« Ma belle Kataleena, insondable créature qui a fait de ma vie un véritable paradis alors que tu fais de celle des autres un enfer. Tu préfères la fin de l’automne et son chaos, l’hiver et sa froideur, plutôt que le printemps lorsque la vie renait et les sourires reviennent. Tu ne supportes pas les beaux jours du printemps, et l’excitation exubérante que ça provoque chez les gens. Pourtant tu aimes la chaleur, mais seulement lorsque c’est celle qui froisse les draps en satin de ton lit, ou lorsque l’astre réchauffe ta peau sur la plage. Tu ne supportes pas les rires des enfants, et pourtant, au fond, tu es comme eux. Une part de toi à garder cette âme innocente qui te rend si belle… Mais elle a aussi été fortement amochée. Bien que tu arrives encore à rire des simples plaisir que nous offre la vie, tu la vois d’un œil sinistre. Tu n’en attends plus grand-chose. Peut-être est-ce pour ça que tu es partie ? Laissant tomber ta brillante carrière, moi avec. Tu ne croyais plus pouvoir arrêter ce mal qui ronge le monde. Et j’ai bien peur qu’à ton tour, tu ne te mettes à le détruire. Si jeune et pourtant si désillusionnée. Tes moments de gentillesse n’existaient que pour être plus cruels ensuite. Et tu t’en amusais. Tu leur parles de vertus, alors que tu leurs apprends les vices... Ma douce et dangereuse sorcière, j’aurais tellement voulu t’apporter plus… T’apporter ce que tu désirais, ce que tu cherches sans oser le formuler… »
GAVIN, AMI D'ENFANCE. lettre non envoyée.« Kataleena était une de mes élèves les plus douées. Pas la meilleure... Mais sans aucun doute l’une des plus puissantes. Passionnée et brillante… Cependant, elle était loin d’être une étudiante modèle. Elle n’en faisait qu’à sa tête. C’était, selon ses envies, selon ses humeurs. Elle passait outre les consignes. Pour elle, les règles étaient faites pour être enfreints. Je n’ai pas été surpris d’apprendre qu’elle avait réussi à devenir Auror. C’était fait pour elle… Même si certaines de ses méthodes n’ont pas fait l’unanimité. Kataleena est du genre à combattre le mal par le mal. Déjà lorsqu’elle était étudiante je l’avais remarqué… Ca effrayait certains de ses professeurs, mais vous imaginez bien qu’il m’en fallait plus que ça. Elle était si hypnotisée, fascinée par cet art qu’est la magie noire. Elle en comprenait la moindre subtilité. Alors il était difficile de trouver meilleure personne pour la combattre. Et puis, il faut bien avouer que son don l'a aidé à de nombreuses reprises. Même si selon certains, elle en abuse. A plusieurs reprises j’ai eu peur qu’elle ne se penche un peu trop de l’autre côté de la barrière. Mais je pense que les élèves peuvent beaucoup apprendre d’elle… Et qu’elle a beaucoup à donner, même si elle ne le montre pas. »
ANCIEN PROFESSEUR DE MAGIE NOIRE.« On a tous besoin de croire que quelque chose existe au-delà de la banalité du quotidien. Être capable de se transformer en quelque chose de mieux, même si personne ne croit en vous. »
« Tu sais que tu n’as pas le droit dans l’esprit des gens… juste comme ça ? » Je jouai avec mon verre le faisant tourner entre mes doigts, alors que liquide couleur ocre tournoyait encore plus, et menaçait de déborder.
« Je sais… » « ….alors pourquoi tu le fais ? » Je relevai les yeux vers Ana. Son regard azur me transperçait. Mais ce n’était pas un regard perçant agressif, il était plutôt doux. Elle s’inquiétait de l’utilisation que je faisais de mon don… Elle n’aimait que j’entre dans la tête des gens, comme ce matin, contre le mage noir dont on était censé s’occuper. Mais je ne voyais définitivement pas le souci… Il n’était pas innocent, et il n’était pas le genre de personne que l’on pouvait qualifier de bonne. Mais Ana les défendait tous.
« Ca m’amuse. Et je crois que je voulais l’humilier… Il torture, il se croit tout permis… J’ai voulu, je sais pas… remettre les choses au clair dans sa tête. » « En l’humiliant à ton tour ?! » « Ca lui apprendra ! » Répondis-je du tac au tac. Je savais qu’Ana n’apprécierait pas ma réponse. Elle ne cessait de me répéter qu’en faisant ça, j’agissais comme eux. Mais je ne pouvais m’en empêcher. Ils étaient persuadés d’être les maîtres du monde. Je voulais qu’ils voient ce que c’était que d’être humilié… S’introduire dans leur tête… Ridiculiser leurs souvenirs. C’était jouissif. Et comme prévu, Ana soupira. Je lui fis un sourire désolée, alors que je ne l’étais pas tellement, et elle me répondit par un air désespéré… elle me connaissait parfaitement. Elle préféra finalement changer de sujet. Sans doute avait-elle jugé inutile de continuer sur cette voie là… Ca ne mènerait à rien. Chacune de nous avait une opinion foncièrement différente sur la question.
