Tears are useless against fear - [feat. Dahlia]

Tears are useless against fear

Je repliais la Gazette du Sorcier et la déposais sur le bureau avant de balancer mon dos sur le dossier de la chaise. Son contenu était affligeant. Chaque article était plus inquiétant que le précédent. Entre l'entretient avec Lord Voldemort, le nouveau Ministre de la Magie et les mystérieuses disparitions, il était difficile de trouver une lueur d'espoir dans tout cela. Je posais mes mains sur mon visage et me frottais les yeux en soupirant. Je repensais alors aux attentats de l'année passée et me demandais, non sans une certaine peur, quand Poudlard allait être frappé à nouveau. L'Académie de magie Beauxbâtons avait elle aussi été attaqué et les élèves s'étaient réfugiés en catastrophe à l'Institut Durmstrang. Mais pour combien de temps ? Cette question ne cessait de me traverser l'esprit. L'Institut était la seule école de magie à ne pas encore avoir été attaqué, alors serait-elle la prochaine ? Je ne le savais pas et je ne voulais pas le savoir. Peut-être que sa sombre réputation de lui éviterait le sort que nous avions connu. Perturbé, je chassais cette idée de mon esprit. Rouvrant les paupières, mes yeux se posèrent sur la salle des professeurs qui s'était vidée de tout individu. Il commençait à se faire tard et chaque collègue avait déjà dû rejoindre ses appartements. Je regardais l'horloge, il était vingt et une heure trente passée, même bien avancée. Ce soir, j'avais prévenu Sofia que je comptais travailler tard et qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète. Les copies des deuxièmes et troisièmes années s'étaient accumulées sur mon bureau et je devais ne pas prendre de retard pour les corriger. C'est ce que j'avais fait juste après le dîner qui fût pour moi très court. Je n'avais pas très bon appétit en ce moment. Peut-être le stress de la rentrée ? Je ne savais pas. Ce qui était sûr, c'est que le contenu de la Gazette n'allait pas m'aider à remettre de l'ordre dans mon estomac. C'était Sofia qui était inquiète de me voir avaler si peu de choses durant les repas, surtout pour un homme. Je me disais juste que c'était passagé et que cela arrivait à tout le monde, même aux hommes. Pour l'heure c'était plutôt Sofia qui m'inquiétait, car au contraire, elle mangeait beaucoup, mais était très fatiguée et las. Je n'aimais pas beaucoup cela. J'attendais avec impatience et appréhension le résultat de l'analyse de sang qu'elle avait passé. Tout en espérant que le diagnostique ne soit pas négatif. Tout cela, en plus des fausses rumeurs qui couraient sur Aurora ne mettaient pas mon esprit en paix. Mais, à part moi, personne ne le savait. Je quittais la chaise que j'occupais depuis plus de trois heures et prenais sous le bras le tas de copies. Je n'avais pas tout terminé, mais je savais que j'aurais encore un peu de temps le lendemain pour mettre un point final à cette correction d'examen. Après avoir fait disparaître les flammes des disques muraux et ainsi plongé la pièce dans l'obscurité, je sortais de la salle des professeurs. Je me dirigeais vers les escaliers et étouffais un bâillement dans ma main. L'heure de dormir n'était pas encore venue et avant de rejoindre mes appartements, je devais déposer mes copies dans ma salle de classe. Je gravis cinq marches de l'escalier et celui-ci se mit à bouger, dans la direction opposée de ma destination. Je soupirais. Tant pis, pensais-je en montant l'escalier qui me menait au deuxième étage au lieu du premier. J'allais devoir traverser le deuxième étage et faire le grand tour pour reprendre l'autre escalier. Je n'étais plus à cinq minutes près, après tout. Je m'engouffrais alors dans le long couloir sans vie du deuxième étage en direction de l'aile opposée du château. Poudlard, n'avait rien de rassurant à la nuit tombée, surtout dans cette partie de l'école. Je pressais légèrement le pas, lorsque je perçus des bruits de plaintes. Je ralentissais et fronçais les sourcils. Cela provenait des toilettes de Mimi Geignarde. La pauvre Mimi devait encore être en train de pleurer toutes les larmes de son corps à cause d'élèves malintentionnés. Pourtant, lorsque je jetais un léger coup d'oeil dans les toilettes en passant, j'aperçus le tissu bien réel d'une robe de sorcier. Pas l'aura blanchâtre d'un fantôme, mais le feutre noir et violet d'un uniforme de Grindelmonk. Je m'arrêtais alors net et pénétrait dans les toilettes hantées du château. Elle était assise par terre, la tête dans les bras, secouée de sanglots. Même si je ne voyais pas son visage, je savais exactement de quelle élève il s'agissait. J'en étais responsable : Dahlia Weiser. Je m'approchais tout doucement et m'accroupissais devant elle. « Dahlia ? » dis-je en posant une main rassurante sur l'un de ses bras. « Que ce passe-t-il Dahlia ? Pourquoi pleures-tu ? Qu'est-ce qui ne va pas ? » demandais-je en posant mon tas de copies sur le sol et en m'asseyant à ses côtés. « Raconte-moi s'il te plait, peut-être que je peux t'aider » lui assurais-je d'un tond rassurant. Je prenais alors une de ses mains pour la serrer dans les miennes. Je me souvenais encore de Dahlia comme la petite fille terrifiée par ses pouvoirs et ses capacités. Depuis la manifestation de ceux-ci, j'avais pris sa tutelle magique et comme toutes les personnes que j'aimais, je ne pouvais m'empêcher de la (sur-)protéger.

