Bonjour à toi, nouvel arrivant à Poudlard, je souhaite de poser des questions auxquels tu répondras franchement, et si tu mens, je le saurai. Cela restera entre toi, et moi, cela m’aidera à trouver quelle maison est faite pour toi mon enfant !

▷ "Remember the wand choose the wizard, not the opposite."

La porte de la boutique s'ouvrit dans un tintement sonore et une petite silhouette se glissa à l'intérieur. Les cheveux longs ébouriffés par la course folle qui l'avait mené jusqu'ici depuis le haut du Chemin de Traverse où se situait la glacerie de Florian Fortârome. Le jeune sorcier de onze ans s'empressa d'escalader avec maladresse la chaise grinçante qui soutenait déjà une masse considérable de parchemins divers et s'assied dans un même mouvement, sur le comptoir de la célèbre enseigne de son grand-père Garrick Ollivander. Il laissa ses chevilles pendre mollement dans le vide et s'intéressa de nouveau au cornet de glace qu'il tenait à la main ; il mordit dedans avec gourmandise et l'effet polaire qui envahit ses incisives lui fît plisser les yeux - mais c'était ainsi qui les aimait. Severus se perdit dans la contemplation des locaux de son grand-père. L'atmosphère qui régnait en ces lieux était absolument unique et chargée d'un mystère qui lui tardait de pouvoir découvrir. Garrick n'avait jamais accepté qu'il puisse se promener parmi les étagères, malgré ses multiples sollicitations - ce qui dans un premier temps avait littéralement assassiné sa curiosité. Le jeune garçon avait finalement pris son mal en patience - il ne doutait pas qu'un jour, son grand-père lui offre la liberté d'observer ses rayonnages de plus près.
« Severus ? Viens par-ici mon garçon ! La fin de l'été approche et, nous n'avons toujours pas laissé une baguette te choisir ! » s'exclama une voix sourde en provenance de l'arrière-salle. Un sourire naquît sur les lèvres du jeune sorcier. Il n'avait pas saisi d'emblée cette histoire de baguette qui choisit son sorcier. Ollivander était probablement le seul fabricant à procéder ainsi - du moins, Severus n'avait jamais lu nulle part que Jimmy Kiddel ou Arturo Cephalopos faisait de même. Après tout, comment un simple morceau de bois pouvait-il savoir quel sorcier saurait exploiter au mieux, son potentiel ? Cette remarque digne des sorciers les plus ignorants, lui avait valu un coup de reliure sur la tête et une série d'explications à propos de la sensibilité, de la conscience de ces "morceaux de bois". Severus ne les avaient jamais plus qualifié de cette manière et dès lors, avait manifesté une forme de respect implicite à leur égard. « J'arrive ! ». Il se laissa glisser au sol et s'empressa de faire disparaître les derniers morceaux de cornet qui lui restaient entre les doigts. Il se pressa pour rejoindre son grand-père ; il découvrit celui-ci, déjà encadré par un certain nombre de boîtiers de tailles, de poids et de couleurs différents. Ils se gratifièrent mutuellement d'un sourire entendu. Garrick et lui avaient toujours eu une bonne relation, complice. Toutefois, ils n'avaient jamais été aussi proches que l'aurait souhaité Severus - bien qu'ils n'en soient pas loin. Toutefois, son grand-père s'appliquait à conserver quelques distances de réserves entre eux, ce qui aurait été frustrant si le jeune sorcier n'avait pas été aussi perplexe à ce propos. Son père Richard lui avait une fois brièvement expliqué que depuis le décès de sa fille quelques années plus tôt, son grand-père n'était plus exactement le même sur le plan social. Il se protège, comme il peut, donne-lui du temps et, peut-être réussira-t-il à surmonter sa peine, lui avait-il conseillé.

« Comment est-ce qu'une baguette choisit son sorcier ? » s'enquit-il en jetant un bref coup d'oeil au paon bleu, qui sommeillait dans sa cage dans un coin de la pièce. « Ce n'est pas toujours très explicite. » se contenta-t-il de répondre, en donnant un coup de baguette désinvolte sur son mètre. Celui-ci s'envola aussitôt en direction du jeune garçon et commença à prendre diverses mesures, dont certaines plutôt saugrenues - la taille de ses doigts, la distance entre ses deux yeux et même celle qui séparait ses deux narines ! - tandis que son grand-père notait chacun des résultats avec application. « Tiens. Essaie celle-ci. Bois de cèdre, vingt-quatre centimètres et crin de licorne. Un peu rigide. » sélectionna le fabricant en lui indiquant une petite boîte. Severus s'empara délicatement du coffret et un sentiment d'excitation l'envahit. Ses doigts frôlèrent à peine le manche, que son grand-père lui demandait de le reposer de l'autre côté de la table. « Elle ne convient pas. » affirma-t-il distraitement de manière concise, en se penchant de nouveau sur les boîtiers qui s'empilaient devant lui. Une touche d'agacement apparut soudainement sur le visage du jeune sorcier lorsque la seconde qu'il testa subît le même sort. « Mais ... » commença-t-il. Garrick l'interrompit d'un regard et lui plaça une troisième baguette entre les doigts. Une onde de chaleur s'évapora dans sa poitrine et circula promptement dans chaque parcelle de son corps. Une pure bouffée d'adrénaline contrebalancée par un sentiment de paix. « Bois de charme, vingt-sept centimètres, ventricule de dragon. » annonça fièrement son grand-père. Un sourire étira les lèvres du jeune garçon. « Bois de charme ... comme toi ? ». Garrick acquiesça silencieusement, un sourire énigmatique sur les lèvres. Severus fût tenté de l'interroger à ce propos, ouvrit la bouche, puis se ravisa. Il referma la bouche et se perdit dans le détail de sa nouvelle partenaire.

