Coke était de mauvaise humeur lorsqu’elle arriva dans le hall du château. Elle avait du traverser tout le parc du dortoir des Grindelmonks jusqu’à Poudlard, ce qui était une perte de temps désagréable et inutile. D’autant plus que c’était le cœur de l’hiver, et que le froid mordant pénétrait même les gants, capes et écharpes. Traversant le hall derrière, guidée par son Fléreur, Coke tremblait de tous ses membres. Elle ne sentait ni ses pieds ni ses mains, ce qui pour une aveugle, était particulièrement insupportable. Coke monta les escaliers de marbre pour se rendre au premier étage quand son Fléreur émit un miaulement long et grave. Coke s’écarta pour éviter l’élève qui descendait. Elle sentit pourtant quelqu’un la percuter violement. Elle tenta de rattraper son équilibe en posant son pieds sur la marche derrière elle, qui avait malheureusement été la marche branlante qu’elle venait d’éviter. La dalle de marbre céda et Coke dévala plusieurs marches jusqu’en bas des escaliers. Elle n’avait heureusement pas eut le temps de monter bien haut…

« Regardes où tu vas, Sang-de-Bourbe ! » entendit-elle au-dessus du sifflement aggressif de son Fléreur et d’un bruit de tissu froissé. Elle l’imaginait très bien s’épousseter de la même manière chaque fois qu’il bousculait un élève de Grindelmonk. « Je suis aveugle, Skeeter ! » Coke avait reconnu sa voix. C’était une élève de la Birgade Inquisitoriale à qui elle s’était frottée la semaine précédente. Coke n’en avait fait qu’une bouchée. « T’es encore plus stupide que je ne le croyais! » Coke avait mal partout et ne parvenait pas à se relever. Elle se souvenait quelque part de la douleur parfaitement identique qu’elle avait endurée lorsqu’elle avait été piétinée par la foule d’élèves en panique, exactement au même endroit, l’année précédente, lors des attentats de l’ASDENEMO. Alors qu’elle essayait de se relever, Coke eut à peine le temps d’entendre Skeeter prononcer une formule et sentit un choc violent la percute, la faisant glisser sur le sol. « Un peu de respect, McGallifrey! » susurra Skeeter en descendant les escaliers. Coke pouvait l’entendre encore boîter. Elle avait de toute évidence decider de lui faire payer sa si bonne contre-attaque lors de leur dernière rencontre… « Tu vois cet insigne ? Ca veut dire que tu dois m’obéir au doigt et à l’œil… » continua-telle en se penchant au-dessus de Coke. Elle pouvait sentir son odeur au-dessus d’elle. Coke avait mal, elle n’avait pas de temps à perdre, et cette odeur était particulièrement désagréable. « Au doigt et à L’OEIL! Mais je dois te le dire DANS QUELLE LANGUE !!! » Si Coke avait encore toutes les peines du monde a se relever, sortir sa baguette avait été d’une facilité d’enfant. Ce fut au tour de Skeeter d’être projetée en arrière, et d’après ses oreilles, elle avait finit sa chute contre les premières marches de l’escalier. Skeeter avait été juste à côté d'elle lorsque Coke avait jeté son sort. Elle l'avait reçu de plein fouet et le choc avait été particulièrement violent. Bien plus violent que la simple chute de Coke. Skeeter perdit plus de temps à la menacer et à l’insulter de tous les noms qu’à réellement l’attaquer, ce qui donna du temps à Coke pour se relever…

« Je vais t’arracher les veines, petite impure !... Ton sang ne mérites même pas de couler !... Tu vas… » Elle semblait avoir du mal à prononcer ses mots, Coke comprit que son visage avait du percuter l’angle d’une marche. Elle était également éssouflée, tout son côté avait du percuter l’escalier. Ses côtes avaient du en prendre un coup. « … regretter sale Sang-de-Bourbe !... Je suis peut-être tombée sur le bras… mais je peux encore utiliser ma baguette !... Ne t’en fais pas pour…» Elle était donc tombée sur le poignet également. « … ça ! …Tu vas voir… Je vais te briser tous les membres !» « Oh, attends ! Je te montres ! » la coupa soudain Coke d’un ton étonnament jovial. Elle fit un geste rapide et précis, presque imperceptible de sa baguette, et Skeeter poussa une effroyable hurlement en s’écroulant. Coke avait brisé tous les os fissurés de Skeeter : sa jambe en guérison depuis la semaine dernière, son poignet, ses côtes et sa mâchoire depuis quelques minutes. Elle devrait mettre une certain temps à s’en remettre physiquement, même avec la magie… Et plus encore psychologiquement, où la magie n’était d’aucune aide…

