LUCKY STRIKE Ft. Takeshi

TAKESHI & JASPER

« I'm travelling on, far and wide, But now it seems, I'm just a stranger to myself »

En ces heures plutôt tardives, Jasper arpente les murs de pierres. Ce jeune homme à la carrure des plus imposantes pour son jeune âge progresse le long d’un couloir, d’une démarche aérienne contrairement aux apparences. D’une main, ce dernier tend sa baguette de noyer, éclairant par sa pointe et son aura magique les pavés glacés. Beaucoup songerait qu’il est fou, en le voyant tâter les murs d’un air calculateur. Et pour ceux qui connaissent ce jeune fils Kettleburn, ce ne serait qu’une énième démonstration de son incapacité à rester en place. Oui, Jasper s’est clairement mit en tête de retrouver tous les passages secrets ensevelit à Poudlard. Et il irait même jusqu’à arpenter les murs de Grindlemonk si cela devait s’avérer nécessaire. Certes, il y a un côté extrême dans cette manie presque maniaque, mais cela fait partie intégrante de ce grand gaillard avare de savoir. Et la curiosité fait partie de ses vilains petits péchés mignons. Le petit malin a tout calculé, à cette heure, aucun élève ne circule dans les boyaux sombres des catacombes reliant Poudlard et le bâtiment étudiant, ou très peu et, Jasper est persuadé que l’un des passages de Poudlard est étroitement relié à cette partie du bâtiment étudiant. Une énième quête inutile, comblant l’ennuie qui le dévore de minute en minute. Même ce grand classique qu’est l’histoire de la magie ne parvient pas à soulager son manque d’activité. Les échecs ne sont pas assez distrayant pour son humeur actuelle et, Snow-Lynn semble introuvable pur effectuer une petite frasque avec lui. Nathaniel lui avait semblé complètement captivé lorsqu’il l’avait rejoint à la bibliothèque et, Jasper, trop peu envieux de s’attarder sur un quelconque ouvrage de sortilèges pour parfaire son savoir s’était donc mit en tête de continuer sa traque. Une traque qui l’ennuyait déjà beaucoup trop.

« - Tiieenns, mais ce serait pas le petit Kettleburn ! Raille une voix dans son dos.

-Nox ! Murmure Jasper à temps.

Epaules voutées, le blond arque un sourcil tout en faisant volteface, croisant les bras tout en étudiant de près trois élèves lui barrant le passage. De gauche à droite, il parvient à reconnaitre trois gamins de Grindlemonk, à peine plus âgés que lui. Deux bruns accompagnés d’une grande brune à la mine peu inspirée. Tous portant des noms qu’il ne s’était jamais donné la peine de retenir. Comme pour chaque Grindlemonk, le blond préfère bien souvent faire comme s’ils n’existaient pas.

- Désolé, on se connait ? Demande-t-il d’un air narquois en s’avançant, démontrant ainsi qu’il désire passer son chemin.

Au fond, Jasper est profondément irrité. Il déteste qu’on l’ennui plus qu’il ne l’est déjà. Ses pupilles d’un bleu pâle scrutent les deux iris noires contractées et furieuses qui ne le quittent plus alors qu’une main se plaque sur son torse.

- Minute papillon. Qui t’as dit que tu pourrais partir ? Gronde une seconde voix féminine à sa droite. Celle de la grande brune portant une frange barrant son minois aux joues trop gonflées.

Jasper hésite un long moment, fixant le trio d’un air indécis. Cette fois, c’était la meilleure. Que diable ont-ils contre lui ? Certes, il était un sang-pur, du moins, c’est ce que tout le monde croyait, mais jamais Jasper n’avait porté la main sur l’un d’entre eux. Peut-être s’était-t-il déjà montré hostile. Lui vient alors l’idée d’en conclure que ces trois-là sont des extrémistes.

- Vous me voulez quoi ? Demande-t-il en grinçant des dents, écartant la main irritante de lui tout gardant sa baguette de l’autre.

- Tu crois qu’on te voit jamais, hein ? Avachis sur ton banc à fixer notre bâtiment. Qu’est-ce que t’as en tête p’tit fumier ?! Et tu faisais quoi, là, à raser les murs ?

Alors c’est ça ? Juste ça ? Le blond dépassant le petit brun du milieu retient un rire narquois, le poussant un peu plus pour se frayer un passage.

- C’est pas ton affaire, gamin, foutez-moi la paix vous trois. Avertit-il d’une voix autoritaire, rangeant sa baguette dans son sa poche. Tss …. Pas possible. Achève Jasper en levant les yeux au ciel. »

Et sur ses dernières paroles le sale gosse bouscule le trio, leur tournant le dos sans songer une seule minute que ces derniers pourraient attaquer par derrière. Le petit chef du milieu lève un bras tremblant, serrant sa baguette avant d’articuler des paroles qu’il n’entend pas, près à jeter un maléfice.

« LUCKY STRIKE »

Je ne devrais pas être là. Non, je ne devrais pas.
Je le sais, mais pourtant j'y suis. C'est l'inconvénient d'être dans cette maison qu'ils appellent Grindlemonk. Qu'est-ce que ça veut dire d'ailleurs ? Je secoue la tête, ça n'a pas d'importance au fond. La seule chose que je comprend, c'est que nous sommes mis à part parce qu'aucun de nos parents n'est sorcier. Je ne vois pas en quoi c'est un défaut, mais je fais avec. Ce n'est pas un petit obstacle qui m'empêchera de mener à bien mes objectifs. Et puis les difficultés ne m'ont jamais fait peur. Pas même un instant. J'ai pris un sort en plein visage, puis un coup de sabre quelques années plus tard. Ce n'est pas ça qui m'a arrêté, mon sang ne m'arrêtera pas non plus. Je ne fais que garder les souvenirs. Ces deux cicatrices entrecroisées sur ma joue gauche ne sont que la marque des obstacles surmontés.
S'il me faut une nouvelle cicatrice pour sortir de Poudlard avec mon diplôme, et bien soit, il en sera ainsi.

