Il était temps de se remonter les manches, comme lorsqu’on devait mettre la main à la pâte dans l’idée de faire de savoureuses tartes aux pommes. Duncan avait décidé de se prendre en main depuis longtemps maintenant, enfin pour le brun qui vivait dans le déni depuis deux ans ça l’était. Son passé était lourds et parsemé d’embuches et la seule personne envers qui il avait voulu se retourné à son retour l’avait repoussé. En quelque sorte; Ysolde était maintenant une amie, enfin c’était ce qu’ils avaient convenu dans le train menant à Londres lors des premiers jours des vacances de noël. Désormais ils étaient tous retournés à Poudlard, et depuis plusieurs jours le sorcier n’avait pas rencontré Ysolde. Il ne la cherchait pas vraiment en fait et c’est aujourd’hui qu’il se rendait compte de son erreur. Cette journée s’avérait tranquille comme les autres, le brun étant plus gentil que jamais faisant d’ailleurs sursauter les gens autours de lui quand il les saluait. Après tout, tout le monde avait encore en tête son caractère explosif et le fait qu’il était un meurtrier. Il en avait marre d’être exécrable, surtout depuis qu’il avait passé un vrai noël avec sa famille où tout le monde était joyeux. L’amour qu’il portait pour ses sœurs n’avait pas changé, d’autant plus qu’elles se faisaient séduire par des mauvais garçons. Samwell qui voulait tout à coup changer l’amitié qu’il avait avec Bonnie, c’était tellement évident. Mais le pire c’était le fait qu’il avait essayé de lui voler Ysolde dans un moment où il la souhaitait tant. Son cours avancé de justice magique, Duncan avait décidé de se promener librement dans les couloirs du château quand une porte lui avait semblé plus intéressante que les autres. Il connaissait l’endroit découvert depuis peu, la salle pluvieuse. Il faisait déjà assez gris dehors, mais un drôle de sentiment le poussa à entrer dans la salle. À peine quelque secondes, il était tout trempé et il se dirigea vers un banc qui siégeait dans la salle. Il savait qu’il était bien ici, du moins qu’il le serait à un moment où à un autre. Il souhaitait tellement panser son cœur, celui qui avait été piétiné pendant tant d’années maintenant. Les gouttes tombaient sur ses pieds, dégoulinant de son visage et de la pointe de ses cheveux qui avaient poussé depuis qu’il avait recommencé les cours. Il les aidait avec un petit sortilège, parce qu’il avait eut envie de changer son look. Comme si ça pouvait aussi changer son avis de la part des autres! Il soupira et releva automatiquement la tête lorsqu’il entendit la porte ouvrir devant lui. Une jeune femme entra, douce et belle Georgie Blishwick qu’il avait quelques fois insulté dans ses mauvais temps. C’était là ou jamais le moment de s’amender à nouveau!

Ce contrôle sur sa vie, toutes ces décisions prises pour elle, sans que son consentement soit même envisagé d’être pris en considération, c’était sa vie. Ou du moins, ce l’était. Elle avait osé croire qu’après les événements avec le fils des Rosier sa vie serait différente, mais elle s’était amèrement trompée. Bien évidemment. Jamais ses parents ne la laisseraient vivre sa vie librement, elle se sentait prise au piège. Et pourtant, en froissant la lettre qu’ils lui avaient envoyée le matin-même, Georgie se dit qu’il était temps que les choses changent, qu’elle avait largement subi les conséquences des choix que ses parents faisaient pour elle. C’était si facile à dire, et malheureusement beaucoup plus difficile à faire. Elle n’arrivait pas à croire que ses parents organisaient, encore une fois, une soirée de la haute importance, où elle devait évidemment se rendre, pour passer la soirée en compagnie de la famille d’un jeune homme qu’elle détestait plus que tout. Elle tenait la missive en boule dans le creux de son poing, alors qu’elle parcourait, seule, l’aile universitaire de Poudlard. Elle recherchait un endroit en particulier, endroit où elle n’avait encore jamais mis les pieds. Pourtant, c’était l’endroit qu’il lui fallait à ce moment même, pour décompresser et évacuer sa colère. Elle s’arrêta enfin devant une porte qui semblait mener vers son échappatoire improvisée.