Coke envoya un baiser dans l’air. Elle ne provoquait pas Skeeter, qui hurlait encore en se contorsionnant sur le sol, mais appelait son Fléreur à la guider vers le premier étage. Celui-ci miaula pour lui indiquer l’escalier, et Coke le suivit sans accorder plus la moindre attention à Skeeter. Elle était déjà sortie de ses pensées malgré ses cris. Coke ne pensait plus qu’à Rory, qui était encore à l’infirmerie… Et elle devait dire à l'Infirmière qu'une élève était tombée des escaliers.

L’horloge trônait sur le mur depuis deux ans déjà, recouvrant ainsi le peu d’espace laissé par les différents portraits et illustrations qui y étaient accrochés. Certain la trouvaient fascinante, intrigante, disaient qu’elle dégageait une aura assez particulière, livrant ainsi un certain mystère à la pièce. Il était vrai que c’était un objet bien curieux : sur le cadran, les chiffres avaient été remplacés par des planètes, ainsi que des étoiles. Elles étaient parcourues par quatre aiguilles, marquant les heures, les minutes, les secondes, et les mois lunaires. Au dessus du mécanisme, se trouvait un astrolabe ouvragé, visiblement en or. Du travail datant de l’Empire Ottoman, au alentours du dix-septième siècle, selon les dires. Depuis l’arrivée du professeur Harlington à Poudlard, elle n’avait pas quitté sa place. Le battement régulier de l’horloge résonnait à toute heure dans la pièce, si bien qu’on finissait par ne plus y prêter attention.

Mais ce jour là, il arriva quelque chose de curieux. Quelque chose qui ne s’était jamais produit auparavant. En effet, en cette froide après-midi de Décembre, l’horloge s'arrêta. Personne ne sut vraiment pourquoi, on avait cherché des solutions, lu des livres, essayé des sortilèges : rien. Le mécanisme semblait étrangement imperméable à la Magie. Ce qui aurait pu finir par être tristement anodin pour les uns, devint presque une obsession pour le professeur Harlington. Phineus avait passé plus de deux heures à chercher le problème, sans succès. Il était vraisemblablement hors de question pour un esprit borné comme l’était le sien d’abandonner, et de ranger l’objet au placard. Non, au fil du temps, il s’était attaché à cette relique, et voyait comme la situation un challenge : il devait la réparer. Deux options s’étaient alors présentées devant lui : soit il demandait de l’aide, soit il allait chercher de quoi démonter le mécanisme, en s’aidant du peu d’instructions dont il disposait. Il choisit la deuxième solution : il n’accepterait une aide extérieure qu’en dernier recours. Les gens qui ne le connaissaient pas l’auraient traité d’idiot, lui se disait autonome. Phineus attrapa le long manteau de tweed qui pendait au porte-manteau, ramassa les parchemins qui gisaient au sol, vérifia sa baguette et claqua la porte. Il ne savait pas vraiment où aller, mais était persuadé qu’il lui était possible de se procurer de quoi régler le problème dans la tour d’astronomie. Apres tout, il avait bien une horloge astronomique non ?

Le professeur traversa les couloirs lumineux de l’Aile Droite, et dévala les escaliers. Les lieux étaient déserts, la majorité des élèves profitaient surement de l'atmosphère chaude et chaleureuse qui régnait dans les salles communes. Il les comprenait, depuis quelques semaines, un froid humide avait envahi la région, forçant tout le monde à se munir de gants, d’écharpes et de bonnets avant de poser le pied dehors. Les mains dans les poches, les sourcils froncés, il se pressait en pestant contre l’Ecosse et ses fichus vents.

