Assit à lire un livre volumineux sur l’histoire de la magie, Henry avait levé le nez de sa lecture un moment, observant un groupe d’élèves, non loin de lui, qui bavardait à une table. Il les observait fixement, comme hypnotisé. La scène n’avait rien de remarquable en soit, elle était tout à fait banale même, mais pourtant le jeune homme n’en détournait plus le regard. Ils chuchotaient pour ne pas se faire réprimander par la bibliothécaire et étouffaient leurs rires avec leurs mains. Henry plissa les yeux comme pour se concentrer puis soupira et se leva d’un seul coup en faisant claquer son livre dans un bruit retentissant. Il abandonnait, il ne comprenait pas. Ces élèves étaient là, dans un lieu sublime, avec à porter des mains des ouvrages pour certains quasi introuvables et eux ils… bavardaient et riaient. C’était effarant. S’il avait dirigé cette école il les aurait fait écarteler pour un tel comportement, sérieusement… Henry regarda sa montre et s’aperçut que cela faisait bien six heures qu’il était dans la bibliothèque. Il y avait passé toute sa journée, sans même prendre le temps de manger. Il se dit que ce n’était pas si grave et passa son chemin en oubliant pas au passage de demander le droit d’emprunter le livre qu’il lisait.
Sur son passage Henry ne manqua pas d’entendre des élèves commencer à murmurer des paroles le concernant. Henry n’était pas un garçon spécialement populaire ou impopulaire, on le trouvait d’apparence assez sympathique, mais pas très sociale ou souriant. Ce genre de choses était loin de lui, il avait une personnalité du vieillard selon son ami le plus proche. Il ne cherchait pas à être populaire, il ne faisait pas de vague et il n’avait que très peu d’intérêt pour les relations amoureuses. Nan vraiment, c’était à se demander si le concept d’adolescence lui était familier…
N’ayant pas nécessairement envie de retourner dans sa salle commune, qui devait être à présent grouillante d’élèves, Henry décida de faire un détour vers l’une des pièces de Poudlard qui avait su le séduire depuis plusieurs années. En effet, le jeune serdaigle avait fait de la dite salle, son lieu de solitude favoris, j’ai nommé la salle pluvieuse. Par plusieurs aspects cette salle avait de quoi le séduire, la plus évidente étant qu’elle était, pour ainsi dire, toujours vide, ce qui est assez logique… personne n’a envie de se tremper les os sous la pluie, encore moins quand on se trouve à l’abris du ciel, ça parait trop perturbant de risquer un rhume dans une pièce couverte.
Arrivé dans les catacombes, Henry se dirigea donc vers la salle pluvieuse qui (oh étonnement !) était inoccupée pour l’heure. Avant d’y pénétrer, il sortit sa baguette et lança un sort d’imperméabilité au livre qu’il avait emprunté, pour le protéger. Il entra enfin et alla s’assoir tranquillement au centre de la pièce, laissant la pluie le recouvrir.
Il ôta sa veste, pour n’arborer plus qu’un simple T-shirt, découvrant ainsi ses avants bras. Ses bras étaient… surement à l’image du reste de son corps : tatoués et cicatrisés. Il avait beau avoir une bonne réputation à Poudlard, son style avait toujours eu un certain contraste avec son caractère apparent.
On ne lui posait jamais de questions au sujet de ses cicatrices, sans doute parce qu’on ne pouvait que rarement les apercevoir et que même dans ces cas là on ne s’attendait pas à obtenir de réponses de sa part, lui qui ne parlait jamais de sa vie ou de sa famille. Il n’y avait qu’une personne qui lui avait déjà posé des questions à ce sujet: cette grande gueule d’Adonis évidemment. Qui d’autre que son meilleur ami aurait pu être assez proche de lui (et sans doute assez directe) pour lui poser ce genre de question? Bizarrement, sur le moment, ça ne l’avait pas gêné de lui répondre sincèrement, alors que c’était le genre de chose qu’il gardait pour lui. En plus, on ne peut pas dire que monsieur Adonis soit vraiment l’archétype même du confident, mais ils avaient toujours eu une relation particulière dans un sens positif, enfin bizarre, mais particulière… Un léger sourire presque invisible se dessina sur les lèvres d’Henry quand il songea un instant à son ami. Un sourire que seul son ami pouvait voir, on ne pouvait y déceler rien de bienveillant.
Henry passa une main dans ses cheveux ruisselants d’eau et continua sa lecture sans ne plus penser à rien d’autres que l’ouvrage qu’il tenait entre ses mains.
C’est ainsi que sans se rendre compte de rien, le temps s’écoula de nouveau à grande vitesse et l’heure du dîner passa sans même que la faim ne vienne titiller le Serdaigle.