ϟ PRENOM, Alun et Cain sont deux prénoms gallois, la tradition familiale étant de conserver un attachement au Pays de Galles grâce aux prénoms choisis pour les enfants.
ϟ NOM, le nom de famille Llewelyn renvoie lui aussi à ses origines galloises. Si ce nom est devenu très courant au fil des siècles, la famille d’Alun revendique une descendance de Llewelyn le Grand. Il existe en effet toute une légende concernant l'appartenance du premier roi de Galles au monde magiques et à sa filiation avec plusieurs grandes familles galloises contemporaines.
ϟ AGE ET INFORMATIONS SUR LA NAISSANCE, Alun est né un 28 novembre à Wrexham au nord du Pays de Galles, il y a maintenant plus de 40 ans.
ϟ VOTRE METIER, Après une carrière d'Auror particulièrement bien menée, l'ayant amené à la tête du Bureau des Aurors, Alun aspire maintenant au poste de professeur de Défense Contre les Forces du Mal, une blessure l'empêchant de poursuivre son activité de sécurité magique de premier plan.
ϟ NATURE DU SANG,Son père et sa mère sont tous deux sorciers. Leurs deux familles sont issues de lignées majoritairement sorcières, mais ayant connues aux fils des siècles de nombreux métissages. Alun se considère donc lui-même comme étant un sang mêlé.

Juillet 1979, Dolgellau

▬ « Tu m’attraperas pas. » résonna dans un rire la voix d‘une petite fille. ▬ « Ca c’est-ce que tu crois » répondit immédiatement la voix déjà affirmé du jeune Alun, alors âgé de sept ans. Courant à toute allure, slalomant entre les bosquets dans un paysage jonché de petites collines propres à cette région du Pays de Galles, Alun essayait désespérément de rattraper Sioned. Agée d’un an de moins que le jeune garçon, elle était depuis toujours sa meilleure amie. Ils avaient en effet grandi ensemble, leur âge et la proximité de leurs familles respectives les entrainant à partager la plupart de leurs temps libre ensemble. Leur course endiablée les mena finalement jusqu’à la maison d’Alun. La grande demeure familiale des Llewelyn surplombait le petit village de Dolgellau depuis au moins trois siècles. Relativement bien intégrée au reste des 2000 habitants, la famille avait réussi àempêcher de susciter des interrogations de la part des villageois moldus. Les Llewelyn travaillaient pour tous les habitant à Cardiff dans l’administration, et les enfants partaient depuis des générations à Eton dès qu’ils atteignaient leurs 11 ans. Une famille élitiste donc, mais qui descendait tout de même de temps à autre dans le village, et entretenait des relations cordiales avec tout le monde. Sioned habitait quant à elle une maison située plus à l’écart du village. Ses parents, bien que gallois d’origine avaient déménagé du Nord du pays, vers les montagnes du centre peu avant la naissance de cette dernière. Connaissant déjà les Llewelyn, qu’ils avaient déjà fréquentés lors de leurs années à Poudlard, ils passaient le plus clair de leur temps ensemble, et favorisaient les amitiés entre leurs enfants. Les deux mères, toutes deux femmes au foyer, étaient d’ailleurs assises dans le jardin, commentant le dernier numéro de la Gazette du Sorcier. Pourtant, elles ne semblaient guère porter attention à l’enthousiasme démesuré dont faisaient preuve leur progéniture. Chacune avait en effet à sa disposition une nourrice, qui à quelques mètres d’elles, étaient celles qui s’inquiétaient des jeux des deux enfants. ▬ « Je t’aie eu! »Finissant enfin par rattraper son amie, Alun se jeta sur Sioned, les faisant tous deux tomber à terre et rouler quelques mètres dans la pente verte qui s’étendait devant la maison. Leur dégringolade se termina dans un rire commun. Se redressant, Alun regarda sa camarade de jeu en train d’essayer de se retirer les brins d’herbe coincés dans sa longue chevelure dorée. Approchant son visage du sien, il embrassa la joue de Sioned. Celle-ci se retourna vers lui, un large sourire éclairant son visage. Ce fut-elle qui brisa le silence qui tomba durant quelques secondes: ▬ « Dis Alun, quand on sera grand, tu penses qu’on se mariera? » Ce à quoi le garçon répondit d’un air surpris ▬ « Bah, bien sur. Avec qui d’autre? »

