Il n'y a rien de plus passionnant qu'un livre. Du moins, il s'agit de l'avis de cette chère Wendy Clark. Il faut, pour certaines personnes, peu pour être heureux... dans la mesure du possible, bien évidemment. Vivre d'eau fraiche et de verdure ne parviendraient pas à satisfaire les désirs de la plupart des hommes, si ce n'est de tous. Quoi de plus compréhensible ? Certains veulent des galions en masse, d'autres de la nourriture à profusion. Pour notre demoiselle, il s'agit des bouquins. Qu'il s'agisse d'un livre de cours, d'un roman ou d'un recueil de poèmes, tout y passe. Dans ce domaine là, elle est bien du genre insatiable. Il y a trop de choses à savoir, trop de reconnaissances à posséder, trop d'univers à découvrir. Ils envahissent même parfois jusqu'à ses rêves. De quelles manières ? Une nuit, elle devient l'héroïne d'une aventure palpitante, affrontant milles dangers et épreuves. La suivante, la Miss se trouve au bord d'un lac, parchemins et plume à la main, laissant vaguer son esprit. Peut-être que ce passe-temps est maintenant devenu une véritable addiction. Pourra-t-elle s'en passer un jour ? Wendy ne préfère pas y penser, on lui enlèverai alors sa liberté.
On lui a toujours appris à faire et surtout, assumer ses choix. N'en doutez pas, il s'agit d'un travail de longue haleine, d'un périple où les moments de souffrance ne sont pas rares. Il n'est pas donné à tout le monde d'y arriver. Un petit mérite personnel ? Pourquoi pas, cela n'a jamais fait de mal après tout. Tout cela pour dire qu'on ne pourra jamais, non, jamais, lui reprocher de ne pas agir. Elle doit cela à l'un des nombreux enseignements de sa mère, tout comme la passion des livres.
Miss Clark aurait pu travailler dans les plus grandes bibliothèques du monde des Sorciers. Avec l'enseignement supérieur dont elle avait bénéficié, il lui aurait bien été facile de trouver un job bien placé avec un salaire des plus satisfaisant. Avez-vous déjà entendu parler de l'illustre bibliothèque d'Alexandrie ? Il y a, bien entendu, celle que les moldus connaissent, mais pas seulement ! Celle concernant les sorciers est absolument énorme, pour ne pas dire effrayante. Elle regorge de reliques, de connaissances datant des temps les plus anciens, de manuscrits qui semblent, à première vue, totalement indéchiffrables. C'est là toute la beauté des ouvrages. Prenez-en un au hasard, à la couverture parfaitement neutre et vous ne savez pas sur quoi vous allez tomber. Un peu comme les Bertie Bott's Every Flavour Beans. On ne se méfie jamais assez des risques que l'on prend en ouvrant un grimmoire. Peut-être contient-il de sombres secrets de Magie Noire. Allez-vous fuir si tel est le cas ? Peut-être contient-il de succulentes recettes de puddings ou de tartes à la mélasse. Allez-vous vous régaler si tel est le cas ?
Ne vous avisez pas d'en rire braves gens. Une curiosité excessive peut conduire à la folie, à prendre des décisions effroyables ou s'approprier un savoir qui dépasse de loin nos espérances. Chaque lecture a ses conséquences, petites ou grandes.
Oui, une Alexandrie ou autre n'attendait qu'elle, bien que son jeune âge pouvait être quelque peu handicapant. Comment être crédible lorsque l'on a dix ans de moins que les collègues ? Peut-être que le fait qu'elle soit blonde eu jouer un rôle dans tout cela... à voir. La vie n'est-elle pas injuste ? Enfin bref, passons. Que cela soit l'Egypte ou un autre pays, l'éloignement était trop important, le déracinement trop grand. Imaginez un peu la réaction de la demoiselle lorsqu'on lui a proposé le poste de bibliothécaire à Hogwarts. Quelle chance inespérée ! Un poste sérieux dans son ancienne école, Wendy ne pouvait qu'accepter. De plus, l'ancienne gardienne de cette antre avait un caractère affreux. Pauvres étudiants ! Il fallait bien qu'elle vienne les aider non ? Quelle âme charitable, cela m'en coupe le souffle.