Elle avait maintes fois entendu parler de cette mystérieuse pièce, mais bien que certaines de ses amies l'avaient visitée, ce n'était pas son cas et elle était bien intriguée. En poussant la lourde porte, elle constata que ce qu’on en disait était vrai; il pleuvait à torrents dans la salle, sans doute était-ce dû à un quelconque enchantement. À peine les pieds mis dans la salle que Georgie était déjà trempée, les gouttes ruisselant sur ses joues. Ses cheveux maintenant imbibés par la pluie retombaient en de lourdes mèches sur ses épaules et ses vêtements étaient détrempés. Elle ne se serait pas attendue à une telle pluie, elle aurait plutôt cru à une faible bruine. Elle fit quelques pas de plus, s’enfonçant dans la salle, laissant cette pluie artificielle l’envelopper. Ça avait un effet calmant, presque thérapeutique. Étrangement, elle avait beau être complètement trempée, elle n’avait pas froid, elle se sentait bien. Ce ne fut qu’après de longues secondes dans la salle qu’elle s’aperçut qu’au loin, quelqu’un avait levé la tête et la regardait. Le rideau de pluie n’était pas assez épais pour lui bloquer complètement la vue et elle put aisément reconnaître Duncan. Elle pinça les lèvres; c’était la dernière personne qu’elle souhaitait voir. Il lui avait mené la vie dure pendant un certain temps, et elle avait toujours ignoré pourquoi. C’était pour cette raison qu’elle ne l’appréciait pas particulièrement, et ne ressentait pas nécessairement l’envie d’être en sa compagnie. Elle songea à rebrousser chemin, mais pour une raison quelconque, elle préféra s’avancer dans la salle en direction du Gryffondor. Elle s’arrêta à sa hauteur. Elle se laissa tomber sur le banc, à ses côtés, gardant ses distances. « Tu es la dernière personne que je me serais attenude à trouver ici. », prononça-t-elle, après un long silence. Son ton était neutre, sans grande émotion. Elle marqua une pause. « Drôle de coïncidence quand même. », poursuivit-elle. Elle ne savait même pas pourquoi elle était restée, et encore moins pourquoi elle lui parlait. Du pouce et de l'index, elle tortillait un coin du parchemin froissé dans son autre main, à présent complètement imbibé d'eau. Elle fixait ses mains, ne risquant pas un regard vers Duncan. Elle écoutait distraitement le crépitement de la pluie, qui s'affalait sur eux. C'était étrange d'être là, assise à côté de celui qu'elle avait bien malgré elle détesté par le passé, et celui à qui elle n'était pas certaine d'avoir pardonné d'ailleurs.

Duncan essayait de découvrir qui était entré dans la salle pluvieuse mais la pluie rendait le tout difficile. Il pouvait apercevoir une longue chevelure, une fille c’était déjà ça. Il avait toujours eut une réputation de tombeur, mais dans un sens. En effet, il ne s’intéressait pas à n’importe qui et même si sa beauté était légendaire, il fallait se compter chanceuse si le gryffondor vous invitait à sortir. Au fond, il avait toujours été un grand romantique. L’eau ruisselant sur ses vêtements, il n’avait pourtant aucunement froid. D’ailleurs, il ne s’était pas senti aussi bien depuis longtemps. C’est pour cette raison qu’il était calme, même à l’idée de se faire déranger. Enfin, quand la personne s’assit à ses côtés, il put la reconnaitre. Il avala avec difficulté quand il rencontra les prunelles de Georgie. Il avait fait vivre à cette fille un enfer depuis quelques années, mais toutes ces méchancetés avaient toujours eut une explication. Elle était l’une des premières filles dont il était tombé amoureux. Lors d’une soirée mondaine avec des familles de sorcières influentes, il l’avait aperçu véritablement pour la première fois, sans savoir même qu’ils allaient tous deux à Poudlard. Ils ont passé quelques semaines ensemble à se connaître et à rigoler ensemble. Et quand Duncan se sentit assez prêt pour prendre les devants, il avait décidé de demander aux parents de la belle s’ils acceptaient qu’elle sorte avec lui. C’était commun dans des familles comme les siennes, tout comme la nouvelle qu’ils leur apprirent. Elle ne pouvait pas sortir avec lui puisqu’elle était fiancée à un autre. Son cœur brisé, il n’avait jamais digéré le fait qu’elle ne lui aille pas parlé de cette information pourtant importante. « Tu es la dernière personne que je me serais attendue à trouver ici. » elle était douce, alors qu’elle ne devait jamais avoir compris pourquoi il avait décidé d’être méchant avec elle du jour au lendemain. « Je te rends la pareille. » Lui aussi était calme, à croire que les insultes qu’il lui avait perpétrer par la tête ne voulait réellement rien dire. Elle n’avait pas idée. « Drôle de coïncidence quand même. » en effet, peut-être que le destin tournait en sa faveur et il voulait que les deux jeunes gens s’expliquent? Fermant les paupières, le sorcier respira longuement en songeant à ce qu’il pouvait bien lui dire. La haine se rapproche parfois si près de l’amour qu’il ne pouvait pas jurer n’avoir plus aucun sentiment envers elle. « Désolé pour ce que j’ai pu te dire autrefois. Je ne le pensais pas. » voilà, au moins c’était clair et précis!

