i built a home, for you, for me

Ça y est ; j'avais pris suffisamment de vitesse et mes cheveux fouettaient maintenant mon visage en une danse folle. Les jambes croisées, le Souaffle bien coincé sous le bras, rien ne pouvait me décrocher de mon balais. En face de moi, Duncan protégeait le cerceau que nous avions transformé pour l'occasion et affichait une expression dur et espiègle à la fois. Il ne me restait que quelques mères à parcourir avant de lancer l'objet, juste au-dessus de la tête de mon frère, juste dans son angle mort, comme je le faisais toujours. Je gagnais toujours contre lui. D'un geste habile, je transvasais le Souaffle dans ma main droite, me cramponnant bien avec l'autre à mon balais. Au moment où je brandissais l'objet, je me sentis projetée loin de ma trajectoire. Bonnie et son tout petit gabarit avait réussi à me déstabiliser ; seulement, la force que j'avais acquis à force de jouer avec mon frère et ma soeur me fit tenir bon et ce fut Bonnie qui chuta finalement lourdement sur le sol. Le bruit m'alerta : mêlé à un bruit sourd, quelques craquements retentirent. Je fis volte face. « Bonnie ! » Dès l'instant où mes pieds avaient touché le sol, j'abandonnais le Souaffle et mon balais pour courir jusqu'au corps de ma soeur. Elle gisait sur le sol, immobile. « Bonnie, Bonnie ! Ça va : t'as rien, dit-moi que t'as rien ! » Je m'agenouillais prêt d'elle : elle avait des bras si fins, des jambes si frêles et son visage me paraissait plus blanc qu'il ne l'avait jamais été. Je sentis le sol trembler près de moi : Duncan m'avait rejoint et un seul regard dans sa direction avait suffi pour que je comprenne son inquiétude. Je retournais mon attention sur Bonnie qui gémissait. Je ne savais pas quoi faire : lui parler ? Appeler les parents ? Les urgences ? A peine quelques secondes après notre échange de regards paniqué, Bonnie se relevait et porta ses minuscules mains à sa tête. Je l'aidais à s'asseoir et à nouveau, l'assaillait de question. « Comment tu te sens ? T'as quelque chose de cassé ? Tu veux boire quelque chose ? ... » Je me sentais mal : c'était de ma faute si elle s'était retrouvée par terre. Si je m'étais laissée faire, je ne l'aurai pas désarçonné de son balais. Ce fut ensuite au tour de Duncan de lui demander si tout allait bien. Mais elle ne réagissait toujours pas. Lorsque je me mis à prêter un peu plus attention à son visage, je réalisais qu'elle affichait un air effronté et qu'elle fixait avec insistance le sol. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. « Je peux parler maintenant ? » finit-elle pas cracher sèchement. Mon frère et moi nous étions raidi : jamais elle ne parlait de cette façon.

Bonnie était la petite dernière et aussi la plus douce d'entre nous. Elle était la plus fragile physiquement, mais aussi mentalement d'entre nous du haut de ses 8 ans, il lui arrivait encore souvent de pleurer pour pas grand-chose. Mais je l'aimais. Plus que tout, je l'aimais. Duncan et moi aussi étions très proches. Mais avec Bonnie ... Ce n'était pas pareil : cela ne l'avait jamais été. Pire qu'une meilleure amie, elle était ma moitié. Sans elle, je n'étais plus moi. L'imaginer, gisante sur le sol en train de souffrir était quelque chose d'insoutenable pour moi. La fraternité entre nous 3 était une valeur primordiale pour nos parents. Comme le fait d'être riche et respecté. C'était ces deux principes qui avaient toujours réglé notre vie à tous les 5. Enfin : nous ne pouvions pas concevoir que c'était notre Bonnie qui venait de parler. Notre douce Bonnie.

