Cher journal,
Aujourd'hui j'ai encore entendu mes parents se disputer. Comme toujours, ils ne m'ont pas vu alors que j'étais dans le cellier en train de chercher des provisions pour le dîner. En entendant leurs voix, je me suis collée à la porte et j'ai écouté. Comme d'habitude, je ne comprenais rien. Ils se disputaient à voix basse et le sujet de la dispute m'était comme d'habitude inconnu. Un nom semblait revenir souvent dans la dispute. Quelque chose comme... Volemort, Boldemort, Voldemort, je ne savais pas trop, l'épaisseur de la porte m'empêchait de bien entendre. En ce moment, j'ai l'impression qu'ils passent leur temps à se disputer et je me sens responsable. Mon nom revient si souvent dans leur dispute que je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est de ma faute, que si je n'étais pas là, tout irait bien entre eux. Lorsque je suis là, ils font comme si tout allait bien mais je sais bien que c'est faut. Ce n'est pas parce que je n'ai que treize ans que je ne peux pas comprendre certaines choses. Pourtant, c'est ce que mes parents ont l'air de croire. Ils me mettent à l'écart de tout comme si c'était trop dangereux pour moi. Je ne peux jamais sortir seule, je prends des cours par correspondance, je n'ai même pas d'amis ! J'ai l'impression que le monde extérieur m'est interdit et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Mais je suis bien décidée à savoir ce que mes parents me cachent et surtout pourquoi ils passent leur temps à se disputer. Je ne suis plus une enfant maintenant. Il ne reste plus qu'à le leur prouver.

---

Cher journal,
Oh mon Dieu je n'arrive toujours pas à croire ce que je viens de voir ! C'est tellement... Tellement... Surréaliste. Depuis une semaine mes parents et moi nous trouvons en Bulgarie pour quelques vacances. Pour la première fois depuis longtemps, mes parents me laissent relativement libre. Ils ont l'air d'avoir d'autres préoccupations en tête et ce voyage est loin de ressembler à des vacances pour eux. Je compte bien comprendre pourquoi plus tard mais je suis encore sous le choc de ce que je viens de voir. J'ai l'impression d'être dans l'un des livres que je lis, le genre de livres fantastiques avec de la magie et des dragons que ma mère refuse que je lise. Je suis toujours obligée de les lire en cachette par peur de me faire gronder. Mais je les aime trop pour m'en passer. Aujourd'hui, j'étais en train de me promener dans la forêt qui jouxte le gîte lorsque le soleil m'a été caché pendant une ou deux secondes à peine, comme s'il il y avait eu une éclipse. Et lorsque j'ai levé la tête, c'est là que je l'ai vu. Le dragon. Il était tel que mes livres fictifs les décrivait. Il était si majestueux, si imposant, si beau, que j'en eu le souffle coupé. J'ai eu l'impression de rêver mais je me suis pincé plusieurs fois jusqu'au sang en ressentant une douleur telle que je ne pouvais décemment pas être en train de rêver. Il était d'un vert émeraude comme incrusté d'or et si grand que je savais qu'il pouvait m'écraser sans le sentir. Je me suis cachée derrière un rocher et je l'ai regardé voler dans le ciel pendant un moment. Au bout de quelques minutes, ou une heure peut-être, je n'avais plus la notion du temps, le dragon s'en est allé comme il était arrivé et je restai le souffle coupé, encore choquée par ce que je venais de voir. Les dragons n'existaient pas. Ils ne pouvaient pas exister. Et pourtant, aujourd'hui, j'en avais vu un de mes propres yeux.