Avril 1994, Poudlard

Ce cours était ennuyant à mourir. Pourtant, il y mettait du sien, mais il n’y avait vraiment rien à faire… Alun était un homme d’action. La théorie ça allait deux minutes, mais un cours magistral de 3h? Surtout si c’était simplement pour connaitre toutes la variations de la métamorphose d’un balai… Alun était là pour en découdre avec l’ennemi. C’était comme ça qu’il avait présenté son choix d’orientation vers la sécurité magique à ses parents quelques années auparavant. Après une courte réserve de sa mère qui aurait préféré qu’il entame un cursus de justice magique, ses parents avait finalement approuvé sa décision avec plaisir. Après tout, un poste d’Auror était une excellente position. Jusqu’à présent, ils n’avaient pas eu à se plaindre, Alun se distinguait des autres élèves de la promotion de part son esprit vif, ses réactions toujours pertinentes face à un quelconque danger… Il était né pour ça, sans nul doute. Jetant un regard vers le professeur qui n’avait toujours pas changé de sujet, Alun porta son attention vers son sac En l’entrouvrant il pouvait distinguer sa tenue de Quidditch, dont le rouge flamboyant contrastait avec l’ambiance décidément morose du cours. Jetant un coup d’œil par la fenêtre, celui qui avait été nommé capitaine de l’équipe lors de sa septième année ne put s’empêcher de s’imaginer l’entrainement qui l’attendait. Il laissa son esprit vagabonder, s’échapper jusqu’au terrain et réfléchir aux futures tactiques qu’il mettrait en place, au changement de techniques qu’il devait encore apporter pour son propre poste de gardien… C’était un bon leader, l’équipe fonctionnait bien depuis qu’il était à sa tête. C’est d’ailleurs plus pour ça qu’on l’avait désigné capitaine plutôt que pour son talent pour le sport, nettement surpassé par ses camardes du cursus Sportif magique qui avaient loisir d’y consacrer toute leur journée. Poussant sa tenue afin de chercher une gomme afin d’effacer les dessins qui ornaient sa page de cours, son regard s’arrêta sur son annulaire gauche. Il esquissa un sourire en y voyant orner son alliance. Ce bête sentiment de contentement finirait-il un jour? Il espérait de tout cœur que non. Sioned et lui s’étaient dit oui à la fin de l’été dernier. A 22 et 21 ans, il avaient tous deux pensé qu’il n’était pas nécessaire d’attendre plus longtemps pour concrétiser ce qu’ils s’étaient promis 14 ans plus tôt. Jamais ils ne s’étaient quittés, formant à l’école un petit couple reconnaissable entre mille. Les deux blonds gallois, le gryffondor et la serdaigle, qui passaient la majorité de leur temps ensemble… Bref, le petit couple parfait, celui qui a tendance à énerver ceux qui les entourent. La cérémonie avait été simple, malgré l’insistance de la mère d’Alun pour inviter ce qui avait alors paru au jeune homme comme la moitié du ministère de la Magie. Ils s’étaient jurés fidélité, sous un ciel à peine nuageux, et avaient dès lors commencé à s’imaginer leur futur à deux. Tournant la bague sur son doigt, le sourire toujours figé aux lèvres, Alun ne put s’empêcher que décidément tout allait pour le mieux...

Décembre 1997, Aberdyfi

Rien ne pouvait rendre la situation pire qu’elle ne l’était... Alun tenait fébrilement entre ses doigts la lettre qu’un hibou grand duc lui avait apporté trois jours auparavant. Il avait tout de suite reconnu le blason de l’hôpital Ste Mangouste, c‘était pourquoi il l‘avait dans un premier temps jeté d‘un geste vif sur l‘animal, qui s‘en était alors reparti pour l‘hôpital. Alun avait alors sorti une nouvelle bouteille d’alcool, qui viendrait comme toutes les autres une fois vidée, s’écraser contre le carrelage de la cuisine.