Soudain, un cri le figea littéralement sur place. Un cri de douleur, plus que de peur. Un cri déchirant, trop aigu pour qu’il fusse poussé par un adulte. Le coeur battant à la chamade, craignant un nouvel attentat, le professeur se mit à courir vers le couloir adjacent, d'où semblait venir le bruit. Il l'atteignit en quelques secondes, et dégaina instantanément sa baguette. Le sang lui martelant la tempe, il découvrit une élève, appartenant visiblement à Serpentard, gisant sur le sol. Elle ne bougeait pas et restait dans cette position pitoyable, en se contentant de hurler à mort. Harlington se précipita à ses cotés, et tenta de l’interroger sur ce qui venait de se passer. « C’est cette foutue sang-de-bourbe ! Je vais la tuer ! Je vais lui faire payer ! Aah...j’ai mal..s’il vous plait » Il ignora l’insulte, trop occupé à examiner les lésions. Apparemment, elle avait été victime d’une agression, et Phineus ne tarda pas à deviner qu’il y avait un lien entre ses blessures, et ses propos. Malgré lui, il ne pu s'empêcher de ressentir une touche de satisfaction. La douleur semblait intense, profonde et venait de l’intérieur comme si... « Elle vous a brisé les os.. Calmez-vous, je vais vous soulager. » Il murmura un sort d’apaisement en direction des parties blessées.

Il n’y avait pas de doute sur le fait que l’agresseur devait encore se trouver dans les parages. Et Phineus voulait absolument l'arrêter, pour deux raisons : la première était qu’il voulait entendre sa version des faits. La seconde était qu’il voulait la voir. En tant que professeur de Magie Noire, il avait longtemps étudié les sorts offensifs, et n’avait jamais vu un élève lancer un sort de fracture aussi tôt, et aussi bien. Oui, il était irrésistiblement poussé par sa curiosité, voulait savoir où avait-elle pu apprendre ce type d’attaque, et a quoi ressemblait-elle. Heureusement pour lui, il ne s’était même pas écoulé deux minutes depuis son arrivée, et il finit par repérer la seule Grindelmonk qui quittait le couloir. Une jeune fille aux cheveux bruns, précédée par ce qui semblait etre un Fléreur. Il la rejoignit silencieusement dans le couloir adjacent, et posa sa main sur son épaule. « Vous, suivez-moi. » Harlington tira la jeune fille par le bras et la poussa dans un recoin isolé. Sa main était toujours crispée sur sa baguette, et il encadrait Cocoon de ses deux bras. Son ton plus inquiet que furieux, trahissait son intérêt. « Qu’est-ce qui vous est passé par la tête ? Vous cherchez le cachot ? » Il s’était forcé de baisser la voix, afin de ne pas alerter les deux Poufsouffles qui traversaient le Hall d’entrée. A présent, il avait complètement oublié son horloge Ottomane.



Dernière édition par Phineus Harlington le Dim 29 Jan - 17:45, édité 5 fois

Coke était tout juste arrivée en haut des escaliers et avait tournée dans le couloir menant à l’Infirmerie qu’elle entendit des pas se diriger vers elle. Pour peu qu’un camarade de Serpentard avait trouvé Skeeter, elle n’en avait pas fini avec les festivités. Coke glissa sa main dans la poche de son blouson en cuir, qu’elle portait toujours au-dessus de son uniforme, serrant sa baguette magique dans ses doigts. Son Fléreur miaula pour l’informer qu’on s’approchait d’elle, et Coke allait s’étonner que ce n’était pas le feulement accompagnant habituellement un danger, mais elle sentit une main se poser sur son épaule et la retourner avec force. Sa baguette fut sortie en un clin d’œil. Avec la même rapidité, elle sentit une main puissante se refermer douloureusement sur son poignet et l’empêcher de bouger. « Vous, suivez-moi. » « Lâchez-moi ! » la voix de Coke était aussi inquiète qu’aggressive. L’aveugle avait reconnu la voix d’un adulte, d’un professeur, mais elle ne pouvait pas utiliser sa baguette et c’était suffisant pour lui faire peur. Coke se débattit alors qu’on l’emmenait alors qu’on l’entraînait à l’écart et qu’on la plaquait dos contre un mur. Elle avait essayé de libérer son poignet avec sa main libre, mais on eut tôt fait d’attraper cette main également et de les plaquer toutes les deux aux dessus de ses épaules, à hauteur de sa tête. Coke sentait contre sa peau un bois autre que sa baguette, le professeur avait également sortit la sienne. Elle était paralysée, et une forte odeur, chaude, qui avait quelque chose d’exotique, d’oriental, lui indiquait que le professeur était tout proche d’elle.

