La pluie tombait rudiment contre le carreau de la fenêtre. C’était une journée plutôt triste pour un été qui, jusque là, c’était montré plutôt chaud et agréable. J’habitais dans une petite maison sur le bord d’une rivière avec mes parents. Je n’avais ni frères, ni sœurs et la communauté la plus proche était à plus de huit kilomètres de ma maison. Autant vous dire qu’en cette journée plutôt grise, je n’avais pas grand-chose à faire. Je n’étais néanmoins pas un enfant turbulent, ni hyperactif comme certains gamins avec qui j’allais à l’école. Je ne manquais toutefois pas d’énergie. Reste que ça ne me posait aucun problème de rester assis durant plusieurs heures. Mes parents étaient en bas alors que moi, dans ma chambre au premier étage, j’étais plongé dans la lecture d’un bon roman d’aventure. Par moment, lorsqu’un éclair zébrait le ciel, je levais les yeux pour apercevoir ce miracle de la nature. J’aimais beaucoup les journées pluvieuses. Tout était si calme alors que le ciel menait son combat. Les mystères que contenaient ce dernier avait toujours été source de curiosité chez moi.

Le regard plongé dans la tempête, je n’entendis pas ma mère qui frappa doucement à ma porte. Ce fut donc une grande surprise lorsqu’elle posa sa main sur mon épaule. Sursautant, je me retournai, me retrouvant devant le visage magnifique de la femme qui m’avait donné la vie. Elle me regardait d’un air étrange alors que ses petits yeux noirs et bridés, généralement si chaleureux semblaient inquiets. Je sentis l’inquiétude me retourner l’estomac. Était-il arrivé quelque chose à mon père? Mes grands-parents allaient-ils bien? Et qu’en était-il du reste de la famille? Voyant que ma mère ne semblait pas être capable d’articuler le moindre mot, je pris les devants.

« - Que ce passe-t-il? Pourquoi as-tu l’air si préoccupée?
Un moment de silence durant lequel je ne me sentais pas du tout à l’aise. Ma mère secoua la tête négativement avant de finalement prendre la parole.
- Tout va bien. Ton père et moi aimerions toutefois te parler. Voudrais-tu descendre?
- Oui bien sur ! »

Je descendis l’escalier, puis entrai dans la cuisine. Mon père était assis à la table, un air à la fois calme et préoccupé sur le visage. Patiemment, je m’assis devant lui. Je n’étais pas du genre à monter sur mes grands chevaux. J’attendais toujours de voir où les autres voulaient en venir avant de m’énerver. Ils avaient bien le droit de prendre le temps qu’ils voulaient, c’était à moi d’attendre et d’écouter. Prenant place devant mon paternel, j’accostai coude sur la table. Ce dernier jeta un regard inquiet à ma mère avant de reporter ses yeux verts sur moi. Je ressemblais plus à mon père qu’à ma mère. Bien que j’aie les cheveux foncés de cette dernière, j’avais les traits de mon paternel et les mêmes yeux verts remplis de curiosité, de patience et de tendresse.

« - Tu ne vas pas aller au collège Oxford. », finit par dire Spencer Ravenscar. Surpris, je le regardai un moment sans trop savoir où il voulait en venir. Cette année, j’étais sensé rentrer au collège avec mes amis. Nous allions enfin passer dans la cours de grands. Comme tous les jeunes anglais de onze ans, nous allions laisser derrière nous la petite école pour intégrer la plus grande. Mon père était militaire et ma mère infirmière. Puisque mes parents gagnaient beaucoup d’argent, j’étais sensé entré dans un collège privé. Je rêvais à cette école depuis mon enfance. C’était celle où mes parents c’étaient rencontré. Celle où ils avaient passé les meilleures années de leur vie disaient-ils. J’avais été tellement heureux de pouvoir enfin y aller. Maintenant que mon père m’annonçait que je n’y allais pas, je sentis tout mon univers s’écrouler autour de moi.

