Locksburry's story : Morgan est né dans un petit village de la Republique d’Irlande d’une mère française et d’un père irlandais, Allie et Scott Locksburry, tous deux sorciers et éleveurs de dragons. Et contrairement à la grande majorité de la population sorcière et moldue, il n’est pas né seul : quelques minutes après sa mise au monde, son petit frère, Ewan, vint agrandir la famille. Et bien que plus jeune que lui, il n’eut de cesse de se comporter en grand frère protecteur voir tyrannique d’aussi loin que Morgan s’en souvienne. Il l’aurait bien soupçonné de vouloir prendre la place de leurs parents, ceux-ci étant plus souvent sur l’île où ils élevaient leurs dragons à l’abri des regards que dans la maison familiale sur la côte. Seulement, son côté protecteur s’était surtout développé lorsqu’ils devaient les sortir physiquement des ennuis dans lesquels ils s’étaient fourrés tous les deux : leur côté téméraire les poussaient à se lancer des défis toujours plus dangereux. Il se souvenait tout particulièrement du jour où ils s’étaient amusés avec les potions de leurs parents : Ewan l’avait tiré sous la table pour éviter l’explosion résultante et Morgan s’était occupé de convaincre leurs parents qu’ils n’avaient absolument rien fait de mal. Ils déménagèrent pour le Sud de la France où leur mère avait ses racines lorsqu’ils avaient 10 ans, et n’eurent aucun mal à s’adapter puisque leurs parents avaient mis un point d’honneur à ce qu’ils grandissent dans les deux langues et les deux cultures. Ils reçurent très vite leur parchemin respectif pour Beauxbatons, envoyés par des colombes qui ravirent Morgan (beaucoup moins Ewan, qui lui aurait voulu des aigles). Morgan s’épanouit pleinement dans son école sorcière si classe, assumant ouvertement son homosexualité, au grand malheur de son frère qui eut beaucoup de mal à l’accepter (le fait que ses conquêtes les confondent parfois n’ayant pas aidé). Si l’école lui convenait parfaitement pour ses ASPICs, elle lui semblait néanmoins d’un niveau trop inférieur à Poudlard quant aux études supérieures.

Lorsqu’on demande à Morgan des détails sur comment ils avaient démontrés des pouvoirs magiques, il répond invariablement « demandez à Ewan ». Non pas que l’histoire le dérange tant que ça, c’est juste qu’il n’arrive jamais à s’en souvenir. Et pour cause : elle est fausse. Comme tout le reste de son histoire. Il n’est pas né d’un père irlandais et d’une mère française. Il n’est pas né de parents sorciers, éleveurs de dragons relativement aisés. Et il n’est pas né avec un jumeau. Il n’est pas gay du tout non plus puisqu’il n’est pas un « il », mais une « elle ».

Ruby Scott, de son vrai nom, est née de parents moldus et pauvres, Sally femme de chambre et Finn Scott, pêcheur. Elle a grandit dans un petit village du Nord-Ouest de la Republique d’Irlande, sur la côte. Sa famille eut le malheur d’être protestante dans ce pays à majorité catholique, et le fait qu’ils n’étaient pas pratiquants ne faisait qu’augmenter le mépris des villageois. Pour couronner le tout, ils étaient soupçonnés d’avoir des ancêtres anglais, comble de l’ignominie en République d’Irlande. Ruby passa toute sa primaire dans la seule école du village, une école catholique. Brimée par les autres élèves et méprisée par ses maîtres et maîtresses, les incidents se multiplièrent autour de Ruby. Une jolie rousse aux yeux verts (so Irish !) qui faisait de la vie de Ruby un enfer se retrouva soudain avec une crinière de feu... littéralement. Ce ne fut qu’un des nombreux incidents qu’on attribua à Ruby, et dans ce village où les superstitions sont lois elle fut vite considérée comme une sorcière, l'engeance du Diable.