« Qu’est-ce qui vous est passé par la tête ? Vous cherchez le cachot ? » Cette fois, la phrase avait été plus longue, les mots plus nombreux. Coke parvint à mettre un nom sur la voix. « Pr. Harlington ? » Le Professeur d’Arts de la Magie Noire. Coke était soulagée d’entendre qu’il semblait plus inquiet, curieux, qu’en colère. Elle se détendit d’un coup. Elle n’était plus effrayée d’être ainsi paralysée contre un mur. A vrai dire, elle était plutôt excitée. « C’est une proposition ? » répondit-elle avec insolence.

Phineus plaquait toujours les bras de la Grindelmonk contre le mur. La pauvre fille tentait désespérément de dégainer sa baguette, visiblement furieuse d’avoir été interceptée si brusquement, mais elle avait eu beau se tortiller dans tout les sens, la poigne du professeur avait eu raison d’elle. Il n’aimait pas employer la force physique avec les élèves, et hésita à la libérer de son emprise. « Pr. Harlington ? » Sa voix était plus posée, et son ton presque surpris, comme si elle hésitait à le nommer. Pourtant, à peine une vingtaine de centimètres séparaient leurs regards, si bien qu’il pouvait sentir le souffle chaud de la jeune femme sur lui. Elle pouvait, elle aurait du le reconnaitre. « Lui-même... » A présent, il sentait que les muscles de son interlocutrice s’étaient détendus, et en profita donc pour la libérer, content de ne pas avoir eu à calmer une crise d'hystérie. « C’est une proposition ? » Il ne put s'empêcher de sourire de l’insolence dont elle faisait preuve, exactement comme lui au même âge. A cet instant, il n’avait pas encore reconnu McGallifrey, mais fut amusé de son toupet. « Je n’ai pas l’habitude de laisser le choix. » Elle avait du caractère, semblait revêche, mais ne l’était sans doute pas autant que lui.

Contrairement à elle, Phineus avait du mal à identifier l’inconnue. Il n’arrivait pas à poser un nom sur ce visage, mais était sur de l’avoir croisé au moins une fois. Harlington était de ces professeurs qui nomment les étudiants par leur vêtements (‘Hé, pull vert à carreaux, faites donc la réponse b.’) et avait d’autant plus de difficultés lorsqu’il ne les avait pas en cours. Visiblement, l’ingénue ne suivait pas les siens, mais le connaissait pourtant, ce qui titillait sa curiosité. « Ce que vous avez fait là bas, ce n’est pas une revanche ou un acte d'héroïsme. C’est de l’inconscience... » Il n'était pas énervé, mais agacé. Agacé, troublé, préoccupé, et cela se voyait dans sa voix, légèrement tremblante. En tant qu’adulte, il savait de quoi était capable l’administration si jamais elle apprenait l’agression. Et même si il aurait sans doute agit bien pire quelques années plus tôt, il était exaspéré par son imprudence. Mais toujours terriblement intéressé par le fait qu’elle ai si bien lancé un sortilège réservé aux études supérieures. Et lorsque Phineus était omnibulé par un sujet, il ne le lâchait pas si facilement.

Il y avait des moments parfois, où il se demandait comment agir. Des moments où il hésitait entre son coeur et sa raison, sa fougue, et sa morale. Des moments où on s'apprêtait à risquer quelque chose, pour une cause qui ne nous apporterai rien. Il voulait que Cocoon retienne la leçon, mais savait qu’il pouvait lui sauver la mise si il la laissait fuir. Il savait qu’il pouvait convaincre Skeeter de se taire, pour que l’histoire s'arrête ici. Le regard sombre et inquisiteur de l’homme cherchait celui de la Grindelmonk. Mais elle persistait à regarder dans le vide. Elle refusait de le fixer. Comme si elle ne le voyait pas. « Votre nom... » demanda-t-il dans un souffle rauque.

