C'était un jour comme les autres à Poudlard. Un samedi comme tout les autres où les élèves profitaient du week-end pour trainer dans les couloirs du château, faire leurs devoirs pour les plus abrutis de travail ou persécuter les plus petits et les plus faibles pour les plus intelligents. C'était une journée normale qui s'était déroulée, mais une nuit spéciale se préparait. Poudlard était en fête ce soir, c'était le bal de Noël. Traditionnelle soirée de Noël organisée à l'occasion du Tournoi des Trois Sorciers. Toutes les filles présentent au château qui avaient eu la chance de se faire inviter par un garçon étaient en train de se préparer pour la grande soirée qui s'annonçait. Toutes, sauf une : Valentina MacNair. Le visage blême et les cheveux noirs comme le charbon, la jeune sorcière a califourchon sur un lit, regardaient toutes ses consœurs de Serpentards se préparer. « Tu es sûre que tu ne veux pas venir Valentina ? » demanda une sorcière blonde en train d'enfiler une robe verte émeraude. Sa baguette à la main, Valentina faisait apparaître des avions de papier dans le dortoir avant de les faire brûler en plein vol. Les yeux fixés sur l'un d'eux la sorcière semblait ailleurs. Son regard noir tourné vers le ciel donnait presque l'impression qu'elle était hypnotisée, voir possédée par certains moments. « Je préfèrerais boire le thé avec un loup-garou plutôt que de me rendre à cette réception stupide » dit Valentina d'un ton un peu trop calme et plat. Elle pointa sa baguette sur l'un des avions en papier et un éclair lumineux alla foudroyer celui-ci, répandant des cendres sur la chevelure d'une rouquine. « Et appelle-moi encore une fois Valentina et le seul souvenir du bal que tu auras, c'est de l'avoir vu de la tour d'astronomie, pendu la tête en bas » ajouta-t-elle le plus naturellement du monde sur un ton plat qui ne trahissait aucunes émotions. La blonde poussa un juron à son attention et Valentina détourna l'espace d'un instant son regard des avions de papier. Voir la peur, l'énervement ou la colère dans les yeux des gens, lui procurait un subtil plaisir. Les émotions humaines, il était rare qu'elle les ressentent.

Les dortoirs et les tours du château s'étaient vidées de touts sorciers et sorcières. Tous étaient partis dans la Grande-Salle pour fêter avec allégresse la veille de Noël, une fête moldue. Le simple fait de reconnaître l'existence de cette fête païenne était une injure à la communauté magique. Aller à cette soirée, c'était comme renier son sang et sa nature pour Valentina. Foi de MacNair, elle se saignerait les veines si elle mettait un seul pied dans la Grande-Salle. Sa petite soeur Faye était encore bien trop jeune pour comprendre cela et Valentina ne se préoccupait pas assez d'elle pour lui faire la leçon. Elle préférait profiter de la baisse de vigilance des professeurs pour errer une soirée entière dans le château et le parc. Elle dévala les escaliers qui menaient au parc et commença à avancer vers la forêt interdite d'un pas nonchalant. Le ciel était noir, étrangement dépourvu d'étoiles pour un soir de Noël. Un vent glaciale soufflait, mais Valentina s'en moquait. Il glissait sur sa peau et faisait dresser ses poils, mais aucune sensation de froid ne parvenait au cerveau de Valentina. Elle était comme immunisée. Soudain, le contact d'une main sur sa peau la coupa dans sa rêverie. Le regard noir et déshumanisé de Valentina se posa sur un grand brun de Durmstrang qui la suivait depuis le début de la semaine. « Je pensais te voir ce soir au bal, pourquoi tu n'es pas venu Valentina chérie ? » demanda le sorcier en robe de soirée. Il semblait peiner à rester debout. Ses yeux à demi-clos et une forte odeur d'alcool qui émanait de lui semblait expliquer son titubement. Valentina esquiva son regard, désintéressé par les mots que venaient de prononcer le sorcier et commença à le contourner. C'est alors que quelque chose rencontra violemment son visage. C'était la main du Durmstrang qui s'était abattu sur sa joue et l'avait fait tomber sur le sol. Face contre terre, la Serpentard dégagea ses cheveux et se retourna en se tenant la joue. « Va pourrir en enfer, espèce de sang-de-bourbe » siffla Valentina vers le grand brun qui la fusillait du regard de haut. Elle mit machinalement la main dans sa robe de sorcier à la recherche de sa baguette, mais celle-ci ne s'y trouvait plus. Elle avait du tomber en même temps que Valentina à terre et la pénombre empêcher la sorcière de la retrouver. Le pied du Durmstrang rencontra alors le ventre de la Serpentard, la faisant se plier en deux de douleur. « Je suis aussi pur que toi trainée ! » hurla le grand brun de colère. La masse du Durmstrang s'abattit alors sur le corps de la jeune sorcière et la plaqua au sol. L'immense main du brun se posa avec brutalité sur la bouche de Valentina, l'empêchant de produire le moindre son. La brune essayait de se débattre, mais le Durmstrang la bloquait au sol et ce n'était avec ses pauvres et ridicules quarante kilos qu'elle allait pouvoir faire quelque chose. Valentina sentit le souffle alcoolisé du brun dans sa nuque et essayait de se débattre de plus bel. « J'obtiens toujours ce que je veux belle MacNair » chuchota le brun d'un ton victorieux. Et il avait raison. Valentina tenta une nouvelle fois de se débattre, mais le Durmstrang était trop fort pour elle. Cette nuit là, elle cria, cria, mais personne ne l'entendit, personne ne vint à son secours, elle était trop loin du château. Elle compta les secondes de calvaire pendant que les autres festoyaient dans la Grande-Salle en ne voyant pas les minutes passer...