Le jour où son voisin, qu’elle ne voyait presque jamais vint l’aborder en lui disant qu’il voulait être son ami parce que lui aussi était sorcier, elle se dit qu’il était un peu taré sur les bords. Mais après tout, qui était-elle pour juger ? Ils devinrent amis. Il l’emmena chez ses parents, où elle put constater d’elle-même que non, il n’était pas fou et oui, il était bien sorcier. Tout comme elle. Il lui apprit le lancer de gnome (bien plus amusant à deux), et elle lui apprit la bicyclette (dans un chemin en pente… au bord d’une falaise). Ils s’entrainèrent et se sortirent des ennuis mutuellement pendant la plus grande partie de leur enfance et devinrent les meilleurs amis du monde.
Lorsqu’elle reçut son parchemin pour partir à Poudlard, ce fut le plus beau jour de sa vie, le fait que Liam ferait les siennes à Beauxbatons étant la seule ombre au tableau. Elle déchanta vite en arrivant à Poudlard. Elle qui s'imaginait se retrouver enfin au milieu de ses pairs, comprit très vite qu'encore une fois ses origines déplaisaient. En tant que "née-moldue", elle était inférieure aux autres, et elle se vit petit à petit exclue, privée de ses droits. Elle essaya d'en parler dans la correspondance assidue qu'elle entretenait avec Liam, mais elle ne pouvait se résoudre à laisser son quotidien noir envahir cette partie de sa vie qui n'avait toujours été qu'une source de joie pour elle. Elle diminua l'étendue du problème, ses allusions restant vagues et acceptant les réassurances de Liam. Et pendant les étés qu'ils passaient ensemble elle s'appliquait à oublier Poudlard et Grindelmonk.
Quand ils obtinrent enfin leurs ASPICs, ils passèrent l’été de leur dix-sept ans à faire la fête comme jamais. Elle l’entraîna dans les boîtes de nuit moldues où elle se moqua des difficultés qu’avait Liam à s'acclimater à son monde et surtout à draguer les moldues, et où elle prit sa première cuite. Ils découvrirent ensemble le meilleur des festivals rock moldus. Elle oublia tous les problèmes qu’elle avait rencontré à Poudlard en tant que née-moldue, et cet été à Locksburry sera à jamais pour elle synonyme d'insouciance et de liberté.
Ils rentrèrent quelques semaines avant la rentrée, et son statut de née-moldue lui revint en pleine face lorsqu’elle eut le malheur de croiser le chemin de sorciers Sangs-Purs de son village dans un état d’ébriété plus qu’avancée. Ils l’avaient insultée, elle avait riposté, ils avaient tenté sans succès de lui lancer des sorts (trop bourrés pour énoncer correctement) et elle s'était moquée d'eux (alors c'est ça, l'espoir des sorciers, les magnifiques Sangs-Purs, incapable de lancer un simple Jambencoton ?). Ils l'avaient encerclée et tabassée en représailles. Son monde se réduisit alors aux coups qui pleuvaient sur elle, et elle finit par terre, la respiration bloquée, la vue brouillée. Et puis soudain elle vit quelque chose foncer sur ses agresseurs (une bicyclette, elle apprit plus tard), des mains la tirer sur ses pieds et l'entraîner dans une course folle. Liam. Son meilleur ami, venu encore une fois la sauver d'une situation où les mots ne suffisaient pas. Ils coururent aussi vite et aussi silencieusement que possible mais si le couvert de la nuit empêchait leurs agresseurs de les suivre il les empêchait aussi de voir où ils mettaient les pieds. Ils arrivèrent chez Liam épuisés mais majoritairement sains et saufs. Liam l’entraîna dans sa chambre pour qu’elle se repose, et comme elle refusait de lui lâcher la main c’est là qu’il expliqua la situation à ses parents. L’histoire aurait pu s’arrêter là. L’histoire aurait dû s’arrêter là.
