Cher journal,

Je déteste commencer un nouveau carnet, je ne sais jamais par où entamer ce que je cherche à exprimer et je déteste plus que tout la vision de ces pages blanches qui seront bientôt, je le sais, noircies d'encre. J'ai dû à nouveau refermer définitivement le cahier précédent que j'avais remplis. C'est étrange comme à chaque fois que j'en commence un je crois qu'il se passera des années avant qu'il ne s'achève, mais au bout de quelques mois il faut déjà que j'en achète un autre. Je ne dis bien sûr pas ça comme si l'argent était un problème pour nous, tu sais bien que non. Cela dit j'aurais préféré que ce soit pour parler d'un soucis pareil que j'écrive. J'ai un problème, que je ne saurais résoudre sans embêter trop de personne. Ca paraît bizarre d'écrire cela, je ne suis habituellement pas quelqu'un qui s'embarrasse beaucoup du « qu'en dira-t-on ? » et qui se fiche plutôt de ce qui adviendra des autres tant que j'ai ce que je souhaite - comme la fois où j'ai cassé le nez de Bérénice parce qu'elle avait dit un mot de travers -, mais aujourd'hui c'est différent.

Je crois cependant qu'il faut que je commence par le début si je veux que ce que je raconte ai un semblant de cohérence. Je m'appelle Daria Ruby Nott, je suis une sorcière de sang-pur, mon nom de famille a été quelques peu déshonoré jusqu'à quelques temps avant ma naissance époque à laquelle mon père l'a réhabilité en se ralliant au fameux Lord. Mon père est un peu vieux jeu, c'est même l'archétype du vieux sang-pur qui ne comprend rien au monde moderne. Quand j'étais petite fille je l'écoutais bien sagement, pourquoi ne l'aurais-je pas fait ? Il s'agissait du modèle masculin que j'avais, la personne dont je ne doutais jamais. Bien évidemment en grandissant on commence à critiquer nos parents, d'abord pour la forme, puis l'on se rend compte de leurs réels défauts qui les rendent insupportables à nos yeux. Je me suis toujours faite à la vie que l'on menait, oui cela reposait beaucoup sur le paraître surtout pour moi parce que j'étais une fille, mais je ne me plaignais pas, après tout j'avais tout ce que je souhaitais. Le problème est qu'est venu bien tôt le jour où je me suis rendue compte que mon père était un con. Il ne me prêtait pas beaucoup d'attention d'abord, il n'était là que pour me réprimander - et encore ! La plupart du temps j'avais le droit aux remontrances des elfes. Ca a toujours été quelqu'un d'occuper. A faire quoi ? Je ne sais pas. Mais toujours est-il qu'il ne quitte jamais son bureau et qu'il ne nous y reçoit que rarement. J'ai dis « nous », et je ne me suis pas trompée. Je ne suis pas fille unique, vois-tu ? Je ne sais pas si l'être aurait simplifié mes histoires, mais de toute façon pourquoi perdre du temps à imaginer la situation qui aurait pu arriver dans un monde parallèle, tandis que la mienne est suffisamment compliquée ? J'ai une fratrie donc, composée d'un frère âgé de quinze ans de plus que moi et qui est professeur, Magnus et d'un autre qui n'a qu'un an de plus, Allistair. Je m'entends plutôt bien avec ce dernier, vu notre différence d'âge on était bien obligés de faire avec et du coup nous avons développé une certaine complicité. Il est assez protecteur ce qui me donne parfois envie de lui donner une claque, mais je supporte. Avec le plus âgé, notre relation est plus complexe, nous ne nous sommes que peu vu durant mes premières années. J'oubliais presque ! J'ai une...« sœur » ? Que pardonnez moi, mais je n'ai jamais réussit à traiter comme telle. C'est une née-moldue et je n'ai jamais compris ce que mes parents avaient fumé avant de l'accepter chez, nous, ils m'avaient moi comme fille et nous avons le même âge, faudrait qu'ils m'expliquent un jour. Jorgy et moi nous nous allions pour faire tomber cette idiote et révéler sa vraie nature à nos parents. Mais je ne veux pas m'attarder à ce sujet, Pepper ne mérite même pas un paragraphe dans mon journal. Mes frères ont toutefois plus de chance que moi sans nul doute, ce sont des garçons et on attend moins d'eux. Une fille, elle, se doit d'être respectable en tout point et surtout elle devrait si l'on en croit mon père n'avoir d'autre souhait qu'un mariage avec un bon parti. Il faut croire que j'ai vraiment dû tombé dans la mauvaise famille car contrairement à mon père je pense que ce genre de chose n'est absolument pas fait pour moi et je préfèrerai tomber enceinte d'un moldu plutôt que d'être forcée à me marier. Ce qui me fais donc penser à ce que je devais te raconter. Voici la scène qui s'est produite hier.

