Quelques heures de préparation avaient été nécessaires à Emrys pour cette visite à la bibliothèque de Poudlard. Le commun étudiant se présentait tout bonnement dans l’immense salle tapissée de livres, se baladait en tout innocence dans les rangées et choisissait en toute simplicité un livre. Cependant, l’excursion du jeune Serdaigle en ce lieu d’érudition n’avait rien de simple, car Emrys devait agir en toute subtilité pour trouver le bouquin tant désiré. Il ne recherchait ni un livre pour soutenir ses travaux scolaires ni un fade roman de gare pour sa table de chevet, mais un ouvrage qui pourrait étancher sa soif d’apprentissage de la magie noire. Évidemment que les étagères de Poudlard étaient soigneusement épurées de tout ce qui pourrait inciter les jeunes à commettre de regrettables actions et que la quantité d’information sur cette sorte de sorcellerie était extrêmement limitée, mais lorsqu’on savait fouiller convenablement, il était possible de dénicher plusieurs paragraphes intéressants. Souvent, il ne s’agissait que de quelques mots sur un animal perfide qui « est reconnu pour l’utilité satanique de ses griffes qu’en ont faite certains sorciers peu recommandables », sur une plante vantée pour ses qualités de guérison mais aussi pour sa « nocivité dans les potions lorsque ses racines sont mal coupées », sur le nom d’un sorcier enfermé à vie à Azkaban pour « usage terrible de magie noire. » À force d’attraper quelques informations ici et là, avec ses maigres récoltes, Emrys pouvait poursuivre ses enquêtes ailleurs, dans la bibliothèque familiale ou dans librairies, mais jamais sans grand succès. Mais ça, c’était avant de passer au prochain niveau, avant d’accéder à l’université et à la section de la bibliothèque réservée aux étudiants des études supérieures, qui était au moins deux fois plus grande que la section « normale ». Lorsqu’Emrys avait été introduit à tous ces nouveaux livres, à ces rangées interminables de trésors, à ces mètres carrés de délicieuses informations cachées, ses yeux s’étaient écarquillés de bonheur. Il achevait présentement sa deuxième année d’université et il était loin d’avoir terminé l’exploration de cette nouvelle aile d’érudition; faire durer le plaisir, voilà tout. (Ah et certaines contraintes s’imposaient dans sa nature humaine et le retardaient dans cette aventure, tel que manger, dormir et faire des travaux.) Aujourd’hui, il avait un but de cueillette d’information précis : il voulait se renseigner sur une sorcière (que le reste de la société qualifiait de perfide, mais qu’Emrys aurait plutôt caractérisée de grandement ingénieuse), du XVIIe siècle qui aurait manipulé du jasmin pour en créer une sous-espèce toxique à quiconque lui mangeait les pétales. Les traces écrites de cette modification génétique étaient très rares, mais quelques dessins avaient survécu aux intempéries des siècles. Les interprétations qu’en avaient faites les philologues du dessin étaient toutefois très différentes et il devenait difficile d’établir un consensus. Voilà le sujet d’expédition de notre jeune rouquin. Comme mentionné plus tôt, il avait passé des heures à : se renseigner sur ce jasmin modifié auprès du meilleur étudiant de botanique - qui lui jura n’en avoir jamais entendu parler et avait même accepté de lui prêter son manuel, en vain –; à se bâtir un alibi de béton qui expliquerait son intérêt pour la chose si la bibliothécaire faisait preuve d’indiscrétion; à calculer le bon moment où il lui faudrait se présenter à la bibliothèque pour qu’il y aille assez d’étudiants mais pas trop et ainsi se fondre dans la masse, etc. etc. etc. Voilà notre Emrys enfin préparé et bien désireux de découvrir de belles trouvailles.

Emrys avait passé tant d’heures à parcourir les rangées de la bibliothèque qu’il aurait certainement pu s’y promener les yeux fermés – mais étant donné qu’il n’avait pas encore d’œil bionique à la Fol Œil, il se retint d’exécuter cet exercice d’aveugle; il n’eut toutefois pas besoin de consulter l’index pour savoir comment se diriger. Arrivé à l’endroit tant désiré, il entama sa recherche. Il ne dénicha rien dans les deux premiers livres. À peine avait-il commencé sa troisième fouille qu’il s’arrêta, sans bouger. Il avait cette étrange impression qu’on l’épiait… il regarda autour de lui, mais ne vit pas âme qui vive. Était-ce un effet pervers de son subconscient? Pourtant, il n’avait jamais ressenti cela auparavant, quand les circonstances étaient les mêmes. Bizarre, vraiment. Il se replongea dans le bouquin, espérant chasser cette désagréable sensation d’être observé.