"Maman, papa, est-ce que vous croyez à l'existence des dragons ?" La question était sortie toute seule, un soir alors que nous nous trouvions à table. Nous étions rentrés depuis une semaine de Bulgarie et je ne pouvais pas me défaire de l'image de la bête que j'avais admiré. La routine avait repris, j'étais de nouveau comme cloîtrée chez moi mais seule l'image du dragon m'importait. Je n'étais pas folle je le savais, mais je voulais encore m'en persuader. Mes parents ont avalé de travers avant de se regarder l'air affolé. Visiblement, j'avais touché un point plus que sensible. Ils avaient alors parlé à voix basse comme si je ne me trouvais pas avec eux ce qui m'avait exaspéré au plus haut point. "Eh oh je suis là ! Ne faites pas comme si je n'étais pas là et dites-moi les choses ! Qui est Voldemort ? Et pourquoi papa dis-tu qu'il est temps de me le dire ? De me dire quoi ? Et toi maman de quoi as-tu peur ? Que ne veux-tu pas que papa me dise ?" Emplie de colère, j'en étais à bout de souffle. J'avais besoin de savoir MAINTENANT. Je n'aurais pas accepté un autre mensonge de leur part. Je ne pouvais tout simplement plus le faire. Aucun des deux ne m'avait répondu. Ils avaient juste gardé le silence mais je voyais bien que mon père n'arrêtait de lancer des regards insistants à ma mère. Celle-ci, comme résignée, finit par se lever et se diriger vers le buffet du salon. Elle ouvrit un tiroir duquel elle sortit un tas de d'enveloppes jaunies. Elle les regarda comme si elles étaient causes de malheur et lentement, elle revint s'asseoir à la table. D'une main tremblante, elle me les tendit. Tremblant autant qu'elle, je m'en emparai. Je n'osai pas les ouvrir comme par peur de ce que j'allais pouvoir découvrir dedans. Elles étaient au nombre de quatre et portaient un sceau bizarre. J'y lus le nom : Poudlard.

Cher jounal,
Demain cest le grand jour. Je fais enfin ma rentrée dans cette école qu'on appelle Poudlard. J'ai peur de ce que je vais y découvrir et surtout j'ai peur de ne pas me sentir à ma place. Je me sens ridicule. Cela ne fait qu'un mois à peine que j'ai découvert que j'étais une sorcière comme mon père et je sais que j'ai quatre années d'études à rattraper. Comment le pourrais-je alors que je serai entourée de personnes qui pratiquent la magie depuis des années ? Comment le pourrais-je alors que je n'ai connu son existence que très récemment ? Je ne connais rien de la magie, de ses aspects, de la façon dont on s'en sert. J'aimerais que tout tombe du ciel comme par magie, et c'est le cas de le dire, mais pour pouvoir faire de la magie, il faut quand même s'entraîner. Elle ne vient pas toute seule. J'ai peur je l'avoue. Je me sens plus terrifiée que jamais. Je sais que j'ai mis les pieds dans un monde plus dangereux que celui dans lequel je vivais jusqu'à présent et je ne peux pas revenir en arrière. Je n'en veux pas à mes parents de me l'avoir caché, bien au contraire. Ils cherchaient juste à me protéger et par-là, ils me montrent combien ils tiennent à moi. Mais maintenant, je vais me retrouver seule et sans attaches et ça, ils n'y pourront plus rien.

« J'espère pour vous que vous n'avez rien perdu de votre magie pendant les vacances. Il n'est pas temps de trainasser alors à vos baguettes ! » Sortant ma baguette, ce que je considérais encore comme un vulgaire bout de bois que nous étions allés acheté avec mon père dans un endroit qui s'appelait le chemin de Traverse, je me mis à la regarder et à me demander comment elle allait pouvoir faire sortir de la magie. Je me sentais ridicule alors que tout le monde autour de moi semblait savoir quoi faire et s'entraînait avec le professeur Flitwick. Sentant les larmes aux yeux, je ne savais que faire. Le professeur se rapprocha de moi. « Qui a-t-il mademoiselle ? Il ne me semble pas vous connaître. Comment vous appelez-vous ? » « Gr... Grace Jane Allister, murmurai-je en baissant la tête. » « Bien Grace. Montrez-moi comment vous faites voler cette plume devant vous. » Il me regarda alors de ses yeux transperçants et je n'eus pas besoin de regarder autour de moi pour savoir que tous les regards étaient posés sur moi. Je déglutis difficilement. « Je... Je ne peux pas. » « Comment ? Parlez plus fort mademoiselle, je ne vous entends pas. » Chaque seconde semblait être une torture pour moi et je commençai à sentir les rires monter chez les autres. Me forçant à parler plus fort, je répétai : « Je ne peux pas. » Et les rires fusèrent comme autant de balles qui auraient atteint leur cible. Je ne m'étais jamais sentie aussi humiliée qu'à cet instant. J'étais la risée de tous parce que je n'étais pas capable d'effectuer ne serait-ce que le moindre sort élémentaire. Je me sentais tellement incapable que j'aurais voulu m'enfoncer sous terre. Attrapant mon sac, je m'enfuis en pleurant tandis que les rires ne terminaient pas de retentir.

