La gourmandise fait ressurgir de nombreux souvenirs.

En mai, fais ce qu'il te plaît, c'était bien le dicton non? Sauf que la seule chose qu'Araméa voulait, c'était rester au chaud dans sa couette. Le soleil prodiguait des vagues de chaleur sur ses bras nus, et la douceur de ses draps l'empêchait de penser à sortir de cette étreinte chaleureuse. Ses cheveux étaient éparpillés sur son oreiller comme un halo soyeux, et on pouvait apercevoir une marque de celui-ci sur la joue mâte de la jeune fille. Elle pensait paisiblement à se rendormir quand elle entendit un cri stident survenir de sa table de nuit. « Debout feignasse, debout feignasse, debout feignasse, deb » Le réveil magique n'eut finalement pas le temps de terminer sa litanie agaçante qu'il se voyait devenir muet. Il vola jusqu'à son pédestal et fixa la sorcière d'un oeil mauvais. À contre-coeur et aussi parce que son ventre réclamait n'importe quoi, elle se leva. Pour finir étalée par terre, les jambes empêtrées dans sa couette. Elle grogna et essaya de se démêler, jusqu'à enfin sortir de sa prison duveteuse.

Après avoir passé un jean moulant, une chemise à carreaux bleus et blancs dont les manches étaient retroussées sur ses avant-bras et divers accessoires, elle se prépara rapidement. Quelques coups d'eye-liner, de mascara et un rouge à lèvres framboise, puis elle termina avec ses cheveux. Elle s'assit donc en face de la coiffeuse magique qu'elle pouvait faire apparaître selon ses envies, et brossa longuement ses cheveux, en réfléchissant sur la suite des évènements. Voulait-elle manger dans la Grande Salle avec les autres, ou prendre une petite gourmandise préparée avec amour par les elfes? Elle cogita quelques minutes avant de se décider pour les cuisines.

Elle était dans les sous-sols, marchant doucement et saluant les tableaux, quand une odeur de muffins et de pancakes grillés parvint jusqu'à son odorat délicat. Elle huma ce parfum chaud et sucré, avant de presser le pas en direction de l'endroit paradisiaque. Elle se retrouva face au tableau gardant l'entrée des cuisines et chatouilla la poire de celui-ci, qui gazouilla et se tortilla, lui laissant l'accès à la pièce qu'elle convoitait tant, ce matin-là. Elle entra, et toutes les odeurs de nourriture l'assaillirent. Elle fit quelques pas en direction d'un elfe qui disposait des pâtisseries sur un plateau en argent et toussa discrètement. La créature aux yeux violine et globuleux, courba l'échine en une révérance majestueuse avant de lui demander précipatemment si Mademoiselle voulait quelque chose de précis. Méa se gratta le menton, et tendit un doigt en l'air, prête à commander son petit-déjeuner. « Un muffin à la myrtille, deux pancakes avec du sirop d'érable, du jus d'orange et une pomme verte s'il te plaît. » L'elfe la gratifia d'un signe de tête avant de se jeter sur la table de travail et de faire apparaître ce que son ventre gargouillait déjà d'avaler sans ménagement.

Les doux rayons du soleil matinal sur ma peau me firent ouvrir les yeux. Lentement, ma mémoire me revint par parcelle. J'avais encore échoué et, encore une fois, je m'étais évanouie sur le sol de la forêt interdite. Heureusement, j'étais toujours en vie. La douleur dans mon corps s'était étendue et était insupportable. J'avais l'impression d'avoir été lancé en bas de la tour d'astronomie tellement mon corps me semblait mutilé de toute part. Pour ajouter à mon malheur, le sol sous moi était rocailleux, dur et froid. J'avais une joue collé contre le tronc rude d'un gros arbre et un affreux mal de tête. J'étais habitué de me lever ainsi. Des matins comme celui-là étaient courants. Même que des fois, j'étais encore plus mal et j'étais complètement frigorifié avec de la neige partout. Disons que tenter de devenir animagus n'était pas chose facile, surtout lorsque vous passez la journée en cours et que le seul moment pour vous entraîner soit la nuit. Autant vous dire que les bonnes nuits de sommeil ne sont plus aussi fréquente qu'avant,

