Alone together

Coke réajusta son équilibre avec mécontentement lorsque le Poudlard Express s’ébranla en avant. Elle ne voulait même pas être ici. Tout dans ce train lui était nuisible. Le mouvement imprévisible des wagons, l’étroit couloir des compartiments dans lequel les autres élèves ne cessaient de la bousculer, sa valise lourde et encombrante... Devant elle son Fléreur la guidait a la recherche d’un compartiment vide, ou du moins relativement calme. Ses miaulements étaient rauques, et chaque fois qu’elle le constatait, Coke avait un pincement au coeur. Son Fléreur devait se battre pour que Coke puisse l’entendre. Depuis ce soir là, ses miaulements se faisaient difficiles. Depuis ce soir là, tout était difficile...

« Alors, il va aller mieux ? » Nicolas, le vieux gardien de phare de Stromness, mit une seconde de trop a répondre. « Nous verrons au fil du temps. » « Ne me mens pas. Tu sais que je le sens quand on me ment. Ne me mens surtout pas. » Le ton de sa voix était dur, sec, presque aggressif. Coke ne s’était jamais adressée ainsi a son ami d’enfance, mais depuis son retour de Poudlard, elle était différente. Elle s’amaigrissait de jour en jour, restait enfermée dans sa chambre et avait les nerfs à fleur de peau. Son Fléreur était faible, et elle en était profondément affectée. En tant que garde-chasse pour le Ministère de la Magie, Nicolas était la première personne qu’elle était allée voir. Son Fléreur ronronnait à présent sous les caresses du gardien de phare qui l’oscultait. « Et bien, il a reprit du poids, c’est bien... » « Mais... » « Mais il ne miaule toujours pas correctement... Je ne pense pas qu’il le refera jamais. » Il y eut un moment de silence bercé par le son du vent de la mer. « Ce n’est pas bien grave, ca ne me gêne pas. » « Coke tu ne me comprends pas. Il ne peut pas miauler. Il se force pour te guider et c’est ça qui l’épuise... Je suis désolé mais je ne peux rien faire. Il vaut mieux que tu changes de Fléreur... » Coke sentit son sang se glacer. Il semblait que ses veines se remplissaient peu à peu de ciment froid au lieu de sang, transformant un à un ses membres en pierre, pour finir par le coeur. « Rends-le moi » dit-elle d’une voix sourde en tendant les bras. « Coke, je suis vraiment... » « Rends-le moi !!! » cria-t-elle soudain. Nicolas laissa immédiatement le Fléreur retourner vers sa maîtresse. C’était à son tour d’être changé en pierre. « Tu ne m’avais jamais crié dessus avant. Tu n’avais jamais crié sur personne... » « Avant, personne ne m’avais décu. Tu ne m’avais jamais décu, avant. » lui répondit sechement Coke en s’en allant.

Le miaulement rauque de son Fléreur par-dessus le son des rails la sortit de ses pensées. Coke fit glisser la porte du compartiment, silencieux. Coke s’y installa avec soulagement, laissant sa valise entre les deux banquettes, puis s’assit en tailleur, ouvrnat ses bras pour que son Fléreur s’installe sur ses genoux. Depuis deux mois, elle cherchait désespérement le slieux les plus silencieux et calme possible, pour préserver son Fléreur. Elle se déplacait le moins possible, pour le laisser se reposer. Elle refusait catégoriquement l’idée de s’en séparer. Après cette terrible journée où le feu les avait séparés, Coke s’était promise de ne plus jamais s’en éloigner. Elle caressait de bout des doigts la fourrure chaude de son Fléreur, qui ronronnait entre ses genoux maigres. Le calme et la solitude lui allait. Elle n’avait parler a presque personne depuis deux mois. Nicolas, ses parents, le Directeur, et c’était tout. Elle ne voulait voir personne de toute façon. Tout ce qu’elle voulait, c’était rester seule et en sécurité, avec son Fléreur.

Rory était assis dans son compartiment vide du Poudlard Express avec une sensation d'irréel typique des mauvais rêves, dans laquelle il était coincé depuis plus de deux mois. Depuis l'attaque de Poudlard, où il s'était retrouvé spectateur impuissant d'une tragédie qui aurait pu coûter la vie à ceux à qui il tenait. Quand il avait enfin pu se rendre au château, tout était fini, la catastrophe ne laissant derrière elle de concret que des cicatrices, sur le bâtiment comme sur les élèves, qui furent vite effacées. "Comme par magie" lui souffle son côté moldu, son côté sorcier lui susurre que le "comme" est superflu. Les stigmates moins tangibles de ce qu'il s'était passé ne s'effaceraient quant à elle probablement jamais complètement. Il avait passé les derniers moments qui les séparaient des vacances sur son balai, à voler... à fuir, peut-être. A tenter de canaliser sa rage, son sentiment d'impuissance, de culpabilité, ce besoin d'agir qui lui brûlait les muscles.

Son retour à la maison avait été un passage de l'irréel au surréalisme. Même si ses parents, par le biais de son oncle, était au courant de ce qu'il s'était passé à Poudlard, ils étaient les seuls de la ville. Voir les gens continuer à vivre normalement alors que des élèves, presque des enfants encore étaient morts pour... Pour quoi ? Pour une histoire de sang ridicule, un attentat idiot qui ne faisait que desservir leurs intérêts à tous. Et puis il y eut l'attentat au Ministère, la prise de pouvoir de Voldemort (Allemagne, 1933 ?) et d'autres noms à ajouter à la liste des défunts. Ses parents et son oncle commençaient à songer à partir en France et voulaient que Rory l'accompagne, mais il n'arrivait pas à se résigner. Il ne voulait pas fuir, il comptait se battre aussi longtemps que possible, et il espérait encore, stupidement peut-être, avoir un avenir.

Il savait à présent qu'à moins d'un revirement total de situation, il aurait très peu de chance d'accomplir son rêve : devenir batteur professionnel de Quidditch. Il avait bien remarqué l'éviction progressive et discrète des joueurs nés-moldus des équipes professionnelles, et même si quelques équipes résistaient encore, lorsqu'un né-moldu commettait une erreur il était plus hué que jamais. Un match dû même être interromptu car la réaction de la foule en colère suite à une faute était devenue incontrôlable, mettant en danger la vie du joueur. Non, il n'obtiendrait probablement pas de poste de batteur professionnel, mais il pourrait au moins être arbitre. C'était un boulot assez ingrat puisque très dangereux (de nombreux arbitres ont été retrouvés après des mois sans nouvelles au beau milieu du Sahara), mais Rory avait la peau dure. Et surtout, il aimait le Quidditch plus que tout.

