« Hum, je suis crevé, je vais me coucher. » dit-il à Lana en s’étirant sur le canapé de la salle commune, puis par la suite, il étouffa un bâillement. Il était fatigué, enfin… façon de parlé. La jeune femme redevenue brune lui répondit alors : « Bonne nuit mon chéri… » Elle l’embrassa tendrement, avant qu’il ne tourne les talons pour monter dans le dortoir. Maintenant, le soir, il trainait avec Lana, alors qu’avant, il trainait tout le temps avec Mattie, les deux fourrés au fond de la salle commune à formuler des plans de plus en plus sophistiqués contre les sangs purs, et leur petit chien de lèche de sang mêlés. Ils avaient bien évolués et à eux deux étaient assez stratagème même si entre nous, dans la pratique, le plan s’avérait souvent accessoire, tout est question de feeling sur le moment. Il monta dans le dortoir et se coucha, tout habillé, sans que ses camarades s’en rendent compte, et fit comme s’il était tombé dans un sommeil profond. Deux heures plus tard, la salle commune baignait dans la silence total, tout le monde dormait. Il était les yeux grands ouverts dans son lit. Si tout le monde avait l’œil clos, Reed ne l’avait pas. S’il avait promis à Lana qu’il allait se coucher sans faire de détours, c’était un bien beau mensonge. En acceptant de sortir avec elle, il ne s’était pas marié, il n’avait pas signé de contrat lui interdisant de mettre les pieds en dehors du dortoir au beau milieu de la nuit comme bon lui chantait. Il n’avait rien signé, il était libre comme l’air, et comptait bien le rester jusqu’à la fin de ses jours. Ces derniers temps Reed n’avait pas été au top de sa forme, sa tante n’allait pas fort, mais il commençait à s’en remettre, il commençait à faire face, fort et fier, comme toujours. Il était remonté contre l’autorité de Poudlard, contre le ministère et contre ces putains de conservateurs, il aurait bien cassé la gueule à ce connard de fils de ministre tiens. Mais ce soir c’était une opération de sabotage toute simple, juste une farce à mettre en place pour que les serpentards tombent dessus le lendemain. C’était censé être une petite partie de plaisir, pas une bataille.

(...)

« Attention Mat', derrière toi » cria Reed à l’attention de sa meilleure amie. Et dire qu’au début cela ne devait être qu’une petite farce bien sympathique, qui allait faire enrager une dizaine de serpentard le lendemain, ils n’avaient pas prévus de tomber sur tout un groupe de serpentard au beau milieu de la nuit, ils n’avaient pas prévu non plus de sa battre avec eux dans les couloirs de Poudlard. La vie est faite d’imprévu, Reed et Mattie étaient les rois de l’improvisation, car l’un comme l’autre agissait avant de réfléchir. D’u geste vif, il fit se baisser sa meilleure amie, et lança un sortilège dans la direction de leurs assaillants. Cette fois ci, ils n’étaient vraiment pas en position de force, pas du tout même, un groupe d’approximativement cinq ou six serpentards contre eux deux. Mais, rien n’est perdu d’avance. Il fit signe à Mathilda de s’enfuir par le couloir, il couvrait ses arrières. Ils étaient au beau milieu du troisième étages, il n’y avait pas grand-chose ici. Il lança un sortilège pour aveugler leurs adversaires, lui laissant le temps de prendre la fuite, pour rejoindre Mathilda qui avait pris les devants. Reed était très endurant, très athlétique quand il le voulait, même si souvent il donnait l’impression d’être passif quand il était nonchalant. Ils étaient mal barrés comme on dit. Ils courraient dans les couloirs du troisième étage, ils courraient vite, mais non sans faire de bruit, un professeur allait bien finir par arriver attiré par les bruits de sortilèges, et d’insultes qui avaient tendance à fuser ce soir. De la main Reed indiqua à Mathilda de prendre une porte sur leur droite, celle-ci l’ouvrit alors, et donna sur un couloir, beaucoup plus sombre, si peu éclairé, qu’il faisait presque nuit noire. Derrière eux, plus l’ombre d’un bruit, leurs assaillants avaient-ils renoncé à les poursuivre ? Reed se stoppa, et souffla doucement, il était presque essoufflé, il n’avait pas couru comme cela depuis bien longtemps d’ailleurs. Il articula alors à l’attention de Mathilda : « Ca va ? » , il lui arrivait d’être inquiet pour elle, elle était sa meilleure amie, aussi importante que sa propre famille, peut être même plus importante que Lana à ses yeux. Personne ne pouvait comprendre le lien qui les unissait, il était trop unique pour être partagé.