Je tentai de me redressai malgré le haut le cœur qui me compressait la poitrine. J'avais dut me cogner la tête en tombant, du coup je devais m'être fait une légère commotion cérébrale. Lutant contre cette horrible envie de vomir, je commençai mon inspection corporel. Question de voir les dégâts de cette horrible chute dont ma mémoire ne voulait pas complètement refaire naître. Une fois redressé, j'allongeai les jambes. Bien qu’ankylosé, tout semblait normal de ce côté. Mon dos allait bien, ma tête tournait normalement et mes bras semblait normaux, malgré l'angle étrange qu'avait pris mon poignet gauche. Je sortis ma baguette, réparai ce malheureux anicroche avec l'un des sortilèges dont j'avais si souvent entendue Miss Windsor faire l'usage sur quelques parties de mon corps. Au début, je passai quelques jours à l'infirmerie suite à des nuits comme la dernière. Disons que les jolies petits sortilèges de l'infirmière me permettait de manquer le moins de cours possible, mais surtout de lui éviter des tracas. Désormais, je ne mis rendait que lorsque je n'étais pas en mesure de réparer les dégâts par moi-même. Ce n'était pas le cas ce matin.

Une fois mon poignet redevenu à la normale, je me relevai sur mes jambes prenant bien soins de me retenir à l'arbre sachant que le tournis allait être incroyablement déstabilisant. Encore une fois, je ne m'étais pas trompé. Comme mon père le disant souvent, j'avais assez d'intuition que je pourrais voler l'oeuf d'une dragonne sans me brûler le petit doigt. Ce n'était pas une chose sure, mais fallait bien avouer que j'étais plutôt précis dans mes prédiction. Je savais pertinemment que d'ici quelques minutes, une fois la nausée et l'étourdissement passé, j'allais avoir une grosse fringale. Puisqu'il n'était pas question de se présenter dans la grande salle dans mon étant, je choisis de prendre mon petit déjeuner dans la cuisine, comme nous le faisions régulièrement avec Araméa. N'étant pas de la même maison, c'était notre moyen à nous de prendre nos repas ensemble.

Encore une fois, mon intuition fit preuve de sa justesse. Alors que le tableau pivotait pour me laisser entrer dans les cuisines, la voix de ma meilleure amie se faufila jusqu'à mes oreilles fines. « Un muffin à la myrtille, deux pancakes avec du sirop d'érable, du jus d'orange et une pomme verte s'il te plaît. » Souriant, je m'avançai doucement derrière elle en profitant pour lui chatouiller les côtés ce qui la fit crier de surprise. Une sourire étira mes lèvres. « Dis donc, tu as faim ce matin! », lui lançais-je sur un ton amusé. Elle qui, habituellement ne mangeait pas plus qu'un yogourt, une toast et un jus d'orange le matin. « Un vrai festin de roi que tu auras ma belle Méa! » L'elfe de maison à qui la sorcière avait commandé son repas vint me demander ce que je désirais. « Eum... Je vais prendre la même chose, mais mettez en deux fois plus et ajouter trois tranches de jambons, s'il-vous-plaît. J'ai une faim de loup! » Puis l'elfe s'éloigna me laissant seul avec la meilleure amie. Je l'observai de la tête aux pieds. Je l'avais toujours trouvé très jolie, c'était notamment ce qui m'avait poussé à lui adressé la parole dans le train en première année. À l'époque, j'avais encore du mal à parler anglais, donc j'étais tout stressé de lui parler. J'avais tellement eu peur qu'elle me repousse. Finalement, je n'avais aucune raison de m'en faire. Voyez par vous même, ça fait plus de neuf ans que nous sommes amis et, jusqu'à maintenant, rien n'a sut nous séparer. Pas même mon allure de petit souillon sauvage avec de la terre sur le visage, les cheveux en bataille et des brindilles accrochées à mes vêtements. Disons que je faisais vraiment pas propre à côté d'elle. Pas surprenant que les elfes de maison me lançant des regards désespérés.