La porte s'ouvrit, le tirant de ses pensées, et Rory écarquilla les yeux en reconnaissant l'élève. Etouffé par le choc de ce qu'il voyait, il resta sans voix tandis qu'elle s'asseyait calmement en face de lui, sans le remarquer. Elle s'était amaigrie et son visage était plus fermé que jamais. Elle avait toujours été entourée par une aura qui disait "si tu m'approches, tu le regretteras", mais jamais elle n'avait été aussi... "forte" n'était peut-être pas le mot. Avant, c'était clairement un système de défense par l'attaque. A présent, c'était plus un désir d'isolement, une supplication presque pour qu'on lui foute la paix. Si elle avait toujours été un cactus, "qui s'y frotte s'y pique", elle était à présent un cactus protégée par une cloche de verre sous Sortilège Incassable. Même son Fléreur, qui n'avait pas signalé sa présence à sa maitresse, le regardait avec un détachement qui lui montrait clairement qu'il était un étranger. Etranger au monde dans lequel sa maitresse et lui semblaient s'être enfermés, loin des autres. Ou peut-être que Rory délirait, qu'il n'y avait ni "aura" ni forteresse au pont-levis fermé. Cela lui faisait presque physiquement mal, de la voir aussi amaigrie. Il avait envie de frapper dans quelque chose, de la faire manger jusqu'à ce qu'elle reprenne des forces. Son instinct protecteur et sa culpabilité étaient plus forts que jamais, et ne sachant pas quoi en faire il les repoussa tout au fond de ses pensées.

Rory ne lui avait pas parlé depuis l'attaque. Il ne l'avait croisé qu'une ou deux fois, de loin, et n'avait pas couru après elle. Il n'avait pas su quoi lui dire, il aurait voulu s'excuser, prendre de ses nouvelles, des nouvelles de son Fléreur, mais les phrases qu'il trouvait sonnaient toujours plat. Il avait apprit par des personnes présentes ce qu'il s'était passé. Il savait que Billie et Nott l'avait aidée, qu'elle n'avait pas eu de blessure grave, mais que son Fléreur en avait plus pâti qu'elle. Il avait pensé à lui donner des conseils pour le soigner, mais elle en savait sûrement bien plus que lui. Il ne pouvait plus rien faire pour elle, et il ne savait plus comment l'aborder.

Mais maintenant qu'elle se trouvait en face de lui, dans le même compartiment, il fallait bien qu'il se lance. Il se racla donc la gorge, quelques secondes après qu'elle se soit assise, son Fléreur installé tranquillement entre ses genoux.

"Bonjour, Cocoon" dit-il, la voix douce et un peu rauque.

L’instabilité permanente, le mouvement perpétuel. Même assise, Coke sentait le train qui les emportaient à une vitesse folle. Comme un inquiétant sentiment de semi-apesanteur. Comme un vertige flou. Comme une impression d’être au bord d’un gouffre et sur le point d’y tomber, figé dans cet instant d’avant-chute, inévitable et infini… Elle avait toujours détesté le train. Les transports en général, en réalité. Quel soulagement avait été la découverte de la Poudre de Cheminette pour elle ! Certes effroyablement éprouvant, mais incroyablement court et finalement grisant… Coke sortit sa baguette de son blouson de cuir et donna un coup délicat à sa montre, qui lui sonna doucement l’heure. Coke poussa un soupir las et posa sa tête contre le dossier de son siège. Le train n’était partit que depuis trente minutes qu’elle n’en pouvait déjà plus…

Alors que le tintement léger qui lui avait sonné l’heure résonnait encore à ses oreilles, un raclement de gorge se fit entendre droit devant elle. Une voix d’homme. Coke se tendit instantanément comme la corde d’un arc prêt à décocher sa flèche. Son Fléreur ne l’avait pas avertie d’un quelconque danger imminent, ce qui expliquait pourquoi sa baguette était encore dans sa poche, mais c’était plus fort qu’elle. Coke était sur le qui-vive. « Bonjour, Cocoon » Sa voix était infiniment douce, et triste. Si Coke restait aussi tendue, ce n’était plus par méfiance, mais parce que tous ses sens étaient éveil pour tenter de reconnaître cette voix. Quelque chose, quelque part au fond de son esprit, lui murmurait qu’elle connaissait cette personne, mais elle ne parvenait pas à mettre un nom dessus…

Les bruits des rails, qui l’avaient empêcher d’entendre la présence du jeune homme, l’empêchaient également d’entendre n’importe quel geste, n’importe quels tics qu’elle aurait put identifier. Coke prit une profonde inspiration. Une agréable odeur chaude et réconfortante. Et pourtant une odeur que son inconscient rattachait à un danger réel. A une douleur à l’épaule. Et, étrangement, à de l’herbe… Et soudain, les rouages se mirent en place. Les pièces du puzzle révélaient l’œuvre d’art. Leur première rencontre. Il lui avait mit le bras dans le dos et l’avait plaquée contre l’herbe du parc. Le jeune homme qui ne prétendait pas être normal.

« Rory… » Son visage était impassible, ses lèvres avaient a peine remuer lorsqu’elle avait murmurer le prénom, tout juste audible au-dessus du son du train en mouvement. Mais tout ses membres s’étaient détendu, et elle s’était remise à caresser les oreilles gigantesques de son Fléreur, adossée à la banquette du compartiment. « Ca me fait plaisir de t’entendre à nouveau… Tu va bien ? » Il fut un temps, cette question aurait pu être interpétée par « si tu me réponds oui je peux y remédier si tu veux… » Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui sa voix étonnement grave était sereine, et marquait une réelle inquiétude de la part de Coke. Les quelques fois où ils avaient parlé ensemble, Rory lui avait toujours paru jovial et enthousiaste, souvent à l’excès. Jamais sa voix n’avait été triste à ses oreilles, et elle n’était pas sûre d’apprécier le changement…

Au son de sa voix, Cocoon se raidit complètement, semblant prête à fuir ou à se battre. Rory eut un petit coup au cœur en la voyant aussi sur ses gardes, puis il se rappela que même si leurs dernières rencontres avaient été amicales, il n’était pour autant encore qu’un inconnu pour elle. Et bien qu’il fût persuadé du contraire, il n’était pas son protecteur attitré. Elle ne lui avait pas donné ce rôle, il se l’était attribué tout seul. En bref, elle n’avait aucune raison de lui faire confiance. De plus, l’attaque de Poudlard l’avait visiblement marquée, et avait probablement ébranlé son envie (déjà peu présente, si son analyse était bonne) de faire confiance aux autres.

« Rory… » murmura-t-elle d’une voix à peine plus forte qu’un souffle, et il vit son corps se détendre, ses mains recommencer à caresser tranquillement son Fléreur. Ce n’est que quand tous ses muscles se relâchèrent que Rory se rendit compte qu’il s’était raidit, lui aussi, comme par mimétisme. La façon dont elle était restée tendue, son temps de réaction, tout cela avait probablement plus à voir avec le fait qu’elle cherchait à savoir qui il était. Il avait (encore) oublié que, étant aveugle, elle ne pouvait pas juste le reconnaître à son visage. Et deux mots prononcés par quelqu’un avec qui elle n’avait pas parlé depuis des mois n’étaient pas des indices suffisants pour qu’elle puisse l’identifier en un quart de seconde. C’était même étonnant qu’elle ait réussi à le reconnaître tout court ! Non pour la première fois, il se traita mentalement d’idiot. « Ca me fait plaisir de t’entendre à nouveau… Tu vas bien ? »

Rory fut troublé d’entendre une réelle inquiétude dans sa voix. Il n’était pas habitué à ça, personne n’était jamais inquiet pour lui. Inquiets pour eux-mêmes à cause de lui, ça oui. Mais aux yeux de tout le monde c’était quelqu’un de fort, physiquement comme mentalement, qui offrait de l’aide mais n’en avait jamais besoin. Même ses parents se reposaient sur lui, lui parlaient de leur inquiétude pour leur propre sécurité et celle de son oncle, mais jamais de leur inquiétude pour la sienne. La jambe de Rory se mit à tressauter nerveusement, et il se racla la gorge pour cacher son trouble.

