Cette idée d'Halloween ne me plaisait pas. Vraiment pas. Cette idée stupide de se déguiser et de tenter de se faire peur... Non, vraiment, le concept je n'y accrochais pas. Puis une présence dans mon dos se fit sentir. Anastasie. Qui d'autre ? Je réprimais doucement un sourire alors qu'il me faisait face. D'accord, notre idée pour nous déguiser n'étais pas follement originale, mais c'était un strict minimum, n'est-ce pas ? Le charme de l'instant glacé fut brisé par des hurlements. Avec regret, mes yeux s'arrachèrent aux siens et suivirent le mouvement de la foule. L'orée sombre de la forêt se dessinait avec précision à la lumière de la pleine lune. Avais-je songé à la plaine lune ? Quittant l'horreur des yeux, j'observais le ciel. Pleine lune. Hurlement. Et puis un cri déchira mes tympans. Un cri humain cette fois. Une jeune fille pointa quelque chose du doigts vers la forêt. Des murmures affolés parcoururent la foule réunie pour Halloween : le jeu tournait au cauchemar. Trois loups, peut être plus, se dessinaient à plusieurs mètres de la foule. Peut être plus. Je n'avais jamais été du genre courageuse avec ces bestioles là : toutes les bestioles me terrifiaient. « Par Merlin... » Murmurais-je en cherchant la réaction d'Anastasie. Tous les membres de mon corps se crispèrent. Cette soirée était promise à l'enfer.

Je ne sais si c’était une bonne idée ou pas de venir à cette soirée d’halloween mais en tout cas j’y étais et donc il n’était plus temps de tergiverser le pour et le contre. De plus je n’y étais pas seul puisque d’emblée j’avais aperçu ma sœur, entre autres, et Jillian. C’est vers cette dernière que je me dirigeai pour la saluer d’une manière bien à moi. La jeune femme n’eut d’ailleurs pas le loisir de me répondre qu’un hurlement se fit entendre, immédiatement je pivotai vers l’orée de la forêt. Et c’est l’incompréhension. Qu’est-ce que des loups font ici ? Comment sont-ils parvenus à entrer dans le château, à pénétrer les défenses de ce sorcier si puissant qui nous sert de directeur ? Je ne comprends plus rien, je ne pense même pas au fait que ça pourrait être juste une mauvaise blague pour l’occasion, pour moi la danger est bien réel. J’entends Jillian s’étonner de leur présence, également, derrière moi. C’est à cet instant que je comprends que la situation peut très vite tourner au vinaigre, je tourne la tête sur le coté et mon regard rencontre un instant celui de ma sœur. Je sais qu’elle pourra se défendre car dans son cursus elle doit apprendre à se défendre contre ce genre de créatures mais je sais aussi dans quel état elle était, la dernière fois qu’elle a du se battre contre un loup. De lus… Un loup garou n’est pas la créature la plus facile à vaincre, bien qu’on devrait y arriver, nous sommes plusieurs sorciers puissants mais si ils nous mordent… Je plonge la main dans la poche de ma cape pour y agripper ma baguette et de l’autre main, j’attrape le bras de Jillian. « Reste à l’écart. » Je lui ordonne, je sais bien qu’elle ne voudra pas et qu’elle voudra se battre mais ce sera plus difficile encore si je dois la couvrir elle et Maddie bien qu’elle ne soit plus une enfant et qu’elle tente encore et toujours de me le faire comprendre. Il est juste totalement hors de question que je laisse quoi que ce soit arriver à ces deux personnes qui sont ce que j’ai de plus cher au monde, même si l’une des deux n’en est même pas consciente.