« Je vais bien. » Finit-elle par articuler. Mon frère et moi n'avions pas réagi, trop choqués par les paroles de notre petite soeur. Elle finit par secouer sa petite main devant nos yeux ébahis pour nous faire réagir. Mais rien. D'où pouvait-elle bien sortir ce comportement, soudainement ? « Vous êtes fatiguant : JE VAIS BIEN ! Ça vous arrive à vous aussi de tomber : et ensuite vous allez bien. Moi c'est pareil. » Depuis qu'elle était née, nous l'avions toujours trouvé trop petite, trop maigre, trop blafarde, etc. Mes parents l'a faisaient très régulièrement voir un médecin qui trouvait toujours qu'elle était trop fluette, trop ceci ou trop cela. Duncan et moi avions fini par nous faire à cette idée. Et pourtant, elle ne tombait jamais malade. Encore moins que moi. L'entendre parler ainsi finit tout de même par me faire réagir : elle devait vraiment se sentir bien pour être dans cet état. Ne tenant plus, je me jetais sur elle pour l'enlacer. J'avais vraiment eu peur qu'il lui arrive quelque chose. En fait, c'était comme si j'avais perpétuellement peur qu'il lui arrive quelque chose. J'enfouis mon visage dans ses longs cheveux bruns et enfouissais mes doigts dans son pull gris. Sans elle, je n'étais décidément rien. Une petite larme se mit à couler le long de ma joue. Immédiatement, je me retirais de notre étreinte pour la sécher. Chez nous, j'étais la plus forte. Duncan était ... Plus turbulent dans son genre : et très susceptible. Du coup, c'était toujours moi, celle qui était là pour les raisonner et les soutenir tous les deux.

Bonnie s'était relevée sans problème et avait déjà enfourché son balais. Toujours accroupie je secouais la tête « Oh non : certainement pas jeune fille. Pas après cette chute. » C'est là que je retrouvais ma vraie Bonnie. Elle devait se douter que je lui interdirai de continuer à jouer. Alors, elle s'était penchée vers moi et affichait désormais un petit sourire suppliant. Je croisais les bras sur ma poitrine en lui adressant toujours mon petit air décidé. Voyant que je ne réagissais pas, elle pencha un peu sa tête sur le côté, chose qui me faisait d'habitude craquer. Mais je ne bronchais pas : j'avais eu bien trop peur. « Dans tes rêves ! » Lâchais-je avant de me relever et de me diriger en direction de notre maison. « Je ne descendrai de ce balais qu'à une condition. » Je me retournais tout en arquant un de mes sourcils. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir ? J'adressais un regard inquiet à Duncan qui se tenait toujours derrière la petite Bonnie. Il haussa les épaules en me faisant comprendre qu'il n'avait aucune idée de ce qu'elle pouvait bien vouloir. « Met-lui la pâté ! » Elle m'avait lancé le Souaffle que j'avais abandonné en m'asseyant prêt d'elle un peu plus tôt. Dans un premier temps, je ne compris pas : quel était le rapport avec ce qui venait de se passer et ma victoire sur Duncan. Et puis, dans son sourire et son regard angélique, je compris. Elle savait lire en moi comme dans un livre ouvert : elle avait comprit que le Quidditch était déjà une obsession pour moi. J'étais toujours très enthousiaste à l'idée de voir de grands matchs, mais encore plus lorsque nous nous amusions tous les trois. Comme aujourd'hui. Elle elle savait que la seule chose qui pourrait vraiment me calmer, c'était de jouer et oui, de gagner mon frère. Durant les quelques instants où mon esprit recollait toutes les pièces du puzzle, Duncan lui s'était déjà mis en place. Bonnie me tendait désormais mon balais avec un air enthousiaste. Je finis par accepter en soupirant. Un jeu de regard entre nous deux suffit à ce que je lui fasse comprendre qu'elle avait raison. J'avais vraiment du mal à croire qu'un esprit aussi jeune que celui de Bonnie puisse à ce point lire en moi. Je n'avais qu'un an de plus qu'elle, mais il me semblait déjà qu'elle était bien plus grande que moi.

J'enfourchais à nouveau mon balais, croisais mes jambes, calais le Souaffle entre mon bras et mes côtes et m'élançais. Sur le bord du terrain de jeu, Bonnie sautillait en criant mon nom. Rien ne pouvait m'enlever cette soif de gagner et de marquer pour elle. Je m'élançais fougueusement en direction de Duncan, brandis le ballon et sans encombre cette fois, le projetais dans l'anneau. Duncan eut beau se tortiller, le Souaffle l'avait frôlé et se retrouvait maintenant de l'autre côté.

(c) rusty damage & dearjoinny.

nobody said it was easy

Et nous avions rejoint l'école comme chaque retour de vacances. Bonnie et moi n'affichions rien de plus ni rien de moins. Les événements des jours précédant ne devaient en aucun cas influer sur ce que nous affichions : chez les Pevensie, la règle d'or c'était de ne rien afficher à par peut-être un sourire charmeur ou un signe d'approbation. Afin de rester dans la cours des grands, ne rien montrer était indispensable. Parce qu'au fond nous n'avions rien de plus que tous ces gens haut-placés. Nous avions juste de l'ambition et les bons contact. Et si ces contacts apprenaient ce qui s'était passé ... Je me doutais que tout ce que mes parents avaient construit jusque là s'effondrerait. Le bras enroulé autour de celui de ma sœur, nous pénétrions dans l'établissement. Un léger sourire aux lèvres et quelques bavardages enfantins sortaient de nos bouches. Comme d'habitude. Sauf que je déchantais rapidement : tous les regards s'étaient tournés vers nous et toutes les voix s'étaient tues. Nous nous étions raidit l'une contre l'autre au milieu de tous ces yeux nous dévisageant. Comment avions nous pu croire que l'arrestation de Duncan resterai secrète ...