▷ novembre 2011, dix-sept heures quinze

Severus quitta silencieusement le bureau du professeur d'alchimie en sortilèges de Poudlard. Le bureau de son oncle. Ils s'étaient sensiblement rapprochés au cours des deux dernières années, alliés sous le voile du deuil. Severus, aussi brillant soit-il, avait eu besoin d'une figure masculine à laquelle se reporter lorsque son père était décédé et, Andreas lui était apparu comme étant le modèle idéal - d'autant plus qu'ils avaient un nombre de points communs assez impressionnants. Toutefois, depuis quelques semaines, ils ne cessaient d'entrer en conflit sur divers propos qui leur tenaient mutuellement à cœur. Le regard fixé sur ses pensées, l'élève de neuvième année descendit distraitement les escaliers en colimaçon qui desservait les étages inférieurs de la Tour de Recherches. Encore une fois, Andreas avait eu le dernier mot. Severus était venu dans l'optique de tirer certaines choses au clair et à présent, il en revenait l'esprit dominé par de nouvelles interrogations et de nouveaux doutes. Son oncle avait toujours été un excellent orateur et incitait toujours ses interlocuteurs à réfléchir par eux-mêmes. Nul doute qu'à présent, Severus ait matière à méditer. Les Mangemorts. Les Sang-de-Bourbes. Arya Duchannes. Ses ongles impeccables se plantèrent sans ménagement dans ses paumes. Il expira profondément et la pression qu'il exerçait sur les deux malheureuses se relâcha, laissant pour vestiges quelques traces de sillons rougis qui auraient tôt fait de disparaître.

Deux silhouettes apparurent dans son champ de vision tandis qu'il atteignait la dernière marche : les frères Dawdler. Des traîtres à leurs sangs qui n'avaient de cesse d'envahir son espace vital depuis que les Grindelmonk avaient été exilés à l'autre bout du parc et que lui-même avait daigné donner son avis sur la question - opinion qui les avaient visiblement indignés. Un soupir inaudible quitta ses lèvres tandis qu'il s'approchait d'eux d'une démarche tranquille, dans l'optique de rejoindre le couloir du septième étage, dont il bloquait délibérément l'accès. Severus s'immobilisa, ennuyé. « Vous avez décidé de manifester contre l'utilisation de rats dans les cours de recherches, ou bien avez-vous d'autres projets aussi ridicules que celui-ci à l'esprit ? » lâcha-t-il avec morgue, toutes traces d'incertitude quant à sa conversation précédente, envolée. « Quoi ? » répondit-il stupidement, le plus petit. Pas très vifs, ces deux-là, jugea-t-il avec une pointe d'exaspération. « Et si vous poussiez vos carcasses de traîtres à leurs sangs un peu plus sur la gauche, histoire de céder le passage aux élèves qui ont quelques choses à faire de leur vie ? » suggéra-t'il, en soulevant légèrement les sourcils. « À moins que vous ayez besoin d'aide pour si peu » ajouta-t-il en glissant ses doigts vers sa baguette magique. Les yeux du plus grand s'écarquillèrent : « Folies ! Tu n'o... ». « La véritable folie à mes yeux, c'est de reproduire deux fois la même expérience en attendant deux résultats différents. » le coupa Severus en jetant un regard éloquent aux deux spécimens qu'il avait sous les yeux. Les Dawdler s'empourprèrent d'une violente teinte rouge. D'un mouvement du menton, il leur intima de s'écarter, une dernière fois. Ses yeux jetèrent des éclairs lorsqu'ils firent mine de protester. La réputation de Severus en tant qu'élève brillant n'était plus à faire et rapidement, ils consentirent à s'effacer. « Et pour le bien de la société magique, j'espère que votre mère a cessé de donner naissance à des cas sociaux de votre genre. » conclut-il, en disparaissant dans le couloir.

