milandra & edwina

The enemy is anybody who's going to get you killed, no matter which side he's on.

Le temps était idéal pour une ballade dans le parc. Milandra, dont les cheveux blonds volaient sous le léger vent qui soufflait sur le lac, lança un regard circulaire au terrain qu'occupait son établissement et un fin sourire prit place sur son visage : l'année commençait particulièrement bien et la jeune femme n'avait pas grand chose à réviser pour le moment, ce qui lui laissait le temps de se remettre dans le rythme de Poudlard. Alors, après avoir brièvement relu son cours d'histoire de la magie avancée affalée sur le canapé de sa salle commune, elle s'était faufilée à l'extérieur à la recherche d'un peu de solitude. Glissant une main dans sa poche à la recherche de sa baguette, elle joua un instant avec sans la sortir, entamant son circuit avec la ferme intention de se rendre presque à la limite de la forêt interdite. L'endroit était loin de lui faire peur, depuis le temps ! Durant ses premières années, oui, elle avait ouvert grand les yeux à l'écoute des histoires des Serpentard plus grands qu'elle, mais finalement quand elle avait grandi, le danger avait pris une toute nouvelle apparence pour elle. Soit, ce n'était pas comme si elle allait y entrer non plus, elle voulait juste s'asseoir à côté et écouter les bruits de la sombre nature.

Alors qu'elle marchait d'un pas décidé, quelques silhouettes sur sa trajectoire attirèrent son attention, et l'une d'entre elles en particulier. Son sourire s'élargit mais il était évident qu'il n'avait pas la même signification. C'était un sourire de pitié, si une telle chose pouvait exister. Elle avait parfaitement reconnu Edwina Malfoy, quelques pas plus loin, accompagnée de quelques garnements de Grindelmonk. Cette idée de maison qui leur soit réservée n'était vraiment pas une si mauvaise idée ! Elle aimait l'idée de savoir exactement qui avait de la valeur et qui n'en avait pas d'un seul coup d’œil au honteux blason de leur nouveau foyer de fortune.

Les deux petits, qui ne devaient pas être plus hauts qu'en 5ème ou 6ème année, tournèrent brusquement et simultanément leurs visages vers la Serpentard, qui n'était apparemment pas assez discrète. Elle les sentit se tendre et ils se lancèrent un regard plein de sous-entendus ; devaient-ils fuir ou rester immobiles, le pouvaient-ils seulement, paralysés qu'ils étaient par tout ce qu'ils entendaient sur la jeune Goyle. Pauvres petites bestioles, elles n'avaient pas encore appris à tenir tête comme leurs aînés le faisaient désormais, sous forme de pseudo-ligue suicidaire "copulons-et-partageons-nos-secrets-avec-des-moldus". Milandra haussa un sourcil mais ne ralentit pas son pas, arrivant rapidement à la hauteur du petit groupe. Elle dévisagea un instant les deux Grindelmonk, presque indifférente, alors qu'eux se détendaient légèrement de constater qu'elle n'était pas la furie qu'ils avaient entendu qu'elle était. Ces rumeurs, elles grossissaient toujours à chaque intercepteur. Finalement, le regard de la blonde dévia vers Edwina et elle lui adressa un sourire concis et clairement faux. « Je vois que tes fréquentations ne s'arrangent toujours pas, Malfoy. » dit-elle d'une voix étrangement cynique. Elle avait vraiment du mal à croire qu'Edwina, cette fille avec qui elle s'amusait tant dans ses jeunes années, avait pu finir traître à son sang de la sorte.