La Salle Commune étant trop bruyante au goût de la sorcière, celle-ci attrapa ses livres et parchemins puis troqua l'obscurité et l'humidité des cachots pour les lumières de la bibliothèque. Tandis qu'elle marchait en direction de l'endroit tant convoité, elle ignorait tout le monde sur son passage, assénant de regards meurtrier le ou la première personne susceptible de l'agacer. Ses longs cheveux couleur de jais virevoltaient à chacun de ses pas. Ses yeux perçant scrutant le chemin sans donner une once d'intérêt au monde qui l'entourait. Solitaire, mystérieuse ... Froide, malsaine et vindicative; les gens fuyaient la sorcière noire comme-ci ils avaient peur que celle-ci les transforment en pierre d'un seul regard. Telle Médusa, cette créature de la Grèce Antique, des rumeurs courraient sur elle comme quoi à force de pratiquer de la magie noir, elle pouvait pétrifier n'importe quelle personne qui croiseraient son regard. Cela l'amusait que très peu, elle n'était pas un Basilic, bien que le coeur de sa baguette magique soit animé par son venin. Une baguette noir comme la nuit, dont le manche était incrusté d'émeraudes. Une baguette faite sur-mesure par Gregorovitch. Un instrument magique unique et sombre à l'image de la sang-pure. La Ténébreuse vipère poussa alors doucement les portes de la bibliothèque dont les longues tables étaient déjà prise d’assaut par les érudits de la maison Serdaigle. Dormaient-ils ici ? Parfois elle se le demandait. Sa magnificence et sa beauté déstabilisèrent une fois de plus les garçons présent. Bien que désormais mariée au sombre prince de Poudlard, ceux-ci ne voulaient pas se risquer à attirer les foudres de Ulysse Lestrange. Son accouchement ayant quelques peu retarder ses devoirs, la sorcière avait quelques parchemins à terminer pour le cour d'histoire de la magie. La Guerre des Géants n'étant pas un sujet très passionnant ... Elle s'installa alors à une table, loin des autres comme-ci ils avaient tous la peste. Vêtue de son uniforme scolaire aux couleurs des verts & argents, la belle se leva pour commencer sa promenade parmi tous ces livres poussiéreux. Les gens la regardait, comme captivés par le moindre geste qu'elle exécutait. Cependant Bellatrix ne se donnait même pas la peine de les regarder, totalement indifférente à ces petits insectes. Elle se promenait dans les rayons à la recherche d'un livre susceptible de la captiver pendant une petite heure mais ici ne se trouvait rien bien de très transcendant ... La bibliothèque de son père regorgeant d'ouvrage traitant de la magie noire et des grands mages, ce genre de bouquin était interdit dans l'enceinte de Poudlard. Heureusement que sa source de savoir et de connaissance ne se trouvait pas seulement ici.

D'humeur joueuse, de là où elle était, la belle pouvait observer Emrys Falk-Erskine se nourrir inlassablement du même ouvrage depuis déjà un bon moment. La reliure abîmé par les âges et la noirceur du bouquin semblait attirer l'attention de la vipère vers celui-ci. N'étant pas du genre patiente ou fataliste, la sorcière se mît en marche vers le Serdaigle, se mouvant telle un reptile vers sa proie. Ses lèvres habillées de son plus beau sourire, elle resta quelques secondes derrière Emrys, soufflant alors sur sa nuque dans le seul but de le faire sursauter. Qui à dit qu'elle ne soignait pas ses entrées ? « Je ne savais pas qu'un Serdaigle s'intéressait à ce genre d'ouvrage. » dit-elle alors de sa voix terriblement attirante, le regard plongé dans les lignes du livre que Emrys était en train de consulter - jusqu'à qu'elle l'interrompe - « Tu cherches quelque-chose de précis charmant petit sang-mêlé ?» Un nouveau sourire, séductrice et tentatrice, vilaine succube. Elle l'interrogeait du regard vu que apparemment, il semblait avoir perdu sa langue.