Je courrais. J’allais de plus en plus vite. Mais je m’essoufflais aussi. Je ne pourrais pas tenir plus de cinq minutes à cette allure. Ce fut à ce moment que je débouchai sur la cour intérieure. Heureusement, il ne semblait y avoir personne. Je m’affalai sur un banc et respirai à grande goulée l’air frais qui m’entourait. Non, je n’étais poursuivi par personne. Je n’étais pas pressée non plus d’arriver à un quelconque rendez-vous fixé. J’étais plutôt en train de fuir mes problèmes, ma douleur et ma tristesse. Depuis la fameuse fête surprise de Monsieur Fairglendal, rien n’allait. J’avais failli être capturée par des raffleurs – j’y avais échappé de peu. J’avais fait une folle de moi en agissant comme une cinglée, en embrassant un mec que je connaissais à peine et en étant habillée en pyjama pour une soirée où toutes les filles étaient en robe de bal. La galère quoi! Et puis, les pressions envers les né-moldus s’intensifiaient dû aux nombreuses interventions du ministère. Je me sentais observée tous les jours, à chaque seconde. J’avais l’impression qu’on cherchait une toute petite faille pour que mon nom apparaisse sur un avis de recherche et qu’un raffleur vienne me cueillir ici.

Rien qu’à cette pensée, j’avais envie de me mettre à pleurer, mais au lieu de cela, je me couchai sur le dos sur le banc, me forçant à respirer normalement et à me calmer. Si je me tapais une crise d’anxiété en plus… Bref, aujourd’hui, j’avais fui mes problèmes en joggant. Il faisait un peu plus chaud dehors, d’où je revenais. Ça m’avait aidé un temps de répit, mais il avait été de courte durée. Peut importe ce que je faisais, je sentais la nervosité m’envahir. Et pour couronner le tout, plus le temps avançait, plus je me sentais seule. Link était avec Arielle. Bridget se faisait autant discrète que moi… Et puis, Emrys, bah, il m’ignorait toujours. Et que dire de Gordon? Je le fuyais comme la peste, trop honteuse pour l’affronter.

Je restai donc là de nombreuses minutes, avant d’entendre des bruits de pas tout près. J’ouvris les yeux brusquement et me redressai. Qui cela pouvait-il bien être? Si c’étaient des serpentards ou des conservateurs, j’aurais ma fête. J’en tremblais d’avance dans mes vêtements de jogging moldus.

SI j'avais longtemps été libre comme le vent, il n'en était plus rien maintenant. J'étais en couple avec Arielle et je filais le parfait bonheur, rien d'autre ne comptait. Elle était mon soleil et j'avais délaissé tout le reste autour de moi, aveugle dans ma bulle de bonheur. Mon couple avait pourtant changé ma relation avec ma meilleure amie. Je m'étais éloignée de mon âme-soeur pour le bien de mon soleil. Je ne voulais pas qu'il y ait de jalousie, même si entre Zahar et moi il n'y avait eut qu'un seul baiser qui n'avait pourtant rien changé. Nous ne nous étions rien promis, nous restions toujours collés l'un à l'autre, sans se rendre compte qu'on nos orbites déviaient du trajet prévu. Nous nous éloignions aussi inévitablement que nous nous étions rapprochés et peu à peu, j'oubliais celle qui avait si longtemps éclairé la noirceur dans ma vie. Et maintenant je ne lui adressais qu'à peine un sourire lorsque nos regards se croisaient. Pourtant, plus les jours passaient et moins j'étais fort. C'était trop pour moi, j'avais envie de retrouver la moitié de moi-même que j'avais perdu. Je savais pourtant que ce n'allait surement pas être facile. Dernièrement, j'avais eut la rage au coeur alors qu'un pote de notre maison m'avait affirmé l'avoir vue embrasser un mec qu'elle ne connaissait qu'à peine à la fête de MF à laquelle je n'avais pas assisté et heureusement, j'aurais très sérieusement pu finir à Azkaban si j'avais aperçu cette scène. Même si j'appartenais à quelqu'un d'autre, j'étais encore possessif envers Zahar. Elle était à moi, un point c'était tout. D'ailleurs, elle aurait dû avoir la rage au coeur en apprenant que j'étais avec Arielle. Elle aurait dû vouloir me faire la peau, à moins qu'elle ne tenait pas à moi autant que je tenais à elle.