Spoiler:

Dernière édition par Phineus Harlington le Dim 29 Jan - 17:47, édité 2 fois

« Pr. Harlington ? » « Lui-même... » Coke sentit la poigne du professeur des Arts de la Magie Noire relacher ses poignets. Elle regrettait un petit peu de sentir le professeur s’éloigner, mais elle était beaucoup plus soulagée de sentir son sang recouler vers ses doigts. « Qu’est-ce qui vous est passé par la tête ? Vous cherchez le cachot ? » « C’est une proposition ? » « Je n’ai pas l’habitude de laisser le choix. » « Mais professeur, vous savez bien que c’est impossible. » dit-elle en massant ses poignets. « Vous avez bien vu qu’il y a une élève blessée en bas. Je dois aller prévenir l’Infirmière… On ne peut pas la laisser en bas, elle s’est sans doute cassé quelque chose, peut-être même qu’elle saigne à l’interieur…» Il était impossible d’en être sûr tant son visage était impassible, mais il semblait presque qu’elle l’esperait…

Coke était un être étrange. Tout en elle criait la fragilité, ses membres trop maigres dans son blouson trop grand, ses cheveux emmêlés qui cachaient son regard, son visage vide de toute expression. Et pourtant émanait d’elle une aura puissante, brutale. Du sens de ses mots au ton sur lequel elle les disait, de sa façon de se tenir à sa façon de se battre, de sa façon de penser à sa façon d’agir… « Ce que vous avez fait là bas,» repris le Pr. Harlington, « ce n’est pas une revanche ou un acte d'héroïsme. C’est de l’inconscience... » « Oui…» dit Coke après y avoir réfléchit un instant. « Oui, c’est tout à fait ça…» Elle en avait l’air presque fière. C’était vrai, Coke était inconsciente. Elle ne se posait jamais de questions. Elle suivait son instinct, ses pulsions, peu importe où elles la menait. Etant aveugle, l’entièreté de ses pensées étaient occupées à saisir et analyser ce qu’il se passait autour d’elle. Elle n’avait pas de temps ni d’énergie à perdre à penser au passé ou au futur. Elle n’envisageait jamais les risques, et n’apprenait jamais de ses erreurs. Elle était en retenue toute les semaines et sa main était en piteux états de la plume d’Ombrage. Coke acceptait pleinement cette contrepartie, les punitions étaient devenues une partie normale de sa vie, une phase obligatoire par laquelle elle passait après les cours, avant le dîner. Ca ne l’empêchait pas de continuer à se comporter comme elle l’avait toujours fait.

« Votre nom... » « S’il-vous-plaît… » ne put se retenir Coke avant de vite rajouter. « McGallifrey… Cocoon… Coke… Ou Sang-de-Bourbe ces temps-ci aussi… Faites-votre choix.» finit-elle par rajouter avec un rire dans la voix.

« Mais professeur, vous savez bien que c’est impossible. » Elle massait ses poignets endoloris. Phineus ne la quittait pas des yeux, sans comprendre ce qu’elle entendait par là. « Vous avez bien vu qu’il y a une élève blessée en bas. Je dois aller prévenir l’Infirmière… On ne peut pas la laisser en bas, elle s’est sans doute cassé quelque chose, peut-être même qu’elle saigne à l'intérieur…» Il haussa les sourcils, visiblement déconcerté par ses propos. Elle parlait comme si elle s’était innocemment trouvé dans les parages, et qu’elle n’avait rien à voir avec tout ça. Sous ses airs angéliques et a carrure frêle, Phineus eu la désagréable impression que la jeune femme le menait par le bout du nez, ce qu’il n’aimait pas du tout. Il était plus qu’évident qu’elle était plongée jusqu’au coup dans cette affaire, et son mensonge doublé de sa mauvaise foi ne faisait qu’aggraver la situation. « Oh, ne jouez pas ce petit jeu là avec moi, mademoiselle. » Son ton s’était fait plus menaçant, et sur son visage s’était dessiné un rictus figé : il perdait patience.

