«Tu as intérêt à arrêter de nous causer des problèmes, compris sang-de-bourbe ?» dit-il avec un air méprisant propre à sa personne. Je savais qu’il parlait au nom de tous les autres conservateurs présents mais je ne pouvais m’empêcher de percevoir en lui plus d’arrogance qu’en les autres. Il avait cette façon hautaine de s’exprimer et de donner des ordres à ceux qu’il considérait comme inférieur. Pitoyable. C’était le mot juste pour caractériser son comportement. Je ne ressentais même pas de la haine à son égard car il ne méritait point que j’éprouve pour lui un tel sentiment … j’avais en toute sincérité, de la peine en constatant à quel point il était tombé bas. Il n’hésitait pas à s’en prendre à des personnes, comme moi, qui étaient des nés-moldus. Et pourquoi ? Si vous lui demandez il vous dira sans aucun doute qu’il pense que les mudblood ne méritent pas leur place à Poudlard, or la vraie raison est la suivante : même si ne l’avouera jamais, il agit comme un crétin car il sait que son sang ne suffira jamais à prouver ce qu’il vaut en tant que personne et en tant que sorcier. Difficile d’avaler une vérité aussi cruelle, la preuve il la niait et perpétuait ses actes stupides, entrainant avec lui tous ceux qui partagaient ses idéaux, et une poignée de personnes influençables … comme Nath. Je ne pouvais m’empêcher de penser à lui, quand bien même il m’avait clairement fait comprendre que je devais cesser de l’importuner. Mais ne voyait-il pas que je voulais uniquement lui venir en aide ? Que la route qu’il empruntait était la mauvaise ? Qu’il n’avait rien en commun avec les conservateurs ? Lui il était doux, réservé, timide, profond, et … et perdu … complètement perdu et certainement abattu par la mort de son ami.
«Je n’ai aucun ordre à recevoir de toi» rétorquais-je en regardant celui qui semblait être le chef de cette panoplie de conservateurs. Je n’attendais aucune réponse car il était hors de question que je revienne sur ma décision, je m’avançais donc d’un pas décisif pour m’éloigner d’eux lorsqu’il m’attrapa brusquement le poignet. Son regard était noir, froid, désagréable, assassin.
«Tu ne croyais quand même pas que nous allions nous contenter de discuter ?». Une menace. C’était intéressant de constater à quel point il n’aimait pas les refus. Et pourtant, il allait vite comprendre que j’étais plus têtue que lui, quitte à devoir payer les foudres de sa colère, cela m’importait peu.
«C’est la raison pour laquelle tu n’as pas osé venir seul, tu avais peur ?». Ma mère me répétait sans cesse lorsque j’étais encore une enfant, que ma franchise possédait un tact quasi-inexistant, et pour cause j’avais en horreur le mensonge et l’hypocrisie. Ma grand-mère, elle, pensait que je devais continuer à dire ce que je pensais haut et fort, car le courage c’était de ne pas se taire au moment où tout le monde le faisait. J’avais retenu la leçon, j’en faisais bon usage à chaque occasion.
«La ferme». Propos insolents qui furent suivis d’une gifle aussi brève que prévisible. Non pas que j’avais prévu son geste, mais vu le peu de calme qu’il possédait, il n’était pas étonnant qu’il réagisse de cette manière. Et tant pis si j’allais m’en prendre une autre, je ne pouvais le laisser croire que me frapper suffirait à m’ôter la parole.
«Tu crois qu’il suffit d’une gifle pour que je change d’avis ?». Comme si ces mots étaient menaçants, deux autres garçons s’approchèrent, prêts à intervenir si j’osais à mon tour utiliser la manière forte.
«Si c’est le cas tu es bien plus naïf que je ne le pensais». Je vis sa main se lever une deuxième fois lorsque tous les regards et les visages se tournèrent en arrière. Il me lâcha brusquement en chuchotant au creux de mon oreille.
«J’espère que tu as retenu la leçon». J’entendis alors une voix familière s’adressait à tout le groupe et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me retournais pour reconnaître la silhouette de Nath. Je ne pus m’empêcher de me demander ce qui le poussait à venir s’interposer à ce règlement de compte. Ne m’avait-il pas accusé de la mort de son ami ? Quand bien même il l’avait dit sur le coup de la colère, j’étais certaine qu’il me considérait comme une simple mudblood semblable à tous les autres de mon sang. Et pourtant il n’hésita pas à faire déguerpir tous les conservateurs dans le but de m’aider. Pourquoi ? Surtout qu’il n’avait pas pu voir la gifle de l’un de ses collègues puisqu’il était arrivé légèrement trop tard. Je ne comptais pas lui en parler, il devait se rendre compte qu’il n’avait rien à faire parmi ces gens non pas car l’un d’eux m’avait giflée mais uniquement car ils le poussaient du côté obscur alors qu’il était tellement différent d’eux … tellement meilleur. Je croisais son regard, je perçus dans ses yeux une lueur de désespoir, de débauche, d’échéance comme s’il avait perdu la rage de vivre, comme s’il continuait de respirer simplement pour se venger, comme s’il cherchait une raison d’exister. Je fus touchée au plus profond de mon être par cette vision, et j’en ressentis un pincement au cœur. Il avait tant besoin d’aide, tant besoin d’une main pour l’aider à se relever, d’une épaule sur laquelle pleurer. Comment avais-je pu penser qu’il n’était qu’un sombre idiot alors qu’il était simplement désorienté, asphyxié par la tristesse et la colère ? Je me devais de tout faire, qu’importe ce que c’était pour le sortir de cet état de torpeur intense, de noirceur qui envahissait son âme à chaque seconde. Comment pourrais-je être avocate magique si je laissais tomber quelqu’un comme lui qui avait besoin de soutien ? Jamais je ne serais capable de me regarder dans un miroir à l’avenir si je me contentais d’observer Nath se désintégrer et sombrer. Il était de mon devoir et de ma responsabilité de lui faire quitter son gouffre pour recouvrer la lumière de la vie.
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