TOME I :

J'étais en cinquième année à Poudlard. Une des années les plus importantes du cycle pour un apprenti sorcier. Nous devions être au alentour d'avril et il faisait beau dehors. Dans moins de deux mois je passais mes B.U.S.E et les professeurs commençaient à nous mettre la pression. En réalité, ils ne savaient faire que cela. Pourtant, j'étais plutôt confiante. Je savais que je n'avais aucun soucis à me faire pour tout ce qui était matière « pratique », surtout la divination. C'était la matière où j' étais la plus forte. N'ayant que des Optimales, j'étais sûre que cela allait pouvoir rattraper les matières dans lesquelles j'étais en difficulté. Mais, mes notes n'étaient pas vraiment ce qui me préoccupait ce jour-là. Ce vendredi aurait dû être un jour spécial, mais malheureusement, il ne le fut pas. En tout cas, pas autant que je l'aurais voulu. Néalia, ma soeur, m'avait réveillé ce matin-là en sursaut.

« Oh Charlotte réveille-toi ! » ordonna une voix dans mon sommeil.

Je poussais un grognement et entre-ouvrais une paupière pour voir ce qu'il se passait. Encore dans les vapes, j'entre-aperçus les cheveux noirs et ondulés de ma soeur.

« Charlottina réveille-toi ! C'est l'heure ! » me dit-elle en me secouant une épaule.

Je poussais un soupir et me tournais de l'autre côté pour recommencer à dormir.

« Oh Natalie ! Tu te lèves maintenant, tu vas être en retard ! » ordonna Néalia d'une voix forte et ferme.

Je sursautais tout à coup en me redressant sur mon lit. Vous parliez d'un réveil ! Les cheveux ébouriffés et la moitié du corps déjà sortie du lit, je fusillais ma soeur du regard.

« Garce ! » sifflais-je entre mes dents.

Elle me balança alors ma robe de chambre sur mon lit et m'ordonna de me dépêcher de me préparer. Lorsque Néalia m'appelait Natalie, c'est généralement qu'elle était en colère contre moi. Il faut dire que j'avais l'habitude de trainer un peu au lit le matin, ce qui avait le don de l'énerver. En réalité, nous n'étions pas en très bons termes à ce moment-là de notre vie. C'était à celle qui énerverait le plus l'autre. Et ce matin, elle avait gagné. Enfin, nous avons gagné toutes les deux. Néalia m'avait jeté un dernier regard noir et était partie dans la salle commune, son uniforme déjà sur elle. Je m'étais levé en ronchonnant et avait continué jusqu'au petit-déjeuné. J'étais descendu dans la Grande Salle manger un morceau avant de commencer les cours et j'avais encore eu le droit à une réflexion de la part de Néalia. Elle ne m'avait même pas dit bonjour ce matin-là. Elle allait me le payer, c'était sur. J'avais balancé mon verre sur son uniforme et étais partie en faisant la gueule.

Durant toute la journée, j'avais snobé Néalia. A chaque fois que je l'avais croisé, j'avais détourné le regard en lui faisant bien comprendre que je me moquais d'elle. En fin d'après-midi, alors que je sortais de cours de sortilèges, elle me barra le passage dans les couloirs.

« Bon. Qu'est-ce que je t'ai fais Natalie ? » me demanda-t-elle en se postant devant moi.

Je fis une moue hautaine et la regardais de haut, ce qui en disait long sur mon état d'esprit. Je croisais les bras et levais un sourcil, exaspérée.

« C'est à cause de ce matin ? Attends, tu vas pas me faire la gueule pour ça ? » s'insurgea-t-elle.

Je fis alors un sourire forcé. Apparemment, elle semblait ailleurs. J'entrepris alors une petite explication pleine d'humour.

« Pas te faire la gueule pour ça ? » m'étonnais-je en ouvrant de grands yeux.

Je mis alors un doigt sur ma bouche et la tapota en faisant une moue réflective, aussi sur-jouée que dans un vieux soap-opéra.

« Hum...attends voir. Que je résume ma journée...Je me fais réveiller en sursaut par ma soeur qui me crie dessus, je me prends une réflexion au petit-déjeuner et euh...attends voir...Ah oui ! C'est mon anniversaire ! » m'exclamais-je à haute voix en levant le doigt vers le ciel.

