"Au village, sans prétention, J'ai mauvaise réputation. Qu'je m'démène ou qu'je reste coi Je pass' pour un je-ne-sais-quoi! Je ne fait pourtant de tort à personne En suivant mon chemin de petit bonhomme. Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout le monde médit de moi, Sauf les muets, ça va de soi.

Le jour du Quatorze Juillet Je reste dans mon lit douillet. La musique qui marche au pas, Cela ne me regarde pas. Je ne fais pourtant de tort à personne, En n'écoutant pas le clairon qui sonne. Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout le monde me montre du doigt Sauf les manchots, ça va de soi.

Quand j'croise un voleur malchanceux, Poursuivi par un cul-terreux; J'lance la patte et pourquoi le taire,
Le cul-terreux s'retrouv' par terre Je ne fait pourtant de tort à personne, En laissant courir les voleurs de pommes. Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout le monde se rue sur moi, Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.

Pas besoin d'être Jérémie, Pour d'viner l'sort qui m'est promis, S'ils trouv'nt une corde à leur goût, Ils me la passeront au cou, Je ne fait pourtant de tort à personne, En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome, Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout l'mond' viendra me voir pendu, Sauf les aveugles, bien entendu." Brassens



Je suis né à l'envers, les pieds d'abord. Ma mère a souffert, beaucoup, c'est peut-être pour ça que je suis le dernier, le septième fils d'un septième fils. Parait que ça me donne une aura mystique. Mais je suis sorcier, comme mes autres frères avant moi. C'est surement le seul truc de normal que j'ai chez moi, qui ne détonne pas face aux autres, qu'ils me soient étrangers où non. Je détonne, j'ai toujours détonné. J'aime bien ça. Certaines personnes moins, beaucoup moins. Je l'ai compris très vite. Mes parents avaient l'idée géniale de nous mettre, mes frangins et moi dans une école primaire moldu en attendant de recevoir la fameuse lettre. Ils avaient surement peur qu'un de nous finisse cracmol ou tout simplement pour faire comme les autres familles du quartier où nous résidons. Mais frères et moi, surtout moi, adorions martyriser nos camarades de classes, leur faire peur était ma matière préférée. Derrière la maison il y avait une sorte de vieille décharge à voiture, mon terrain de jeu préféré. J'aimais bien les pousser à bout, bien sûr je n'avais aucune baguette donc aucun réel moyen de faire de la magie, mais en me concentrant bien j'arrivais à créer des sortes de toutes petites explosions. C'était suffisant pour les faire pisser, moi ça me faisait rire. J'étais un gamin bizarre, une sorte de mini tyran qui se cachait derrière ses grands yeux bleus. J'avais une gueule d'ange qui me protégeait à toutes épreuves.

Gamin, j'étais en admiration devant mon oncle, un sacré magouilleur qui m'a refilé sa « passion ». Ma mère n'aimait pas que je traine avec lui, elle le connaissait très bien ayant vécu toute son enfance avec lui et subissant toujours ses taquineries les plus fourbes. Il venait souvent me chercher à l'école, buvant au préalable du polynectar. Tous tombaient dans le panneau, sauf moi. On avait une sorte de langage, le « jargon des roublards », et on partait toute la journée. Il m'a emmené dans tous les endroits imaginables, allant de l'Allée des Embrumes aux vieilles catacombes de Paris. J'en ai vu des vertes et des pas mûrs avec lui, mais j'aimais ça. J'aime l'aventure faut croire. Mine de rien, pas mal de monde finissait par reconnaitre mon visage, mes parents s'en ont aperçu. Il s'en est suivi une longue dispute entre mon père et mon oncle. Mon père est quelqu'un de bien, le mec qui part au travail le matin, revient le soir, embrasse sa femme et va se coucher. Il ne supportait pas l'idée que je devienne l'inverse de ce qu'il prône : l'honnêteté, le travail et la loyauté. Mais je suis le vilain petit canard de la famille Bluwhyle. Mes frères sont tous partis chez les Poufsouffles, moi on m'a casé chez les verts et argents. Mon père en a pleuré, il m'en veut toujours. Mais je suis anormal, il aurait dû prévoir que je détruirais tous ses plans. J'aime bien emmerder les gens, ça me purifie.

J'entends ça souvent, ça ne me dérange pas, c'est la vérité et je suis conscient que je ne suis pas le mec le plus sympathique au monde. Certes je ne suis pas foncièrement mauvais, mais disons que j'ai la mauvaise manie de faire ce que je veux quand je veux, et quand je veux quelque chose, je suis capable des pires ruses pour l'obtenir. Je n'ai aucune limite, si ce n'est l'amitié que je porte à certaines personnes, mais elles restent très rares. Malgré ma mauvaise réputation, je reste quelqu'un de sociable, j'aime quand il y a de l'animation autour de moi, quand ça chahute, quand ça braille. Mais je reste une sorte d' handicapé des sentiments. Je vis dans une sorte de bulle, un cocon que je me suis construit car la majorité des personnes auxquelles j'ai fait confiance m'ont effroyablement déçu. Peut-être parce que je suis capable de tout pour mes amis, je suis le pote sur lequel vous pouvez toujours compter, toujours là dans les bons comme dans les pires moments. De ce fait j'attends beaucoup en contre-parti, beaucoup trop et je m'en suis rendu compte malheureusement. Les vrais amis se comptent sur les doigts d'une seule main.

Tous les profs vous le diront, j'ai un fort potentiel mais j'ai la fâcheuse tendance à le cacher. Je ne vois pas pourquoi je devrais me tuer à la tâche en cours _ qui pour moi sont d'un ennui total car soyons claire, la théorie ne vous sert jamais en pratique _ alors que je me montre exceptionnel durant les examens. Ouais, je suis peut-être un peu fainéant ou c'est peut-être à cause de cette bulle que je me suis créé, un truc pour me protéger et me permettre de vivre dans un autre monde, mon monde. Il n'est pas rare de me voir griffonner sur mes livres les monstres et autres créatures qui le peuplent. Éviter de me prêter un livre neuf ou auquel vous tenez, il vous sera rendu bariolé de mille couleurs avec des dessins de gamins. La bibliothécaire est devenue folle avec moi, mais j'aime bien l'expression que mes « victimes » prennent lorsqu'elles entendent mon rire. Je suis peut-être attardé mais pas complètement débile. Je dois faire tous ces trucs, voler, gribouiller, détruire, rouler les gens pour me prouver que je n'ai aucune limite, comme à l'époque où je n'étais qu'un gamin inconscient du monde qui m'entourait. J'aimerais juste trouver des gens qui soient comme moi, à côté de la plaque.