Samwell était avec Ysölde, dans son costume de momie alors que la jeune femme était particulièrement joviale. Le jeune gryffondor était tout sourire alors qu'il discutait tranquillement avec elle. Il avait envie de passer une belle soirée avec son ancienne et peut-être future petite amie. De la voir rire, de danser avec elle, être son héros, le centre de sa soirée simplement. Pourtant, alors qu'il ne venait que de la rejoindre, le jeune homme ressentis un malaise. Il avait chaud, trop chaud. Son sang bouillait sous sa peau et ce n'était pas par la faute d'Ys qui faisait battre son coeur plus vite en étant à ses côtés. Tout son corps n'était qu'un brasier qui allait enflammer le parc. Il ne comprenait pas, ce genre de chose ne lui arrivait qu'à la pleine lune et celle-ci était bel et bien prévue demain. À moins qu'il ne se soit trompé ? Il n'y avait plus de doutes alors qu'il leva les yeux et que la lune frappa dans ses prunelles. Il commença à paniquer, posant ses deux mains sur les épaules d'Ys pour lui dire : « Sauve toi . Je vais me transformé. Je t'aime. » Avec le peau de force humaine qui lui restait, il se traînait jusqu'à la lisère de forêt la plus près. Avec douleur et hurlements, il se transformait en un immense loup-garou. Merde, s'allait être une tuerie - pensa-t-il avant que l'humain ne quitte son corps pour laisser place à la bête. Une créature mythique et en soif de chair humaine. L'immense loup-garou fit alors irruption dans le parc. Il s'approchait d'un groupe d'élèves qu'il n'avait pas vraiment choisi. Des corps parmi tant d'autres, des regards effrayés alors qu'il fonçait sur eux. Il aurait pu tuer sa propre soeur ou sa future petite amie sans qu'il n'en ait conscience.

Il y avait longtemps que mes larmes n'avaient pas coulés librement. J'étais devenue trop fière pour me laisser rabaissée par les émotions. J'étais de la brique, de l'acier et pourtant en un regard regard Jonas avait brisé mes défenses. Je les avaient essuyées pour m'enfuir. Il pouvait être fier de m'avoir fait craqué, franchement, bravo. J'entendais sa voix crier alors que je marchais déjà, la vue embrouillée par les larmes qui ne cessaient pas. « Alaska! » Il me rattrapais, agrippant mon bras pour me faire me retournée vers lui. Je dégageais mon bras de son emprise d'un geste vif. Je ne voulais pas qu'il me touche. Non, je ne voulais pas qu'il pose ses sales pattes sur moi ni même ses yeux ou ses lèvres ou qu'il serre son corps tout entier contre le mien je... NON. Je ne voulais pas. « Je sais pertinemment que ce que je te dis est contradictoire. Mais comprend moi! » Le comprendre ? Comprendre pourquoi il m'avait brisé le coeur ? À croire que j'étais la seule responsable de cette rupture. À croire que je l'avais cherché. Je serrais mes dents ensemble tandis que je ne pouvais ne le fixer de par mes yeux brumeux. « Je t'aime, mais je ne peux pas te toucher. Mon coeur bat si fort en ta présence que j'ai peur que les gens l'entendent! Je ne peux pas vivre une seule seconde sans penser à toi, mais j'ai peur que les autres lisent mes pensés! Comment vivre un amour aussi fort si on ne peut pas l'exprimer? J'ai l'impression que l'on va toujours t'arracher à moi! J'ai l'impression que si nous continuons ainsi, jamais nous serons ensemble pour vrai. En te présentant la situation comme un ultimatum, j'avais cru que cela changerait, qu'enfin je pourrais clamer haut et fort que je t'aimais. Parce que je déteste vivre en secret. Mais Alaska, jamais je n'ai cessé de t'aimer. Toutes les fibres de mon corps sont attirés vers toi. Si je pouvais t'épouser maintenant je le ferais. » des larmes coulaient en symphonie sur nos joues. Nous n'étions que deux épaves. Mon coeur remontait dans ma gorge. Je voulais le serrer contre moi, l'embrasser, l'épouser sur le champ. J'allais me jeter à son cou, me fondre dans ses bras en public pour ne plus jamais m'en défaire. Pourtant quelque chose m'en empêcha. La musique s'arrêta et un hurlement de loup se fit entendre. Je stoppais mon geste, levais les yeux au ciel pour apercevoir que ce n'était probablement pas une blague.

« Oh non Jo... On est foutus.»

En mode survie, je sortais ma baguette pour la pointer devant moi. Je tentais de faire un simple sortilège de lumière, mais rien ne se produisait. Notre discussion devait être remise. On parlerait de mariage et de notre querelle plus tard. Pour l'instant nous devions nous préparer à affronter ce qui s'en venait. Je regardais partout autour de nous pour apercevoir à la lisère un corps de loup. Mon coeur battait tandis qu'aucuns sortilèges ne fonctionnaient.