Georgie se sentait de plus en plus calme, cette salle et la pluie avaient définitivement un effet apaisant sur elle. Toute la colère qu’elle ressentait précédemment semblait s’être graduellement dissipée alors que les multiples gouttes ruisselaient sur elle. Un silence s’était installé entre elle et Duncan, mais elle n’en était pas le moindre du monde dérangée, elle appréciait même ce moment de quiétude entre eux. Seul le bruit de la pluie se faisait entendre, dans une cadence irrégulière. Duncan fut celui qui rompit enfin le silence. « Désolé pour ce que j’ai pu te dire autrefois. Je ne le pensais pas. » Georgie hocha lentement la tête, sans dire quoi que ce soit, l’air pensive. Elle serra doucement les lèvres, les yeux toujours rivés sur ses mains jointes sur ses genoux. La pluie n’était plus si torrentielle, elle tombait à présent avec moins d’insistance. Comme quoi les intempéries de la pièce n’étaient pas constantes. La Serdaigle se mordilla la lèvre inférieure, encaissant placidement les excuses prononcées par le jeune homme. Elle aurait très bien ou les refuser catégoriquement, après tout, quelle qu’était la raison pour laquelle il lui avait dit ces choses, Georgie était persuadée qu’elles ne les avaient pas méritées. Peut-être avait-il une bonne explication pour son comportement qui jusque-là était demeuré injustifié. Et qui d’ailleurs avait laissé la jeune fille bien perplexe. Après tout, elle s’était toujours crue amie avec lui, ou du moins, elle croyait qu’ils partageaient une certaine complicité. Mais tout ça, c’était du passé, elle ne pouvait pas lui en vouloir à vie, et si elle avait la chance de repartir sur de bonnes bases avec lui, là était l’occasion rêvée. Ainsi, un pâle sourire effleura ses lèvres, alors qu’elle haussait légèrement les sourcils. « On m’a fait endurer bien pire dans ma vie. », commença-t-elle, doucement, sans la moindre touche de reproche dans la voix. Ce n’était pas un moyen pour elle de s’apitoyer sur son sort, ou encore moins d’attirer la pitié du Gryffondor, ce n’était en fait qu’une simple constatation qui visait à lui faire comprendre qu’elle avait vu pire et qu’il n’avait pas à s’inquiéter pour ce qu’il avait pu lui dire par le passé. « Et puis même si tu le pensais vraiment, c’est du passé, on oublie tout ça si tu veux bien. », ajouta-t-elle enfin, un petit sourire qui se voulait conciliant aux lèvres. C’était du passé, bien évidemment, et elle était prête à partir sur de nouvelles bases avec lui, après tout elle avait eu la chance de discuter maintes fois avec lui avant qu’il ne s’acharne sur elle, elle savait donc qu’il avait un bon fond. De là à dire qu’elle lui pardonnait, elle ne pouvait s’avancer là-dessus, elle avait tendance à être légèrement rancunière. Elle tira sur les manches de son gilet pour les ramener par-dessus ses mains, elle commençait à avoir légèrement froid, sous cette pluie incessante. Ils avaient beau être à l’intérieur, la pluie, bien que tolérable, était froide. Georgie, qui jusque-là n’avait pas quitté ses mains du regard releva les yeux sur Duncan. Elle avait toujours trouvé quelque chose de bien séduisant chez lui, elle ne saurait dire ce que c’était, mais il avait un je ne sais quoi qui lui plaisait. Sous la pluie, comme ça, il l’était d’autant plus. Elle le constata, sans en faire tout un cas. Quelques secondes s’écoulèrent avant que la Serdaigle ne reprenne la parole. « Si tu permets… Je peux te demander ce que je t’ai fait ? », osa-t-elle enfin demander d’une voix douce, en penchant légèrement la tête sur le côté. Elle semblait toujours si douce et fragile peu importe la situation. « Parce que je croyais qu’on était amis, avant que tu… enfin… me prouve le contraire. », poursuivit-elle, toujours aussi douce. Elle était hésitante, c'était évident. Elle savait qu’elle avait dit que c’était du passé, mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qui avait bien pu expliquer un tel comportement de la part du jeune homme. Après tout, elle l’appréciait sincèrement, mais elle ne pouvait nier le fait qu’il l’avait blessée.