« On déménage ? », me surpris-je à leur demander. Ce ne serait pas une première puisque nous changions constamment de ville. Mes parents gardaient toujours cette maison sur le bord de la rivière. C’était un ancre à la vie normale disaient-ils. Il faut avoir des repères dans la vie, pour ne pas ce perdre de vue. Bien que nous quittions toujours nos maisons, celle près de la rivière, à huit kilomètres de toute civilisation nous attendait toujours. Si nous devions déménager, ça ne me posait pas tellement problème. Toutefois, je ne comprenais pas pourquoi je ne pourrais pas aller à ce collège. Ils offraient un service de résidences pour les étudiants qui ne pourraient retourner chez eux tous les jours. Je n’avais qu’à prendre une chambre la semaine et regagner le foyer familial la fin de semaine. Sauf que mes parents ne semblaient pas de cet avis…

« - Non. Nous ne déménageons pas. Je n’ai pas été muté. Enfin, moi et ta mère allons rester ici cette année, mais pas toi.
- Mais… Si je ne vais pas au collège, où vais-je?
- Tu vas aller au collège, mais pas à celui où tu étais sensé aller.
- Pourquoi je n’y vais pas?
- Eum… Comment t’expliquer? Un homme est venu hier et nous a remis une lettre. Il nous a expliqué des choses avant de nous laisser te la remettre. Il nous a dit qu’il pouvait repasser si tu le souhaitais, si tu avais des questions aux quelles nous ne pouvions pas répondre.
- Des questions au sujet du collège? Ils n’ont pas laissé de brochure? Pourquoi l’homme est passé chez nous?
- Parce qu’il nous a dit des choses sur toi que nous ne savions pas. Il nous a dit que tu devais aller dans un collège spécial pour les gens comme toi.
- Les gens comme moi? Je croyais que ce qui arrivait parfois était normal. Tu disais que ça arrivait à tout le monde!
- Ça arrive, mais pas à tout le monde. Eum.. Je ne sais pas trop comment t’expliquer Charlie.
- Tu n’as qu’à tout me dire d’un coup.
- D’accord. Si c’est comme ça que tu veux procéder. Alors voilà. Tu es un sorcier. »

Estomaqué, je lui lancé un regard suspect. C’était une blague. Il se foutait de moi, bien que ce ne soit pas son genre, il ne pouvait que me faire une blague. Un sorcier. Et puis quoi encore, il allait me sortir que j’allais voler sur un balai et faire sortir un lapin de mon chapeau avec une baguette magique et un sort abracadabra. Autant dire que les vampires existaient pendant que nous y étions.

« - Un sorcier? C’est une blague?
- Oui un sorcier et non, ce n’est pas une blague. L’homme qui est venu nous voir nous a prouvé que ce n’était pas une farce.
- Alors je suis un sorcier, et vous?
- Nous ne sommes pas des sorciers. Apparemment, ça arrive que des non-sorciers aient des enfants avec des pouvoirs. L’homme nous a dit que tu devais aller dans une école où ils t’apprendraient à contrôler tout ça.
- Ce n’est pas une blague alors?
- Non Charlie, ce n’est pas une blague. Tient, lis donc cette lettre qu’il a laissée pour toi. »

J’attrapai l’enveloppe que me tendait mon père. J’extirpai une lettre écrite à l’encre violette sur un papier épais et rugueux. Dépliant la lettre, je laissai mes yeux parcourir les écritures fines et stylisées laissant le temps à mon cerveau d’assimiler le tout. J’étais un sorcier, mais pas mes parents. Je n’allais pas au collège Oxford, mais dans une école de magie nommé Poudlard. Je n’allais pas apprendre les mathématiques, l’algèbre et la littérature, mais les sortilèges, la métamorphose et la défense contre les forces du mal. De plus, je n’avais pas le droit d’avoir de balai magique, par contre, je devais absolument acheter une baguette. Voilà une perspective d’avenir des plus curieuses…

Le soleil brillait haut dans le ciel. Sous la canopée, la chaleur était étouffante. Avec mes parents, nous étions de retour dans la petite maison bleu sur le bord de la rivière. Après une année plutôt éprouvante à Poudlard, ça faisait du bien d’être de retour chez soi, dans la tranquillité que je connaissais depuis mon enfance. Dans cette forêt où seul le bruit des petits animaux et le chant des oiseaux venaient troubler le silence de la journée. Un peu plus loin sur la droite s’écoulait la rivière. Tout comme l’eau qui y coulait, je descendais le courant me dirigeant vers la plus grand étendu où elle d’écoulait. La rivière passait au fleuve et le fleuve à la mer. Parce que oui, la petite maison près de la rivière était aussi près de la mer. En fait, la mer était à plus de trente minutes de voiture, mais bon, c’était relativement près.