« Ce que vous avez fait là bas, ce n’est pas une revanche ou un acte d'héroïsme. C’est de l’inconscience... » Elle tendait l’oreille, sans pour autant se décider à lever les yeux. Elle l’écoutait sérieusement, comme si elle était véritablement absorbée par ses propos. « Oui…» lâcha-t-elle finalement. « Oui, c’est tout à fait ça…» La Grindelmonk acceptait les reproches de l’homme sans protester. Elle hochait la tête simplement, sans discuter, comme si elle avait pleinement conscience de l’absurdité de ses actes.
Au fond, Harlington comprenait ce qu’elle pouvait ressentir. Il se doutait bien que la raison pour laquelle Coke avait attaqué Skeeter avait un rapport avec la nature de son sang. Il connaissait ce sentiment de rage qu’elle pouvait éprouver envers ce système, qui s’appliquait à la designer comme coupable de tous les maux. Ce système qui encourageait les autres à la rejeter. Coke, les Grindelmonks, les nés-moldus ; tous n’étaient que des bouc-émissaires, des cibles faciles. C’était injuste, c’était insensé, mais c’était pourtant bien la réalité. « Votre nom... » demanda-t-il. « S’il-vous-plaît… » Il ne nota pas une fois encore la pointe d’insolence qui nuançait ses mots. « McGallifrey… Cocoon… Coke… Ou Sang-de-Bourbe ces temps-ci aussi… Faites-votre choix. » McGallifrey. Le nom résonna dans la tête du professeur, comme un écho. Il avait déjà entendu le patronyme, de la bouche d’un de ses collègues peut-être. Mais pourquoi ? La réponse trônait dans son cerveau. « Sang-de-bourbe n’est pas un nom à ce que je sache. Ce sera mademoiselle McGallifrey. » Il rangea pour la première fois sa baguette dans sa poche et soupira profondémentt. Coke n’avait surement pas beaucoup de chance. Il nota quelques brulures sur ses bras, ainsi que sur ses mains. Maladresses ? Punitions ? Il en ignorait la cause, mais était au courant de la tenue de certaines retenues tardives particulièrement violentes. Son regard se porta sur celui de la jeune femme. Vide et dénué d’expression. Comme si il état constamment plongé dans un environnement invisible, lointain.

Sans bruit, il leva la main à quelques centimètres du nez de Coke. Aucune réaction des paupières, pas de réflexes apparents. Comme si elle ne le voyait pas. Puis, tout lui revint d’un coup : il se rappelait une phrase d’une de ses collègues à propos d’une étudiante malvoyante. Tout s’éclairait, voila pourquoi elle ne l’avait reconnu que par sa voix, pourquoi elle se baladait avec un Fléreur : Coocon était aveugle. Et elle s’était défendue, où du moins, n’avait pas cherché querelle en premier. Elle n’avait pas arbitrairement violenté Skeeter, contrairement à ce qu’il pensait jusque là. « Ne vous inquiétez pas....pour l’autre. Je lui ai prodigué des soins élémentaires, mais efficaces. Elle n’a plus autant mal, et s’en sortira. Quant à vous...» Phineus n’avait pas l’intention de la dénoncer, elle devait l’avoir comprit. D’un geste hésitant, sa main se porta sur le Fléreur qui semblait l’observer depuis un moment. L’animal se sauva, et Harlington regretta son geste. « ...vous, vous allez faire comme si rien ne s’était passé. Vous allez faire exactement ce que je vous dis : si l’autre parle, je dirais que je vous ai surprise à roder dans les couloirs, que je vous ai sermonné dans un coin, et donc que vous n’avez absolument pas pu faire quoi que ce soit parce que je vous ai forcé à me suivre dans mon bureau. Je confirmerai si besoin. » Il rapprocha son visage du sien, si bien que leurs nez se frôlaient. Sa voix ne devint qu’un murmure et il coupa sa respiration « Ne faites pas de folies. Tenez-vous en à ces mots, et ça passera. Ne recommencez plus, du moins, ne recommencez pas à utiliser ce genre de sorts. Vous ne savez pas les mesurer. Compris ? » Il jeta un coup d’oeil nerveux par dessus son épaule. Personne.