« Il nous faut des armes. Sans magie on va tous finir en pâté. T'aurais pas un couteau de poche ou un truc du genre ? Ils sont où les nés-moldus quand on en a besoin ? »

Que faire ? Je suis perdue, paralysée, totalement étrangère à mon corps à cet instant. J'ai peur. Très peur. Devant un épouvantard, je vois ma mère. Et pourtant, cette peur n'est que la plus profonde que j'ai. Je ne suis pas une fille courageuse : les créateurs magiques me font peur, le noir me fait, relativement, peur. Cette scène me fige. J'ignore ce que je devrais faire : avoir peur, sans doute. Courir, me sauver ? Peut être, pourquoi pas. Soudain, je sens le bras d'Anastasie m'attraper. Cette présence familière me ramène au contact du sol, de la réalité, bien loin des divagations peu rassurante de mon esprit.« Reste à l’écart. » Me lance-t-il. Quoi ? A cette instant je ne suis pas outrée qu'il m'écarte du risque de combat. Plutôt étonnée, perplexe de cette réaction. Le Anastasie que je connais, certains jours, me précipiterais dans la gueule de ce loup, juste pour son plaisir de me voir souffrir. Mais je suis là, incapable de dire quoi que ce soit, et je me laisse pousser en arrière. Et au moment où je me dis que les choses ne pourraient pas être pire, une curieuse lueur apparaît et se propage, lentement. je rêve ? Du rose ? Inconsciemment, je m'agrippe à Anastasie qui a sortit sa baguette. Inconsciemment aussi, je cherche Madeline du regard. Je l'aperçois, avant que mon esprit ne dévie vers Ulysse et Bellatrix que je ne trouve, nul part. Sont-ils dans le même danger que nous ? Je sais qu'Ulysse n'a aucune peur des loups, et que Bellatrix serait capable de réduire une de ces sales bestioles en bouillies rien qu'avec sa lime à ongles. Mais tout de même. « Anastasie, qu'est-ce qui se passe ?» Murmurais-je, apeurée. Qu'en savait-il, après tout ? fébrilement, j'attrapais également ma baguette : contrairement à ce que je pensais, cela n’eut pas l'effet escompté, celui de me sentir en sécurité.

Je me demandais encore comme il était possible que des loups se trouvent dans l’enceinte de l’école quand je réalisai que Jillian était à mes cotés et qu’elle courrait donc le même danger que moi. Si il n’y avait pas réellement eu de danger je l’aurais probablement incitée à se battre et à me montrer de quoi elle était capable mais là dans l’immédiat j’avais plus envie qu’elle ne se fasse pas mordre ou même pire : tuer, que de la tester dans ses capacités magiques. La jeune femme parait d’ailleurs bien étonnée que je lui dise de s’en aller. Elle semblait fébrile, apeurée et je ne l’avais jamais vu comme ça. Ca me donnait encore plus la conviction que je devais la protéger. Probablement ne l’aurait-elle jamais acceptée dans d’autres conditions mais elle ne sembla pas protester. Tant mieux. «Anastasie, qu'est-ce qui se passe ?» Elle attrape sa baguette magique et mon regard se pose sur le bout de bois qu’elle tient en main. Mes propres doigts se resserrent sur ma baguette, j’ai vu une fille tenter de lancer un sort mais ça n’a pas fonctionner, une autre a tenter et pour elle ça a marché. « Je ne sais pas. Et cette fille là-bas. » Je la désigne d’un signe de tête. « Soit c’est une idiote, soit la magie nous joue des tours ce soir. » Je pose ma main sur son épaule et la pousse pour qu’elle s’écarte un peu, le loup approche et très franchement je n’ai pas tellement envie qu’il nous prenne pour cible. Mon regard se pose sur Madeline, elle est suffisamment en retrait : bien. Je ne saurai pas me soucier des deux sorcières en même temps. Au bout d’un moment je remarque que le parc est plongée dans une drôle de pénombre rouge, comme si l’air était coloré du sang que les bêtes ont versées avant de venir s’attaquer à nous. Honnêtement aussi habile en magie que je puisse l’être je trouve ça plutôt effrayant et j’espère que les loups seront bien vite maîtrisés. Nous sommes plusieurs sorciers, ça ne devraient techniquement pas poser de problèmes mais encore une fois je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’ils font là.