Ce qui était agréable au début de l’année c’est que le temps était encore suffisamment agréable pour pouvoir se promener dehors. J’avais donc décider d’aller voir Daniel, mon meilleur ami et lui avait pour ce faire envoyer une lettre via Pleasance, ma chouette. J’attendis dans ma salle commune sa réponse et je fus ravie de la réponse du jeune homme qui m’attendait donc dans le parc. Sa maison à lui se trouvait bien plus proche du parc que la mienne, et pour cause : le jeune homme était un né-moldus et avait donc été placé dans la nouvelle maison qui leur avait été construite. Je trouvais ça ridicule de séparer les gens ainsi, ce n’est pas parce que ses parents sont des moldus que Daniel a une moindre valeur. Etonnant comme idéologie pour une sang-pur, il parait, plus étonnant encore lorsqu’on sait que je suis une Malfoy.
Je descendis alors les quelques marches de l’escalier afin de me retrouver dans le hall et passai par la grande porte pour sortir dans le parc. Une légère brise accueillit mon entrée dans le par cet fit valser mes longs cheveux blonds autour de ma tête. D’une main, je les disciplinai et marchai dans le parc jusqu'à ce que je retrouve Daniel. Le jeune homme était accompagné de plusieurs autres élèves qui semblait plus jeune que lui et moi. Lorsque ces élèves me virent, je remarquai le mouvement de recul qu’ils eurent. Certaines personnes pensait que j’étais comme le reste de ma famille, comme mon père et ce même si j’étais dans la noble maison de Godric Gryffondor. De fait, une maison ne fait pas tout après tout il n’y a qu’a voir les quelques serpentards avec qui je m’entends. Bien que parfois ce ne soit que pour mon nom, certaines personnes ne semble pas s’inquiéter du fait que je sois une « traitre à mon sang ». N’importe quoi.
Peut importe, je commençai alors à discuter avec ces quelques personnes, les rassurant sur le fait que je n’étais pas comme le reste de la famille Malfoy et que je n’allais pas les mépriser par leur statut du sang. Rassurés, le reste de la discussion se passa alors plutôt bien jusqu'à ce que je vis une ombre se former sur le sol, j’étais assise sous un arbre et me levai alors, j’étais vraiment contente de mesurer 1m80 dans ce genre de situation, je n’étais pas du genre à vouloir dominer ou quoi mais certainement pas du genre à aimer me faire dominer, c’est clair. Milandra me jeta alors une pique sur mes fréquentations alors que les quelques élèves qui étaient avec moi s’éloignait déjà, à croire qu’ils avaient peur de Milandra. C’était justifié, mais ce n’était pas mon cas. « On pourrait en dire de même de ta bêtise, Goyle. » répliquais-je sur un ton froid qui n’était habituellement pas le mien. Je n’avais certes pas tout d’une Malfoy mais lorsqu’il s’agissait de mépriser ceux que je n’aimais pas, il n’y avait aucune doute sur mon ascendance. En tout cas, je n’aimais pas les idées de Milandra sur les né-moldus, c’était de la connerie, de la bêtise à l’état pur.

Milandra resta de marbre face à la réplique d'Edwina et haussa un sourcil, se retenant même un léger sourire. Bien sûr, la jeune fille ne se laissait en général jamais insulter par ses pairs et elle avait tendance à vouloir toujours tout régler à coups de baguette magique, mais c'était différent avec la jeune Gryffondor, ses mots semblaient avoir la même valeur que celle de ceux qu'elle défendait si bien. Il était même étonnant de se dire que les deux blondes avaient été un jour, même enfants, amies ! C'était ce qui rendait le plus perplexe Milandra : la façon dont les deux petites avaient grandies, dont leurs opinions avaient évoluées et qui étaient a contrario de ce qui aurait dû arriver. Elle les revoyaient encore, une décennie auparavant, jouer innocemment avec leurs fausses baguettes.

Les deux jeunes filles étaient désormais seules : il avait fallu d'un instant d'inattention pour qu'ils s'éloignent au loin comme des pigeons dérangés au milieu d'une place ; de vrais animaux, ces nés-moldus, pas même foutus d'observer la plus basse des règles de politesses. Milandra se tourna donc entièrement vers Edwina et se permit enfin ce sourire qui titillait ses lèvres. « A ta place, je retiendrais mes mots. Tu ne sais pas à qui tu devras implorer qu'on épargne ta vie... » répondit-elle sur le même ton que celui qu'avait utilisé la Malfoy quelques instants auparavant en haussant brièvement les épaules. Après tout, c'était elle qui était du mauvais côté : elle était une traître à son sang et se devait d'être traitée comme tel.

Ce qui rendait Mila le plus perplexe, c'était de constater le fossé entre l'éducation familiale d'Edwina et son attitude depuis qu'elle était à Poudlard. « Tu t'appelles toujours Malfoy, d'ailleurs ? » reprit la blonde avec un air faussement intéressé et intrigué. « Ca doit être difficile... pour ta famille, je veux dire, d'avoir une traître à son sang dans ses rangs. » Mila avait l'habitude d'entendre, depuis quelques années et lorsqu'elle rentrait de Poudlard pour les vacances, toutes ces histoires de traitres reniés par leur famille à cause de leurs opinions. Même Mila trouvait ça extrême, mais en même temps elle comprenait parfaitement l'embarras des conservateurs qui agissaient de la sorte. Pour elle, c'était juste naturel, un sorcier était un sorcier et un moldu, un moldu. Le monde lui-même avait été divisé entre eux à cause de l'incipacité de ceux-ci à cohabiter, alors ce n'était pas eux qui allaient venir s'incruster pour leur faire une leçon de morale ! Ils ne méritaient pas de connaître la magie, de vivre dans leur univers et de leur prendre leur espace. C'était tout, la base des bases pour Mila qui se demandait bien comment ça pouvait être différent dans l'esprit d'Edwina.