Elle était morte. Partie. Disparue. A jamais. Comment imaginer une vie sans celle qui vous a accompagné aussi loin que votre mémoire remonte? Cette dernière semaine, Alun avait en vain chercher à trouver une réponse à ce sujet, sans pour autant réussir à trouver une quelconque réponse. L’enterrement avait eu lieu ce matin là. Beaucoup avaient fait le déplacement, voulant montrer une présence rassurante envers le jeune homme, mais celui-ci n’avait pas eu la force de faire attention aux personnes présentes. Il avait machinalement répété les mêmes remerciements, sans même plus les penser réellement au bout d’un moment. Des amis de Poudlard, même quelques anciens professeurs avaient fait le déplacement, de la famille, proche et éloignée, son frère qu’il n’avait pas vu depuis des mois, ses sœurs qui parlaient beaucoup trop, ses coéquipiers du bureau des Aurors qui avaient gardé un silence respectueux tout au long de la matinée… La moitié des personnes présentes avaient insistés pour rentrer avec lui, le raccompagner, l’aider « au moins pour cette après midi, c’est un moment difficile à passer, tu ne devrais pas être seul maintenant, ce n’est pas bon pour toi… ». Pourtant c’est bien seul qu’il avait transplané jusqu’à leur domicile; chez eux… Ils avaient acheté la maison en 1996, dès qu’Alun avait obtenu son diplôme et commencé à travailler. Ils avaient choisi un village voisin à Dolgellau: Aberdyfi, petite station côtière au charme indéniable. Le cottage qu’ils avaient choisi était situé face à la mer. La vue était magnifique, tout particulièrement l’été. Les jours où le temps était doux, ils pouvaient ouvrir toutes les fenêtres et profiter des charmes procurées par l’air marin et le bruit des vagues. Aujourd’hui toutes les fenêtres étaient restées closes, et l’air de la maison commençait à s’imprégner d’une odeur de renfermé mélangée aux vapeurs d’alcools. Tout était allé si vite… A peine quelques jours plus tôt, alors qu’elle s’occupait des tâches ménagères après avoir étudié un texte d’Histoire de la Magie, elle avait été mordue par un doxy. Ne reconnaissant pas immédiatement la créature, et négligeant la gravité de la blessure elle avait continué ses activités. Alun, en mission n’était rentré que beaucoup plus tard dans la nuit, trouvant sa femme fiévreuse. Voyant que son état était sérieux, il avait immédiatement transplané à Ste Mangouste. Il avait fait aussi vite qu’il avait pu, mais il était déjà trop tard. Sioned devait périr dans les heures qui suivirent... Savait-elle seulement qu'elle était enceinte? Alun, quant à lui venait de l'apprendre. Quelle meilleure façon que grâce à l'acte de décès de sa femme?
Alun ne retourna pas au travail pendant encore une semaine. On lui avait accordé autant de temps qu’il lui fallait pour se remettre du drame. Il avait pris deux semaine de congés. Ce furent les deux seules semaines de congés de sa carrière.

