Malloree n’avait pas vu les heures passer, alors qu’elle s’acharnait dans les serres depuis la matinée. Depuis la rentrée, Malloree n’avait que très rarement quitté les serres, non pas simplement parce que toutes ces plantes lui avaient terriblement manqué, ce qui était le cas, mais aussi parce qu’il était indispensable qu’elle se change les idées. Rien de mieux que d’enfouir ses mains dans la terre froide et humide pour faire le vide et oublier la réalité pendant un bref instant. La jeune professeure avait passé un été mouvementé et éprouvant et c’était avec soulagement qu’elle retrouvait sa vie de sorcière. Il fallait savoir que Malloree, sang mêlée, menait une vie très ‘moldue’ hors Poudlard, ayant été fiancée à un moldu pendant de nombreuses années. Elle qui se croyait heureuse avait fait une toute autre constatation au cours de l’été : elle n’était pas heureuse avec son fiancé. Ils n’avaient plus rien en commun et vivre une relation à distance, lui qui travaillait dans un restaurent à Londres et elle à Poudlard à l’année longue, la flamme s’était éteinte. Elle avait donc rompu leurs fiançailles, à la grande surprise de celui qui l’aimait. C’en était suivit les deux plus longs mois de sa vie, entre son fiancé qui ne voulait pas voir la vérité en face et elle qui craignait avoir fait la pire bêtise de sa vie. Elle avait passé l’été à se demander si elle avait pris la bonne décision. Ainsi, elle était soulagée de s’éloigner de cette autre vie pour se concentrer sur ce qui la passionnait réellement : la botanique magique et l’enseignement. Rien au monde ne la rendait plus heureuse que sa vie à Poudlard. De ce fait, elle avait passé une agréable matinée, ne donnant pas de cours, à rempoter des plantes. Malloree se passa le revers de la main dans le visage, laissant sur sa joue une trace de terre. Elle rangea ses pots et ses gants, avant de se diriger vers le bâtiment principal, la tête levée vers le ciel à regarder les nuages, souriant comme une enfant. Après tout, elle tentait de garder le sourire, il le fallait bien. Il fallait passer à autre chose. Dans les couloirs, elle salua quelques-uns de ses élèves, un sourire rayonnant aux lèvres, puis se dirigea vers la salle de potions, en vue d’y retrouver Viviane, qu’elle n’avait pas vue depuis la rentrée.

Malloree passa la tête dans l’embrasure de la porte de la salle de cours de potions, faisant rapidement le tour de la pièce de ses grands yeux bleus: elle était vide d’élèves. La jeune professeure entra dans la pièce, de son pas sautillant si particulier, marchant en direction du bureau à l’avant de la salle de classe. Elle avait cette odeur bien singulière, ainsi, il était rare qu’elle passe inaperçue. Ses longues cascades de cheveux blonds sentaient l’automne à l’année longue, ou du moins, pendant la période scolaire. En effet, elle passait un si grand nombre d’heures enfermée dans les serres qu’une odeur de terre fraîche et de feuillage imprégnait ses cheveux et vêtements, se mêlant à son parfum fruité, laissant derrière elle la trace d’un délectable effluve. Elle adorait cette odeur, celle des serres, celle de la fraîcheur. Elle s’avança dans la pièce, pour s’arrêter devant Viviane, qui leva la tête en entendant les pas de la blonde. “ Bonjour Viviane! „, lâcha joyeusement Malloree, de sa voix douce et chantante. À la vue de sa collègue, le sourire de Malloree s’effaça légèrement : elle avait les traits tirés et le regard effacé. Elle n’aurait pu dire si c’était à cause de la fatigue, ou de tristesse. Elle fronça ses sourcils blonds, une légère moue au bout des lèvres, et croisa les bras. Elle ne savait pas ce qui se passait chez Viviane, mais elle voyait bien qu’elle ne semblait pas dans son assiette. Avec sa naïveté et son grand cœur, Malloree voyait en la professeure de potion une bonne et sincère amie, et il était de son devoir d’être là pour elle. Si seulement elle savait que Viviane ne la voyait pas exactement de la même façon. Elle préféra cependant ne pas lui demander ce qui se passait, se contentant de lui demander : “ t'as passé un bel été? „. Elle espérait que cette simple question pousserait Viviane à se confier. Elle balaya le bras de sa collègue et amie de la main, puis lui adressa un sourire en penchant la tête sur la droite. C’était tout Lory, elle devait toucher les gens, être en contact direct avec eux, c’était tout elle : maternelle et affectueuse. Elle avait ce regard compatissant, presqu’agaçant.

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