. Et ils étaient bien trop pessimistes pour avaler que nous étions ensemble depuis plus de deux ans et qu’elle était mon amie depuis mon plus jeune âge.

Alors oui, je voulais comprendre. Je n’étais pas innocent non plus, mais je voulais savoir clairement ce qu’elle pensait. Mais ces réponses, il n’y avait qu’elle qui pouvait me les apporter. Et pour les obtenir, il fallait dormir.

Dimanche matin. J’ignorais quelle heure il était précisément, mais le fait que le soleil était déjà debout ne m’incita pas à rester sous ma couverture. Je basculais sur le côté, me préparais en vue d’être un minimum présentable et descendais dans une salle commune quasiment déserte. Je daignais jeter un coup d’œil à la pendule de la pièce et remarquais que mon rendez-vous avec quelques amis se déroulerait normalement dans quelques minutes. J’accélérais donc le pas afin de me rendre vers la Grande Salle où nous pourrions emprunter quelques denrées pour ensuite avoir notre petit-déjeuner dans le parc, ce que le temps semblait permettre.

La « bande » que nous avions créée était, pour la majorité, une seconde famille. Et - bien que je n’en prenais pas nécessairement cure -, je savais déjà que deux filles de notre dite bande voyait ma relation avec Kelly-Anne d’un mauvais œil. Arabella ne la portait pas nécessairement dans son cœur, et Faye… Disons qu’elle n’aimait pas ce qu’elle voyait entre moi, Kiki et Tasha… Pour finir, le fait que le frère de Tasha soit également dans notre bande nouait la boucle dans un beau sac indéfinissable et horriblement ignoble. En conclusion, je préférais éviter le sujet de Kelly-Anne avec eux. Une chose était clair, si j’étais avec elle, je n’irais ni lui mentir, ni la trahir, ni la tromper. J’étais un homme de parole, ainsi que quelqu’un de très fidèle. Certes, ça pouvait se retourner contre moi, mais malgré ce que peuvent clamer les mauvaises langues, mon attitude demeurera toujours la même. De plus, j’étais assez têtu pour camper sur mes positions peu importe l’avis des autres.

Ainsi, de mon côté, tout était clair. J’aimais Kelly-Anne, je sortais avec la jeune femme depuis plus de deux ans, cela n’allait pas plus loin. La complication venait un peu plus de… La jeune femme ? Son envie de me faire revoir mes positions – comme mon frère, d’ailleurs – et sa pseudo jalousie à l’égard de Tasha ? J’ignorais comment réagir face à cela. La plupart du temps, je la laissais s’énerver un bon moment, jusqu’à ce qu’elle s’épuise, qu’elle se fasse à l’idée, et qu’on retrouve notre amour cosy. Une recette qui marchait plutôt bien, quoi que pouvant s’étirer sur plusieurs jours parfois. Et je me disais que de cette manière, je ne courrais pas le risque de la perdre. Bien que je ne lui offrais pas non plus ce qu’elle voulait par les cris et les reproches.

Deux heures plus tard, je remontais dans la salle commune des lions. Je la retrouvais quasiment comme je l’avais laissée, si ce n’est qu’une nouvelle personne y était installée, les yeux rivés sur les pages d’un livre. Je m’approchais de la jeune femme, reconnaissant d’emblée ma petite amie et tirais une chaise que je positionnais à sa droite. J’autorisais quelques secondes impatientes à se dérouler, tandis que Kelly ne semblait désirer s’extirper de son livre pour me retrouver dans la réalité. Je déposais ainsi un vif baiser sur sa joue. Pas de réponse. Je tentais son cou avec une attaque massive, région que je savais particulièrement sensible pour la jeune femme.