it's you and I against the world, nothing will ever stop us.

Les yeux grands ouverts, elle fixait le plafond au-dessus d’elle. Toute habillée sous les couvertures, elle attendait. Elle et Reed s’étaient donné rendez-vous : ce soir, ce serait comme dans le bon vieux temps! Pas de Lana, juste eux contre le monde. Depuis qu’il était avec Lana, Mattie se sentait laissée de côté et ça ne faisait qu’envenimer sa haine et sa jalousie à l’égard de la nouvelle petite amie de Reed. Elle ne l’avait jamais appréciée, et ce n’était pas sur le point de changer. Mais ce soir, c’était repartit, plans et stratagèmes étaient au rendez-vous et Reed et elle reprenaient du service. Un léger sourire éclaira les lèvres de la jeune femme, alors qu’elle se retournait lentement dans son lit, attendant patiemment que les autres filles de son stupide dortoir aménagé s’endorment. Ce soir, les Serpentards allaient payer pour toutes leurs mesquineries. Demain, en se réveillant, ils auraient une bien belle surprise. Un sourire de satisfaction aux lèvres, Mattie se leva sans bruit, pensant tout bas « let the show begin! »

( … )

« Attention Mat', derrière toi » Elle eut à peine le temps de réagir et d’assimiler la mise en garde de son meilleur ami que ce dernier l’empoignait pour qu’elle se baisse rapidement. Elle n’avait pas été assez alerte et n’avait pas vu cette nouvelle attaque. Poursuivis par une horde de Serpentards, leur petite blague avait pris une toute autre tournure.... Une tournure à laquelle ils ne se seraient pas attendus. Ce qui à la base n’était qu’une plaisanterie à l’égard de leurs ennemis était devenu une réelle attaque contre eux : ils étaient à présent tel que l’arroseur arrosé. Mais bon, ce n’était pas la première fois qu’ils faisaient face à un imprévu et ils étaient tous des as de l’improvisation! Ainsi, ils se défendaient avec brio, bien qu’ils fussent largement inférieurs en nombre. Reed lança un sort à leurs assaillants, alors que Mattie regarda rapidement autour d’elle : ils étaient pratiquement encerclés. Essoufflée, elle lui adressa dans un murmure un rapide « Merci ». D’une œillade rapide en direction de Reed, elle comprit qu’il lui faisait signe de prendre la fuite. Elle hocha rapidement la tête puis sans se retourner entama une course rapide. Elle savait que Reed n’aurait aucun problème à la rattraper. Le souffle court, elle tenait sa baguette fermement dans sa main gauche, sans cesser de courir. Il n’y avait pas de véritable échappatoire : ils se trouvaient en plein milieu d’un énorme couloir du troisième étage. Aucune cachette à portée de vue, elle continuait de courir. Son cœur cognait rapidement contre sa poitrine et ses respirations étaient saccadées. Bien vite Reed la rejoignit au pas de course et elle jeta un regard rapide derrière elle pour s’assurer que leurs assaillants ne les rattrapaient pas. Enfin, une échappatoire se présenta à eux. Reed lui pointa la porte du doigt et elle s’empressa de l’ouvrir pour que tous deux puissent se glisser dans cette cachette.