Je me glisse en douce dans un couloir, me guidant uniquement à la lumière qui passe à travers les fenêtres. Il se fait tard. Je sais que les élèves de ma maison n'ont pas le droit de sortir du dortoir à partir d'une certaine heure. Mais je ne sais plus qu'elle heure et je ne sais même pas celle qu'il est à cet instant. La brique froide transmet sa faible température dans mon dos tandis que je tends l'oreille pour éviter de faire une mauvaise rencontre.
J'entends des voix après le prochain détour. Elles ne me sont pas inconnues, je ralentis le pas et me penche dans l'angle froid. C'est un petit groupe d'élèves de Grindlemonk. Comme moi, ils sont peut être dans l'illégalité d'être là. Je fronce les sourcils. Je ne les aime pas ceux-là. Oui, il y a bel et bien des gens que je n'aime pas.
Malgré le fait qu'ils soient mis à part, ils ne se serrent pas les coudes avec les autres et en profitent pour envenimer les choses dès que c'est possible... Et ils ont l'air de trop s'amuser à l'instant présent. Je ne comprends pas tout ce qu'ils disent mais je me rends bien compte qu'ils préparent un mauvais coup. Je connais bien ce genre de personnes, même au Japon, il y en a.

Toujours d'un pas silencieux – j'ai troqué ces chaussures cirées qui me compriment les pieds pour des tongs traditionnelles – je les suis en longeant le mur.
Ils descendent vers les catacombes. Je reste en retrait mais, au cas où, je prends distraitement le manche d'un balais qui traine dans un renfoncement du mur. Ce n'est pas parce que je suis déjà en faute de me trouver dans les couloirs à cette heure que je dois en plus ajouter à ça l'utilisation de la magie en dehors des cours. Et puis je n'ai pas besoin de la magie pour leur donner une leçon.

Apparemment, ils viennent de trouver leur proie. « - Tiieenns, mais ce serait pas le petit Kettleburn ! » Je reste caché dans l'ombre, sans un bruit.
J'écoute attentivement, à l'affut, tant pour comprendre ce qui se dit que pour déterminer si il y a besoin d'intervenir. Je me laisse glisser le long du mur en fléchissant légèrement les genoux, mon manche à balais devant moi pour éviter de faire du bruit en le cognant contre quelque chose. Je ferme les yeux et laisse mes oreilles s'occuper du reste.
Il n'y a pas l'air d'voir lieu de trop s'inquiéter pour le moment, je reste immobile. N'importe qui d'autre qui ne soit pas sportif aurait déjà des crampes dans les jambes. Pas moi. Je pourrais bondir dans la seconde et donner un grand coup de mon arme de fortune et assommer quelqu'un sans ressentir la moindre douleur musculaire.

La victime du trio décide de les laisser là en plan. Je suis toujours bien caché. J'entends sa main glisser sa baguette dans sa poche, le léger courant d'air que son passage devant moi provoque, l'odeur de son parfum. Quelque chose de cher sûrement, ce doit être un sang-pur.
J'ouvre les yeux lentement tandis que j'entends le petit groupe se retourner. Froissement de tissu, je vois l'autre du milieu lever sa baguette. Ma main se resserre sur le manche rêche du balais. Mes genoux se déplient brusquement et en trois enjambées rapides, entre la course et le saut, je me retrouve devant le petit brun. Le murmure d'un sort s'échappe d'entre ses lèvres au même instant que frappe un grand coup dans son poignet avec mon simulacre de sabre en bois. Le sort est dévié, passe au dessus de mon crâne et touche le mur qui l'absorbe avec un bruit sourd d'impact. La baguette vole dans l'obscurité.
Je plie instantanément les genoux et me penche, inversant ma prise sur mon arme et sabre les paires de jambes qui s'alignent devant moi. Trop court. Le manche est trop court et je ne touche pas les mollets du deuxième garçon.
« Ksôô ... » Je peste entre mes dents et me redresse vivement, reprenant mon arme dans le bon sens, évitant un coup de poing trop lent, de ma main libre j'attrape le bras qui passe et tire pour profiter du déséquilibre de l'élève.
Je pivote et me retrouve dans son dos. Un coup de pied entre les reins. Il se retourne, au sol, furibond et me reconnaît enfin. Je le vois qui sors sa baguette et m'abaisse juste à temps pour éviter le sort.
Surprise surprise, deux autres sorts croisent le premier au-dessus ma tête. « Oro ? » Je me retourne et découvre le garçon et la fille la baguette à la main. Il a récupéré sa baguette. Les sorts se percutent et sont plus ou moins renvoyés vers chaque envoyeur.

Un sourire se dessine sur mon visage.
« Himura ! TU VAS LE PAYER CHER ! » Hurle le petit chef qui vomit une limace après un affreux gloussement nauséeux.
Je me redresse doucement, mon manche à balais toujours à la main et croise le regard du garçon blond qui se serait fait attaquer. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas sûr qu'il le prenne bien...

C'était sans compter que la grande fille brune avait eu de la chance de ne pas se prendre un sort ricoché...