down the trail to somewhere ϟ sonny

“ seule l'histoire n'a pas de fin. ”
down the trail to somewhere ϟ sonny Bannireastridbergsfrisb

Les talons claquaient sur le sol, presque imperceptibles parmi la foule environnante. Derrière la cadence rythmée flottait la sombre cape aux armoiries océans, la longue chevelure brune ondulant avec fluidité dans le dos féminin. L’esprit qui abritait ce corps filiforme était habilement et étrangement serein. Pour la première fois depuis tous les évènements de cet été, Sonàta profitait de l’inattendu moment de répit. Elle ignorait pourquoi ni de quelle façon il s’était ainsi insinué en elle mais elle l’accueillait comme un baume sur la blessure saignante de son âme, évitant au plus son esprit de revenir vers les sombres pensées qui obstruaient quotidiennement l’équilibre intérieur qu’elle semblait ressentir. La précarité de cette situation se fit évidente chez la sorcière qui se mit à compter les secondes la séparant d’un brutal retour à la réalité. Elle laissait donc vagabonder les chimères de son imagination, au loin parmi les fleurs, portés par le souffle léger du vent. Le ciel était partiellement dégagé, les nuages courant sur l’infini tapis bleu, laissant l’astre chaleureux glisser sa lumière jusqu’au sol écossais. De la même façon, la jeune brune traversa la cour de Poudlard, contournant la fontaine, pour se perdre dans un couloir bien moins fréquenté que l’ensemble de la bâtisse à l’atmosphère parfois étouffante. Elle avait espéré y trouver la fraicheur silencieuse qu’elle quêtait depuis plusieurs jours mais heurta encore sa volonté à un nouvel échec alors qu’une silhouette se dirigeait vers elle à l’entrée du corridor. « Ah Miss Nott, vous tombez bien. » Trop tard pour faire demi-tour, la concernée ne put néanmoins s’empêcher de rouler discrètement ses prunelles de jade avant de relever la tête vers son interlocuteur. Son bras esquissa instinctivement un mouvement vers la manche opposée, la rabaissant encore plus sur son fin poignet. Geste bien inutile car ce qu’elle cherchait à dissimuler était parfaitement hors de portée des rustres regards. L’homme, de petite taille, au corps plutôt mal équilibré, tenait dans ses mains plusieurs fioles que Sonny côtoyait quotidiennement depuis la rentrée. « Je devais apportez ça à l’infirmerie mais un contretemps m’en empêche, pourriez-vous les déposer pour moi ? » Une affirmation plus qu’une question. Un seconde plus tard, la carrure disparaissait à l’angle du couloir, l’écho de sa voix râpeuse s’éteignant rapidement.

La belle sang-pur se retint encore de lever les yeux vers le plafond, manie qu’elle essayait de limiter - certes de moins en moins -. Les fioles dans les mains, elle repartie sans un mot, les protestations intérieures fusant. L’étau de la fatigue se resserrait progressivement autour de sa nouvelle victime, éraflant la réelle détermination de Sonàta de ses griffes d’aciers. Elle avait toujours été assez solitaire, sauf avec quelques personnes, et ne se serait pas plains de ce genre de « service » mais les conditions aujourd’hui étaient différentes en bien des façons. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour arriver devant les lourds battants de bois ouverts qui marquaient l’entrée de l’infirmerie. Elle reforma sur son visage de poupée l’un de ses nombreux masques, ici impassible et impersonnel. La pièce aux nombreux lits dont certains occupés, semblait en dehors de ça, vide de toute vie. Enfin presque. A quelques pas de la grande brune se tenait l’infirmière de Poudlard que Sonny avait déjà rencontré quelque fois depuis son arrivée au château. Elle prit une inspiration, et expliqua la situation au docteur Windsor en lui remettant les potions. Elle ne fut pas étonnée de la voir disparaître dans un placard bleu magique, pour l’avoir déjà vu faire Il aurait été si facile de s’en retourner d’où elle venait sans un regard pour celui qui reposait à moins de quelques mètres d’elle. Mais le hasard en décida autrement et les pupilles cristallines de Sonàta découvrir le visage familier et endormi près de la grande fenêtre. Alors qu’elle l’évitait depuis l’annonce de leurs fiançailles cet été. Alors qu’elle ne parvenait plus à poser les regards qu’elle avait avant eu naturellement pour lui depuis cette annonce inattendue. Lui qui avait été un ami proche s’emmêlait dans un tourbillon confus pour la brune qui s’approcha inconsciemment du lit sur lequel était allongé son ami, et actuel fiancé. Elle demeura quelques secondes ainsi. Une partie d’elle désirait rester près de lui jusqu’à son réveil, comme elle l’aurait avant fait. Mais une autre moitié, sur le moment bien plus influente, composé de peur et d’incertitude lui imposait de quitter la pièce. Alors qu’elle fermait ses paupières et commençait à se détourner du lit, un bruissement de draps l’arrêta dans son élan.

FLASH BACK ON

Sonny, tu es fiancé à présent. Tu es fiancé à Sonàta Nott, ta chère amie.
Va au diable, espèce de vieux délabré !