Bien sûr, cette situation est moins glorieuse, moins rémunérée que celle citée précédemment mais ce n'est pas pour cela que Wendy a le moindre regret. Loin de là. Son métier, elle l'aime. Elle l'a su le rendre passionnant, indispensable à sa vie, utile pour les autres. Bien des étudiants ne se rendent pas compte du rôle que les livres pourraient avoir dans leur vie. Il faut bien des ignorants dans ce bas monde, sinon, où serait l'intérêt ?
La majorité des personnes pensent que les bibliothèques sont des lieux où le bruit est proscrit. La plupart du temps, c'est le cas. Le moindre chuchotement vaut un regard noir. Ne vous avisez surtout pas d'éternuer dans cet endroit sacré, les foudres de la bibliothécaire s'abattront sur vous sans pitié ! Exagération ? Si peu... Si vous êtes de cet avis là, venez faire un petit tour à Hogwarts, vous en serez étonnés, je vous assure.
Quelle heure était-il de si bon matin ? Aux alentours de six heures et demie, à en croire l'immense horloge qui se balançait de droite à gauche, inlassablement. Personne dans les salles de classes. Personne dans la Grande Salle. Personne dans les couloirs. Personne dans la bibliothèque. Vraiment ? N'est-ce pas une chevelure blonde que je viens d'apercevoir au détour du rayon médicomagie ? Une élève intrépide ? Point du tout. Il ne s'agit que de Miss Clark, vérifiant tranquillement si chaque livre se trouve à sa place. Un travail rébarbatif, certes, mais nécessaire. Dans une petite heure, les portes de la bibliothèque seront grandes ouvertes à tous les élèves... enfin... tous sauf ceux de Grindelmonk. Cette décision de les exclure avait révolté Wendy, elle-même étant une née-moldue. Cependant, elle ne pouvait pas se permettre de faire des vagues. Elle était bien plus utile au sein du château que chez elle.
Elle poussa un soupir de soulagement. Tout semblait être en ordre. La jeune femme s'apprêtait à bouquiner lorsqu'un grattement se fit entendre. De toute évidence, quelqu'un s'amusait aux portes. Ni une, ni deux, elle se précipita et ouvrit dans un grincement les battants. Un coup d'œil à droite, un coup d'œil à gauche. Rien. Le néant total. Commençait-elle déjà à devenir folle ? Elle allait se retirer lorsque le grattement persista. Étrange... il semblait bien prêt d'elle, venant d'en bas. D'en bas ? La blonde baissa alors le regard. Elle ne se retint pas de faire les gros yeux. Un carton imposant trônait fièrement, un parchemin reposant au-dessus. Ah oui, les nouveaux livres de Soins Aux Créatures Magiques. Comment avait-elle pu oublier cette livraison ? Quoique... une livraison sans livreur reste-t-elle une livraison ? Telle est la question.
Rassemblant ses pensées, Wendy fit léviter le paquet jusqu'à une table. Le professeur Harrington allait être contente. Depuis le temps qu'elle les attendait ceux-là. Rrrrrrrrrrrrr. Un nouveau bruit. Sa provenance : le carton. La curiosité est un vilain défaut, Clark devrait le savoir. Et pourtant, ce n'est pas ce bon vieux dicton qui l'empêcha d'ouvrir la commande. Elle allait s'en mordre les doigts. Sans mauvais jeu de mots.
Les faibles lumières du lieu éclairaient faiblement l'intérieur de la boite. La Miss fronça les sourcils. Étaient-ce des poils qu'elle touchait là ? Étaient-ce des yeux qui la fixaient intensément ? Étaient-ce des grognements qui sortaient de mâchoires ?
Des mâchoires ? Mais qu'est-ce que... Vladadam, et voilà des bouquins au sol. Des livres qui sont de toute évidence vivants. N'y avait-il pas là un petit souci ? Wendy resta immobile. Cela ne pouvait pas être vrai. Une vraie armée de grimoires sauvages paraissait être dangereusement intéressée par elle. Ces fichus livres n'allaient tout de même pas la mordre n'est-ce pas ? Apparemment si, et c'est douloureux. Elle dégagea d'un coup de pied un monstre qui avait pris sa cheville pour un morceau de steak et récupéra sa baguette qui s'était faite la malle dans l'agitation. C'est sans compter un coin de table qui vint violemment à la rencontre de sa tête.
Aouch ! Merveilleux, tout cela était merveilleux. Ces bestioles étaient-ils comme les requins ? Attirés par l'odeur du sang ? Vue les dizaines de paires d'yeux qui a suivaient du regard, oui. Misère de misère, nous avons des problèmes.