« Bien, bien merci » répondit-il. Il n’était pas habitué à parler de ses problèmes, et même s’il l’avait voulu il n’aurait pas su comment faire. Quelques phrases défilèrent dans son esprit « je regrette de ne pas avoir été à tes côtés pendant l’attaque », « j’aimerais pouvoir t’aider »...« je suis mort de trouille... ». Il n’en prononça aucune. A la place, il se contenta d’un simple « Et toi ? »

Il se doutait que sa réponse serait probablement aussi laconique que la sienne, et n’effleurerait que la surface de la réalité. Rory sursauta en entendant Joan se mettre à chanter soudainement:

« Walks into a room, Feels like a big balloon, I said “Hey boy you are beautiful”, Diet coke and a pizza please, Diet coke I’m on my…»

«Shush Joan » ordonna Rory, non sans gentillesse

«…knees »

Il se sentit rougir un peu tandis que sa main gonflait, doublement embarrassé. Non seulement Joan avait chanté une partie de la chanson qui semblait s’adresser à Cocoon – et le « and a pizza » avait sonné suspicieusement proche de « eat a pizza » à ses oreilles – mais en plus voilà qu’il se remettait à enfler. Il but son antidote, finissant sa dernière fiole. Il allait devoir rendre visite au Doctor très rapidement. Enfin, heureusement Cocoon ne pouvait pas voir son corps se déformer sans crier gare, c’était déjà ça.

«Désolé, c’est du Mika » dit-il d’un ton penaud.

Il donna une dragée de Bertie Crochue à Joan pour la remercier de l’avoir prévenu et de lui avoir obéit, et en profita pour sortir ses Chocogrenouilles.

« Une chocogrenouille ? » proposa-t-il à Cocoon. Il faillit demander « tu en veux ? », avant de se rappeler qu’elle aurait du mal à lui répondre sans savoir ce qu’il lui proposait.

A vrai dire, lui-même n’avait pas très faim, mais la maigreur de Cocoon lui faisait peur et il aurait vraiment bien aimé la remplumer un peu. A partir de maintenant.

Alors qu’elle venait de lui demander comment il allait, un son sec et répétitif se fit entendre au niveau du sol. Coke était sur le point de se demander si le wagon s’apprêtait à dérailler dans une fraction de seconde, lorsque Rory se racla la gorge. Le son ne venait pas d’une roue défaillante du train, mais de son pieds qui battait un rythme effréné. Sans même un mot, il lui avait déjà donné une réponse. « Bien, bien merci… Et toi ? » répondit Rory, sa voix perceptiblement tendue. Coke ne put retenir un pouffement de rire. « Mon Dieu, Rory, tu es un épouvantable menteur ! » Son ton était plus amusé que moqueur. Les gens pensaient souvent pouvoir lui mentir avec une aisance infinie sous prétexte qu’elle n’y voyait pour ainsi dire que du feu. Mais ils oubliaient de cacher l’essentiel : leur voix. Il était tout simplement impossible de mentir à Coke. Si elle ne se comportait pas avec son arrogance habituelle, c’est qu’elle savait que Rory ne lui mentait pas à dessein. Il s’agissait plus, d’après ce qu’elle devinait, à une forme de pudeur masculine. Peut-être même essayait-il de se convaincre lui-même que tout allait bien…

« Walks into a room, feels like a big balloon, I said, Hey boy you are beautiful...» se mit à chanter une petite voix fluette dans la direction de Rory. Le visage de Coke resta profondément impassible, si ce n’était un très léger mouvement de tête sur le côté, mais le cœur de Coke fit un bond. Elle avait presque oublié la petite Boursouffle de Rory… «Shush Joan » Joan… « Diet coke and a pizza please, diet coke I’m on my knees…» «Désolé, c’est du Mika » Coke ne répondit pas. Elle resta un moment silencieuse, sans bouger. Elle savourait la présence retrouvée de son ami. Elle qui avait chercher des semaines entières à s’isoler, elle se surprenait à aimer la présence de quelqu’un. Elle s’était attachée à Rory, a sa maladresse. Il ne cessait de s’excuser pour tout et n’importe quoi, Coke n’avait pas encore découvert pourquoi. Elle l’avait un moment prit pour un signe de faiblesse, jusqu’au jour où Rory avait fait preuve d’un éclat de violence à l’égard d’un Serpentard alors qu’il l’accompagnait à son dernier ASPIC dans un couloir. Une histoire de regard déplacé, qui pour des raisons évidentes, avait échappé à Coke. Elle n’en avait pas grand chose à faire, mais ce jour-là, elle avait réalisé que Rory pouvait avoir une certaine volonté, et qu’il ne cherchait alors plus du tout à s’excuser… bien au contraire… « Tu n’as pas a t’excuser, elle a raison… » Coke aussi avait sentit dans les paroles de la Boursouffle une allusion à tout ce que Coke aurait besoin de manger. Elle n’était pas la première à le lui faire remarquer…

Les premières semaines de l’été, elle avait purement et simplement arrêté de manger. Ca avait commencé à Poudlard, après… Coke ne mangeait plus, parce que chaque fois qu’elle se souvenait pourquoi ils ne mangeaient pas dans la Grande Salle, son estomac se retournait. Elle cherchait les endroits les plus isolés, pour oublier le bruit de la foule des élèves, qui a lui seul la terrorrisait. Puis elle avait prit goût a la solitude, et à cette sensation de vide dans son ventre, qui remplacait celui qui se créait à la pensée des élèves morts. Quelques semaines plus tard, elle s’était resignée à descendre au repas avec ses parents, mais passait plus de temps à partager son assiette dans la gueule de son Fléreur qu’à remplir sa propre bouche. Elle le sentait, ses vêtements avaient tendance à tomber plus bas que prévu à cause de son amaigrissement. Elle l’avait également entendu lorsqu’on l’avait sifflée dans la rue. Elle n’avait pas osé demander à ses parents de nouveaux vêtements, se doutant qu’ils lui répondraient que si elle reprenait du poids, le problème serait…

« Une chocogrenouille ? » La voix de Rory la tira de ses pensées. Coke eut un mouvement de recul, rentrant un instant son menton dans sa poitrine. « Non merci, je n’ai pas faim… Je viens de prendre mon petit déjeuner à la gare. » Et ça Rory, c’était du mensonge. Prends en de la graine !

Rory sentit un énorme sourire étirer son visage en entendant le rire de Cocoon. Il était tellement soulagé de la voir pouffer ! Quand elle était rentrée dans le compartiment, plus fermée au monde et maigre que jamais, il avait vraiment eu peur. Chose que bien sûr il n’avouerait jamais, il était Rory Lanswood et ne pouvait pas se permettre ce genre de sentiment.

« Mon Dieu, Rory, tu es un épouvantable menteur ! »
« Merci beaucoup » répondit-il, un sourire goguenard aux lèvres.