Sauf que les sorciers les avaient suivis. Ils étaient rentrés dans la maison, soûls et enragés. Après s’être pris quelques meubles, ils avaient décidé d’illuminer leur chemin. D’un Incendio. Trop bourrés pour se souvenir d’un sort de première année. Les parents de Liam, furieux, étaient descendus. Le temps qu'ils arrivent dans l'escalier, les flammes avaient commencé à ravager le rez-de-chaussée leur lueur chaude éclairant la chambre. La fumée se propagea, leur brûlant les yeux et la gorge.
Ruby eut peur que Liam se jette dans les flammes sans réfléchir à la recherche de ses parents. « Sors-moi de là », lui a-t-elle supplié (sors de là pensait-elle). Il hésita, lui obéit. Perdit ses parents. Mr et Mme Allister ne sortirent jamais de cette maison. Leurs agresseurs, par contre si. Et ils semblaient déterminer à effacer leurs traces même s'il leur fallait pour cela tuer deux personnes de plus...
Ruby et Liam fuirent. Ils se cachèrent d’abord en Irlande, où ils apprirent par la rumeur sorcière que Ruby Scott « La Sang de Bourbe » était recherchée pour incendie criminel ayant causé la mort. La famille Allister, au complet, était déclarée morte. Liam Allister n’existait plus. Ruby Scott était une meurtrière. Ils vécurent d'abord dans des squats, où Liam devait les protéger des toxicos qui y avaient élu domicile. Puis le visage de Ruby devint de plus en plus connu, de plus en plus recherché.
Ils partirent pour la France, que Liam connaissait bien (et où on ne connaissait pas Ruby). Leur cavale dura un an, durant laquelle Ruby apprit à trafiquer des cartes bleues moldues, à fabriquer des faux papiers pour se loger et se nourrir. Et à dépenser les sous virtuels de sa carte bleue trafiquée dans les boutiques les plus chics de Paris (ce n'est pas parce qu'on est en cavale qu'on ne peut pas se faire plaisir).
Ils finirent tous les deux par accepter qu’ils ne pouvaient pas vivre comme ça indéfiniment. La quantité de paperasse qu'ils devaient falsifier pour se loger était trop importante et Ruby y laissait trop d'erreurs. Ils commençaient à attirer un peu trop l'attention sur eux.
Alors ils décidèrent d’aller à Poudlard où on ne connaissait pas Liam, censé être mort. C'était le seul endroit où ils n'auraient besoin que d'un seul dossier pour être nourris et logés. Ruby devrait venir sous une nouvelle apparence. Une nouvelle identité. Et surtout, revenir en tant que sang-mêlé, et pas en Sang-de-Bourbe. Et quel meilleur camouflage que de passer du sexe féminin au sexe masculin, d'enfant unique à jumeau ? Surtout qu'ils ne voyaient personne d'autre pour lui fournir les cheveux nécessaires au polynectar.
Ils trouvèrent de fausses identités, s'inventèrent une histoire commune. Elle forgea des dossiers scolaires grâce aux connaissances de Liam sur les papiers officiels de Beauxbatons. Ils inventèrent la Raxacoricofalapatorius pour que Morgan puisse boire son polynectar toutes les heures, masqué en antidote. Elle tenta de s'habituer à ce corps d'homme, et Liam prit l'habitude de parler à son sosie. Il essaya de la "masculiniser", avec un succès somme toute limité. Elle ne perdit jamais ce tic qu'elle avait de remettre délicatement ses cheveux derrière ses oreilles, malgré les tapes répétées de Liam sur sa main.
Et, parce que Liam pensait que c’était trop dangereux, elle ne contacta jamais sa famille. Il avait tout perdu pour elle. Elle fera tout pour lui... enfin sauf bien sûr être un mec hétéro, 'fallait pas pousser non plus. Ni à boire du jus de citrouille, elle est allergique.