J'étais dans la cabane de Grindelmonk et je regardais par la fenêtre alors que je l’apercevais passer par la fenêtre. C'était plus fort que moi. J'enfilais ma cape et mes chaussure pour partir à sa suite, la pourchassant pourtant très lentement, alors qu'elle courrait plutôt rapidement. J'avançais à la même vitesse que les tueurs des films moldus. Elle couru jusqu'à s'affaler sur un banc de la cours intérieur, j'approchais toujours, silencieusement. Lorsque je fus assez proche d'elle, elle m'entendit et se redressa, se retournant pas la même occasion. je lui adressais un sourire alors je me laissais tomber sur le banc à ses côtés.

« Tu courrais après la mort ? » Demanda le jeune garçon d'un air amusé. Il savait qu'elle n'était pas une grande sportive et il s'étonnait même de l'avoir vu courir aussi longtemps sans être épuisée.

Je respirais beaucoup mieux déjà, mais les bruits de pas avaient accéléré de nouveau ma respiration. En voyant qu'il s'agissait de Link, je m'apaisai définitivement, même si je nourrissais à son égard bien plus que notre amitié bien inhabituelle. En fait, depuis qu'il était en couple avec Arielle, je lui en voulais, même si je ne lui en avais pas réellement parlé. Puis, il m'avait tranquillement délaissé, m'abandonnant à mon triste sort, alors qu'il savait pertinemment qu'à part lui, il n'y avait personne dans ma vie d'aussi important. Peu à peu, mon soleil s'était éteint et j'avais souffert de sa perte. Il ne me parlait plus, ne m'adressait que de simples sourires dans les corridors. J'avais du affronté des serpentards toute seule avec Bridget. Heureusement qu'elle était là. Au moins, elle ne m'avait pas laissé tombée. Mais mon amitié avec cette ancienne élève de Poufsouffle n'était rien en comparer ce qu'il y avait entre Link et moi. Il était mon tout, mon âme soeur, mais je me demandais si c'était toujours le cas, s'il me voulait encore dans sa vie.

Alors que le Grindlemonk s'avançait vers moi, je me cachai dans mon mutisme. Il me sourit, mais je ne fis que le regarder. J'étais calme. Il n'y avait pas d'animosité dans mon regard ni dans mes expressions faciales. J'étais simplement neutre, ce qui n'avait rien d'habituel chez moi. Link s'assis finalement à mes côtés sur le banc. « Tu courrais après la mort ? » me demanda-t-il finalement. Je ne comprenais pas le sens de sa question. C'était une métaphore, sans aucun doute. « Je fuis mes problèmes et ma vie en général.» lui dis-je en guise de réponse.

J'avais envie de lui dire tout ce que je ressentais, d'étaler ma colère au grand jour, mais qu'une seule question réussie à franchir mes lèvres, lourde de sens. « Tu étais passé où? »

Je l'avais rattrapée, non sans risquer de lui faire frôler la crise cardiaque. Me laissant tomber à ses côtés alors qu'elle ne répondait pas à mon sourire. Merde. La bataille commençait, je tentais de resté calme, mais je savais que c'était foutu d'avance. On s'étaient éloignés pour le bien de tous. Pour le bien d'Arielle principalement qui était déjà assez jalouse de mes anciennes petites amies sans que je lui présente mon âme soeur. Ça allait très certainement la tuer sur le champ. La pauvre petite avait tellement peur de tout. À voir comment les gens l'avait traitée par le passée, je comprenait. Je ne voulais pas lui faire du mal, surtout compte tenu du baiser sans lendemain que j'avais échangé avec Zahar. Maintenant, je ne pouvais plus me permettre ce genre de familiarité avec ma meilleure amie. Je me sentais même mal de vouloir passer mon bras par dessus ses épaules comme j'en avais l'habitude, l'entraînant contre mon torse.« Je fuis mes problèmes et ma vie en général.» M'avais-elle simplement répondu. J'avais hoché la tête de façon compréhensive, attendant la suite de ses problèmes et mésaventures auxquels je n'avais pu être présent. Mais plutôt que des explications, elle laissa tomber sur le tapis une question. « Tu étais passé où? » Je la quittais du regard dans un long soupir. Je fixais le vide devant moi. Comment pourrais-je lui expliquer sans lui faire plus de mal que je ne lui en avait fait déjà ? Il n'y avait pas de moyen, j'étais simplement un parfait connard. Je l'avais seulement abandonné malgré l’ambiguïté évidente de notre relation. Me lançant dans un couple exclusif où je ne risquais pas de perdre mon âme soeur pour une petite connerie qui nous ferait rompre. Parce que pour moi, c'était inévitable. Avant d'être amoureux, on étaient amis, mais après, il était bien rare de rester en bon terme. Du moins, pour moi, c'était ce que la règle avait prouvé. Rien qu'à voir ce qui était arrivé avec Valéry. Et que dire de Jillian, pour qui j'étais plus que mort. Je relevais mon regard émeraude vers elle, posant doucement ma main sur son genoux découvert.