Anniversaire qu'elle avait oublié. Aujourd'hui j'avais 16 ans et ma propre soeur l'avait oublié. Mais j'avais déjà fait la même erreur alors on était quitte. Elle qui m'avait juré haut et fort qu'elle n'oublierait jamais le mien, c'était pour ainsi dire une grosse erreur. Je baissais les bras et affichait une mine méprisante. Je lui lançais un dernier regard noir et recommença à marcher la bousculant de l'épaule au passage. Journée de chien



J'étais partie en Egypte l'année de mes 28 ans. J'avais décidé de faire ce voyage seule. C'était une sorte de retraite loin du monde que je m'étais autorisé et aussi imposé. Je devais faire un point sur ma vie, sur mon avenir, sur ma famille et sur tout ce que j'étais. Je n'en pouvais plus de Dublin. J'avais l'impression de tourner en rond, de ne plus savoir où j'allais. Chaque jours me paraissaient aussi inutile que le suivant. Malgré mes études de divination, je m'étais égaré dans un magasin de livres et manuels scolaires pour sorciers à Dublin. Je passais mes journées à ranger des livres sur des étagères et faisais des oiseaux volants avec ma baguette et des feuilles de papier. Le pire, c'était que la divination me poursuivant toujours. Depuis mes dix-huit ans, j'avais des visions. Lorsqu'elles arrivaient dans mes rêves, c'était des prémonitions. Mais lorsqu'elles arrivaient lorsque j'étais éveillé, c'était des prophéties. Ce don me dérangeait parfois et le fait de ne pouvoir l'utiliser à mon gré aussi. J'avais donc tout quitté sur un coup de tête. J'avais prévenu mes parents, ma soeur, Martie (mon employeur) de mon départ un lundi matin et le mardi suivant j'étais partie pour l'Egypte. Pourquoi ce pays me direz-vous ? Parce que j'en avais toujours rêvé. Et puis, parce que s'était un pays où l'on respectait la divination. J'étais donc partie avec mon sac à dos et le nécessaire pour survivre un bon mois dans cette immense pays que je ne connaissais pas. Je traversais le pays entier, ses déserts, ses monuments et ses populations. Probablement, la plus belle expérience de toute ma vie.

J'avais décidé de finir mon périple par les trois majestueuses pyramides de Kéops ou la seule meilleure du monde encore existante. J'avais marché toute la journée sous le soleil et le vent sableux. Mes jambes étaient en compote et j'avais énormément soif. Mais je m'en moquais, le spectacle de ses trois édifices m'ôtait toutes douleurs. Au pied de la plus grande, je m'arrêtais pour en contempler le sommet. Je fermais les yeux et me laissais gouverné par tant de beauté. Le vent soufflait dans mes cheveux et j'avais l'impression d'entendre la voix des anciens rois d'Egypte.

« Songez que du haut de ces monuments quarante siècles vous contemplent » dis soudain une voix à côté de moi.

Je sortis de mes pensées et ouvris mes paupières. Le soleil dans les yeux, je distinguais alors des cheveux châtains et une figure incroyablement joyeuse que je connaissais bien.

« Snicklepitch ? » demandais-je, incertaine.

Je mis ma main au dessus de mes yeux pour me cacher du soleil et je vis alors le sourire infatigable d'un ancien camarade de classe : Snicklepitch. Il n'avait pratiquement pas changé. Il avait juste grandit et prit quelques traits un peu plus adulte.

« Eh ben ça alors ! » m'exclamais-je en lui sautant dans les bras. « Mais qu'est-ce que tu fais là ? » le questionnais-je en lui rendant sa liberté. « Ca fait un bail qu'on s'est pas vu, qu'est-ce que tu deviens ? »

Snicklepitch était un ancien camarade de classe de ma sœur, mais aussi un très bon et vieil ami. Cela faisait au moins dix ans que je ne l'avais pas vu. Nos destins s'étaient séparés en quittant les bancs de Poudlard. Je n'en revenais pas de le revoir après tant d'années, surtout en Egypte. Sa vie avait du être plus passionnante que la mienne.

« Oh, je suis directeur de Poudlard » déclara-t-il avec la plus insolente simplicité.

« Directeur de Poudlard ?...who... » m'étonnais-je dans un ton qui mêlait surprise et amertume.

Je n'étais attendu à ce qu'il me dise apothicaire ou professeur, mais directeur de Poudlard ? C'était inouï. Je savais d'autant plus que ce n'était pas un mensonge, car Snicklepitch ne mentait jamais.