Coup de tête dans le torse puis courir. Courir pour s’échapper. S’enfuir.

En réalité, non, cela ne s’était pas vraiment passé ainsi.
Sonny, tu es fiancé à présent. Tu es fiancé à Sonàta Nott, ta chère amie.

Sourire naturel, semblant presque enjoué par cette nouvelle mais qui sonnait totalement faux. Il contrattaquerait. Non, il n’acceptait pas. La colère bouillonnait en lui. Il contrattaquerait.

FLASH BACK OFF

Alors fréro, on rêvasse ? Lança Asher sur le ton de la moquerie.

Asher, ou s’adapter, toujours s’adapter. Aujourd’hui, Sonny optait pour un simple grognement mais le lendemain, peut-être qu’il se jetterait sur lui et le surlendemain, il plaisanterait à propos d’un sujet quelconque. Pourquoi avait-il une famille pareille ? Un père qui lui imposait une fiancée, une mère insensible à ce drame, un frère sadique sur les bords et un autre lunatique à en mourir. Sur quel pied danser ? C’était la question que Sonny se posait le plus souvent lorsqu’il était en compagnie de son frère. Il devait deviner à chaque fois, ayant une chance sur deux de faire le mauvais choix. Et mauvaise pioche signifiait angry man.
Il avait raison après tout, il fallait qu’il cesse de rêver à propos d’actes qu’il n’avait pas commis mais qu’il aurait du commettre. Amadeus d’ailleurs fonçait vers lui, le souafle coincé sous le bras, défiant Sonny du regard. Il inspira un coup, concentré. Le souafle ne devait surtout pas traverser un des anneaux d’or. Il ne voyait plus que la balle en cuir rouge, qui arrivait à grande vitesse vers lui. Virage serré d’Amadeus. Sonny qui se préparait à intercepter le souafle avec la partie antérieure de son balais puis…

Le noir. Il lui semblait entendre quelques rires, des voix familières mais tellement lointaines… Où était-il ? Il ne savait pas trop mais il désirait y rester. Il s’y sentait bien, affreusement bien. Il était léger, si léger, et n’avait aucune inquiétude, aucune préoccupation qui polluait son esprit. Rien. Comme c’était bon d’être dénudé de toute émotion, de toute pensée. Qu’y avait-il autour de lui ? Tout semblait brouillé, flou. Il ne voulait pas savoir. Il y avait une sorte d’écho autour de lui, quelque chose qui résonnait mais qui restait éloigné. Elle se rapprochait et l’atteignait, se répercutait et finalement, l’intégrait. C’était une douleur sourde, une douleur qui s’amplifiait. Des ondes semblaient se propager à partir de son abdomen vers tout son corps, des ondes de plus en plus intenses, comme des vagues en temps de tempête. Cela devenait insupportable, il devait échapper à cette souffrance. Et pour cela, aucune autre solution que de quitter les lieux, pensait-il.

Sonny gémissait presque dans son « sommeil » dont il semblait se réveiller lentement. Lorsqu’il entrouvrit les yeux, la douleur n’avait toujours pas disparue. Elle était même plus forte, plus présente. Il aurait du rester endormi, supporter la douleur sourde mais lointaine par rapport à celle qu’il devait endurer à présent. Elle hurlait dans ses oreilles, elle martelait ses membres, l’engourdissait. Il était épuisé. Néanmoins, Sonny tenta tout de même de se relever. Mauvais choix : un troll semblait alors frapper son crâne avec sa massue. Comme si la souffrance qu’il ressentait n’était pas suffisante. Il posa sa main sur sa tête, espérant que cela apaiserait sa douleur. Loin de là malheureusement.
Il parcourut la pièce où il se trouvait d’un regard et comprit qu’il était à l’Infirmerie. Avec autant de lits alignés, il était impossible de se tromper. Il aperçut une silhouette qui s’en allait, trop familière pour ne pas être reconnue. Etait-elle venue le voir ? Elle semblait sur le départ en tout cas.

Sonny…

Ce nom sonna étrangement dans sa bouche, comme s’il ne l’avait jamais connu. C’était pourtant le sien et le surnom de la jeune fille. Soudainement, il eut le sentiment de ne l’avoir jamais connu, c’était étonnant à quel point une décision pouvait tout changer. Elle restait à ses yeux la petite fille qu’il avait rencontrée bien des années auparavant, son visage lui décrivait leurs innombrables farces, leur complicité innocente. Mais cela paraissait n’avoir jamais existé, tenir d’un mirage. Même le terme « fiancée » lui semblait brusquement inconnu, avoir une teinte plutôt désagréable, dans son esprit. Il ne pourrait jamais s’y faire et il ne s’y résignerait pas.

Ne pars pas…

Imbécile profond ? Rien au fond de lui ne voulait la retenir, cela ne ferait que de lui rappeler les termes de son père. De son injuste père… Sonny, tu es fiancé à présent. Tu es fiancé à Sonàta Nott, ta chère amie. Qu’il aille au diable.

… S’il te plaît.