Dernière édition par Phineus Harlington le Dim 29 Jan - 17:44, édité 2 fois

« Je suis désolée professeur, mais non. Je ne vois pas de quels sorts vous parlez, nous n’avons pas le droit d’utiliser la magie en dehors des cours. Et vous l’avez dit vous-même, il ne s’est rien passé. » Il leva les yeux aux ciel, ennuyé par le changement de comportement de Cocoon. « Excellent, continuez de voir les choses ainsi, tout rentrera dans l’ordre. » déclara-t-il faussement. Au fond de lui, il se doutait que ce n’était que des paroles en l’air. Il avait bien jugé la jeune femme : c’était une forte tête. Elle ne se laissait pas marcher dessus, malgré son handicap, et comme le témoignaient ses contusions, elle avait déjà eu affaire à Ombrage. Elle avait un passé. Harlington était certain qu’elle recommencerai, mais savait qu’à ce stade, il n’était plus en mesure de la convaincre. « Vous n’avez pas à m’interdire l’usage de sorts déjà interdits. Professeur, ce n’est pas vous qui me les avez appris, ce n’est pas à vous de me dire si oui ou non je peux les utiliser…» Cette fois, le professeur grimaça. C’était plutôt à elle qu’il était interdit de lui donner des ordres, et pourtant, elle avait le culot et l’insolence de le faire. Il n'aimait pas perdre le contrôle de la situation, et n'allait surement pas laisser une gamine de dix-huit ans lui faire la leçon. L’homme se fit plus sévère, et rétorqua d’un air moqueur:« Je crois justement que tout ce qui touche aux sciences occultes me touche aussi, mademoiselle. » Il insista lourdement sur le dernier mot, comme pour l’enfoncer un peu plus. « Je crois aussi qu’en tant que professeur, j’ai un peu plus de droits que vous. Ce n’est surement pas moi qui vous ai appris ces sorts, certes. Néanmoins, vous êtes tombé sur la mauvaise personne : nul ne les connait mieux que moi ici, et je peux vous assurer que je suis celui qui convient le mieux pour vous autoriser ou non à les lancer. » Le sarcasme dans sa voix était perceptible à des kilomètres, mais il ne cherchait pas à le dissimuler. Puisque Cocoon ne pouvait pas voir ce visage faussement enjoué, elle pouvait le sentir par son ton et ses mots. « D’ailleurs, je crois encore une chose : que vous feriez mieux de vous méfier. Je pardonne la plupart du temps l’insolence, vous savez, je la met sur le dos d’une certaine sottise. Mais je suis l’un des seuls. Faites attention, McGallifrey, d’autres ne vous auraient pas fait de cadeau. Arrêtez votre comédie, où vous pourriez vous bruler les ailes. » Sa main alla trouver la chevelure brune de la née-moldue. Il enroula son index dans l’une des mèches, machinalement, et s’attarda quelques secondes dessus.

Le professeur s’éloigna soudainement. Il se mit à faire les cents pas en face de la Grindelmonk, les mains croisées dans son dos. Plongé dans ses pensées, il sembla oublier la fille pendant quelques minutes. Toujours cet air narquois qui le caractérisait parfois, toujours ce regard inquisiteur. Il l’observait en silence, comme si il la soumettait à un examen physique. « Mais nous savons tous les deux que vous êtes sage et intelligente, Cocoon, je vous fais confiance. » Il s'arrêta, eu l’ai de réfléchir quelques instants, puis continua comme si de rien était. « Oui, je vous fais confiance, et vous devriez songer à faire de même. Apres tout, nous sommes tous les deux mêlés à une sale affaire maintenant, non ? Nous sommes liés... » La question lui brulait les lèvres, il hésitait à la poser. Le faire, ce serait avouer à Coke qu’il était impressionné, qu’il admirait en quelque sorte ses prouesses magiques. Et en faisant ça, nous seulement il perdait tout semblant de crédibilité, mais n’était même pas sur d’obtenir une réponse. Tant pis, il devait tenter le tout pour le tout. L’air de rien, il se rapprocha et se colla contre le mur, tout près d’elle. Leurs épaules se touchaient, mais il n'était nullement dérangé par ce contact physique. Il tourna son visage vers elle. « D’ailleurs...concernant le sort de Fracture multiple, qui est bien sur très dangereux et destructeur, où avez-vous appris à le maitriser ? Je ne suis pas intéressé, ah ça non, c'est un sortilège dangereux et imprévisible... Simple curiosité.» Phineus se surpris à rougir. Lui-même avait pour la première fois fait appel à la magie noire à seize ans, lors d’un duel particulièrement décisif. Son discours sonnait faux. Oui, ce n’était pas tout les jours que l’ont rencontrait un élève qui semblait partager un certain intérêt ET détenir un certain talent pour la Magie Noire. Malgré lui, il avait constaté que la plupart des étudiants dans son cour n’étaient que des néo-mangemorts aussi stupides que des trolls, à la limite un ou deux intéressés incapables de faire des étincelles, ou des rats de bibliothèque apeurés par un simple sortilège de Longues-Dents. Ah, il ne voulait pas se l’avouer, mais il rêvait depuis longtemps d’un élève doué et avide d'apprendre. Et c'était comme ça qu'il imaginait Cocoon.