Mai 2003, Saint-Pétersbourg

Cela faisait maintenant plus de quatre semaines qu’Alun n’avait pas revu les vertes collines de son Pays de Galles natal. Quatre semaines d’une traque interminable qui venait de prendre fin. La capture de Vladimir Andreïev était sensé être d’une simplicité enfantine. Si l’homme avait tout de même tué un moldu dans les rues de Glasgow au début du mois d’avril, il était très diminué physiquement suite à un premier affrontement avec un Auror qui l’avait laissé avec un bras droit en très mauvais état. C’était d’ailleurs pour cela que le bureau avait décidé d’y envoyer seulement deux nouvelles recrues, une jeune fille et un jeune homme, sortis depuis moins d’un an de Poudlard. Malgré toute leur bonne volonté, la jeune femme avait envoyé après moins d’une semaine un hibou de détresse décrivant la difficulté de la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle avait en effet perdu toute trace du tueur et avait aussi perdu contact avec son coéquipier, qu‘elle présumait kidnappé ou tué. C’était donc Alun qu’on avait envoyé pour redresser la situation. Il était habitué des affaires à régler à l’étranger, n’ayant jamais refusé une seule mission internationale depuis le début de sa carrière. En moins de dix ans, il avait déjà parcouru en long et en large tout le moyen Orient, ainsi que la majorité des pays Européens. Il était rapide, efficace, et gérait avec une aisance naturelle les relations diplomatiques propres à une intervention de sécurité magique britannique en pays étranger. Il avait d’ailleurs fortement gagné en popularité auprès du département des relations internationales du Ministère pour cette raison. L’envoyer en mission, c’était éviter une bavure diplomatique, éviter des déplacements et encombrements inutiles.
Après avoir retrouvé la jeune fille complètement apeurée et l’avoir calmée, il était reparti à la poursuite du tueur. Sa capture s’était révélée plus difficile que prévue tout d’abord à cause de la perte de sa trace par l’équipe déjà présente, mais aussi parce qu’Alun avait réalisé après quelques jours que ce qu’il croyait être un simple délinquant venu se réfugier dans son pays natal, faisait en réalité parti d’un réseau formidablement organisé. Il avait suivit plusieurs pistes, certaines se révélant rapidement être de simples traquenards crées pour le mener en bateau. Mais tout cela était terminé, il avait réussi à le rattraper dans une forêt proche de la région de Smolensk, où il se trouvait seul, dans une tente isolée. Sa capture avait été aisée. Moins de dix minutes, seuls quelques sorts furent échangés avant qu’Alun ne puisse le ramener à la jeune fille. Il la chargea de le ramener au Royaume-Uni, où il serait jugé de ses crimes devant le Magenmagot. Sa première intention était de trabnsplaner en même temps qu’elle mais il avait reçu un hibou quelques heures avant de partir. Celui-ci lui indiquait que le collègue de la jeune femme était dtéenu par le groupe du criminel, et invitait Alun à les rejoindre à Saint-Pétersbourg afin de le récupérer. Il y était attendu seul.
Il arriva devant le point de rendez vous, un vieil immeuble délabré à 22h, heure fixée par les ravisseurs. Il entra à l’intérieur de ce qui semblait avoir été un ancien hôtel, ayant probablement connu de plus fastes heures dans les années 20. Après avoir ouvert de nombreuses portes de suites qui se révélèrent toutes vides, il arriva enfin dans une pièce occupée. Il y reconnu au fond, maintenu dans un coin par un sort d’immobilité la toute jeune recrue. Le jeune homme avait été dans ses pattes pendant deux mois, avide de recevoir des conseils sur la manière de gérer une situation de crise. Alun ne s’était a priori pas montré assez pédagogue vu le résultat… Une seule autre personne se tenait dans la pièce, assise dans un fauteuil devant un jeu d’échec magiques. ▬ « Vous savez-vous faire attendre Mr. Llewelyn… Et bien, ne restez pas planté là voyons. Nous somme seuls, je vous attendais pour commencer la partie. Je me présente, Boris… ▬ Issakov, je sais. Vous seriez surpris d’apprendre à quel point votre nom peut circuler dans les rues de Smolensk. » l’interrompit Alun en prenant place à la chaise placée en face de lui. Le russe esquissa un sourire, et bougea son premier pion. « ▬ J’ai aussi entendu parler de vous. Vous avez après tout réussi à capturer un de mes meilleurs hommes avec une facilité déconcertante. ▬ Il faut croire que vous devriez revoir le niveau auquel vous recrutez votre personnel. » rétorqua d’un ton imperturbable, tout en s’engageant lui aussi dans la partie. « ▬ Comment va Mrs Llewelyn?  ▬ Je crois que ce n’est pas le sujet qui nous amène ici. J’aimerais simplement récupérer mon équipier sans poser de problèmes, je n’ai pas besoin de joindre les services russes, tout ceci pourrait se passer dans le calme vous savez. ▬ Probablement, mais revenons à Mrs Llewelyn voulez vous? » La partie avait continué à avancer rapidement jusqu’ici, mais Alun s’arrêta à cette question. Pourquoi une telle insistance au sujet de sa femme? « ▬ Parce que vous étiez en train de penser à elle. Vos papiers de divorce sont-ils remplis? » Alun était perplexe. L’homme qui se tenait face à lui venait-il de répondre à ses pensées? Il savait qu’il était possible de lire l’esprit des autres pour les personnes maitrisant la legilimencie, mais une telle maitrise était tellement rare, lui-même n’était pas convaincu de connaitre une seule personne capable de l’utiliser correctement. « ▬ Il est vrai que la réussite dans cette discipline demande une grande application. Mais quelle utilité une fois un bon niveau atteint! Revenons donc à cette chère Nora… » Alun commençait à paniquer, il ne s’était jamais retrouvé face à une telle situation. Il n’avait plus aucun contrôle sur ce qui était en train de se passer. « Quand s’est-elle rendue compte que vous la trompiez? Oh je vois, il y a un mois. Vous ne semblez pourtant que moyennement affecté par la situation. Ah, mais je viens de voir autre chose, elle emmène votre fille en France avec elle. Cela n’anime-t-il aucune émotion chez vous? » L’esprit d’Alun semblait tourner à toute allure, ne sachant plus s’arrêter, il n’arrivait plus à contrôler le flux d’information qui lui traversaient la tête. Elles se mélangeaient, s’entrechoquaient laissant libre accès complet au russe. « Pas vraiment a priori, vous me semblez être un père médiocre, je n’arrive même pas à trouver la date de son anniversaire dans votre mémoire, alors que vous vous souvenez de toutes les dates auxquelles vous avez capturé un quelconque mage noire. » L’homme se mit alors à rire. « Ah ah, et vous vous justifiez en reportant tout sur la mort de votre première femme. Tellement facile mon cher Llewelyn. Croyez-vous vraiment que vous auriez un meilleur mari, un meilleur père si elle était restée en vie? Oh, je vois, cette idée vous raccroche à l’image de la vie parfaite dont vous auriez rêvé, si c’Est-ce qui vous permet de garder la tête hors de l’eau après tout pourquoi pas. C’est absurde, mais après tout qui suis-je pour vous juger? » continua-t-il un sourire aux lèvres. Pendant ce temps, Alun continuait d’avoir l’impression d’avoir son crâne retourné complètement, des souvenirs douloureux revenant au fur et à mesure, l’affaiblissant à un tel point qu’il en ressentait les conséquences physiques. Il savait que n’importe laquelle des actions qu’il pouvait tenter à partir de maintenant seraient connues d’avance par son adversaire. Mais il n’avait pas le choix. Il envoya plusieurs sorts, avant que la douleur ne l’empêche de faire le moindre mouvement. Ceux-ci furent évités par le russe, mais leur efficacité l’empêchèrent probablement de tuer Alun, qui touché à l’épaule finit simplement évanouit. Lorsqu’il se réveilla quelques heures plus tard, la pièce était totalement silencieuse. Le russe avait disparu. Ce n’est que lorsqu’il réussit à se redresser qu’Alun remarqua le corps inanimé du jeune Auror. Cette vision frappa Alun. Il avait déjà vu d’autres Aurors mourir, le département n’était malheureusement pas connu pour une très grande sécurité de l’emploi. Certaines années, il avait déjà vu le nom de trois d’entre eux ajoutés au mur d’honneur dans le bureau. C’était un sentiment difficile, mais il avait finit par se faire une raison. Pourtant, ici ce sentiment se trouvait multiplié. Il se sentait directement responsable de la mort de ce jeune homme. Il était venu le récupérer et s’était laissé berner avec une simplicité déconcertante. Un tel échec ne pouvait se reproduire, il ne le supporterait pas... Rentré à Londres, Alun fit les démarches nécessaires pour s’initier à l’Occlumencie. Un an plus tard, il retrouva Boris Issakov sans avoir pourtant reçu un quelconque ordre de mission -on lui avait même demandé de se retirer de cette affaire- et régla décisivement le problème. « ▬ Echec et mat. »