Il était là, tout près de moi. Il était là, j'en avais conscience, mais j'étais bien trop plongée dans mon bouquin pour m'en sortir, c'était comme être plongée dans un mon à part, on avait conscience qu'autour de nous, l'autre monde continuait sa course, mais je n'avais pas l'impression d'y prendre part. Ses lèvres se posaient contre ma joue, tellement furtivement que l'emprunte qu'il y laissait me semblait être irréelle. A cet instant, les mots et leurs significations me semblaient plus importante que tout le reste. Évidemment, je me trompais, ce n'était qu'une illusion, la chose qui m'importait le plus était là, à quelques centimètres de moi, mais j'étais trop concentrée pour m'en rendre compte. Enfin, je le savais, mais je n'avais pas l'impression que c'était lui, j'avais l'impression que tout ce qui se déroulait autour de moi n'était rien comparé à ce que je découvrais entre les lignes. Ses lèvres se glissaient maintenant au creux de mon coup, m'arrachant quelques frissons qui parcoururent mon corps à une vitesse fulgurante. Retour délicieux à la réalité. Je laissais retomber le livre sur mes genoux, mon regard se détachait de ses vieilles pages abimées et mon rire fusait, s'extirpant de mes lèvres. Ma tête basculait sur le côté, lui offrant mon cou pour qu'il le couvre de ses baisers, encore et encore. Mon corps se tournait légèrement, m'ajustant par rapport à lui, me calquant à sa position. L'une de mes mains venait se glisser contre sa nuque, l'attirant un peu plus vers moi pour bannir cette maudite distance qui existait entre nous. Il était toujours trop loin de moi, pas seulement physiquement, non, parfois, il avait beau être tout près, je le sentais loin de moi. Peut-être était-ce moi qui me faisait des idées, peut-être que ma peur incohérente et irrationnelle gâchait tout, non, pas peut-être, certainement. La plupart du temps, je prenais sur moi pour qu'il ne prenne pas conscience du malaise qui oppressait mon cœur, de toute cette terreur qui me clouait au sol, elle m'empêchait de m'épanouir, elle m'avait brulé les ailes et me donnait l'impression de n'être plus que l'ombre de moi même. Mais tout cela n'avait pas d'importance, parce qu'il était toujours là, auprès de moi, malgré ce que les autres pouvaient penser de nous, malgré ce que les autres pouvaient penser de moi, surtout de moi. Mon comportement était détestable, j'en avais conscience, tout le monde m'en tenait rigueur, tout le monde sauf Atlance.

Bonjour toi. Je susurrais, d'un souffle audible pour lui seul. Je jetais volontairement notre dernière rencontre aux oubliettes. Je n'avais aucune envie de parler de ça, de peur de le perdre. C'était pourtant ridicule, car j'avais déjà fais bien pire que cela, je lui avais déjà fais subir tellement plus, mais je m'en rendais compte et que je craignais que chacune de mes frasques soit celle de trop, soit la goutte d'eau qui ferrait déborder un vase déjà bien trop rempli. Je changeais de position, déposant au préalable le bouquin sur la table basse, je me hissais sur mes genoux. Ma main toujours contre sa nuque se glissait à l'arrière de son crane. je l'approchais volontairement de moi pour que ses lèvres viennent se poser contre les miennes. Ses lèvres, douce, délicate et chaude. Son souffle. Son haleine . Son odeur. je m'imprégnais de lui, mes paupières venant se refermer sur mon regard. Tout mes doutes s'évaporaient alors. Il devenait une évidence, une certitude, mon cœur se libérait d'un terrible poids, se risquant, l'espace de quelques secondes seulement, à croire à l'avenir. J'en oubliais tous. Mes pensées s'envolaient avec plus de légèreté. Par Merlin, qu'est ce que je pouvais l'aimer. Je cherchais mon oxygène à ses lèvres, je cherchais un souffle le vie que lui seul pouvait m'insuffler. Ma main contre son torse, je le repoussais doucement. Nous n'étions pas seul, nous n'étions pas n'importe où, non, nous étions dans la salle commune et un tas d'élèves allaient et venaient autour de nous. Mon front se posa doucement contre le sien, un sourire s'empara de mes lèvres, en silence. Mes doigts effleuraient doucement sa joue avant que je ne retrouve ma position initiale dans le fauteuil, ma main dans la sienne. Mon regard ne se détachait pas de lui, je connaissais le moindre de ses traits, je connaissais chacune de ses expressions, et pourtant je ne me laissais pas de lui, je le bouffais de regard, savourant la beauté de ses traits. C'était un ange, un ange tombé dans ma vie comme par enchantement. Nous n'avions pas spécialement besoin de parler. Je le soupçonnais de savoir à quel point j'avais mal, à quel point je me torturais intérieurement, mais je le savais suffisamment réfléchis et respectueux pour ne pas m'interroger. Après tout, il me connaissait mieux que personne, il m'était impossible de lui mentir, même en le voulant.