La pluie avait diminué quelque peu, mais ça ne faisait pas grand-chose puisque les deux jeunes sorciers étaient tous les deux trempés jusqu’à l’os. Étrangement, Duncan n’avait pas froid, il était plus bien qu’il ne l’avait été depuis un long moment. Il se demandait si c’était à cause de cette pièce magique, ou tout simplement parce qu’il se trouvait près de Georgie, cette file qu’il avait autrefois aimé. À bien se le rappeler, elle avait été la première personne qui avait réellement compté dans la vie du tombeur. Il savait déjà qu’il avait commis un erreur en décidant de ne plus lui parler du jour au lendemain, sans s’expliquer. Pourtant, il avait toujours cru que ce n’était parce que qu’elle l’avait fait souffrir. Elle était fiancée et le gryffondor avait trouvé cette omission plus qu’importante. C’était peut-être ça le problème… Si la jeune fille ne lui avait jamais parlé de son fiancé, c’était peut-être parce qu’il ne l’intéressait pas, qu’elle ne le voyait que comme un ami. Égoïste, mais surtout égocentrique comme il était à l’époque, il mettait toute la faute de la fin de leur amitié sur la belle serdaigle. Elle n’avait pas su ce qui se passait pourtant, c’est pourquoi que sa face se décomposa grandement la première fois où il l’envoya balader alors qu’elle s’en venait vers lui, tout sourire. Ça avait coupé l’herbe sous le pied, disait-on, mais désormais Duncan avait changé et il s’était juré de ne plus jamais mentir. Ou du moins, tant que ça n’était pas relativement dangereux pour la personne en face de lui. Il commença par s’excuser, parce que c’était réellement la meilleure chose à faire pour commencer. « On m’a fait endurer bien pire dans ma vie. » Le brun laissa échapper un long soupire. Il avait manqué deux ans de sa vie, il avait entendu ce qui c’était produit par la bouche des autres et il se disait qu’il aurais vraiment mieux fait de rester. De ne pas tuer ces deux moldus, peut-être que de cette façon il aurait pu protéger Georgie et rester près d’Ysolde à la fois? Enfin, on ne peut pas changer le passé, chose que la bleu et bronze lui rappela savamment. « Et puis même si tu le pensais vraiment, c’est du passé, on oublie tout ça si tu veux bien. » Pinçant ses lèvres, il croisa le regard sincère de Georgie et se dit qu’elle avait sans doute raison. « Ça serait intéressant. J’ai vécu de drôles de choses les deux dernières années et je dois dire que jusqu’à récemment, j’étais toujours aussi connard. Et puis voilà, j’essaie de m’amender en quelque sorte. » Il lui sourit lui aussi, en espérant vraiment qu’elle voulait lui pardonner. Il en avait presque oublié le sujet principal de la conversation et il passa sa main dans ses cheveux pour les ramener vers l’arrière quand la serdaigle commença : « Si tu permets… Je peux te demander ce que je t’ai fait ? Parce que je croyais qu’on était amis, avant que tu… enfin… me prouves le contraire. » Avalant difficilement, il baissa la tête pour regarder les pieds et laisser ses cheveux retomber dans son visage. La vérité. C’était ce qu’elle méritait. Laissant échapper un gros sourire, il ouvrit la bouche sans pour autant la regarder dans les yeux : « Je sais, c’était du jour au lendemain. Mais ça a été dur pour moi, parce que je ne savais pas que tu étais fiancée… J’aurais tellement voulu que ce soit toi qui me l’apprenne, et bien avant eux. Ce sont tes parents qui me l’ont dit. Au même moment où je leur demandais si je pouvais t’inviter à sortir. » Voilà, on avait un début de réponse, c’était déjà ça!