Dernière édition par Timothy John Sweetlove le Mer 17 Aoû - 15:50, édité 1 fois

☾ and then, we wait, praying for the good news. -

La tragédie de Dahlia Weiser, acte un scène six. Cela s'était joué ce matin-même, alors que les élèves de Poudlard prenaient leur petit-déjeuner en attendant que les hiboux, venus porter le courrier et les journaux, n'arrivent. Dahlia Weiser entamait comme chaque jour depuis la rentrée, son petit rituel. Elle arrivait dans la Grande Salle en compagnie de ses amis, s'asseyait dans le coin le plus calme possible de la table, se servait à manger mais ne touchait à rien tant que les hiboux porteurs d'augures n'étaient pas encore passés. L'appréhension de recevoir une mauvaise nouvelle de sa mère liait ses entrailles et elle ne pouvait rien avaler tant qu'elle était dans cet état, sous peine de se voir tout régurgiter l'instant d'après. Le crédo de la famille Weiser était devenu "Pas de nouvelles, bonne nouvelle". En effet, Dahlia avait sommé sa mère de ne pas lui envoyer de lettres si l'état de son père ne changeait pas, pour ne pas avoir à vivre dans l'angoisse et moins penser à cet incident. Alors chaque jour, elle attendait leur venue en écoutant ses camarades d'une oreille distraite et en priant intérieurement, elle qui n'était pas des plus croyantes, pour qu'aucune lettre ne lui parvienne. Cependant ce matin-là, son destin prit un nouveau tournant. Elle écoutait ses voisins de tables se disputer à propos d'une farce impliquant des bombabouses et qui aurait mal tourné quand un bruit d'aile la fit se retourner. Une petite chouette de la taille d'un poing était assise près de son verre de jus de citrouille et attendait que la rousse daigne détacher le papier enroulé et accroché à sa patte. Le temps avait paru s'arrêter alors que d'un geste tremblant Dahlia s'empara de la note et la déroula avec précaution. Elle crut défaillir en lisant les quelques mots écrits avec maladresse : "Ma chérie, ton père a fait une attaque hier soir et il s'en est fallu de peu mais il s'est stabilisé. Les médicomages m'ont conseillé de te prévenir par pure précaution car ils ne savent toujours pas à quels sorts ils ont affaire. Je ne voulais pas t'inquiéter mais j'estimais que tu devais le savoir. Ta mère qui t'aime et qui te demande d'être forte." Ses voisins de table s'étaient tus en voyant son visage pâlir et se fermer à mesure que ses yeux dansaient de droite à gauche. « Tout va bien Dahlia ? » demanda Samuel d'un ton hésitant. Mais son appétit s'était définitivement envolé et elle esquissa un signe de tête en prétextant un devoir important à finir pour filer s'isoler quelque part, dans le parc de l'école.

