Keep Pretending ? D&S

Tout un été s’était écoulé depuis les regrettables événements de fin d’année. Une fois de plus, ceux qui se proclamaient les défenseurs de la cause des nés moldus, avaient agi dans la violence. Des morts avaient été à déplorer. Sienna elle, n’avait été que légèrement secouée, mais profondément ébranlée. Elle avait vu ses amis passer tout près de la mort, des professeurs rester impuissant face à une magie dévastatrice. Elle avait craint pour sa vie. Ainsi, pour la première fois depuis son entrée dans la prestigieuse école, Sienna avait été soulagée de quitter Poudlard pour quelques temps. Elle ressentait le besoin de s’isoler du monde sorcier, de retrouver sa famille, de pouvoir errer dans les lieux moldus qu’elle affectionnait tant et qui lui semblaient dorénavant plus surs. Evidemment, ses compagnons sorciers lui avaient manqué, Dahlia bien sûr, Samuel aussi, même si elle ne lui avouerait certainement pas. Un autre nom n’avait lui cessé de retentir en elle. Demetrius. Elle aurait voulu détruire ces quelques lettres qui hantaient ses pensées. Pourquoi ressentait-elle ses sentiments stupides ? Tout était pourtant clair entre eux. Ils appréciaient la compagnie de l’autre, la peau de l’autre, c’était tout. Ils n’étaient en rien un couple. C’était ce qu’il avait statué, elle devait s’y tenir. Elle avait longtemps cru pouvoir se satisfaire de ce genre de relation, mais la réalité était tout autre. Plus elle passait de temps à ses côtés, plus elle se sentait défaillir, s’attacher à lui d’une manière sensiblement plus profonde. Seulement lorsqu’elle ressentait le besoin de dévoiler ce sentiment, elle se tuait à le contenir, savant pertinemment qu’il en était rien de son côté. Il y avait quelqu’un d’autre qui occupait cette place dans son cœur.

Il n’avait probablement eu aucune pensée pour elle durant ces longs mois loin d’elle. Peut-être l’avait-il même oublié, remplacé. Si, comme elle le présageait, il en aimait une autre, pourquoi menait-il ce jeu avec elle ? Cette autre ne partageait-elle pas ses sentiments ? Sienna se surprenait à vouloir la détruire, ou à désirer la désillusion violente de Demetrius, afin qu’il s’aperçoit qu’elle seule est à même de le combler. L’amour est source de sentiments violents. Sienna avait tenté de se divertir en flirtant avec quelques moldus, mais elle n’était pas parvenue à effacer le visage du séduisant Serdaigle de son esprit. La fin d’année venue, ils s’étaient quittés sans vraiment se dire aurevoir, suivant cette idée d’une relation sans réelle importance, de second intérêt. Elle en avait souffert, elle souffrait de voir à quel point elle lui importait peu. Elle ignorait comment allaient être leurs retrouvailles, la position qu’elle était supposée occuper. Elle ignorait si elle était encore capable de prétendre qu’il n’était qu’un bon copain dont elle pouvait éventuellement partager les draps. Une chose était néanmoins certaine, elle devait le revoir. Elle était arrivée à Poudlard depuis quelques jours et elle n’avait pas encore eu l’occasion de lui parler, portant ainsi encore le poids de son absence. Elle se rendit ainsi à la Tour des Serdaigle, non loin de leur salle commune, dans l’espoir de l’apercevoir et d’enfin pouvoir l’avoir un moment à elle. Pathétique, elle se sentait pathétique.

Appuyée contre un mur près de l’entrée de leur salle commune, elle entendit alors quelqu’un sortir et se mit brusquement en mouvement. C’était lui et il était hors de question qu’il la trouve là, tapie dans l’ombre à l’affut de sa proie telle une amante esseulée. Il ne semblait pas encore l’avoir discernée au fond du couloir, il se dirigeait pourtant en sa direction. Sienna était traversée d’une multitudes de sentiments. Son regard se posant sur la silhouette engageante du jeune sorcier, elle sentit son cœur battre la chamade. Elle était anxieuse à l’idée de sentir son regard se poser sur elle. Allait-il être froid, condescendant, ou pire fraternel, indifférent ? Cependant, elle éprouvait également une certaine rancœur à son égard. S’était-il soucié de son état après ce terrible attentat ? Certainement pas. Etait-il soucieux de garder une certaine distance entre eux ? Elle avait eu besoin de lui et il avait manqué à l’appel. Sienna devait-elle définitivement s’y résoudre ? Plus il approchait, plus elle doutait. Tout était tellement plus simple au début de ce petit jeu. Elle ne bougeait plus, attendant qu’il arrive jusqu’à elle, ne pouvant réprimer un certain sourire.

« Demetrius. Tu te… souviens de moi ? Comme tu peux le voir, je vais bien. J’aurais pu mourir dans les attentats de l’année dernière, ou durant cet été de silence radio de ton côté, mais tu n’y as certainement pas porté attention… » Elle avait prononcé ses premiers mots d’une voix plutôt sèche, ironique. Pourtant elle mourrait d’envie de s’emparer de ses lèvres. Elle savait pertinemment qu’elle n’était absolument pas en position de jouer la petite amie bafouée. En conséquent, elle se résolut à ne pas laisser pleinement éclater sa déception face à l’absence d’intérêt qu’il lui avait témoigné durant tout l’été. Elle ne parviendrait qu’à le faire fuir et ce n’était en rien l’effet recherché. Elle devait cependant tester son pouvoir d’attraction sur le jeune homme, après tout, c’était à peu près tout ce qu’elle avait pu avoir jusqu'à présent. Elle se rapprocha ainsi, se collant presque contre lui, son visage se rapprochant du sien, ses yeux se faisant plus espiègles, sa voix plus suave. « Tu as passé de bonne vacances ? »

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