On dit souvent que lorsque la mort s’approche pour cueillir une âme dans le monde des mortels, le mourant voit sa vie défiler devant ses yeux. Je démens. Je vais mourir. Je le sais. C’est comme ça. Un sentiment qui vous prend aux trippes. La sensation que plus rien ne sera comme avant. Que vous ne reverrez jamais vos proches. Que vous allez crevez tout seul dans votre trou, sans personne pour s’extasier devant la beauté terrifiante de la mort. Bientôt vous sentez son étreinte se resserrer, jusqu’à vous étouffer par la moite chaleur que dégage son souffle. Son odeur vous emplit les narines et vous partez… Vous mourez. Et après la mort, il n’y a plus rien. Pas même un vieillard barbu. Il y a juste vous et les souvenirs de votre vie qui vous hante… Vous êtes seul.

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Il fallait qu’elle accélère le pas, le cours allait commencer dans trente-trois secondes exactement.

Trente-deux…

Le poids du cartable pesait sur son dos, les lanières de cuir lui striaient les épaules. Elle regardait ses pieds, profil bas, comme d’habitude. À quoi bon si c’était pour encore subir les atroce ries des sangs-purs ? Elle était humaine mais pas conne ! Elle savait qu’être sang-mêlée n’était pas très appréciable de nos jours.

Vingt-neuf…

Un lacet qui se défait, une lanière de cuir qui lâche, la chute… « Aïe ! Fais gaffe ». Un regard s’est posé sur sa tête, elle le sait pertinemment, hostile ou bienfaiteur ?

Vingt-six…

Elle n’ose pas relever la tête. Elle n’ose pas dévisager ce visage, ce corps sur lequel elle s’est écrasée, affalée. Qui est-il ? Car c’est homme, elle en est sure grâce à son timbre de voix. « Tu n’a rien de cassé ? » Une main agrippe le bas de son menton et l’oblige à lever les yeux. Beau, brun, les yeux verts-gris, un sourire à en faire tomber plus d’un(e). Est-ce vraiment à elle qu’il adresse la parole ? Un sang-pur. Il puait le sang-pur. Pourquoi lui adressait-il la parole ? POURQUOI
Allait-il se moquer ? Puis brusquement, elle se souvint. Il n’était pas sang-pur ce con, il s’était fait passer pour tel il y avait belle lurette. Mais non, c’était un mêlé, comme elle.

Vingt et un…

« Lüx, ça va ? » Il connait son nom ? Comment ? Bien sur, elle avait fait sa connaissance d’une façon désagréable, mais n’était-il pas le genre de type à oublier le nom de filles qu’il roulait dans la farine ? Elle n’est pourtant pas populaire. On l’évite plutôt, une recluse. Bien sure, elle connait son nom. Lena Owens était très réputée dans le domaine de la médecine. Qui faisait face à Lüx en ce moment critique ? Le séduisant James Antons… Joueur de Quidditch, frimeur, baratineur, dépuceleur et dragueur à ses heures perdues… Il est tellement beau pourtant, avec ses yeux qui scrutent le recoin de son âme. Non… Elle s’est juré que jamais elle ne prendrait la place de ces filles sans cervelles qui remplissent les soirées- et surtout le lit- du beau brun. Elle, Lüx, une pauvre blonde platine aux origines scandinaves refilées par son salop de père. Elle faisait piètre figure en face du beau jeune homme aux yeux pers. Elle était assez excentrique, toujours a écrire des bidules sans queues ni tête sur la paume de sa main gauche. Toujours à encercler ses yeux d’un noir charbonné pour ensuite placer ses lunettes passées de plusieurs modes sur son nez. Looser. Pas vraiment non. Bien que fragile intérieurement, elle avait une force de caractère hors du commun. Il n’y a pas à dire, c’est une bosseuse Lüx. Partie avec l’handicap d’être sang-mêlé, elle s’était acharnée. Tiens, une autre différence entre lui et elle, il était évidemment richissime.

Dix…

«Casse-toi pauvre type.» Il esquissa un mouvement pour l’aider à se relever, mais la jeune fille le repoussa violemment ; « Ne me touche pas ! Je suis pas comme toute tes autres p*tes que tu traines chaque soir dans ton lit ! » Elle rassembla les bouquins éparpillés, encore une seconde plus tôt, sur le sol et s’en allât. Les larmes lui montaient avec une telle facilité aux yeux qu’elle en fut gênée… Elle s’était pourtant juré d’oublier ce jour maudit où IL l’avait humiliée. Le salaud. Faire comme si rien ne s’était passé. Elle s’était juré de se venger. Mais elle était trop faible… C’était au bal de Noël, il l’avait invité, et elle, sans se méfier, elle avait accepté. Puis il y avait eu le bombardement orchestré par LUI. Non mais franchement ! La bombarder avec des ballons remplis d’eau !

DRING !!!

Et merde. En retard. La prof allait gueuler. Lüx en était Certaine. Pourtant il n’y avait rien de plus important pour elle que ses études. Une femme sans un bon cv, ça n’avait aucun avenir. Une femme sans cv en étant sang-mêlé, c’était bon à jeter, aucun boulot et pas de mari. Lüx, elle, avait de la chance. Une parfaite miss je sais tout qui ne récoltait que des Optimals et qui faisait tout un cinéma lorsqu’elle descendait en dessous d’Efforts exceptionnels. Elle était très intelligente. Mieux, elle aimait qu’on le sache. Les nombreuses heures passées à la bibliothèque l’avait amenée à considérer cet endroit comme chez elle. Elle se consacrait plus à sa carrière qu’à ses amours. Elle était cependant curieuse. Ces professeurs n’avaient jamais rien à redire sur son travail. Cependant elle était –point de vue social- rebelle. Elle n’aimait pas se conformer aux règles imposées par ses égaux. Une fois elle avait embrassé une fille rien que pour faire taire un mec. Ces manières indigne d’une jeune fille lui venait de sa méfiance maladive envers les hommes depuis que son père avait ‘disparut’ dans la nature. Il les avait laissées tombées, elle et sa mère. Repartit en Suède peut-être. D’Origine Suédoise, il était un sang-pur. Encore une preuve qu’ils étaient tous des gros salauds. Le pessimisme de Lüx par rapport aux ‘sang-propre’ comme elle les appelait venait de là. « Vous êtes en retard Mrs Owens ». Lüx baissa la tête. « Excusez-moi madame, j’ai eu un petit contretemps, il n’en sera plus question aux prochains cours, je vous le promets. »