Le reste de la journée parut s'être déroulée avec une longueur effarante. La née-moldue avait assisté à un cours sur deux, l'esprit ailleurs, elle paraissait vide, parlait très peu et conservait une expression neutre tout au long de la journée. La nuit arriva, comme une lady qui se faisait attendre et Dahlia n'avait aucunement l'envie de rentrer dans le dortoir des grindelmonk, au fin fond du parc. Alors que le couvre-feu venait à peine d'être dépassée, la rousse errait dans les couloirs du deuxième étage sans but précis quand elle entendit soudain une voix l'appeler : « Je vois à ton visage que tu es triste, je ne suis donc pas la seule à être malheureuse. Pourquoi te lamentes-tu alors que tu as tout pour toi ? Tu es mignonne et par-dessus tout tu es vivante toi ! AH ! » Mimi Geignarde venait de se manifester et elle sanglotait avec violence. La grindelmonl la suivit dans les toilettes qu'elle occupait, s'assit à même le carrelage très crasseux et se mit à pleurer, ouvrant les vannes qu'elle avait contenues depuis ce matin. Deux longues heures s'était semble-t-il écouler et les deux, pleuraient toujours. Soudain, le fantôme émit un petit cri et s'enfuit à travers un mur. « Dahlia ? » Elle sursautait au son de cette voix qui lui était familière et essuya ses larmes avec la manche de son gilet, d'un geste vif. « Que ce passe-t-il Dahlia ? Pourquoi pleures-tu ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Raconte-moi s'il te plait, peut-être que je peux t'aider. » La gentillesse de son tuteur lui mettait du baume au cœur, peut-être trop. Elle feignit d'essuyer ses vêtements en bégayant : « Oh Tim ! Ne t'en fais pas, juste une vilaine blague de conservateurs. » Elle mentait, et assez mal de surcroît mais elle préférait cela plutôt qu'inquiéter inutilement le sorcier qui avait fait tellement de choses pour elle depuis ses premiers pas en tant que sorcière.

« Elle va avoir besoin d'aide Timothy, de beaucoup d'aide... » dit le Professeur Snicklepitch d'un ton grave. Il déposa la Gazette du Sorcier sur son bureau et commença à faire les cents pas à l'intérieur de la pièce. Sur le journal, l'agression surréaliste d'un garçon moldu par une petite fille de dix ans avait fait du bruit. Cela s'était déroulait tôt dans la journée dans une petite bourgade du Pays de Galles, mais l'affaire faisait les gros titres des journaux, sorciers comme moldus. Le Professeur Snicklepitch se gratta l'arrière de la tête, manifestation de son éternelle inquiétude puis se retourna vers moi. « Une manifestation magique aussi forte est très rare chez les jeunes sorciers. Il faudra user de patience et de douceur avec elle, cela risque de ne pas être facile...pour elle comme pour vous » ajouta-t-il en me regardant tristement haut dessus de ses lunettes de plastiques. Droit comme un "i", j'avais écouté attentivement son discours et la proposition qu'il m'avait faite depuis une demi-heure. Je baissais les yeux sur le journal, peu sûr de la décision que j'allais prendre. Une petite fille devait être terrifiée à ce moment précis. Ce demandant comment elle avait fait pour envoyer dans les airs l'un de ses camarades et pourquoi cela lui arrivait à elle. Plongé dans mes pensées, je me rongeais les ongles sans m'en rendre compte, faisant s'installer un blanc dans la conversation. Cela faisait à peine deux ans que j'enseignais à Poudlard et j'arrivais juste à maintenir mes élèves en place. Les plus vieux me marchaient encore sur les pieds et je savais que j'avais encore beaucoup à apprendre. Je relevais les yeux vers le Directeur qui semblait maintenant inquiet de mon silence. « Professeur, pourquoi moi ? » demandais-je interloqué. Le Directeur esquissa un sourire et se rassit sur l'immense fauteuil qui lui servait de siège de bureau. « Parce que vous êtes le plus jeune de mes professeurs Timothy et que j'ai confiance en vous pour ce genre de choses. Je pense qu'elle se sentira plus en confiance avec quelqu'un comme vous, qu'avec notre professeur d'Arts de la Magie Noire par exemple » m'assura-t-il en me confiant la lettre d'entrée à Poudlard à lui remettre. Je la saisissais, non moins sûr d'être capable d'assurer la mission qu'il m'avait confier. S'occuper d'une petite fille, lui apprendre la magie, lui apprendre à contrôler ses pouvoirs, c'était une grande responsabilité...

(...)