« tu sais que Gavin est dingue de toi … ? » Je faillis m’étouffer avec ma bière. Oui je le savais, du moins, je m’en doutais. Mais c’était… compliqué.
« Hum… vaguement. » « A quoi tu joues Kat’ ? Enfin… Ce mec est parfait. Attentionné, drôle, gentil, qu’est-ce que tu veux de plus ? » Bonne question. Je n’en avais pas la moindre idée... Tout ce qu’elle disait était vrai… Gavin était sans aucun doute le mec parfait, mais j’sais pas. Une chose me retenait, et pourtant, je l’aimais… Mais de nos jours ça suffit plus. Parfois il me semblait qu'à l'intérieur de moi quelque chose faisait défaut, un fil inversé, une pièce défectueuse, une erreur de fabrication, non pas quelque chose en plus, mais quelque chose qui manquait.
« Je ne veux pas de l'amour. Enfin… Si je me mets à aimer des trucs ou quelqu’un, je sais que ça va être pire, que ce sera encore une chose qui me causera du souci. Tout est moins douloureux quand on n'aime pas… » Je savais qu’au fond, elle me comprenait… Même si Ana était une incorrigible romantique.
«J'ai le sentiment de ne pas vivre vraiment, mais seulement exister. Je porte en moi une sorte de nostalgie que je n'arrive pas à décrire, la nostalgie de quelque chose qui semble perdu. J'ai l'impression de m'être arrêtée quelque part, d'avoir une part de moi inachevée. »
Je portai ma cigarette à ses lèvres avant de prendre une bonne bouffée. Je souris instantanément. J’étais accro à cette merde qu’avaient inventée les moldus. Je me plaisais à penser que cette douce drogue était un peu comme moi. Bonne et apaisante sur le moment, mais terriblement nocive sur le long terme. Une fois de plus, cette pensée me fit sourire. Je relevai la tête, apercevant ainsi le château de Poudlard. C’est là que je retournais. J’ai quitté cette école après avoir fini mes études de sécurité magique. Et voilà que j’y retourne. Non pas comme prof, mais comme assistante de professeur de Défense contre les Forces du Mal. J’ai longuement hésité… Ca ou la magie noire. J’excelle dans les deux domaines. Et si j’ai obtenu ce poste, c’est pour ensuite devenir professeur… Enfin, sans doute. Si je ne changeais pas d’avis d’ici là. Seulement il aurait été inconscient de me confier l’enseignement de la magie noire. Un professeur doit pouvoir prévenir ses élèves des dangers que son art comporte, il doit leur apprendre à s’en méfier, et à l’utiliser avec précautions. Et selon certains, je suis si passionnée par cet art que le doute était permis quant à ce que je pourrais faire. Bien que j’en connaisse les pièges et les dangers, j’en étais toujours fascinée, comme au premier jour. Mais la passion c'est comme la drogue : au début tu penses la maitriser, puis un jour, tu dois bien admettre que c'est elle qui te maitrise.
J’écrasai ma cigarette contre le pavé avant d’attraper la photo que j’avais dans ma poche. Un sourire triste s’installa sur mon visage. Deux jeunes femmes dansaient et riaient sur la photo. Elle me manquait. Vraiment. Ma meilleure amie… On avait grandi ensemble. On s’était rencontrées deux ans avant leur entrée à Poudlard. L’une envoyé à Serpentard, l’autre chez Gryffondor. Mais ça n’avait en rien entaché notre amitié. Et on avait suivi le même cursus, obtenus nos diplômes la même année… Et avait finalement été prises comme Auror. Toutes les deux, comme à chaque fois. Seulement un jour, quand c'est le moins probable, au moment où on s'y attend le moins, le monde s'écroule sous nos yeux. Une affaire qualifiée de délicate, comme on les aimait, qui nous avait conduit tout droit au sud de l’Angleterre. J’ai pas compris ce qu’il sait passé ce jour là. Rien n’était différent des autres jours pourtant. On n’avait jamais pris notre boulot à la légère… Jamais. Et on aimait ce qu’on faisait, on y était corps et âmes. Elle m’a évité un sort Doloris, mais c’est elle qui c’est finalement prit le coup fatal. Un battement paupière et c’était fini. Juste comme ça. On était censé les ramener vivant, pour qu’ils soient jugés et enfermés à Azkaban. J’ai pas pu. C’était trop tard. Ils venaient de me l’enlever. Ils avaient pris sa vie, alors j’ai pris la leur. J'ai conscience de partir à la dérive, mais tu sais, ça fait un bien fou de se sentir hors de contrôle, j'en oublie mon chagrin et j'ai l'impression que rien ne peut m'arriver, alors je continue. Je sais pas, c’est juste que c’est dur de sourire sans elle.