Après quelques minutes de marche je débouchai enfin sur la clairière où j’avais pris l’habitude de venir me réfugié depuis que j’avais appris que j’étais un sorcier. Elle donnait sur un pan de la rivière où le courant n’était pas très fort, ce qui me permettait d’aller me rafraîchir lorsque j’en avais envie. Ce qui était bien avec cet endroit c’est qu’il n’y avait jamais personne. Je pouvais rester calme, réfléchir à mes amis, ma famille, à Poudlard. C’est ici que j’avais passé la majorité de mon été. Étendue sur l’herbe tendre, je repensais à Ange, le gars qui avait perdu la vie. J’avais partagé mon dortoir avec lui pendant près de la moitié de l’année et soudainement, il n’était plus là. Je pensais aussi à mes amis, à Poufsouffle que j’avais dut quitter lorsque le ministère avait décidé que tous les nés-moldus devaient être confinés dans une maison spécial. Le mal que ça m’avait fait d’être arracher à cette maison, à tous ces gens que je considérais comme étant ma famille. J’aurais bien aimé me battre, mais à quoi bon. Après tout, tout ce que cela rapportait était des morts et encore d’autres morts. Je ne me laissais pas marcher sur les pieds, je ne me laissais pas comme vaincu, mais je ne me battais pas ouvertement non plus. Pas question de laisser les gens m’insulter sans rien faire, reste que je n’étais pas de nature violente. Je préférais largement les mots aux poings, ce qui n’était pas le cas de tous. Et derrière ce masque de noirceur, j’arrivais toujours à trouver la lumière. Exactement comme s’il me suffisait d’allumer la lumière…

Je m’apprêtais à retirer mes vêtements et plonger dans l’eau froide lorsque j’aperçue quelqu’un sur la berge. Ses cheveux sombres retombaient en vague sur ses épaules. Elle portait un short et un haut de bikini coloré. Sa peau basanée laissait penser qu’elle n’était pas tout à fait anglaise. Bien qu’elle me fasse dos, je la reconnu immédiatement. Pas que j’avais souvent pensé à elle où un truc dans le genre, mais j’avais passé une bonne partie de l’année à l’observer lorsqu’elle étudiait, mangeait ou était tout simplement avec ses amis dans le parc. Ne vous en faites pas, je n’étais un pervers ou quoi que ce soit dans le genre. Cette fille avait juste sue retenir mon attention.

« - On s’est perdu ? »,laissais-je tomber d’un ton moqueur. Ce n’était pas tellement surprenant venant de ma part. Personne n’habitait dans le coin à part mes parents et moi-même. Il y avait quelques maisons plus loin, mais très peu étaient habitées. Je n’avais même jamais vu qui que ce soit dans le coin. La jeune fille se retourna. Un sourire étira ses lèvres alors qu’elle me répondait :

« - Je pourrais te poser la même question.
- Si tu veux, mais moi, je vis ici!
- Je savais bien que ces bois habitaient des animaux sauvages. J’en avais encore jamais vu des comme toi par contre. Tu es quoi au juste? Un croisement entre un singe et un ours? »

Je souris largement. J’aimais bien les gens qui savaient rire. Je n’étais pas insulté ou quoi que ce soit. Il n’y avait rien de personnel dans ce qu’elle me disait. Son ton était à la plaisanterie, ce qui n’était pas pour me déplaire. En plus d’être jolie, elle était plutôt sympa. De quoi en profiter. Laissant tomber mon sac à dos, je m’approchai d’elle.
« - Charlie Ravenscar, mais mes amis m’appellent Sun ! », lui dis-je en lui tendant la main. Elle sourie de plus belle et me la serra joyeusement.

« - Felicia Luz Almeida. On m’appelle Luz !
- Enchanté Luz ! », répondis-je sur un ton faussement professionnel. Nous nous regardâmes un moment avant de pouffer de rire. C’était le début d’une amitié, et peut-être même plus. Un peu de chaleur dans cette période de noirceur ne ferait pas de mal. Luz était sorcière elle aussi, mais contrairement à moi, elle n’était pas de sang moldu. Toutefois, elle ne venait pas d’Angleterre, mais du Brésil. Ayant débarqué à Poudlard durant cette période trouble, elle avait bien du mal à y trouver sa place. Je saurais bien l’aider à faire ses marques. Après tout, c’est à ce que servent les amis !