Pour lui c’était plus un compliment qu’autre chose, il n’aimait pas mentir à ses amis. Enfin en l’occurrence il s’agissait là d’un pieux mensonge, plus une omission qu’autre chose. Physiquement il allait parfaitement bien, il était seulement très anxieux ces derniers temps. Et puis, maintenant ce n’était même plus un mensonge du tout : il se sentait mieux à cet instant qu’à aucun autre moment ces trois derniers mois.

« Tu n’as pas à t’excuser, elle a raison. »

« De quoi, quand elle a chanté « Hey boy, you are beautiful » ? »

Rory se mit à rougir violemment. Quel idiot, non mais quel idiot ! Franchement, qu’est-ce qu’il lui avait prit de sortir une ânerie pareille ? En fait, il savait très bien ce qu’il s’était passé : Coke l’avait tellement surpris en admettant son problème alimentaire qu’il avait sorti la première chose qui lui était passé par la tête. Ce n’était pas la première fois qu’il sortait des énormités plus grosses que lui sans antidote, mais là il avait vraiment décroché le pompon. Il tenta de changer très très vite de sujet en lui proposant une chocogrenouille.

Sa réaction de recul était bien plus parlante qu’un long discours. L’inquiétude revint dans le regard de Rory, et sa jambe recommença sa danse folle.

« Non merci, je n’ai pas faim… Je viens de prendre mon petit déjeuner à la gare. »

Rory la regarda avec une expression incrédule, un sourcil relevé, et secoua la tête. Il soupira et répondit :

« C’est vrai, tu mens mieux que moi… C’est drôle, mon corps ne me trahit jamais mais ma voix, tout le temps. On dirait que chez toi, c’est le contraire… »

Il avait toujours été capable de voir au-delà de ce que Cocoon disait en observant son langage corporel. Il ne savait pas si elle semblait aussi transparente aux yeux de tous, ou si c’était ses années d’arts martiaux et son envie de la connaître qui lui permettait d’en voir autant. Dans tout les cas, il n’était absolument pas dupe : il était clair qu’elle n’avait rien mangé ce matin. Et n’avait pas mangé grand-chose depuis un bout de temps, à en juger par la façon dont ses vêtements pendaient sur elle. Une des conséquences regrettable de sa perte de poids pour la nature gentleman de Rory était que son décolleté était plus plongeant qu’à l’accoutumée. Il fronça les sourcils en pensant que cela pourrait amener certains élèves (dont un certain Pond vert et argent) à la harceler plus que d’habitude. Il savait que Billie s’occupait souvent de la garde-robe de Coke, peut-être qu’elle trouverait une solution…

« Mon Dieu, Rory, tu es un épouvantable menteur ! » avait-elle dit sur un ton amusé. « Merci beaucoup » A sa réponse, Coke laissa échapper un véritable éclat de rire qui fit un instant tourner les oreilles gigantesques de son Fléreur, les yeux fermés, la tête posée sur les genoux de sa maîtresse. Si Rory Lanswood ne se prétendait pas être normal, il se voulait un garçon honnête. Un gentil garçon. Coke avait trop tendance à l’oublier à cause de sa maladroite brutalité. « Je t’en prie. » répondit-elle par complicité.

Coke resta silencieuse un instant, savourant cette nouvelle sensation. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois où on l’avait fait rire. Réellement rire. Pas un rire sadique du plaisir éprouvé à voir quelqu’un souffrir, pas le rire doucement tyrannique d’une humiliation imposée à quelqu’un. Le véritable rire à être surpris par une réaction qu’elle n’avait pas attendue, pas prévue, une bonne surprise. Rory était un garçon plein de bonnes surprises…

Dans le silence du wagon, la voix de Joan s’était faite entendre… « Walks into a room, feels like a big balloon, I said, Hey boy you are beautiful...» «Shush Joan ! » Rory avait essayé de la faire taire. « Diet coke and a pizza please, diet coke I’m on my knees…» La Boursouff s’était tue et Coke l’entedit ronronner. Rory avait du lui donner une caresse, quelque chose à manger. «Désolé, c’est du Mika. » « Tu n’as pas a t’excuser, elle a raison… » avait répondu Coke, honnête à son tour… « De quoi, quand elle a chanté « Hey boy, you are beautiful » ? » Encore une fois, Coke éclata de rire.

Son rire était à chaque fois plus dévoilé et plus revigorant. Lorsqu’elle riait, sa voix grave devenait plus aigue et plus clair, entièrement différente du rire grave qu’elle émettait lorsqu’elle lançait un sort particulièrement vicieux à quelqu’un. Sur ses genoux, son Fléreur, revigoré par le bruit, ouvrit les yeux et miaula en pausant une patte sur sa poitrine. Il avait manifestement envie de partager la joie de sa maîtresse. Coke le serra dans ses bras et lui caressa la fourrure, du bout de son museau à la pointe de sa queue.

« Tout à fait ! » poursuivit-elle avec les échos de son rire dans sa voix.« Les profonds yeux verts, les cheveux à tomber par terre… Tu es le plus bel homme que j'ai jamais vu Rory! » C'était le cas de le dire ! « Une chocogrenouille ? » lui proposa celui-ci, visiblement (façon de parler bien sûr) ravi de la bonne humeur de la jeune aveugle. « Non merci, je n’ai pas faim… Je viens de prendre mon petit déjeuner à la gare. » Il y eut un court silence. Puis Rory répondit, cet étrange ton triste, qu’elle avait entendu quelques minutes plus tôt, de retour dans sa voix… « C’est vrai, tu mens mieux que moi… C’est drôle, mon corps ne me trahit jamais mais ma voix, tout le temps. On dirait que chez toi, c’est le contraire… » Un autre silence… Beaucoup plus long cette fois…

La main de Coke s’était figée au milieu sur le dos de son Fléreur. Celui-ci cessa de ronronner, puis alla se rouler en boule à côté d’elle. Le visage de Coke était toujours impassible, mais il y avait des moments où ce fait était plus douloureux que d’autre. Ce moment en faisait partie. Le regard noir et sans fond de Coke était figé quelque part entre les yeux de Rory, un mur infranchissable entre les traits doux de son visage et l’inconnu de ses pensées.

Encore une fois, Rory l’avait surprise. Coke ne s’était jamais regardée dans un miroir, mais Rory venait de lui renvoyer son reflet. Et il ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle pensait. Coke s’était toujours considérée comme une excellente menteuse. Elle avait trompé un nombre impressionnant de personne, maniant le ton de sa voix à merveille, n’y laissant pas apparaître l’ombre d’un doute, son visage impassible ne pouvant rien exprimer qui la trahirait. Etant aveugle, les gens la pensaient naturellement innocente, voire impressionnable, la croyant au premier regard, pensant même parfois pouvoir la tromper elle…

« Les apparences sont parfois trompeuses, Rory Lanswood… » La voix de Coke avait sonné comme un grondement de tonerre. Si ses éclats de rire avaient pu laisser penser que l’ancienne Coke n’était qu’un mauvais souvenir, ils avaient à présent disparus comme un vulgaire mirage…

Rory était plein de surprises. D’abords maladroit et peu assuré, il s’était révélé un redoutable adversaire plein de volonté contre ce Serpentard. Coke l’avait ensuite pensé idiot et naïf, il venait de lui démontrer qu’il cachait une vive intelligence. Rory voyait Coke. Elle réalisait qu’elle ne l’avait jamais vraiment vu. Elle avait la sensation de le découvrir pour la première fois. Rory Lanswood… Pour la première fois depuis longtemps en sa présence, Coke retraca mentalement la chemin de sa main à sa baguette… Il venait de redevenir une menace…

« Ne pense pas pouvoir me connaître si vite… » poursuivit-elle en mettant ses mains maigres dans ses poches. Son Fléreur tendit ses oreilles, yeux grands ouverts, alerte. « Tu ne t’arrêtes qu’à la surface. » Derrière son ton menaçant, Coke essayait de se convaincre elle-même. Elle était en sécurité dans son mystère, elle n’aimait pas être percée à jour. Coke se sentait vulnérable, et ce n’était pas du tout une bonne chose…

« De quoi, quand elle a chanté « Hey boy, you are beautiful » ? »

Coke éclata de rire à sa remarque idiote, mais ce n’était pas un rire malicieux ni cruel. Juste un rire joyeux, que Rory était heureux d’entendre.