La porte venait de s'ouvrir en fracas, une petite fille rousse en pleure se jeta dans les bras de sa mère morte d'inquiétude. « Mon dieu merci, tu n'as rien » déclara-t-elle en caressant la chevelure flamboyante de sa fille. Cette dernière serrait sa mère, comme si elle ne l'avait pas vu depuis des mois, laissant couler ses larmes de petites filles. Je baissais les yeux pour laisser la mère et la fille profiter de ce moment de complicité et de réconfort. Mais lorsque je relevais la tête, je croisais les yeux couleur noisette de la petite fille. Son regard était si pénétrant, presque trop adulte pour son âge. « Dahlia, assied-toi s'il te plait, il y a quelqu'un qui aimerait te parler » dit la mère en relâchant l'étreinte de sa fille. Celle-ci ne me quitta pas des yeux, s'asseyant comme sa mère lui avait demandé, tel un automate. « Bonsoir Dahlia, je m'appelle Timothy Sweetlove » démarrais-je d'une voix enfantine peu assurée. Elle ne disait rien, ne répondait rien et avait pour seule réaction de jeter des regards inquiets vers sa mère qui lui souriait. « Je suis professeur d'Histoire dans une école qui se nomme Poudlard. Cette école accueille des gens assez spéciaux et différents » ajoutais-je en plongeant mon regard dans le sien. Ses yeux s'étaient illuminés à mes paroles et elle s'était mise à bouger inconsciemment sur son fauteuil. « Tu n'es pas comme les autres, tu le sais Dahlia, n'est-ce pas ? » lui demandais-je d'un ton rassurant. Elle regarda une nouvelle fois sa mère comme pour lui dire du regard que ce n'était pas vrai, puis baissa les yeux honteuses. « Je...je...ne sais pas » bafouilla-t-elle en se tordant les mains. Je souriais en coin et plongeais alors la main dans ma cape de sorcier. J'en ressortais alors une petite boite de carton en forme de pentagone aux couleurs or et bleu roi. « Tu aimes le chocolat ? Tiens, c'est pour toi » lui dis-je en lui tendant le petit paquet de carton. « Mange-la vite avant qu'elle ne te mange » ajoutais-je d'un ton malicieux. Elle se saisit de la boite et lu le nom, intriguée. Chocogrenouille. Elle ouvrit alors le paquet et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle découvrit avec stupeur que la grenouille de chocolat s'animait. Elle releva alors des yeux émerveillés vers moi. « Tu as encore un tas d'autres choses merveilleuses à découvrir Dahlia, aussi merveilleuses que toi » concluais-je dans un sourire.

Fin du Flash-Back

Dahlia et moi avions fait un bon bout de chemin depuis que j'étais devenu son tuteur magique. Elle avait grandit, pris onze ans et encore plus de centimètres. Elle avait pris de l'assurance et du courage, c'était d'ailleurs pour cela qu'elle avait été réparti à Gryffondor avant la création de la maison Grindelmonk. C'était dès à présent une jeune fille très jolie, très élégante, pleine d'entrain et de vitalité. J'aimais la voir le sourire aux lèvres lorsque je voyais dans les couloirs. Aujourd'hui, elle n'avait plus peur de ce qu'elle était. Etre une sorcière n'était plus un fardeau ou une souffrance pour elle. Le chemin qu'elle avait traversé pour accepter cela avait été long et semé d'embuches. Nous avions passés du temps et des soirées à parler, s'entrainer, apprendre, comprendre et tout un tas d'autres choses. Dahlia avait presque le même âge que ma petite soeur, mais ma relation avec elle n'était pas la même. Dahlia était parfois rebelle, parfois distante, exaspérée et défaitiste. Il avait une grande force en elle, mais aussi une grande colère qui pouvait sortir à tout moment. Il fallait la contrôler lorsqu'elle s'énervait et la consoler lorsqu'elle pleurait. Comme ce soir... Assis à ses côtés sur le carrelage des toilettes de Mimi Geignarde, je trouvais une petite Dahlia en pleure et je le revoyais lorsqu'elle avait à peine onze ans. Je posais une main sur son bras et la fis sursauter. Ses yeux étaient rouges, pleins de larmes, qu'elle essayait de cacher en les essuyant d'un revers de manche. Elle feignit d'essuyer ses vêtements et baissa les yeux. Pourquoi pleurait-elle et s'était-elle isoler dans un coin ? Je ne le savais pas encore. « Oh Tim ! Ne t'en fais pas, juste une vilaine blague de conservateurs » mentit-elle mal. Je fermais les yeux, habitué à ce genre de réaction. Elle mentait aussi bien que ma petite soeur, elle n'avait pas de chance. « Généralement tu n'en fais qu'une bouchée des conservateurs dans les couloirs » dis-je d'un ton amusé en lui lançant un regard complice. « Dis-moi ce qu'il y a vraiment. Que se passe-t-il ou que s'est-il passé ? » demandais-je d'un ton insistant. Elle savait que je pouvais être aussi têtu qu'elle et qu'elle ne quitterait sûrement pas ses toilettes avant de m'avoir parler. Ce n'était pas contre elle, bien au contraire.