* * *

« Je pense que nous ferions mieux de nous arrêter là. Pour demain ... » Je notais avec soin les consignes de notre professeur de botanique pendant que tous mes camarades se levaient pour partir. Contrairement à la majorité des sorciers de ma classe, j'appréciais vraiment les cours de notre professeur. Et puis, aujourd'hui, mes amis m'évitaient. Même ceux en qui j'avais une confiance aveugle ne souhaitaient plus me voir. Le bruit avait très vite couru à Poudlard que Duncan Pevensie était désormais à Azkaban pour avoir agressé deux moldus. Et avec les ségrégations qui commençaient à se faire entre sang-pur, sang-mélé et moldus, je m'inquiétais de ce qui pourrait bien advenir de ma sœur et moi à cause de cet événement. Je sortis la dernière de la classe, seule. Il était tant d'aller déjeuner et j'allais enfin pouvoir retrouver ma Bonnie. Tous ces regards sur moi était quelque chose de très fatiguant : je ne pouvais plus attendre, j'avais hâte de la retrouver, elle et son sourire. Quoique, elle avait beaucoup changé depuis l'arrestation. Elle n'était plus tout à fait la même.

Ce que je découvris au beau milieu d'un des couloirs de l'établissement me glaça le sang. Un petit attroupement s'était fait autour d'une jeune fille, agenouillée par terre, de nombreuses feuilles éparpillées autour d'elle et deux petites brutes ricanant vivement. Et cette jeune fille, c'était Bonnie. Je n'arrivais pas à croire que c'était en train de se dérouler devant mes yeux. « On fait moins la maligne hein ? Maintenant que ton frère pourrit en prison, t'es toutes seule, sans défense. Oh non, j'oubliais ton empotée de sœur. Tu penses vraiment qu'elle fera le poids contre nous ? » « T'as pas le droit de parler d'elle comme ça ! » La petite voix fluette de Bonnie se fit à peine entendre même si son ton se voulait assuré et provocateur. Mais elle ne l'avait jamais été et elle manquait encore beaucoup de conviction. Seulement, avant même de penser à ce qu'elle devait améliorer pour se défendre, je me pointais devant le garçon, attrapais le col de son uniforme et le retournais vers moi. « Et tu sais ce qu'elle te dit l'empotée ?! » Avant qu'il ne puisse réagir, j'enfonçais mon poing dans sa joue droite. Immédiatement, je me reculais et le lâchais. La douleur dans ma main était presque insoutenable, mais la colère mélangée à l'adrénaline me permirent de tenir bon. Je soutins pendant un instant le regard de l'autre garçon qui avait maltraité ma soeur et qui avait maintenant reculé près de son ami, au sol, qui se tenait la joue. J'avais explosé littéralement. Personne ne s'attendait à me voir ainsi. C'est quand je réalisais cela que je me retournais vers ma petite soeur, toujours au sol et qui me fixait avec ses grands yeux noisette. Je me jetais sur elle pour l'enlacer. Presque immédiatement une main s'abattit sur mon épaule et je fus plaqué contre un mur près de là. C'était Mr Hipkins, le professeur de Botanique que j'avais eu quelques instants plus tôt. Je savais qu'il m'aimait bien. Mais je savais aussi que je venais de dépasser les bornes puisque toute violence physique était proscrite à Poudlard. « Ne lui faites pas de mal ! » Avait jeté Bonnie. « Conformément au règlement je n'en ai pas le droit Mlle Pevensie. Mais votre soeur n'y est pas plus autorisée. » Ajouta-t-il en jetant un regard noir sur moi. « Vous là : accompagnez-le à l'infirmerie puis amenez-le dans mon bureau. Lullaby, suivez-moi. » Quand enfin il me lâchait, je récupérais vivement mes affaires et souris à Bonnie. Je me doutais que je n'avais le droit de rien dire. Du coup, je lui adressais un simple sourire pour signifier que j'allais bien et que ça allait bien se passer. J'en doutais, mais je ne voulais pas lui faire de peine. Elle avait déjà beaucoup souffert.