Valentina rejetait son visage en arrière, puis se redressait découvrant son reflet dans le miroir. Son visage était resté le même depuis toutes ses années. La même expression vide s'était figée sur son visage, solidifiant ses traits pour ne plus exprimer aucunes émotions. Cela faisait huit ans qu'elle ne ressentait plus aucunes de ses choses qui faisaient que nous étions humains. Elle ne ressentait ni amour, ni joie, ni tristesse, ni compassion. Le brune ne ressentait qu'un incroyable vide qui se remplissait de haine à chaque fois qu'elle croisait un grand brun dans la rue. Cette figure noire était gravée dans son esprit à jamais. A chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle se retrouvait à Poudlard par cette foutu nuit de Noël. Plus aucunes fois elle n'avait sourit depuis ce jour-là, plus aucunes fois elle n'avait frôlé la peau d'un homme, plus aucunes fois elle n'avait fêté Noël depuis ce jour-là. Ses nuits se rythmaient par des insomnies et des cauchemars dont la violence n'avait pas de limite. Son esprit était devenu aussi noir que ses cheveux et le fond de ses pupilles. Valentina observa quelques instants son reflet dans la glace. L'eau qu'elle avait aspergé sur son visage coulait le long de ses joues pour se rejoindre sous son menton. La lumière du néon clignota, effaçant son reflet pendant quelques fractions de secondes. La lumière réapparue sans trembler et Valentina essaya l'eau qui ruisselait sur son visage du revers de sa main. Elle déchira un morceau de papier pour éponger le reste avant de se retourner vers la porte et sortir des toilettes. Elle retrouva alors les lumières et l'air enfumé du pub bulgare dans lequel elle était entrée une heure plutôt. C'était la troisième et dernière nuits qu'elle passait à Sofia, la capitale de la Bulgarie. Demain, elle n'aurait plus rien à faire dans ce petit miteux. La brune stalomna entre les tables et les ivrognes pour aller rejoindre un grand brun à une table du fond. Elle s'assit en face de lui et plongea son regard dans le sien, aussi provoquant que le décolleté qu'elle affichait. L'homme, un verre à la main, souriait d'un air malsain et joueur. « Alors où en étions nous ma beauté ? » dit-il sur un ton charmeur en posant un regard furtif dans les seins de la brune. Valentina s'empara de la bouteille qui se trouvait devant elle et rempli les deux verres shooters qui se trouvaient sur la table. Un liquide transparent coula à l'intérieur, puis la brune s'empara d'un des verres, suivit de près par l'homme. « Au test de celui qui résisterait le plus longtemps à la vodka » répondit-elle en s'enfilant d'un trait le verre rempli de liquide transparent, sans sourciller. Elle reposa le verre sur la table sans quitter une seule seconde des yeux l'homme qui était assis devant elle. Celui-ci reposa son verre vide sur la table en échappant un toussotement. Encore six ou sept verres et il était à point. Valentina remplit à nouveau les deux verres et l'opération se répéta encore une dizaine de fois. A chaque verre, la brune voyait l'homme qui se tenait devant elle s'affaler un peu plus sur sa chaise et fermer les yeux en se forçant à avaler la vodka. Elle, ne ressentait rien. Le liquide qu'elle faisait couler dans sa trachée était aussi inoffensif que de l'eau plate. Au bout du vingt-cinquième verre de vodka, l'homme poussa un grognement et sa tête qu'il essayait de retenir avec une de ses mains tomba. L'homme fit un mouvement arrière et évita de justesse la collision avec la table. Les yeux à demi-clos et se vautra dans le fond de sa chaise en dévisageant Valentina du regard. « Vous êtes très forte » bafouilla l'homme en retenant un haut le coeur. « Je sais » répondit Valentina le plus platement et le plus simplement du monde. L'homme posa une main sur la table et repoussa la verre vide comme en signe d'abandon. La sorcière se rapprocha de la table et s'empara du verre de l'homme. « Vous n'allez pas abandonner maintenant, un dernier verre. Un seul et dernier verre... » dit Valentina en versant un liquide jaunâtre dans le verre de l'homme avant de lui tendre. Se dernier fit un effort considérable pour s'emparer du verre et l'engloutit. Une grimace immonde se dessina sur son visage et Valentina s'empara de la bouteille de vodka pour la finir d'un trait.

