en deux mille neuf - dans l'après-midi.
« What time is it ? Summertime ! » Après cinq heures d'examens plus que intenses et prises de têtes qui avaient débutés dans la matinée à mettre en application les sortilèges appris durant l’année, avec les potes on pouvait enfin se poser tranquille. Et notre endroit de prédilection en ce temps radieux et surtout plutôt chaud, c'était le vieil arbre situé dans le parc qui bordait l’école en elle-même. Un peu notre QG en quelque sorte. Dévalant les marches avec Kenhedy à ma droite qui s'extasiait déjà de la soirée qui pointait son nez pour fêter la fin de l’année et Maxim à ma gauche qui marmonnait dans son semblant de barbe et me demandant toutes les deux secondes ce que j'avais mis à telle ou telle question, j'enchainais les réponses aux deux. Maintenant que j'étais libéré, on pouvait me prendre la tête autant qu'on voulait, ce sourire béat n'allait pas s'effacer aussitôt. Nous dirigeant vers l'arrière du château, je saluais quelques potes en leur adressant un signe de tête. Arrivés à destination, Kenhedy se laissa tombé au sol avant de s'allonger, la tête reposée sur son sac et Maxim en fit de tant, ayant au préalable sortit son bouquin de sortilèges, quant à moi, je fermai le cercle en m'asseyant contre le tronc d'arbre.
« Sérieux Max ? Laisse tomber ce fichu ramassis de conneries et profite mon vieux ! Plus d'exam' avant longtemps ! » Celui-ci tenta de répliquer mais je le coupai en souriant.
« Il a pas tord mon pote et puis, de toute, maint'nant c'est fait et quoique tu fasse, cette vieille chouette rabougrie n’hésitera pas à te foutre un F si c’était pourri ! » Kenhedy se releva aussi vite qu'il s'était couché.
« Toi aussi t'a trouvé la ressemblance flagrante ? Ahah, je croyais être sous l'effet de je sais pas quoi ! » On éclata de rire tous les trois. Mais très vite, nos éclats de rire furent couvert par de similaires. Quoique plus aigus et plus cristallins. Par réflexe, je tournais la tête. Pas loin, un groupe de nanas en robes, les cheveux détachés, les pieds nus caressant les grains d'herbe, était en pleine discussion. Scrutant leur visage, le sien m'apparut à l'instant même. Elle était rayonnante comme d'habitude, ses cheveux flamboyaient sous le soleil haut dans le ciel et des reflets miel brillaient parmi ses longues mèches. Mes jambes frémissaient de se lever et de courir vers elle pour s'asseoir à ses côtés. Que je puisse sentir l'odeur de sa blanche peau, fruitée d'après la dernière fois, entendre de près sa voix mélodieuse et son rire si particulier. Alors que je me tâtais de finalement me lever, elle tourna les yeux vers moi et d'instinct, je passais ma main dans mes cheveux afin de les rendre plus sauvage que d'habitude. Un vieux tic, mais qui faisait des ravages. Tandis que ses copines, qui s'étaient elle aussi retournées, gloussaient en se chuchotant à l'oreille, moi, je ne voyais qu'elle. Elle, qui ne me regardait plus, elle avait détourné les yeux. Merde.
« Hey Luka ! Allô la lune, ici la terre ! T’a mangé des gnomes au poivre ou quoi ? » Fronçant les sourcils, je tournai la tête lentement en sa direction, affichant probablement un air qui en disait long sur mes pensées puisqu'il pivota, non sans discrétion, vers elle et ses amies.
« Laisse tomber Maddie appréciait pas. Bon, c'est pas que je me fais chier, mais j'me fais chier. Une idée ? » Mouais. Il devait avoir raison. J'attendrai qu'elle soit pas entourée de la meute. Reprenant mon sourire habituel, j'allais répondre qu'on avait qu'à faire un tour dans le dortoir des premières années, mission "j'emprunte juste quelques trucs avant de les mettre sur le toit" comme l'année dernière, mais quelqu'un -ou quelque chose plutôt- venait d'attirer mon regard. Intrigués, Ken et Max exprimèrent une curiosité faciale et en seule réponse, je faisais un signe de la tête en arrière de Ken.
« Tient, tient. Tu t'en charge ? » Nul besoin qu'il me le répète une seconde fois. Me mettant debout sous le visage rieur de mes deux comparses, je me dirigeais vers l'intrus, les mains dans les poches.
« Hey le gobelin ! » Ce petit idiot ne prit même pas la peine de se retourner. Pire, monsieur releva la tête fièrement. Ridicule... Mauvaise idée.
« Oooh ! J'crois que mon pote t'a parlé, alors tu t'tourne! » Toujours sereinement, un sourire -mauvais vous dîtes ? Non...- aux lèvres, l’autre s'arrêta net. Et se retourna. Qu'il est naïf le gosse. Je m'avançais d'un pas fier, mais vraiment fier, pas la pauvre imitation de l'autre bouffon. Me retrouvant tout prêt de lui, je le regardais. Dédaigneusement.