Dernière édition par Phineus Harlington le Dim 29 Jan - 17:44, édité 2 fois

« C’est Nicolas, le meilleur ami de mes parents qui me l’a appris cet été. Je me suis entraînée en faisant croire à mes parents que c’était un sortilège de cuisine. Il y a rien de mieux pour casser du crabe avant de le manger…» Ce n'était pas vraiment le genre de sortilège que l'on faisait apprendre à un proche, sauf si on était inconscient, et même lorsqu'il ne s'agissait que de crabes. Harlington blâmait intérieurement ce Nicolas qui l'avait mit dans de beaux draps aujourd'hui. Coke était la preuve même que la situation pouvait dangereusement déraper lorsqu'on pratiquait ce style de Magie sans prendre de précautions. « Dommage que cet ami n'ai pas prit le temps de vous enseigner le contre-sort... » Il la balaya du regard : un très léger sourire s'était dessiné sur ses lèvres, et il ne put s’empêcher de constater que c'était la première fois qu'il la voyait réellement sourire. L'atmosphère entre eux s'était détendue, il n'était pas malheureux de l'avoir mise en semi-confiance. « ...mais merci pour l'astuce, je ne manquerai pas d'essayer pendant mes prochaines vacances à Brighton. » termina-t-il.

Phineus sortit sa montre à gousset de la poche de sa veste en tweed : il était quatre heures et quart. Le tic-tac des aiguilles résonnait dans le couloir de pierre, si bien qu'il s'empressa de ranger l'objet. Le professeur repensa à son horloge chérie, qui attendait encore à l'étage, complètement éventrée. Tant pis, pensa-t-il, il n'aurait qu'à passer voir la professeur d'Astronomie plus tard. L'urgence n'était plus là, et quelque chose lui disait que le fait de laisser un peu plus longtemps Skeeter giser par terre ne lui apporterait pas que des avantages. Son regard perçant se tourna vers Cocoon, qui attendait toujours, adossée sur le mur. « Le temps presse McGallifrey, je vais devoir mettre fin à notre petit rendez-vous. Je crois que vous avez à faire à l'infirmerie, si je ne me trompe pas, bien que cela ne touche pas vraiment Miss Skeeter. Je vais vous laisser y aller, le temps d'aller prévenir quelqu'un qui pourrait la ramener. » Comment savait-il pour son ami ? Pas de legimmencie, pure logique : elle allait vers l'infirmerie. Elle ne semblait pas du genre à se risquer à chercher de l'aide pour une personne qu'elle venait d'agresser, d'autant plus que celle-ci risquait de parler. Non, elle y allait pour une tout autre raison, et la plus probable était qu'elle devait rendre visite à quelqu'un. Harlington était plus malin qu'on ne le pensait, et il s'amusait de la surprise des gens lorsqu'ils s'en rendaient compte. «...je crois que je devrais lui toucher deux mots, avant. Avec un peu de chance, les heures de colles non faites que j'aurai pu passer sous silence suffiront à lui verrouiller la langue. » Il s'éloigna à reculons, sans pour autant la lâcher du regard, les mains dans les poches, puis lui tourna le dos.

A mesure au'il avançait, les plaintes de Skeeter devinrent plus audibles. La jeune fille était toujours immobile, et appelait d'une voix faible au secours. Peut-etre qu'il n'avait pas suffisamment forcé sur le sortilège apaisant. Il resta la contempler quelques instants, et se ravisa : elle attendrait. . Peut-être faisait-il là la plus grosse bourde de sa carrière, il s'en contre-fichait. Après avoir appliqué un nouveau sort anésthésique à la Serpentard, Phineus tourna les talons et fit le chemin inverse. « McGallifrey ! » Avant que la née-moldue ne s'évapore, il la rejoignit à grandes enjambées. Rougit par l'effort, le coeur battant à la chamade (il était presque sur qu'elle pouvait l'entendre), il posa sa main sur son omoplate, et entreprit de récupérer son souffle. « Je voulais vous dire...peut-être que je ne vous oblige en rien....peut-être que vous voudriez passer à mon bureau cette semaine ? Je pourrais sans doute terminer ce que Nicolas n'a vraisemblablement pas eu le temps de finir... » Il parlait en contre-sorts comme en sorts. Si il savait qu'il n'avait pas le droit de faire ça, sa morale lui interdisait de laisser Cocoon livrée à elle-même. Elle n'était pas assez prudente pour se défendre efficacement, et avait trop de talent pour être lâchée ainsi. Une partie de lui regretta dès cet instant ces mots, mais il n'en tint pas compte, il n'avait pas peur des représailles. Après tout, c'était un ancien Gryffondor non ?

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