« Tout à fait ! Les profonds yeux verts, les cheveux à tomber par terre… Tu es le plus bel homme que j'ai jamais vu Rory! » répondit-elle, sa voix portant encore les traces de son rire.

Rory ouvrit la bouche, ne dit rien, la referma, la rouvrit, en une parfaite imitation d'une carpe. La description qu'elle avait donné de lui correspondait, enfin en tout cas, ses yeux étaient verts et ses cheveux aidaient à cacher les défauts de son visage. Mais clairement il ne pouvait pas être le plus bel homme qu'elle ait jamais vu, déjà parce qu'il était loin, très loin d'être le mec le plus séduisant de l'école, et ensuite parce qu'elle était pas censée être aveugle, elle ? Il fronça les sourcils, confus. Comment elle savait à quoi il ressemblait ? Il doutait qu'il ait entendu des filles le décrire dans le couloir, puisqu'encore une fois, il n'était pas particulièrement canon. Quand les filles parlaient entre elles c'était de mecs mignons, pas de mecs normaux. Il était complètement largué. Il secoua la tête et préféra changer de sujet, en lui proposant à manger : et hop, d'une pierre deux coups. Elle refusa avec un mensonge, et il ne put s'empêcher de lui faire remarquer :

« C’est vrai, tu mens mieux que moi… C’est drôle, mon corps ne me trahit jamais mais ma voix, tout le temps. On dirait que chez toi, c’est le contraire… »

« Les apparences sont parfois trompeuses, Rory Lanswood… » dit-elle d’une voix grondante qui ne laissait aucun doute sur l’étendue de sa colère.

Rory fronça un peu plus les sourcils. Comment ça, les apparences sont trompeuses ? C'était un message ? Si c'était pour dire qu'elle n'avait pas mentit sur son histoire de petit-déjeuner, il n'était pas dupe. A moins que... Peut-être qu'elle faisait référence à un autre mensonge, qu'il aurait gobé tout cru ?

« Ne pense pas pouvoir me connaître si vite… Tu ne t’arrêtes qu’à la surface. »

Rory répondit d'une voix distraite : « Ah bon... »

Ses pensées fusaient à cent à l'heure. Peut-être qu'elle n'était pas vraiment aveugle, peut-être qu'elle aimait juste que les gens le croit... Elle aurait pu faire semblant d'être aveugle pour avoir un Fléreur, elle aurait réussi à tromper le Ministère d'une façon ou d'une autre. A moins qu'elle connaissait quelqu'un qui élevait des Fléreurs, et qui lui en aurait confié un. Et puis elle se ferait passer pour... Bon, il ne savait pas trop pourquoi elle voudrait qu'on la croit aveugle, mais après tout qu'est-ce qu'il y comprenait lui aux femmes ? En tout cas ça expliquerait beaucoup de choses : elle se déplaçait toujours avec assurance, et puis elle semblait le regarder droit dans les yeux aussi, elle n'avait pas la tête qui penchait en arrière comme ce chanteur de variété française que la mère de Ruby écoutait (au grand dam de cette dernière). Et le jour où ils s'étaient rencontrés, elle avait jeté un sort sur le Serpentard avec une extrême précision.

Non, c'était dingue, elle ne s'était pas rendu compte de sa présence quand elle était rentrée dans son wagon. A moins qu'elle ne jouait un rôle ? Elle était peut-être très bonne actrice, et c'était pour cela qu'elle n'avait pas apprécié sa remarque... Non, sa théorie ne tenait pas vraiment debout. Rory se mordilla la lèvre, il devenait complètement paranoïaque ces derniers temps... Non, c'était stupide, et il n'y croyait pas vraiment. Mais il ne put s'empêcher de se pencher vers elle, le corps presque totalement hors de son siège et le visage tout proche du sien. Il la regarda droit dans les yeux et passa sa main devant son visage, jauchant sa réaction...

« C’est vrai, tu mens mieux que moi… C’est drôle, mon corps ne me trahit jamais mais ma voix, tout le temps. On dirait que chez toi, c’est le contraire… » « Les apparences sont parfois trompeuses, Rory Lanswood… Ne pense pas pouvoir me connaître si vite… Tu ne t’arrêtes qu’à la surface. »

« On dirait que chez toi, c’est le contraire… » Comme si son corps trahissait sa pensée. Comme s’il lui suffisait de la regarder pour la connaître. Rory la regardait. Elle le sentait. Elle le sentait tout proche. Si proche que les yeux de l’aveugle passaient à présent directement au travers de lui, comme la lame d’un sabre… Le bruit des rails avait été trop fort pour qu’elle ait pu entendre le grincement de son siège lorsqu’il s’était levé. Ses sens étaient trop perturbés par le ballotement du train pour sentir une lointaine chaleur corporelle. Mais elle le sentait. Etait-ce sa présence, la magie qui parcourait les veines de chaques sorciers ? Coke sentait le visage de Rory, tout proche… Lorsque ses doigts passèrent devant ses yeux aveugles, Cocoon les sentit. Sa main surgit comme un éclair et saisit la sienne avec une vitesse surprenante. Comme lui seul savait le faire, Rory avait été sur le point de s’echaper, mais soudain, elle se débrouilla pour attraper sa cravate de telle sorte que plus il cherchait à se défaire, plus elle se resserrait. Cocoon l’avait attrapé, et l’attirait à présent plus proche qu’il ne l’était déjà. D’aussi près, on pouvait sentir que Coke sentait très bon, son savon, son shampooing, peut-être un peu de parfum…

