GET OUT ALIVE

« Weasley ? » lança une voix rauque, un brin caverneuse et très nonchalante. « Là... » répondit-je d'un ton hésitant, levant légèrement la main. Je soupirais, j'étais au fond de la classe, en potion et nous étions sur la théorie. Je prenais de furtives notes, mais mon esprit était parti ailleurs, loin. Je savais que après, je n'avais pas cours, c'était la pause du midi. La plupart des élèves allaient filer à la grande salle pour manger, d'autres iraient flâner dehors, sous un ciel sans nuage. Moi ? Je n'avais aucunement faim, d'ailleurs, je ne mangeais plus depuis un moment, je grignotais. Depuis la mort de Ramsey, j'étais l'égal d'une coquille vide et je n'avais plus goût à rien. C'était une sensation étrange, j'étais simplement dépourvu d'humeur. Je venais en cours parce qu'il le fallait, tel un robot, une machine réglée pour faire en boucle ce qu'on voulait qu'elle fasse, c'était tout. Je ne prenais pas de plaisir, le seul plaisir qui me restait, c'était le Quidditch et je commençais à le perdre, je savais que si je le perdais, c'était fini pour moi, j'allais sombre entièrement. Ce sport, c'est tout ce que j'avais encore, ça pouvait sembler stupide, démesuré de dire ça, mais c'était la stricte vérité. Je n'écoutais plus le cours depuis quelques minutes déjà, que ma plume commençait à griffonner quelques mots sur le parchemin. J'écrivais sans trop réfléchir, laissant mes songes parler à ma place. J'étais ailleurs, tout, sauf en potion, là, maintenant. Je relevais la tête un instant, pour faire comme si je suivais le cour, alors que ce n'était pas le cas. Soudain, je vis les autres élèves ranger leurs affaires. J'arquais un sourcil, c'était déjà l'heure ? Apparemment, je me redressais, rangeant à mon tour mes biens avant de sortir, mais de sentir une main sur mon épaule. « Weasley, une minute. » « Oui ? » « As-tu compris, ce que nous avons vu, aujourd'hui ? » me demanda l'enseignant. « Je pense... » dis-je, histoire de noyer le poisson comme le disait souvent mon père. « C'est bien ça le problème, tu penses, tu ne peux pas l'affirmer... Pour la semaine prochaine, je veux trois parchemins sur le cours d'aujourd'hui, tâche d'être certain de toi. » lança le professeur en me tournant le dos, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Moi ? Je restais droit, regardant la silhouette disparaître. Je soupirais, comme si j'avais envi de faire des parchemins, mais bon, pas étonnant qu'on remarque que je n'étais pas aux cours ces derniers temps. Je sortais de la salle de potions, les couloirs étaient déjà désertés, l'appétit était plus fort. Je lâchais un profond soupire en déambulant, seul.

Après quelques minutes, j'avais marché à l'aveuglette, en fixant plus mes pieds que devant moi. Je relevais le nez pour voir que j'étais devant la réserve des potions et que la porte était légèrement entrouverte. Par curiosité, parce que ça faisait parti de mon caractère, j'ouvris entièrement la porte, arrachant un grincement à l'acte, montrant la vieillesse des lieux. Devant moi se dressait une imposante armoire avec des tonnes d'ingrédients pour fabriquer des potions. J'opinais un brin la tête, assez surprit de voir la richesse que pouvait contenir un si petit endroit. Sur les étiquettes, je pouvais tout lire, morve de troll, moelle de gnome, poils d'archnique et j'en passe. Je pris un petit flacon à ma hauteur et sur l'étiquette, je pouvais lire venin de vipères cyclopes, pendant un instant, j'essayais de m'imaginer une vipère cyclope... Une vipère à un oeil au centre en gros ? Ouais, l'image était monstrueuse. Je reculais d'un pas, tenant toujours le flacon en main, tournant vigoureusement la tête à droite, puis à gauche, rien, aucune signe de vue. Je serrai la fiole dans ma main, continuant à lire les petites inscriptions floutés à cause de l'âge avancée de l'étiquette dessus. Attention, ne verser que trois gouttes par potion sous peine de complications funestes. Je haussais un sourcil, c'était quoi ça, les complications funestes ? J'hésitais pendant de brèves minutes avant de glisser la fiole au fond de ma poche de pantalon et de fermer la porte pour partir rapidement. Je descendais quelques marches pour être au niveau inférieur, les cachots. Je sentais une odeur désagréable venir jouer avec mes narines. J'abattis ma capuche sur ma tête, je ne savais pas exactement ce que je comptais faire. Après dix petites minutes écoulées, je posais mon sac sur un sol humide. Les couloirs étaient froids, tout comme les murs et l'air ambiante me donnait la nausée, une aura de mort était logée en ces lieux. Je sortis la fiole du fin fond de ma poche, regardant le liquide jaunâtre et insoluble d'un oeil intrigué. J'ouvris le tout, aucune odeur... Bien. Si j'avais le tout, je risquais des complications funestes ? J'entendais par là, mourir ? Et au final, je crois que c'est ce que je cherchais. Je pris un souffle profond, est-ce que j'allais vraiment le faire ou non ? Je touchais le fond, le gouffre et personne ne s'en souciait. Ma famille me voyait d'un oeil étrange, un traite en ayant rejoint les conservateurs, je perdais ceux auxquels je tenais, je me perdais dans une spirale infernale. Alors que j'étais juste vide, à la recherche d'un moyen pour faire cesser cette douleur moi, depuis la mort de Ramsey. Je faisais des signaux, des appels à l'aide, mais rien, à croire que les gens, des monstres d'égoïsme ne voyaient rien, qu'ils ne pouvaient voir plus loin que le bout de leur baguette ! Je hochais un peu la tête avant d'approcher la fiole de mes lèvres, prêts à avaler d'un coup, quand j'entendis des bruits de pas s'approcher rapidement vers moi.