« Eh bah alors, on reconnait même pas son nom ? J'te croyais plus futé que ça ! » Le concerné souffla un vague "va te faire cuire une bouse de dragon". Je réprimais un rire moqueur.
« Que de vulgarité ! Je croyais que ta môman t'avais appris la politesse ? En tout cas après l'avoir vue à la gare, j'peux te dire qu'elle peut m'apprendre ce qu'elle veut. Et surtout... quand elle veut ! » L'allusion sembla lui déplaire car de la bave commençait à couler au coin de ses lèvres et d'une minable pichenette, il me repoussa par l'épaule. Arquant le sourcil droit, je le repoussai d'un main ferme ce qui le fit reculer de plusieurs pas.
« Rappelle-toi la dernière fois Luka ! » Me cria Ken d'une voix posée, mais surtout à deux doigts d'éclater de rire. Je penchais la tête, songeur. Avant de faire un geste plus rapide que lui. Je sortais ma baguette et lançait un de mes sorts préférés, simple mais efficace. Devant sa face stupéfixée, je riais , les potes et d'autres étudiants s'étaient réunis autours de moi s'esclaffant tous de rire. Enfin, pas tous.
« Arrête ! » Cingla une voix que je connaissais que trop bien.
« Salut Oxberry ! » Dis-je d'une voix plus douce, plus mature qu'il y a deux secondes. Je me retournais afin de la voir. Elle devant, ses copines légèrement en retrait, elle semblait... Furieuse ? J'esquissais un sourire.
« Dégagez, il n'y a plus rien à voir ! » Sa voix était glaciale. Tandis que les autres se dispersaient, elle se rapprocha d'avantage.
« Laisse-le tranquille ! » Elle sortit sa braguette dans un geste impérial et la brandit vers moi. Elle n’oserait tout de même pas m’attaquer ?! Bref, dans tous les cas, je n'allais pas mettre fin tout de suite à la rigolade.
« Pas de souci, mais à une condition. Ce soir, toi et moi, au Trois Balais à huit heures. » Maintenant toujours ma baguette vers l’abruti, je la regardais dans les yeux en attente d'une réponse positive.
« Toi et moi ? Haha. » Approchant son visage du mien, toute lueur de sympathie s'était effacée.
« Même si j'avais le choix entre un scroutt à pétard et toi, je le choisirai lui. Si tu vois ce que je veux dire. » Surpris, peut-être même décontenancé, je ne devais pas perdre la face devant elle.
« T'es dure Oxberry, tu sais ? » Haussant les épaules, je me retournai vers Ken et Max.
« Et si on allait le mettre sur le toit ? Comme ça, il pourra nous montrer ces meeeerveilleux talents ? » Cette dernière réplique lui était adressée à elle, en espérant la faire sourire. Quedal.
« WILLINGTON ! » « C'est bon, c'est bon, je déconnais.» J’annulais le sort aussitôt.
« Dis-toi que si elle n'avait pas été là ... » Alors que je pouffais, déçu, il nous regarda avant de siffler quelque chose dans le genre : j'avais pas besoin de cette sang de bourbe ! Un regard à Oxberry, elle abaissa les yeux un instant avant de les relever, trop fière. Brutalement, j'attrapai le col de sa chemise et le soulevais de la terre.
« Qu'est-ce que tu viens de dire ?! Répète-le encore une fois, mais rien qu'une et je te jure que tu va te prendre mon poing dans ta sale gueule ! Excuse-toi ! » Mes mains se crispèrent de plus en plus sur ma prise, ne contrôlant plus vraiment la force qui en émanait. Je sentais le coup qui me démangeait la main tellement la fureur en moi était puissante.
« NON ! » « Quoi ? Mais il t'a traitée de ... De tu-sais-quoi... » « Merci, je ne suis pas sourde ! Mais t'a pas à lui demander de s'excuser ! Tu n'es pas mieux que lui Willington, faudrait te mettre ça dans la boîte vide qui te sert de cerveau. Tu n'es qu'un pauvre type qui ne trouve rien de mieux pour qu'on s'intéresse à lui de faire le beau et de ridiculiser ceux qui n'osent pas s'en prendre à toi et à ta bande d'abrutis ! » Sa voix était hautaine et emprunte de mépris. Elle tourna les talons, et s'en alla, sans un regard, rien. Et j'eus beau crier son nom, elle continua sa route.
« Mais qu'est-ce qui lui prend ? » « Eh bien, si je lis entre les lignes, je dirai qu'elle te trouve un peu prétentieux. » Je ne pus m'empêcher d'envoyer un regard noir au bouffon. Prétentieux ? MOI ? Attend, j'ai pris sa défense et elle, elle dit que je suis "pré-ten-tieux" ?! Reprenant mon sac sur l'épaule, avant de partir, j'envoyai un coup de poing sur le nez de l’autre idiot.