« Regardes-moi Rory… Ne t’arrête pas aux apparences. Tu vois, mais tu es plus aveugle que moi. Tu regardes, mais tu n’observes pas…. Regardes-moi… Qu’est-ce que tu vois ?… » Sous la colère grondant dans la voix de Coke, il y avait autre chose. Autre chose d’insaisissable, d’enivrant, quelque part entre la curiosité et la provocation. « Moi je vais te dire ce que je vois. » Sans desserrer d’une once la poigne qui tenait la cravate de Rory, Coke passa son autre main le long de son torse jusqu’à son épaule. « Tu es respectablement musclé, tu pratiques un sport couramment. Tes épaules sont plus développés que ton torse, le sport que tu pratiques demande d’avantage l’usage de tes bras, » sa main se posa sur sa cuisse... « que de tes jambes… » Les doigts de Coke se faufilèrent dans la poche de Rory, et y trouvèrent des Berties Crochues et la fiole vide de son antidote. « Je ne sens pas le sucre dans ton haleine. Si tu aimes les friandises, tu les mange dès que tu les achète, tu n’en mange pas à longueur de journée. Ce sont ces bonbons que tu donne à ta Boursouffle quand je t’entends la nourrire… Et cette petite fiole, c’est sans doute ce que tu lui donne à boire… » Du bout de l’ongle de son pouce, Coke retira le bouchon de la fiole et la porta une seconde sous son nez, avant de la refermer et de replacer le tout à côté d’elle. « Ce n’est pas de l’eau, ni du jus d’un quelconque fruit… C’est une potion… » Coke sembla hesiter un instant, sa voix avait changer de ton… Comme de l’inquiétude… « Tu es malade, Rory ?… C’est pour ça que tu ne te prétends pas normal ? » Coke ne dit plus rien, de fit plus rien. Elle ne le lachait pas pour autant, mais restait silencieuse, profondément plongée dans ses pensées, qu’elle gardait à nouveau pour elle.

Puis, avec ce petit souffle qui caracterisait son rire silencieux, elle lacha la cravate de Rory et se rassit calmement au fond de son siège… « C’est ton tour, Rory Lanswood. Qu’est-ce que tu vois ? » De nouveau ce ton indescriptible, hypnotisant, puis le silence. Cette fois, elle lui laissait le temps de répondre. Sa curiosité, son pire défaut, l’avait emporté sur sa colère. Comme jamais, elle se sentait prête à être approchée, observée, découverte. Rory s’était montré intelligent. Il pouvait la voir. Coke voulait savoir ce qu’il voyait… Rory était son mirroir…

Rory passa la main devant les yeux de Cocoon, attentif aux moindres mouvements de ses pupilles, guettant une réaction qui la trahirait… Sa main saisissant la sienne à la vitesse d’un serpent refermant ses mâchoires sur sa proie le fit bondir en arrière, essayant de se dégager de sa grippe en tordant son poignet. Son geste de recul fut coupé net, ses mouvements aussi bloqués que ceux d’un chien tenu en laisse. Il essaya de se dégager presque frénétiquement, avant de se rendre compte que Coke tenait sa cravate et que chaque tentative ne faisait que la resserrer autour de sa gorge. S’il comptait continuer à respirer, il allait devoir arrêter de se débattre.

Il se laissa faire quand elle l’attira à lui, leur visage assez proche à présent pour que leur souffle se mêle. Son parfum parvint jusqu’à lui ; léger, doux, il n’agressait pas ses sens et lui donnait envie de reprendre une ample goulée d’air pour en apprécier encore un peu l’odeur. Le cœur battant encore au rythme effréné de l’adrénaline coursant dans ses veines, il se contenta d’écouter Coke quand elle reprit la parole : « Regarde-moi Rory… Ne t’arrête pas aux apparences. Tu vois, mais tu es plus aveugle que moi. Tu regardes, mais tu n’observes pas…. Regarde-moi… Qu’est-ce que tu vois ?… » sa voix était rauque de colère mais pas que. Il y avait autre chose dans son ton menaçant, comme si elle lui lançait un défi, curieuse de voir ce qu’il allait offrir en réponse. Il était saisi par sa réaction, par son ton, par ce mélange de danger et de promesse. Il l’observa, comme elle le lui demandait, regarda ses yeux regarder à travers lui, comme s’il était un fantôme qui la hantait. « Moi je vais te dire ce que je vois… » Rory se sentit gagné par l’anticipation, personne ne lui avait jamais vraiment dit ce qu’il pensait de lui en face. Et il mourait d’envie de savoir comment Coke le « voyait »…

Le souffle de Rory se bloqua dans sa gorge ; elle passait sa main sur son torse, électrisant sa peau qui devenait plus sensible que jamais, laissant sur son passage une chaleur qui se propageait lentement. Elle la posa finalement sur son épaule, créant des frissons jusque dans sa nuque. « Tu es respectablement musclé, tu pratiques un sport couramment. Tes épaules sont plus développées que ton torse, le sport que tu pratiques demande davantage l’usage de tes bras que de tes jambes » Sur ses derniers mots sa main se posa sur sa cuisse et la chaleur qui jusque là l’envahissait lentement le ravagea comme un feu de forêt. Rory déglutit difficilement, la respiration saccadée. Les doigts de Coke se faufilèrent dans sa poche et il dût se faire violence pour ne pas tressaillir à la sensation que provoquait ce contact sur sa peau hypersensible. Il résista à l’envie de frotter sa peau pour chasser cette sensation, entre le chatouillement et la brûlure. Dans la main de Cocoon se trouvait à présent le contenu de sa poche, ses bonbons Berties Crochues et sa fiole.« Je ne sens pas le sucre dans ton haleine. Si tu aimes les friandises, tu les manges dès que tu les achètes, tu n’en manges pas à longueur de journée. Ce sont ces bonbons que tu donnes à ta Boursouffle quand je t’entends la nourrir… Et cette petite fiole, c’est sans doute ce que tu lui donnes à boire… »

Sa main ne parcourant plus son corps, Rory put commencer à reprendre ses esprits. Il se concentra sur ce qu’elle lui disait et fut presque soulagé quand elle fit une erreur. La description qu’elle avait jusque là donnée de lui était si juste que ç’en était presque inquiétant. Il n’était pas sûr d’en savoir autant sur elle… Jusque là, elle avait eu raison sur tout : il faisait régulièrement du Krav-Maga et du Quidditch, où en tant que batteur il utilisait plus ses bras que tout autre partie de son corps, même si ses jambes qui lui servaient à se maintenir sur le balai étaient parfois mises à rude épreuve. Il ne mangeait de friandise que lorsqu’il avait l’occasion d’en acheter, il ne faisait pas de réserve et n’en était pas particulièrement fan. Il en donnait souvent à Joan, et quand elle l’avait entendu la nourrir dans le train c’était bien ce qu’il lui avait donné, mais il la nourrissait avec beaucoup d’autres choses. Et la fiole n’était pas pour elle… Cocoon porta la fiole sous son nez, entre leur visage, et il en sentit également l’odeur un peu âcre qui le répugnait tant. Il retenait sa respiration chaque fois qu’il buvait cet antidote pour essayer d’échapper à son goût et son odeur.

« Ce n’est pas de l’eau, ni du jus d’un quelconque fruit… C’est une potion… » Rory écarquilla les yeux, surpris. Il avait toujours trouvé que l’antidote avait une odeur de jus d’orange particulièrement acide, mais visiblement Coke avait un nez plus sensible que le sien. Ce qui n’était pas si improbable, après tout. Une tension autour de sa bouche montrait qu’elle hésitait à prendre la parole, pourquoi ? Elle venait visiblement d’avoir une idée… »Tu es malade, Rory ?... C’est pour ça que tu ne te prétends pas normal ? » Rory retint un mouvement de recul, abasourdi. Elle en avait deviné énormément sur lui, sans avoir besoin de ses yeux. Il se sentait presque exposé, sous ce regard vide qui voyait tant, plus que la plupart des gens. Elle restait à présent silencieuse, et il se demanda quelles pensées occupaient son esprit. Elle les maintenait toujours terriblement proche l’un de l’autre, et il sentit le souffle de son rire silencieux effleurer ses lèvres.