* * *

« C'est de ma faute Mr Hipkins. Je vous le jure, c'est moi qui les ai provoqués et ... » « Ne gaspillez pas votre salive Bonnie, votre soeur m'a déjà raconté ce qui s'est passé. Et, en passant, ce serait un geste vraiment surprenant de votre part que de provoquer des élèves ainsi. Assez-vous je vous prie. » Elle déglutit et obéit. Nous étions maintenant toutes les deux face au professeur. Bonnie avait fait irruption dans la conversation sans prévenir et personne n'avait réussi à la faire taire. Le sorcier s'humecta les lèvres et après avoir pris sa respiration commença. « J'ai eu vent de ce qui s'est passé avec votre frère. » Je haussais les épaules : évidemment. Si même de simples moldus l'avaient su, lui aussi. « Croyez-moi, je suis sincèrement désolé pour vous : la période que vous traversez est loin d'être facile et risque d'être longue et fastidieuse. Mais vous ne devez pas vous abaisser au niveau de ces gens-là. Vous devez les ignorer et continuer à vivre, la tête haute. » Un petit silence suivi sa phrase, simplement interrompue par des toussotements de Bonnie, encore une fois malade. Face à notre indifférence totale, je vis le professeur se tortiller. Alors, sèchement, l'air de rien je répondis. « Mais ça, Mr Hipkins, nous le savions déjà. On nous l'a déjà répété plusieurs fois. Ce n'est pas ce qui fera changer les choses. C'est nous qui les ferons changer. » Ce qu'il ne savait pas et que personne ne savait, c'était la véritable raison pour laquelle il les avait agressé ces moldus. C'était pour nous protéger, moi et Bonnie et s'il n'avait pas été là, nous n'en serions jamais sortie indemne. Et le savoir loin de nous était d'autant plus difficile. Nous le vivions comme une injustice. Certes il méritait d'aller en prison, mais il méritait qu'on le respecte pour ce qu'il avait fait. Il méritait mieux que les rumeurs et la réputation qu'il avait gagné

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Take all your chances while you can

« Dit Lulla ; ça te dirait de venir t'entrainer un peu. Tu sais, au cas où on aurait un match important demain. Je sais pas ... » « Hum ... » Lançais-je sans vraiment faire attention à ce qu'il me disait. Plongée au beau milieu d'un bouquin, je détestais qu'on me dérange. Et je le faisais souvent comprendre en lançant ce petit hum. Il marmonna quelque chose, mais je ne pris pas le soin d'essayer de comprendre ce qu'il me disait. Et puis, enfin, il remonta sur balais, me laissant seule sur le bord du terrain de quidditch. C'était au tour de notre équipe de s'entraîner. J'avais donc été convoquée, mais je n'avais aucune envie de monter sur un balais aujourd'hui. Surprenant de ma part. Le quidditch avait toujours été une passion et une motivation pour moi. J'étais toujours enthousiaste, quoi qu'il se passe : de la pluie, un balais endommagé ... Rien ne m'arrêtait en général. Mais aujourd'hui non. En fait, la raison était très simple : je ne voyais pas l'intérêt de continuer à m'entraîner. Pour un match auquel je ne participerai pas ... Et puis, Thomas n'était plus là non plus. Sans lui, le quidditch, ce n'était plus vraiment la même chose ...

En fait, depuis la réforme, le quidditch n'avait plus la même saveur pour moi. D'abord, j'avais abandonné tous mes coéquipiers de Serdaigle pour rejoindre celui des pro sang-pur. Je n'avais pas eu le choix. Et je m'étais donc retrouvée sur le banc des remplaçants, chose que j'avais trouvé injuste : j'étais certaine c'était moi qui pratiquait ce noble sport depuis le plus longtemps et qui en avait la meilleure maitrise. Enfin, une des meilleures stratégies du groupe selon moi. Il y avait plus fort et surement plus agile que moi. Mais j'avais la stratégie. Thomas était un de mes plus vieux coéquipier de quidditch. Mais Thomas était aussi un moldus. Malgré le fait que notre famille ait toujours plutôt été pro sang-pur, nous n'avions rien contre eux. Il fallait faire mine d'être rebuté par leur race depuis les événements perturbateurs. Mais jamais je n'avais fait de différence. J'avais tenté d'éviter toute relation un peu trop intime avec eux comme mes parents me l'avaient conseillés. Mais lui, ça avait été différent. D'abord le Quidditch et puis, une amitié très forte s'était crée. Une fois de plus, depuis les séparations, nous ne nous côtoyions presque plus. A mon grand regret, là aussi. Mise à part pour ces deux raisons, je me fichais bien de ce que la réforme avait pu changer.