Mars 2012, Londres

« ▬ Il en est hors de question! ▬ Mais Alun, ce poste est l’des plus convoités du ministère, tu sais que ça multiplierait presque ton salaire par deux. ▬ Tu te moques de moi n’est-ce pas? Tu crois réellement que je vais en être réduit à m’occuper de la paperasse du département de sécurité magique jusqu’à ma retraite? ▬ Tu t’occupais déjà d’une partie importante au poste de chef du bureau des Aurors, ça n’avait pas l’air de te déranger. ▬ Ca ne représentait même pas un dixième du travail que j’avais à effectuer! Te rends-tu seulement compte de ce que tu es en train de comparer? Quand j’ai accepté le poste de chef du bureau il y a six ans, cela n’avait rien à voir avec une quelconque ambition personnelle, c’était dans le seul but de l’organiser d’une façon qui me paraissait plus rationnelle. M’occuper des problèmes à ma façon! ▬… Et en profiter pour être occupé toutes tes journées… ▬ Je n’y vois aucun mal. Dois-je te rappeler que tu as déjà passé plus d’une semaine sans voir ton mari pour finir des dossiers importants? » La conversation s’arrêta alors durant quelques minutes, un silence gênant imprégnant alors la salle. Alun était assis sur le bord de son lit, une main posée sur sa cuisse droite, dans une chambre aux couleurs aseptisées. Le premier étage de l’hôpital de Ste Mangouste n’avait jamais rien eu de très convivial. Au fil des années, Alun avait fini par connaître presque par cœur les moindres recoins de l’hôpital. Les cicatrices qui ornaient la majeure partie de son corps en témoignaient. Mais cette fois ci c’était différent. La brûlure de dragon qui couvrait toute la partie supérieure de sa jambe droite était entourée de bandage. C’était celle de trop. Alun pourrait marcher à nouveau, sans de réels problèmes il est vrai. Mais les médecins avaient été formels: plus question pour lui de partir effectuer une quelconque mission. Trop risqué, pour lui comme pour les autres. Alun avait passé des heures à tenter de les convaincre qu’il avait vu passer pires blessures, qu’il n’aurait aucun problème à continuer à assurer ses fonctions. Ils avaient finalement envoyé un dossier nettement moins pessimiste que prévu au ministère quant à son état de santé, mais la réponse de la hiérarchie avait été négative quand même. Alun s’en doutait, il avait au cours de ces six dernières années passées à la tête du bureau des Aurors agacé plus d’un responsable politique. Conserver l’indépendance du bureau avait été une des ses priorité, notamment ces des dernières années avec le changement drastique de politique. Lui-même ne s’était jamais véritablement intéressé à toutes ses tergiversations, mais ne supportait pas qu’on lui impose des ordres ridicules. Il avait donc continué à orienter autant que possible les missions des différents Aurors vers ce qui lui semblait de première importance; la chasse aux nés moldus à première vue innocents de tout acte de Magie Noire n’en faisant pas parti. Il avait appris la nouvelle quelques jours auparavant, ses fonctions avaient déjà été déléguées à un autre, il faudrait qu’il vienne chercher ses affaires dans les jours qui suivraient. Plusieurs de ses collègues étaient passé lui adresser un mot, tenter dans succès de le réconforter, abandonnant pour la plupart assez rapidement. C’était sa sœur qui se tenait à présent à ses côtés. Elle travaillait elle aussi au Ministère (probablement quelque chose qui doit couler dans le sang Llewelyn) et venait lui proposer un emploi, qui certes concernait les Relations Internationales. Plus rien à voir avec la Sécurité Magique. Alun n’était d’ailleurs même pas convaincu d’avoir toutes les qualifications requises. « ▬ Pour la dernière fois, c’est un non définitif. Tu sais très bien que je ne pourrai jamais rester assis dans un bureau plus de deux heures. ▬ Après tout, je suppose que tu as raison. Tu pourrais aussi en profiter pour prendre un peu de repos, retourner au calme à Dolgellau quelques temps. Maman et papa seraient ravis de t’héberger quelques semaines. ▬ Tu me vois vraiment retourner vivre là bas, à quarante ans passés? » lui répondit Alun en riant. « Non, non je vais me débrouiller tout seul. Et puis on m’a déjà proposé un poste. ▬ Ah bon? Lequel? ▬ Ils ont besoin d’un nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal à Poudlard. » Sa sœur laissa alors échapper un rire. «  ▬ Toi professeur? Allons tu n’es pas sérieux. Tu ne vas tout de même pas retourner t’enfermer dans ce vieux château lugubre. Et puis, réfléchis-y deux minutes. Te sens-tu vraiment prêt à devoir supporter ces centaines d’élèves tous les jours? » Le regard d’Alun s’égara un moment. Non il n’était pas sur de lui. Donner des cours n’avait jamais été un objectif de vie. Il avait toujours accepté de donner quelques conseils aux nouvelles recrues du département des Aurors, mais ses connaissances en pédagogies s’arrêtaient là. Non, il n’était pas sur de lui… mais c’était toujours la meilleure solution qu’on lui proposerait dans l’état où il se trouvait. Au moins il serait toujours capable de choisir la direction qu’il comptait donner à ce qu’il entreprenait, et aurait encore l’occasion de manier sa baguette d’une façon plus digne que pour envoyer des papiers jusqu’au service de poste du Ministère. « ▬ C’est tout réfléchi, j’y serai dans les prochaines semaines si tout se passe bien. »