Et puis elle le relâcha, s’appuya contre le fond de son siège calmement. Rory resta un instant immobile, sous le choc avant de se rassoir correctement. Il en avait oublié l’existence de Joan, persuadé qu’ils n’y avaient personne d’autre qu’eux deux dans ce wagon, dans ce train.

« C’est ton tour, Rory Lanswood. Qu’est-ce que tu vois ? » Le défi était lancé, "penny in the air..." et Rory comptait l’attraper au vol.
Il posa sa main gauche sur celle de Coke. Elle la tenait toujours très près de sa baguette, prête à dégainer à chaque instant, comme un héros de western. « Tu es du genre à tirer d’abord et à poser les questions ensuite… » dit-il, et pour prouver son argument il toucha de son index la baguette et la hanche contre laquelle elle reposait, sans lâcher sa main « … parce que même si tu es très curieuse, tu es plus méfiante encore. » Il caressa son visage du bout des doigts de son autre main « Ton visage reste toujours impassible, tout comme ta voix… » continua-t-il en descendant sur son cou, puis sur son épaule « Par contre ton corps est plus expressif, je sais à la tension des muscles de tes épaules quand tu t’apprêtes à me sauter à la gorge. » Il descendit la main le long de son bras, s’arrêta aux manches de son pull contre son poignet « Il y a des traces de brûlures sur tes manches, mais à part ça tes habits sont toujours impeccables… A mon avis les cours de potions c’est pas vraiment ton truc » Il poursuivit son chemin sur la paume de sa main, jusqu’au bout de ses doigts. « Tes mains sont douces, on voit que tu en prends soin. Mais la peau sur le bout de tes doigts est plus épaisse… c’est dû peut-être à des brûlures répétitives en potion, mais surtout et sûrement à la pratique de la guitare. » . Il enleva les mains des siennes, les posa contre ses côtes et descendit jusque ses hanches « Tu as beaucoup maigri » remarqua-t-il, l’inquiétude évidente dans sa voix. Il retira ses mains et glissa ses doigts dans sa poche pour en sortir son contenu. Il n’en sortit que des tickets de transports. « Rien à manger dans tes poches, juste des billets de transport… Poudlard Express, train Edimbourg Londres, bus Edimbourg Wick, ferry Wick Stromness… J’imagine que tu vis à Stromness, et vu les dates… Tu es allée à Wick pour le festival de rock ? Je pense qu’on va bien s’entendre, tous les deux ! On pourra peut-être y aller ensemble, l’année prochaine » proposa-t-il avec un grand sourire. Il remit les billets dans sa poche et reprit, plus sérieux « Ce que je vois aussi, c’est que tu es plus forte que tu ne le penses. Que tu penses que les hommes rendent le monde plus dangereux, et tu oublies peut-être que certains peuvent le rendre plus sûr… » Puis, parce qu’elle s’était montrée inquiète pour lui – pour la deuxième fois depuis qu’ils se connaissaient, ça ne devrait pas lui faire aussi plaisir – il ajouta : « Je n’ai rien de grave, mais c’est chronique et il faut que je prenne de l’antidote régulièrement. Et j’ai bien envie de te laisser découvrir pourquoi… » finit-il, un petit sourire presque satisfait sur ses lèvres.

« C’est ton tour, Rory Lanswood. Qu’est-ce que tu vois ? » De nouveau ce ton indescriptible, hypnotisant, puis le silence. Cette fois, elle lui laissait le temps de répondre. Sa curiosité, son pire défaut, l’avait emporté sur sa colère. Comme jamais, elle se sentait prête à être approchée, observée, découverte. Rory s’était montré intelligent. Il pouvait la voir. Coke voulait savoir ce qu’il voyait… Rory était son miroir…

« Tu es du genre à tirer d’abord et à poser les questions ensuite, parce que même si tu es très curieuse, tu es plus méfiante encore. » Il avait posé sa main sur la sienne, qu'elle avait inconsciemment gardée près de sa baguette, qu'il effleura du doigt. Sa main était chaude, d'une chaleur réconfortante, et Coke réalisa que c'était une sensation de réconfort qu'elle n'avait que très rarement ressentie. Elle ne laissait presque jamais personne la toucher, et les rare fois où elle le faisait, elle n'éprouvait aucun plaisir à l'être, se sentant plus en danger qu'autre chose... Coke frémit légèrement en sentant cette chaleur sur son visage. Rory venait de l'effleurer des doigts. C'était une réaction qu'elle ne pouvait pas contrôler. Elle n'avait jamais aimé qu'on lui touche le visage, pas même ses parents, pas même sa mère, et Coke se sentait de nouveau gagnée par une sensation de menace qui chassa celle de réconfort. Rory passa ses mains sur sa gorge et Coke redouta qu'il ne l'étrangle. Bien sûr, cela n'avait aucune logique, mais son esprit était trop occupé par ses sensations pour fonctionner normalement... « Ton visage reste toujours impassible, tout comme ta voix…Par contre ton corps est plus expressif, je sais à la tension des muscles de tes épaules quand tu t’apprêtes à me sauter à la gorge. » C'était vrai. Ses doigts tendus à l'extrême étaient à quelques millimètres de sa baguette et il fallait à Coke toute sa force de volonté pour refouler son instinct et ne pas lui jeter un sort à lui faire traverser le mur et atterrir dans le compartiment voisin... Mais heureusement, Rory ne tarda pas à descendre ses mains sur ses épaules te le long de ses bras, permettant à Coke de se détendre à nouveau... avant de se dresser comme un ressort, le dos droit comme une colonne, figée comme un chat s’apprêtant à bondir, retenant son souffle. Rory avait doucement refermé ses doigts autour de ses poignets, mais malgré cette délicatesse, Coke ne put s'empêchée de se sentir menottée... « Il y a des traces de brûlures sur tes manches, mais à part ça tes habits sont toujours impeccables… A mon avis les cours de potions c’est pas vraiment ton truc » Coke eut un léger pouffement de rire, il avait étonnement bien vu : Coke avait reçu le résultats de ses BUSEs cet été. La plupart n'avait eut qu'un A, mais sa BUSE de potion avait carrément coulé ses résultats avec un D. Cet imperceptible rire qui lui permit de se détendre un tant soit peu ainsi que de lui apporter un peu d 'oxygène dans ses poumons : elle n'avait plus respiré depuis une minute. Rory reprit ses mains dans les siennes, et Coke finit de se détendre, ressentant à nouveau cette chaleur réconfortante se dégager en elle, partant de sa peau en contact avec celle de Rory et montant le long de ses bras vers son coeur... « Tes mains sont douces, on voit que tu en prends soin. Mais la peau sur le bout de tes doigts est plus épaisse… c’est dû peut-être à des brûlures répétitives en potion, mais surtout et sûrement à la pratique de la guitare. » Coke sursauta à nouveau légèrement. Elle n'avait jamais joué devant quiconque, comment pouvait-il savoir? Avait-il réellement deviné à la simple corne de ses doigts?! Il n'avait pas possiblement pu l'entendre jouer dans le dortoir des Grindelmoks. Puis Coke se souvint que sa guitare se trouvait dans son étui, au-dessus de sa tête, dans le filet à valises. Elle se sentit idiote. C'était ça, Rory la rendait idiote. Coke sentit ses mains sur ses hanches et la chaleur qui s'était propagée de ses bras à sa poitrine descendit dans tout le reste de son corps. « Tu as beaucoup maigri » dit Rory, inquiet. Et pour la première fois, pour la réelle première fois de tout l'été, Coke se sentit coupable. Rory retira ses mains de ses hanches et la chaleur disparu. Elle sentit son blouson bouger, il fouillait sans doute dans ses poches vides... « Rien à manger dans tes poches, juste des billets de transport… » Ou presque... « Poudlard Express, train Edimbourg Londres...» commença Rory en énumérant les tickets qu'ils lisait. Coke avait le sentiment de s'être faite avoir. En l'écoutant retrasser son chemin, elle avait l'impression qu'il voyageait réellement jusqu'à chez elle, et elle ne savait pa sis cette idée lui plaisait ou non. Elle avait voulu jeter les billets une fois à Londres, mais ça lui était sortit de l'esprit. Une fois dans la Gare de Kingscross, l'idée pesante de retourné à Poudlard avait tout chassé de sa tête... « ...bus Edimbourg Wick, ferry Wick Stromness… J’imagine que tu vis à Stromness, et vu les dates… Tu es allée à Wick pour le festival de rock ? Je pense qu’on va bien s’entendre, tous les deux ! On pourra peut-être y aller ensemble, l’année prochaine » Coke allait de surprise en surprise. Elle ne pensait pas avoir gardé le ticket du festival de Wick. Ca faisait vraiment lontemps qu'elle n'avait pas vidé ses poches. Mais c'était le fait que Rory connaisse ce festival aussi qu'elle avait le plus de mal à accepter. Coke avait toujours eut du mal à cerner son accent. Etait-il donc Ecossais comme elle? Avaient-ils fait une grande partie de leur voyage vers Londres côte-à-côte sans même s'en rendre compte? « Ce que je vois aussi, » reprit Rory, « c’est que tu es plus forte que tu ne le penses. Que tu penses que les hommes rendent le monde plus dangereux, et tu oublies peut-être que certains peuvent le rendre plus sûr… » Coke ne répondit rien, pendant que ce qu'il venait de dire faisait son bout de chemin. Elle pensait notamment à Allistair, qui l'avait aidée lors de l'attentat de l'ASDENEMO. Puis à Rory, là, juste devant elle, qui l'avait protégée de Grayson avant même qu'elle n'ait pu prendre conscience de la menace... « Je n’ai rien de grave, mais c’est chronique et il faut que je prenne de l’antidote régulièrement. Et j’ai bien envie de te laisser découvrir pourquoi… »