« Zah, j'suis désolé. J'ai été con de t'abandonner comme ça, mais... Arielle est vraiment insécure et elle a besoin de moi... Et si elle savait qu'on c'est embrassé avant, ce serait encore pire. J'suis imbécile, je le sais, mais j'vous aimes toutes les deux et j'veux pas vous perdent...»

Mes doigts s'étaient doucement resserrés contre la peau de ma belle amie au fil de mon discourt. Je ne doutais pas de mon amour pour Arielle, aucunement. Je doutais simplement que mon amour fusionnel avec Zahar ne puisse coexister avec l'inquiétude permanente de ma petite amie. Je ne tromperais pas la belle poufsouffle, une de mes petites amies était morte déjà, je ne voulais pas en perdre une deuxième.

« Tu étais passé où? » lui avais-je demandé. Cette question était courte, simple et efficace. Mais la réponse demandait un peu plus d'élaboration. Je savais que Link en avait compris le sens. Il ne me regardait plus désormais. Il fixait le vide devant lui, réfléchissant probablement. Je soupirai, puis détournai le regard à mon tour. Était-ce si difficile comme réponse pour qu'il prenne autant de temps à y penser? Allait-il une bonne fois pour toute me dire que notre amitié était désormais finie? Que nous deux, tout ce que nous avions traverser ensemble n'avait pas compté, que "nous" n'avions jamais existé. En aurait-il le courage? Je ne savais pas. Je commençais à me demander s'il tenait réellement à moi. J'étais son âme soeur, mais est-ce que c'était interchangeable? Était-ce Arielle désormais? Je m'attendais en tout cas à ce genre de discours. Mais si c'était le cas, j'allais être brisé. Je ne savais pas si j'allais m'en remettre un jour. Rien qu'à y penser, ça me faisait mal. J'en avais mal au coeur. Peut-être que Link pouvait survivre sans Zahar, mais l'inverse n'était pas vrai. Même si je le sentais s'éloigner de plus en plus, la déchirure allait m'être fatale.


Link finit par replonger son regard dans le mien, mettant sa main sur mon genoux. Il mettait fin ainsi au bourdonnement incessant de mes pensées. « Zah, j'suis désolé. J'ai été con de t'abandonner comme ça, mais... Arielle est vraiment insécure et elle a besoin de moi... Et si elle savait qu'on c'est embrassé avant, ce serait encore pire. J'suis imbécile, je le sais, mais j'vous aimes toutes les deux et j'veux pas vous perdent...» m'avoua-t-il. Pas me perdre? Je n'étais pas disposable, comme il semblait le suggérer. Il ne pouvait pas mettre notre amitié au placard et la reprendre comme si de rien n'était... Il semblait pouvoir le croire.

En reprenant le cours de mes pensées, je n'avais pas remarqué que Link serrait désormais ma peau. Il n'y avait que la peine qui m'envahissait de plus en plus qui comptait. Je ne m'attendais pas à ce genre de réponse, mais elle était d'autant plus cruelle. « Tu crois peut-être que ça ne me blesse pas de te voir prendre tes distances de jour en jour? Tu ne veux pas me perdre, mais c'est exactement ce que tu fais en t'éloignant de moi... Ça me blesse de savoir qu'elle compte plus à tes yeux que moi... J'ai toujours été là pour toi et avant, toi aussi. Maintenant, j'affronte la vie seule... Tu sais qu'avec Bridget, j'ai failli me faire massacrer par des serpentards.. Je les ai affronté seule... J'aurais pu me faire virer. Tu n'étais même pas là pour moi. Mais tu avais raison tout à l'heure... Je fuis bien la mort... » commençais-je par dire. Les larmes avaient commencé à monter à mes yeux sans que je ne puisse rien y faire. Je voulais me montrer forte pour une fois, mais je n'y parvenais pas. J'étais vraiment un cas désespéré. « Je ne veux pas que tu partes de ma vie. Sois en sur. J'ai besoin de toi plus que tout au monde... Mais je ne suis pas disposable. Notre amitié ne l'est pas non plus. S'il te plait, ne t'en vas plus. » lui demandais-je, presque en suppliant, les larmes coulant désormais sur mes joues, alors que je ne le regardais plus.