« ...c'est impressionnant ! » m'exclamais-je timidement.

Je priais pour qu'il ne me demande ce que moi j'étais devenu. Ma réponse aurait été moins éclatante.

« Oh, ce n'est pas grand chose quand on y réfléchit » dit-il en contemplant les pyramides.

J'ouvris de grands yeux ébahis. Pas grand chose ? A part ministre de la magie, il se serait difficile de faire mieux. Mais après tout, il le méritait, j'en étais sûre. Je me forçais de garder le sourire et engageais à nouveau la conversation.

« Et sinon, qu'est-ce qui t'amènes Egypte alors ? » demandais-je une seconde fois.

« Hum...je cherche un nouveau professeur de divination » dit-il de se retournant vers moi et en m'adressant un sourire.

« Pardon ? » m'étouffais-je tout à coup. « Un professeur de divination ? Et tu as besoin de venir en Egypte pour en trouver un ? » demandais-je curieuse.

Snicklepitch se détourna alors encore une fois de moi pour profiter du spectacle des pyramides.

« Et bien, le seul que je connaisse capable de reprendre le poste habite à Dublin, mais bizarrement tout les hiboux que j'ai envoyé depuis presque un mois sont revenus » me répondit-il en commençant à marcher vers la seconde pyramide.

Sa phrase semblait comme sortie de nul part. Je secouais la tête et ouvrais grands les yeux pour voir si je n'étais en train de rêver. La situation était surréaliste. Divination ? Dublin ? Des hiboux ? Me faisais-je des idées où bien non ? Je sortis de mes pensées et courus après lui pour le rattraper.

« Et ça veut dire quoi ça ? » demandais-je impatiente.

« Qu'il ne faut jamais confier à un hiboux ce que l'on peut faire soi-même » me répondit-il dans un dernier sourire malicieux.

Une semaine plus tard, je rentrais à Dublin la tête pleine de souvenirs extraordinaires d'Egypte. Mais aussi avec une lettre de Snicklepitch me demandant de venir enseigner la divination à Poudlard. Ce que bien sûr, j'acceptais.



Ma deuxième année d'enseignement commençait à Poudlard. Moins stressé que l'an passé, mais toujours un peu tendue, je m'étais attendu à retrouver le Poudlard que je connaissais, chaleureux et rassurant. Mais ce ne fût pas ce Poudlard-ci que je retrouvais cette année-là. Sur ordre du Ministère de la Magie, une nouvelle maison avait créé. La maison Grindelmonk, spécialement pour les nés-moldus. Chaque élève étaient repassé sous le choixpeau pour définir la nature de son sang. Les sangs-purs et les sang-mêlés restaient dans leur maison, tandis que les nés-moldus allaient dans la nouvelle maison Grindelmonk. J'avais assisté à cette cérémonie avec le plus profond dégoût. Mais, mon dégoût se prolongea lorsque je vis où allait être replacé les Grindelmonks. Leurs dortoirs et leur salle commune n'avaient pas été aménagé dans une aile désaffectée du château, mais dans une immense cabane au fond du parc. J'avais cru vomir et était allé voir Snicklepitch pour lui dire le fond de ma pensée. Malheureusement, il m'avait assuré qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres du Ministère. J'étais révolté et bien plus encore. Mais je ne pouvais rien faire, pas toute seule. Plus les jours avançaient, plus j'avais un mauvais pressentiment. Je crus au début que s'était moi qui n'allait pas bien, mais il n'y avait pas que cela. Je le sentais, dans les regards, les murmures, mais aussi au temps. Un nuage noir pesait sur Poudlard. Et ni les cartes, ni la boule de cristal, ni les feuilles de thé ne m'avaient dis le contraire. Quelque chose d'horrible allait arriver, je le savais.