Spoiler:

Nathanaël & Thelma

Reste en dehors de ça. Il ne mérite pas ton aide. Ce n’est pas de ton ressort. Il ne veut pas que tu le sauves car il ne veut pas être sauvé. Tu dois arrêter de le surveiller. Lui seul peut se sortir de son abime. Tu n’as pas le droit d’intervenir dans ses décisions. En tant que conservateur, il te détruira dès qu’il en aura l’occasion. Laisse le tranquille d’accord ? C’est sa vie pas la tienne. Pourquoi tu t’impliques tant ? Une succession de commentaires, d’opinions, d’avis, de jugements qui étaient censés avoir un effet sur moi, un impact dont je me rendrais compte extrêmement vite … or il n’en était rien ; d’une façon inexplicable plus mon entourage s’acharnait à essayer de me convaincre et plus il échouait … le cœur a ses raisons que la raison ignore. Je ne savais guère d’où me venait cette détermination, cette persévérance, cette acharnement à ne pas baisser les bras, mais je savais que son origine était sans aucun doute divine car cet entêtement était doté d’une force à laquelle je n’avais jamais pu goûter avant. C’était comme si je n’avais plus qu’une priorité : lui. Parce qu’ils avaient tous tort à croire que la seule chose nécessaire à faire était d’attendre, je n’arrivais même pas à envisager cela. Comment pourrais-je le regarder se détruire sous mes yeux sans tenter la moindre chose afin de l’aider ? Comment pourrais-je l’observer souffrir au plus profond de son être en restant immobile, indifférente et silencieuse ? Je n’en serais guère capable, je ne ressentirais que de la honte pour moi-même si j’osais adopter un tel comportement à son égard. Peut-être bien que les sentiments que j’éprouvais pour lui me poussaient à agir de la sorte, à vouloir lui porter secours plus qu’à n’importe qui d’autre mais pouvait-on me blâmer pour cela ? Non.

Je me trouvais à l’abri des regards indiscrets, dans l’ombre d’un mur imposant, en patientant depuis déjà quelques minutes. Je ne pouvais m’empêcher d’être inquiète … il était dans la réserve des potions depuis un bon moment maintenant. Je craignais qu’il ne fasse quelque chose de stupide … Je m’avançais alors, décidée à voir de mes propres yeux ce qui le poussait à rester si longtemps dans cette pièce lorsque soudain il en sortit. Ma réaction fut aussi brève que rapide : je reculais jusqu’à sentir la pierre froide et rêche du mur contre ma peau. Lorsque Nath se mit à marcher d’un pas déterminé, j’eus un mauvais pressentiment … quelle potion avait-il pris ? Je le suivis très discrètement, essayant de deviner ce qu’il comptait faire. J’avouais que mon attitude n’était pas très honnête, mais je considérais que dans un cas extrême comme celui-ci, il n’était plus question de faire preuve de bonnes manières, il était impératif d’agir quitte à devoir se montrer désagréable. Et quand il descendit dans les cachots, j’étais certaine qu’il n’allait pas être ravi de ma venue. Quelques secondes s’écoulèrent -aussi longues que plusieurs siècles- lorsque je décrétais qu’il était temps d’aller satisfaire ma curiosité. Autant dire qu’il me fallut moins de temps pour aller le rejoindre que pour prendre la décision de le faire. «Quelle potion est-ce ?» dis-je en m’approchant de lui à vive allure avant de rajouter sur un ton des plus autoritaires «Donne la moi». Je n’attendais guère sa réponse que je m’empressais de passer mes deux bras autour de sa taille afin que mes mains aillent derrière son dos et s’emparent de celle de Nath qui détenait la potion. Avait-il pensé que je me contenterais de parler ? Je ne comptais pas débattre avec lui, je voulais qu’il me remette la potion, un point c’est tout.

J’étais certaine qu’il allait considérer mon attitude comme un manque crucial de respect et je ne pouvais lui en vouloir pour cela, cependant rien ne pourrait me dissuader de l’empêcher de faire une bêtise car j’avais bel et bien compris que s’il avait volé une potion ce n’était guère pour l’étudier, mais pour en faire usage. Ne sachant pas laquelle il avait prise, mon inquiétude était arrivée à un niveau extrême. Et face à sa résistance physique, ou plutôt à son refus de me céder l’objet de convoitise, je ne pus me retenir plus longtemps d’un bref, froid et brutal : «Loüca Nathanaël Weasley si tu crois que je vais te lâcher la main avant d’avoir cette potion tu rêves, et aussi longtemps que tu résisteras, je continuerais de maintenir mon emprise jusqu’à ce que tu ne sentes plus ton sang circuler dans cette partie de ton corps !». Ce n’étaient point des propos guais mais je ne voyais pas d’autres moyens pour tenter de le persuader d’obéir. La peur ressentie à ce moment me poussait à être sanglante. Je ne savais que trop bien l’angoisse qui coulait dans mes veines à l’idée que Nath puisse se servir de cette potion pour mettre fin à ses souffrances car beaucoup d’entre nous avaient connaissance de la puissance et du danger que chacun des liquides pouvaient représenter dans de mauvaises mains. Et s’il venait à l’idée de quelqu’un que j’étais en ce moment même en train d’agir de façon démesuré, il avait tort, car il n’y avait pas de limites fixes lorsqu’on décidait d’aider quelqu’un, au contraire c’était en vers et contre tous.



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