La nuit était tombée et Valentina poussa la porte du pub bulgare qui fermait avec l'homme sur son épaule. Ce dernier semblait à deux doigts de s'écrouler, mais arrivait quand même à tenir un minimum sur ses jambes. Le couple marcha le long de rues plongées dans le noir pendant que la sorcière ne cessait d'observer l'homme du coin de l'oeil. Ce dernier, semblant flatté lui adressa un sourire auquel la sorcière ne répondit rien. Soudain l'homme poussa un énorme cri de douleur se plia en deux. Valentina lâcha son bras et le laissa s'écrouler sur le sol de bitume. Elle le regarda de haut, sans bouger, profitant du spectacle qui s'offrait à elle. L'homme poussa un autre cri de douleur et se plia en deux, les mains posées sur le bas de son abdomen. Il releva péniblement les yeux vers la sorcière et la fusilla du regard. « Qu'est-ce que vous m'avez fait ? » se plaignit-t-il d'un ton accusateur. L'homme brun se tordit à nouveau de douleur et plaqua ses mains contre son entre-jambe. Valentina le toisa du regard, puis plongea sa main dans la poche de son pantalon pour en sortir une cigarette. Elle l'alluma et tira une bouffée. Le visage de l'homme avait viré au rouge et la douleur qui l'atteignait ne semblait pas s'atténuer. Il regardait Valentina en espérant à chaque seconde qu'elle finirait par lui porter secours. Cette dernière tira une nouvelle bouffée de cigarette, puis s'accroupit au dessus de l'homme. « Je te montre un bout de l'enfer, espèce de sang-de-bourbe » siffla-t-elle avant de reprendre une autre bouffée. Elle se releva et balança le mégot de cigarette à côté de l'homme. « Moi aussi j'obtiens toujours ce que je veux » déclara-t-elle d'un ton froid en expirant la fumée. La sorcière tourna les talons et recommença à marcher dans les rues de Sofia, laissant l'homme gisant sur le trottoir. Dans quelques secondes, ce qui servait d'attributs masculins au brun, allaient finir de sécher pour tomber et se séparer définitivement de son corps. C'était fou ce que du sang de Sirènes associé à du venin d'arachnide géante pouvait produire sur un homme et son appareil sexuel. Un dernier cri de douleur déchira au loin la nuit bulgare et pour la première fois depuis huit ans, Valentina sourit.