▷ feelings don't go away, people do

La Tour d'Astronomie. En pleine nuit, elle représente sans aucun doute la parfaite retraite pour qui aspire à la solitude la plus totale. Il m'arrive parfois d'éprouver un besoin irrépressible de remettre un semblant d'ordre dans mes pensées, mes réflexions et lorsque celui-ci survient, c'est ici que je m'isole - comme à présent. J'éprouvais une singulière sensation de plénitude alliée à une paix sans commune mesure rien qu'à m'asseoir sur ses rebords de pierres usées, à contempler les détails d'un paysage parfaitement connu qui, du comment de mon perchoir, me semblaient subitement infiniment plus petits - à l'instar de mes problèmes. Ce panorama m'offre en quelque sorte, de nouvelles perspectives sur l'ensemble de mes tracas. Une brise légère vînt se perdre dans quelques-uns de mes mèches brunes, tandis que je ferme les yeux, ressentant la fraîcheur nocturne à travers les tissus fins de mes vêtements. Je suis déjà monté ici à plusieurs reprises par le passé. Deux ans plus tôt par exemple, lorsque mon père Jonathan Ollivander a succombé à une infection microbienne magique, suite à d'interminables semaines de lutte qui finalement, se révélèrent infructueuses. L'épisode m'avait bien plus perturbé que je ne consentirai à l'admettre publiquement. Sans doute était-ce également dû à la réconciliation inopinée - et plutôt déroutante - de ma famille avec celle des Duchannes - pourtant en conflit depuis une dizaine d'années ! - peu de temps après les funérailles. Deux familles conservatrices, qui finalement s'étaient ralliées sous un même étendard - celui des Mangemorts. Je n'avais pas saisi à l'époque, ce qui poussait ma mère Viviane à adopter cette attitude de suiveuse. Elle qui, d'ordinaire, menait la danse. Aujourd'hui, je suppose qu'elle avait trouvé un soutien mental dans cette cause et que cela avait contribué au développement de son deuil.

La seconde fois, j'avais rompu avec Ysölde. N'allez pas vous méprendre avec des concepts qui vous dépassent complètement : les relations amoureuses ne sont pas les seuls engagements du cœur que l'on puisse briser de cette manière. L'amitié fraternelle qui me liait à la sang-pure qu'elle prétendait être, n'a tout simplement pas supporté l'amertume d'un mensonge prolongé sur près de neuf années. Ou bien, est-ce moi qui n'aie pas réussi à digérer la pilule. J'étais persuadé que nous étions amis. Qu'elle ne m'aurait jamais menti avec autant de désinvolture et si peu de scrupules. Je ne lui aurai jamais causé autant de torts qu'elle ne m'en a causés le jour où elle a décidé de taire la vérité et de laisser les bruits de couloir me l'apprendre. La troisième fois. Mes doigts glissèrent sous mon t-shirt pour saisir avec une délicatesse insoupçonnée entre pouce et index, l'anneau suspendu à une chaîne, qui aurait dû entourer formellement mon annulaire gauche. Un anneau de fiançailles. Moi, qui me vante si régulièrement de posséder des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, je ne sais guère que penser de ces engagements vieux de six mois, arrangés par nos familles respectives - bien entendu. Jusqu'à peu, Arya Duchannes n'était qu'une petite idiote de Gryffondor sans grand intérêt. Puis j'ai découvert la santé fragile qu'elle endure quotidiennement et inexplicablement, cette vulnérabilité associée à son tempérament opposé, m'a atteint. J'ai découvert de nouveaux aspects de sa personnalité que je n'aurais probablement pas soupçonnée en temps ordinaires - et que parfois j’aurai préféré ignorer. Oh, par Merlin. Pourquoi a-t-on fait le cœur humain si compliqué ?

ÉLÈVE DE POUFSOUFFLE SEPTIÈME ANNÉE ૪ Severus ? Si vous voulez mon avis, il a bien changé depuis l'année dernière ! - physiquement je veux dire, parce que je ne le connais pas vraiment *rougis*. Les cheveux courts lui donnent un air un peu plus vieux et puis ses yeux mar..... Attendez, ça reste entre nous tout ça hein . N'allez surtout pas lui répéter ! Je n'ai jamais eu l'occasion de discuter avec lui. Certaines de mes amies le qualifient "d'inaccessible". Elles n'ont peut-être pas assez essayé, qui sait.
GARRICK OLLIVANDER ૪ Mon petit-fils ! Vous savez, il n'est pas vraiment comme ses trois frères aînés. Il ressemble beaucoup plus à sa soeur, Prudence - bien plus qu'il ne se l'imagine. Je m'inquiète pour lui ces derniers temps. Il se laisse complètement mener par sa logique naturelle celui-là et ne prête qu'une oreille distraite aux émotions qu'il éprouve réellement - c'est ce qui explique les désordres qui le perturbent à certaines occasions. Il a longtemps considéré son oncle Andreas comme un modèle idéalisé depuis la mort de son père - partageant une passion pour les potions et la création de sortilèges mineurs. Je regrette qu'il n'ait pas sondé à se tourner vers moi. Je n'ai pas eu de contacts approfondis avec Andreas mais cette relation ne me paraît pas très saine. Andreas a subi une perte énorme et je compatis de tout mon coeur à celle-ci ; mais j'espère que Severus saura faire preuve de suffisamment de discernement pour ne pas se laisser embarquer dans ses folies.