» La pièce était grande et sombre, les quelques fenêtres qui auraient pu l'éclairer étaient recouvertes d'épais draps noirs. Le propriétaire se plaignant d'un mal de tête dû à l'astre solaire trop rayonnant à son goût. Insolant ! Il l'aurait certainement fait éteindre s'il l'avait pu. Pleine de parchemins jaunis et d'étagères remplies de vieux livres, la pièce servait de bureau. Le meuble en bois massif trônait dos à une fenêtre face à la porte. Assis derrière se trouvait un homme, au front dégarni et au regard plus sombre encore que la pièce. Je toquais à la porte, et entrais et jetant un coup d'œil inquiet à l'homme. Celui-ci me jaugea un instant puis remarqua, «Tu es sensée attendre que je t'y autorise avant d'entrer. » J'ouvrais la bouche pour m'excuser mais il m'interrompit. « Ce n'est pas grave pour l'instant. Mais, il faut que tu apprennes à te tenir et ce genre de marque de soumissions est important si tu veux être une bonne épouse.» C'est là que je levais un sourcil, «épouse ?» pensais-je surprise. L'homme qui était mon père ne parut pas le remarquer car repris. «Passons, sais tu pourquoi tu es ici ?» J'indiquais que non d'un signe de tête. «Tu as dix-huit ans .» Je ne pris pas la peine de répondre ne voyant pas où il voulait en venir. «Vois-tu ton éducation a été lacunaire, comme je te l'aie fait remarqué l'été dernier.» J'acquiesçais je ne me souvenais que trop bien de ces «leçons» auxquelles j'avais eut droit. A base de maléfices et de magie noire. Mon père avait jugé préférable d'approfondir mes connaissances dans ces sujets afin que je fasse une meilleure Mangemort. Il avait alors commencé à me montrer une facette de mon propre avenir à laquelle je ne pensais jusque là même pas. « Bien que je ne l'approuvais pas vraiment, ta mère souhaitais que tu sois plutôt..libre ces premières années. Et je pense que tu l'as suffisamment été peut-être même trop. Nous ne savons que trop bien les risques qu'encourt une jeune fille comme toi à Poudlard avec cette..débauche. Nous tenons à te rappeler qu'il n'y a rien de plus déshonorant – si on oublie le mariage avec un sang-de-bourbe bien sûr – pour une famille comme la notre qu'un enfant né hors mariage. Tu comprends ce que je veux dire ?» Nouvel hochement de tête «Oui en gros soit je couche pas, soit je me protège merci papa, c'est pas du tout comme si maman m'avait déjà fait un discours détaillé du genre il y a deux ans.» pensais -je. « J'aimerais aujourd'hui te parler de ce qui t'attends après Poudlard.» J'étais surprise car c'était un sujet dont nous avions jamais parlé, mais surtout j'appréhendais la suite. «Bien sûr il est déjà évident selon moi que tu te marieras assez vite, et t'engageras pour la bonne cause, si ton mari te l'autorise mais ne t'inquiète pas nous y veillerons.» Oh ! Je ne m'inquiétais pas pour ça ! Mes poings ses serrèrent avec force et ma mâchoire se crispa.
« - Néanmoins ta mère voulait que je te préviennes et..
- Père je ne comprends pas.
- Eh bien, ce n'est pas bien compliqué, tu t'engageras pour la bonne cause.»
«La bonne cause» est le nom que mon père, Maximillien Nott, donne maintenant au combat de Lord Voldemort. Machinalement je balayais l'information d'un geste, ce n'était pas ce qui me gênait le plus pour le moment.
«- Non ce n'est pas ça. Je veux dire me marier, et «s'il m'y autorise» ?
- Oui, bien sûr. Où est le problème ?
- Père vous ne m'aviez jamais dis que, enfin Mère et vous, vous..
- Oui ?
- Je ne veux pas être soumise à un mari et surtout JE NE VEUX PAS D'UN MARIAGE ARRANGÉ MERDE À LA FIN. »