Tandis que je marchais dans les couloirs, j'entendis une nouvelle fois le sobriquet que les autres m'avaient donné depuis un an. Grace la bécasse. Mais intérieurement, je me mis à sourire. Une nouvelle année commençait et j'allais leur montrer à tous ce dont j'étais capable ! J'étais une battante et pas une vulgaire bécasse. J'avais passé l'été en Bulgarie avec mes parents et mon père m'avait appris tout ce qu'il savait. J'avais lu des dizaines et des dizaines de livres, m'entraînant toujours un peu plus pour m'améliorer et ne pas me laisser marcher sur les pieds. J'avais passé une année épouvantable et je n'étais pas prête à recommencer. Je n'allais pas laisser les autres me détruire. Je connaissais désormais tout un tas de sort et même certainement plus que certains qui étudiaient la magie depuis très longtemps. J'avais peut-être eu honte l'année précédente mais je ne laisserais jamais la chose se reproduire de nouveau. Mes parents m'ont toujours appris à me battre et à me défendre par moi-même, à ne jamais compter sur les autres car cela pouvait facilement se retourner contre nous. C'est grâce à eux que je suis ce que je suis devenue et je ne pourrais jamais assez les remercier. D'autant plus qu'ils ont sacrifié leur vie pour la mienne... Le voilà. Je le vis arriver de loin avec son petit air arrogant. Le sourire aux lèvres, il s'arrêta près de moi, prêt à me susurrer les paroles les plus répugnantes dont il était capable. Mais avant qu'il n'eut pu dire quoi que ce soit, il se retrouva complètement désarmé, au sol et en train de se tordre de couleur. Il me lança un regard d'incompréhension et je lui souris, fière de lui montrer tout ce dont j'étais capable désormais. Même de jeter un sort dans le prononcer. Passant mon chemin, je ne me délectai même pas de mon petit artifice, sachant qu'il ferait le tour de l'école et que j'en subirais les conséquences de la part du corps enseignant.

Tapie dans l'ombre, j'étais incapable de bouger. Je me retenais pour ne pas crier et m'élancer à l'aveugle. Je savais que ça n'aurait pas aidé mes parents. D'un coup, j'eus l'impression de sentir la voix de mon père A L'INTERIEUR de ma tête. Elle était si distincte que ça en faisait presque peur. Finalement, il restait bien une chose que mon père ne m'avait pas encore apprise. « Grace s'il te plaît. Je sais que tu es là et que tu meurs d'envie de nous aider. Mais s'il te plaît chérie, ne fais rien. Ne viens pas à notre secours. Cours te cacher par la porte de ton placard comme d'habitude. Ils ne trouveront pas notre repère et tu auras la vie sauve. Préviens ta tante. Dis-lui qu'il est temps que le dragon prenne son envol. Elle comprendra qu'elle doit prendre le relai et qu'elle ne peut plus rien pour nous. Et s'il te plaît ma puce. Surtout ne pleure pas. Sache que ta mère et moi on t'aime bien que tout et ce pour toujours. » Me laissant tomber à genoux, je pleurai silencieusement, me rendant compte que c'était la fin. Ils se faisaient torturer sous mes yeux par des mangemorts et je n'avais d'autres choix que d'aller me cacher. J'avais l'impression de fuir et de ne pas assumer mon rôle. Je ne me sentais plus du tout l'âme d'une battante mais j'avais plutôt l'impression d'être redevenue Grace la bécasse. Toute mon assurance acquise ces dernières années venait de s'envoler en même temps que mes parents. Luttant contre mon propre cœur, je me traînai jusqu'au placard de ma chambre, rejoignis notre cachette impossible à deviner et prévins ma tante de l'énévitable.