Ce soir-là, la nuit était venue plutôt que d'habitude. Après avoir diner et discuter un petit peu avec ma soeur, j'avais décidé d'aller me coucher. La fatigue commençait à s'accentuer depuis quelques semaines, mais les vacances de Noël allaient pouvoir me permettre de me reposer. Vêtue de ma chemise de nuit et enroulée dans ma robe de chambre, je m'étais glissée dans mon lit pour m'engager dans un profond sommeil. Je me laissais très vite emporter par le monde des rêves, un monde que je connaissais bien. Mais cette nuit-là, j'aurais préféré ne jamais rêver... J'étais à Poudlard. Une vive lumière blanchâtre illuminait les lieux. C'était le soir du bal de Noël et le château avait été décoré pour l'occasion. Tout le monde arborait des robes de bal et des sourires plus joyeux les uns que les autres. A mon bras, ce n'était un cavalier homme qui s'y trouvait, mais ma soeur Néalia. Elle était magnifiquement habillée (tout comme moi) et me souriait à pleines dents. Depuis que nous étions devenues adultes, Cici et moi entretenions des rapports très fraternels. Nous avions enterré la hache de guerre et étions maintenant de vraies sœurs, aussi frappa dingues que proches. Nous entrâmes alors dans la Grande Salle qui avait été transformé en salle de bal pour l'occasion. Ma grande soeur à mon bras, les profs devaient ouvrir le bal. La musique commença et la danse aussi. J'entendais certains élèves rirent à nous voir toutes les deux danser. Je m'en fichais et souriait. De temps en temps, je croisais les beaux yeux bleus d'Erasmo Daponte, notre professeur de métamorphose. J'admettais qu'il ne me laissait pas indifférente. Le bal se poursuivit et les musiques s'enchainèrent les unes après les autres. Au milieu des élèves, je ne cessais de danser. Cici se trouvait face à moi et nous sautions au rythme des Bizarr'sisters. Soudain, le temps sembla se ralentir, comme si on avait jeté un sort à la salle. Ma vision se troubla et le son des guitares des Bizzar'sisters ne devint plus qu'un bourdonnement au loin. Mon regard se figea sur le visage de ma soeur qui perdit peu à peu son sourire pour devenir un regard rempli de terreur.

« Cici ? » demandais-je inquiète.

Ma voix était trouble, comme étouffée par quelque chose. Un énorme bruit retenti et la foule se baissa de surprise. Je vis alors un jet de lumière verte passer au-dessus de nos têtes. Un frisson glacé me parcouru le corps. Puis, un cri de terreur déchira alors l'assistance. Je me relevais croisant le regard de Cici tout aussi paniquée que moi. Elle me prit par la main et m'entraina hors de la piste de danse. Nous nous dirigeâmes en courant vers un groupe d'élève qui s'était formé. Je m'attendais au pire. Nous bousculâmes les élèves pour nous frayer un passage et découvrîmes le corps d'un élève allongé sur le sol, les yeux ouverts, mais le regard totalement vide. Sofia qui était arrivé à nos côtés, s'agenouilla près du corps. Elle posa une main dans le cou de l'élève puis se retourna, une expression de stupeur sur le visage.

« Il est mort » lâcha-t-elle d'une voix tremblante.



Je me réveillais alors en sursaut. Mon coeur battait à cent à l'heure et ma respiration était saccadée. J'étais en age et une expression de terreur se lisait sur mon visage. Je sautais de mon lit et courait jusqu'à la chambre de ma sœur, toujours terrorisée par le rêve de que je venais de faire.

« Cici ! Cici ! » criais-je en tambourinant sur sa porte. « Cici ! Ouvre-moi ! » suppliais-je les larmes aux yeux.

Quelques secondes plus tard, ma soeur ouvrit la porte de sa chambre en me demandant ce qu'il se passait.

« Cici, il est mort, je l'ai vu ! » déclarais-je en sanglot et en me jetant dans ses bras.

« Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? » me dit-elle en m'entrainant à l'intérieur de sa chambre.

Je tremblais de tout mon corps et des larmes coulaient sur mon visage. Cici essayait de me calmer. Elle connaissait bien la situation, lorsque je me réveillais en pleine nuit après avoir fait un rêve prémonitoire.

« Mon rêve...dedans...je l'ai vu...un élève... » bafouillais-je entre deux sanglots.

Cici me prit dans ses bras essayant de contenir mes tremblements.

« Chuuuut, calme-toi ce n'était qu'un rêve... » dit-elle pour me rassurer.

« Non, c'était pas un rêve, je le sais Cici. Un élève va mourir ! Un élève va mourir... » échappais-je dans un soupir.

Une larme coula sur ma joue et cette nuit-là, Cici resta à mes côtés pour essayer de me consoler. Mais, il n'y avait rien à faire. Je savais ce que j'avais vu dans mon sommeil n'allait pas rester un rêve.