« Je dois avouer que j'ai été étrangement étonné quand j'ai reçu votre candidature, Mademoiselle MacNair » dit le Directeur d'un ton un peu trop professionnel. Il semblait cacher son malaise face à la grande brune qui se trouvait planter devant lui. Droite comme un i, serrée dans un tailleur noir et beige, une main appuyée sur le bureau du Directeur, le visage fermé, Valentina MacNair regardait de haut l'homme qui se trouvait devant elle. Après quelques secondes d'immobilité qui avait jeté un froid dans la pièce, la brune dont les cheveux aussi noir que le charbon descendaient en cascade sur son corps, bougea et esquissa un sourire. Un sourire forcé, dénaturé, une façade qu'elle s'était entrainée à créer dans la glace depuis quelques années. Un sourire était la seule expression humaine et joviale qu'elle arrivait à exprimer ou plutôt feindre. Aucuns sentiments réels n'accompagnaient ce sourire, elle ne le pouvait pas. Elle releva le menton comme pour s'élever par rapport à l'homme qui était devant elle. Ses yeux trahissaient la peur qu'il ressentait. Le Ministère faisait correctement son boulot et Poudlard était aussi vulnérable que ce pauvre Snicklepitch. Valentina s'écarta du bureau, puis tourna le dos au Directeur, commençant à inspecter la pièce. « Ce n'est pas moi qui l'ait envoyé. Mais la vie vous offre parfois des opportunités que vous ne pouvez pas refuser » déclara-t-elle d'un ton lent. La brune n'était pas faite pour l'enseignement, la présence des centaines d'adolescents pubères lui donnaient des idées de massacres, mais elle ne venait pas vraiment à Poudlard par plaisir. Plongeant son regard dans celui du Directeur à travers le reflet des vitrines, Valentina sera son poing gauche faisant ressortir les veines de son bras et le tatouage qui s'y trouvait. Depuis quelques mois l'intérieur de son bras gauche était désormais marqué d'un serpent sortant d'un crâne. La marque de son engagement envers le très puissant mage noir qui commençait à inquiéter la communauté magique. Sa présence à Poudlard relevait plus d'une mission que d'un choix délibéré. Bien entendu pour enseigner il faut un minimum de connaissance et de talent, ce que Valentina possédait. « Ne vous inquiétez donc pas Snicklepitch. L'art des potions n'a aucuns secrets pour moi. Vous savez de quoi je suis capable avec un chaudron et quelques ingrédients. Et si vous n'êtes pas convaincu, je pourrais toujours vous faire une petite démonstration... » dit-elle en se retournant. Aucuns poisons sur terre ne lui étaient inconnus, alors si le Directeur doutait de ses capacités, elle pourrait très bien accidentellement renverser une de ses fioles dans un verre de vin.

Valentina descendit de la gargouille qui menait au bureau du Directeur et commença à traverser les couloirs du château, la démarche assurée, sec et rapide. Le visage toujours aussi impeccablement vide d'expression, elle passa devant la Grande-Salle sans même porter un regard à sa sœur cadette qui en sortait. Les deux brunes à fort caractère n'avaient jamais été les meilleures amies du monde. Faye était trop gentille par rapport à Valentina. Elle avait été réparti à Serdaigle, alors que Valentina avait été à Serpentard. Le même sang coulait dans leurs veines, mais les mêmes idées ne se trouvaient pas dans leur esprit. Les repas de famille ressemblaient soit au froid polaire, soit aux flammes de l'enfer. Malgré que sa petite soeur ne pensait pas pareil qu'elle, Valentina ne pouvait nier qu'elle avait du répondant et qu'elle ne se laissait jamais faire. C'était une force chez les MacNair. La brune emprunta un escalier et s'enfonça dans les entrailles de Poudlard afin de se rendre dans les cachots de Poudlard où se trouvait son nouveau lieu de travail. Au passage elle croisa plusieurs élèves et des étudiants qui sortaient des amphithéâtres aménagés dans les catacombes du château. Elle longea les murs pour les éviter et reconnu bientôt la face d'un adulte perdu parmi la foule. Elle passa devant lui au ralenti, le dévisageant du regard. C'était Stefan Crabbe, professeur d'Histoire de la Magie Avancée et ancien fiancé de Valentina. Il y a des années de cela, la sorcière avait été promise à cette homme d'un comme un accord entre parents sorciers de sang-pur. Il fallait que les MacNairs épousent des sans-purs et Stefan avait été le futur mari qu'on lui avait choisi. Il était grand, brun et humain. Autant de caractères pour lesquels Valentina avait la plus profonde aversion et la plus grande haine. Elle avait toujours refusé leur union et des évènements sordides causés par une née-moldue avait brisé cette alliance. Jamais les MacNair n'accepteraient qu'une de leurs filles épousent un sorcier qui a couché avec des sangs-de-bourbes. Mais ce n'était pas le seule raison de la rupture de leur union. Jamais Valentina n'accepterait qu'une homme puisse la toucher, ne serait-ce même frôler sa peau. Alors imaginer être dans la même maison, la même pièce, le même lit...que Stefan Crabbe lui donnait envie de vomir. Personne ne savait ce qui lui était arrivé cette fameuse nuit de Noël dans le parc à Poudlard. Le seul témoin était aujourd'hui un sous-homme. Aujourd'hui, Valentina était une autre femme. Un autre destin se dessinait pour elle et enseigner à Poudlard en faisait partie.