Coke ne répondit pas. Elle était profondément plongée dans ses pensées, partagée entre elle-même. Elle avait souvent eut cette sensation, cet élan juste avant de faire quelque chose qu'elle ne devrait pas, quelque chose d'interdit, quelque chose qu'elle n'avait jamais encore fait. Ce sentiment de dépasser les limites, imposées par les autres ou par elle-même. Ce qu'elle avait ressentit avant de sortir pour la première fois de chez elle seule, avant de souffler les bougies qui avaient éclairé le diner de famille pour que tout le monde soit dans le noir comme elle, ou avant de voler le blouson de ce motard de passage à Stromness à défaut de pouvoir monter sur sa moto, et qu'elle portait encore aujourd'hui... "Comme tu l'as dit, je suis souvent allée au festival de Wick, un ami m'y emmène chaque année..." Tout en parlant, Coke s'était levée et avait tourné le dos à Rory. "C'est ce festival qui m'a donné envie d'apprendre à jouer de la guitare... et je vais en jouer devant toi aujoud'hui, Rory." Elle avait retiré son étui du filet à bagage et l'avait posé sur la banquette, où elle l'ouvrit et sortit l'instrument. Le dire à haute voix lui avait déjà donné l'impression de regretter, mais maintenant qu'elle accordait sa guitare sur ses genoux, Coke cherchait déjà une excuse pour ne plus jouer. Et s'il n'aimait pas ce qu'elle écrivait? Et s'il trouvait qu'elle jouait mal? Coke ne savait pas comment elle prendrait les critiques... "Je n'ai jamais joué devant personne... Alors gardes ce que tu penses pour toi, si tu ne veux pas enfler comme une citrouille." Le ton de Coke n'était pas menacant comme habituellement. Il était plutôt complice, étonemment, comme une blague privée entre eux. Elle n'avait aucunement conscience du sens de ce qu'elle venait de dire...

Lorsqu'elle eut finit d'accorder sa guitare, elle se figea légèrement, et prit une profonde inspiration, comme pour se donner du courage. A côté d'elle, son Fléreur roulé en boule ronronnait, son oreille droite frémissant au son de la guitare. Il était habitué à entendre sa maîtresse jouer. "J'ai beaucoup jouer cette chanson cette été," commenca Coke en placant ses doigts sur deux cordes du manches. Il était étrange de la voir faire sans regarder ses doigts. "Je suis sûre que tu la connais" Et les notes s'élevèrent au-dessus du bruit des rails, familières et étrangement émouvantes. Puis la voix de Coke, grave et rauque, se fit entendre dans le compartiment, devenant étrangement douce et velouté lorsqu'elle montait dans les aigus de l'air, inconfortablement hauts pour sa voix, mais cette douleur collait magnifiquement aux paroles. "I can't believe the news today. Oh I can't close my eyes to make it go away. How long? How long must we sing this song? How long? How long? But tonight, we can be as one, tonight. Broken bottles under children's feet. Bodies strewn across the dead end street. But I won't heed the battle call. It puts my back up, puts my back up against the wall... Sunday, Bloody Sunday... Sunday, Bloody Sunday..."

Peu avant qu'elle n'arrive au bout de sa chanson, le sifflet du train l'interrompit. Aussitôt, Coke se sentit penchée doucement en avant, alors que le Poudlard Express commençait à ralentir à l'approche de la gare... Rory était resté silencieux, si ce n'était les refrains où il avait fredonné avec elle. Coke sauta sur l'occasion. En prenant soin de ne pas lui laisser le temps d'émettre le moindre commentaire où la moindre critique, Coke se leva et reposa délicatement sa guitare dans son étui. "On ne va plus tarder à arriver. On ferait bien de mttre nos uniformes." dit-elle en retirant son pull, et en ouvrant sa valise pour en sortir une chemise et une cravate. Coke ne se sentait pas gênée, elle n'avait jamais compris ces notions de pudeur ou d’exhibitionnisme. Elle avait compris qu'il y avait certaines choses qu'on ne montrait qu'à certaine personne, mais ses bras, ses épaules et son ventre, si Rory ne voulait pas les voir, il n'avait qu'à sortir... Quelques minutes plus tard, sa chemise était correctement boutonnée, bien que sa cravate était de travers. Lorsque le train s'arrêta, elle recouvrit son uniforme de son habituel blouson de cuir et sortit du Poudlard Express ses valises à la main, en compagnie de son Fléreur et de Rory.