Je plaquais une main devant sa bouche, j'avais craqué. Mais si il y avait une chose que je ne supportais pas c'était cela. Devenir Mangemort, ok. Supporter de faire toujours passer les apparences avant, ok. Mais ça non, ça jamais. Je ne suis pas une grande romantique, mais je tiens à mon libre arbitre. Ces dernières années j'avais été libre. Libre de m'habiller comme je le voulais, d'être qui je suis tout simplement. Je me fichais complètement de ce que l'on pouvait penser de moi tant que je n'allais pas assez loin pour que cela arrive aux oreilles de mes parents. Je parlais comme je le souhaitais et critiquais ce que je voulais. J'ignorais à quel point il fallait que je profite de ces choses qui me semblaient et me semble toujours normales. Quand à la soumission je jouais toujours la "petite fille modèle" devant mes parents - mon père principalement - mais toujours en pensant qu'une fois sortie de Poudlard je n'aurais plus à obéir à quiconque. La plupart des gens issus du même milieu que moi qualifient ma vison des choses d'utopiste et la leur de parfaitement normale. Pleins d'autres filles n'auraient même pas été surprises. Mais bizarrement je suis convaincue que, ce en quoi je crois, est possible, que c'est un but atteignable. Mon père cependant me regarda, choqué. Il voulu parler, mais moi je n'écoutais plus. Déjà je tournais les talons et sortit de la pièce en claquant la porte. Je savais à quoi m'en tenir et je ne fut pas déçue ma punition fut...douloureuse. «

Le voici donc mon fameux problème cher journal, je sais que je n'aurais pas dû intervenir que j'aurais dû agir comme je le fais toujours quand je suis face à lui, mais pour une fois ça m'était impossible. Ce n'est juste pas moi, je ne me vois pas du tout assise dans un salon mondain à boire le thé et discuter de conneries – excuse moi du mot - sans importances. Tout comme il est pour moi inconcevable que je n'ai un jour pour unique tâche que d'être jolie et de recevoir des gens bêtes comme leur pieds pour à mon tour arranger le malheur de ma fille. Je ne veux pas non plus n'être qu'une simple machine à bébé. Ce qui osent dire que je n'ai aucune raison de me plaindre n'ont qu'à essayer ma vie un peu ! Il m'est même déjà arrivé de rêver d'avoir la vie d'une sang-de-bourbes histoire d'avoir la paix au moins sur ce plan là, bien sûr et fort heureusement ça n'a pas duré. Tu vois ? C'est ça qu'est con ! Je suis tout à fait d'accord avec mon père en ce qui concerne la domination du sang tout ça et honnêtement je ne verrais pas d'inconvénient à devenir Mangemorte si ça n'impliquait pas que je doive à nouveau être soumise à quelqu'un, mais malheureusement nous sommes vraiment différents en matière de respect de la personnalité des autres. La mienne ne demande qu'à s'exprimer, ce qu'elle fait tous les jours à Poudlard. Je suis une originale, une imparfaite mais je l'assume ! J'aime qui je suis et je ne veux pas y renoncer.