Alors que je rêvassais, le nez en l'air, l'esprit bien loin de mon bouquin maintenant, je sentis le souaffle s'abattre sur moi. Surprise, je laissais un petit hoquet s'échapper de ma gorge, mais repris rapidement mes esprits et mes râlements habituels. Non mais vraiment ; t'as rien d'autre à faire ? » Avant même de savoir à qui pouvais bien être cet inconnu qui m'avait dérangée, j'étais agressive. Depuis toute petite, je montais très rapidement sur mes grands chevaux. Encore plus depuis que Duncan avait fait son séjour d'une année à Azkaban. Une terrible année pour moi et Bonnie. Je relevais la tête, le ballon dans les mains, prête à déclencher toute ma colère contre cet inconnu. Lorsque je découvris la longue chevelure brune et bouclé de Thelma, ses grands yeux bleus fixés sur moi et enfin, ses deux mains en l'air, je me ravisais. « Oh désolé si j'avais su que c'était toi ... » Ajoutais-je en baissant les yeux au sol. Je rabattais une petite mèche contre ma tempe comme à chaque fois, lorsque la gène était plus forte que tout. C'était des moments plutôt rares et que je détestais. Je détestais me retrouver vulnérable. Mais là, je venais de me montrer terriblement désagréable envers une des personnes qui m'était le plus cher au monde. Envers Thelma. « Non non ne t'inquiète pas. Je voulais juste te l'envoyer pour que tu viennes et ... Je l'ai peut-être lancé un peu fort je ... » Je fis non de la tête pour signifier qu'elle n'avait pas à s'en faire et qu'elle n'avait pas à être désolé. C'était moi la coupable. Décidément, je lui rendais très mal ce qu'elle m'avait donné jusqu'à présent. Elle avait fait irruption dans ma vie quand mon frère avait été envoyé à Azkaban, suivi de près par Thomas. Alors que tous les autres nous tournaient le dos à Bonnie et à moi, eux étaient restés là, pour moi. Elle s'avança délicatement dans ma direction tout en déposant son balais près de moi. Elle s'accroupit. Ses cheveux dans le vent complètement emmêlés m'arrachèrent un sourire : elle aurait pu ressembler à une sauvageonne, mais non, elle restait classe et distinguée avec ses gigantesques yeux bleus et ses boucles parfaites. « Tu sais ; je suis certaine que demain sera ton grand jour. On a besoin de toi, tu devrais vraiment venir t'entrainer. Un peu au moins. » La tête légèrement penchée sur le côté, elle savait que je finirai par craquer. Cependant, j'avais toujours beaucoup de mal à croire que je me retrouverai sur le terrain demain. Mais soudain, la perspective de jouer un peu avec elle me remontait le moral. J'eus presque envie de remonter immédiatement sur le balais. En fixant l'immense terrain, j'aperçus la folle danse des balais et des balles qui battait son plein. Tous les élèves semblaient plus concentrés que jamais. Plus convaincus aussi. Un des joueurs qui tentait de rattraper des Souaffles lancés avec puissance et en rafale se mit à vaciller un instant sur son balais avant de basculer dans le vide. Ses réflexes firent qu'il resta accroché sans problème au morceau de bois. Je réalisais à quel point toute cette adrénaline me manquait. A quel point elle m'était indispensable. C'est à cet instant que je sentis la main de Thelma contre ma joue, caressant délicatement mon visage. Je me tournais vers elle et en découvrant son regard et son petit sourire, je me détournais tout de suite comme si de rien était et enfourchais mon balais. Désormais en l'air, je lui adressais un petit sourire qui se voulait enjoué. Mais il n'en était rien. Ce regard, je l'avais déjà vu dans ses yeux et je le connaissais trop bien. C'était le même qu'elle adressait à ses anciennes petites amies. Un regard amoureux et suppliant. Je savais ce qu'il signifiait pour elle et c'était terriblement gênant pour moi. Je l'adorais, elle était partie intégrante de ma vie maintenant. Mais pas comme ça ... Comme une amie. Je la vis soupirer et afficher un regard désolé. Je m'en voulais terriblement de lui faire vivre ça, mais je ne pouvais pas faire autrement. Pour l'instant, j'étais incapable de faire le point sur mes sentiments à son égard ...

(c) ?? (lj) & dearjoinny.