Une fois de l’autre côté de la porte, ils s’arrêtèrent tous deux pour reprendre leur souffle et regarder autour d’eux. Mattie fronça les sourcils, son nez se froissant légèrement. Ou étaient-ils atterris? Ce couloir était si sombre qu’ils ne pouvaient voir très loin. Chose certaine, elle n’était jamais venue ici avant. Autour d’eux, le silence total. Seules leurs respirations rapides et ronflantes se faisaient entendre, à l’unisson. Reed semblait bien moins à la recherche de son souffle qu’elle : il faut dire qu’il était bien plus athlétique et en forme. La respiration de l’ancienne Poufsouffle se régularisèrent, et elle passa une main mutinée dans sa chevelure de feu pour s’éventer un peu : elle avait terriblement chaud après tout l’effort fourni. « Ca va ? » Elle hocha la tête à plusieurs reprises, avant d’articuler à voix basse: « Ouais... » elle marqua une légère pause, puis enchaîna « Ouais ça va! Plus de peur que de mal. Toi, t'as rien? » Elle posa son regard sur lui. Sa vue s'était accoutumée à l’obscurité des lieux. Cette question était plus rhétorique qu’autre chose : elle savait que Reed n'avait rien, mais elle ne pouvait s'empêcher de s’inquiéter pour lui. Il faut dire qu’ils l’avaient échappé bel. C'était une surprise qu'auncun professeur ne soit intervenu. Elle s’avança lentement dans le couloir, de quelques pas, légèrement inquiète. Que pouvaient bien être ces lieux? Elle serrait sa baguette dans sa main gauche, prête à une nouvelle attaque. Pourtant, leurs assaillants semblaient avoir abandonné la partie. Mattie chuchota à l’intention de son meilleur ami « Tu crois que ces vipères ont renoncés?! » Elle émit un léger rire. Elle ne savait pas pourquoi d’ailleurs. Sans doute était-ce un rire nerveux. Elle avait beau être intrépide, ces lieux ne lui inspiraient pas du tout confiance. Ça ne l’empêcha pas de faire quelques pas de plus.

Il avait le don de se mettre dans de sale situation. Vraiment, il avait comme un don pour se mettre dans de sale draps, et ce depuis toujours. Il était ce genre de gars à qui tout et en même temps rien n’arrive. Sa vie était pleine d’action, alors que parfois il ne demandait qu’à se reposer, mais il aimait sa vie, imprévue, imparfaite, impossible parfois, il l’aimait comme ça. C’était pour des moments imprévus comme celui qu’il vivait avec Mattie qu’il aimait sa vie. Il ne la changerait pour rien au monde. Il voudrait peut être changer une chose... sa condition physique. Il était très essoufflé, Reed avait beau avoir une carrure d’athlète, il restait un homme qui préférait souvent poser les pieds sur la table plutôt que d’aller courir. Pourtant, cette année, il avait décidé d’arrêter le quidditch, et ne s’était pas inscrit dans la nouvelle équipe quand il avait appris que Mattie ne pouvait pas y jouer, c’était révoltant, il ne voulait pas participer au massacre. C’est d’ailleurs la raison même de leur escapade nocturne qui était entrain d’assez mal tourner, mais il n’y avait pas mort d’homme, pas encore, pensa-t-il. En tout, cas, il ne laisserait rien arriver à Mattie, elle était sa meilleure amie, il tenait trop à elle. Plus qu’à n’importe qui, plus qu’à n’importe quelle autre fille, plus qu’à Lana, plus qu’à Vitanie, plus qu’à Morgana, plus qu’à Katniss, plus qu’à n’importe qui car… Mathilda était tout sauf n’importe qui, croyez moi. Une personne extraordinaire mérite un traitement tout particulier, il s’enquit de lui demander si ça allait, puis, essoufflée, elle lui répondit alors : « ouais... » Reed la vit reprendre son souffle, mine de rien, ils venaient de faire une sacrée course, digne d'un sprinteur. « ouais ça va! Plus de peur que de mal. Toi, t'as rien? » Elle allait bien, dieu merci, il ne supportait pas que quelqu’un – surtout M attie – puisse être blessé, à cause de lui, ou à un endroit où il aurait pu faire quelque chose. Reed lui était robuste, la vie l’avait doté d’une carrure imposante, et même si sa condition physique n’était pas optimale, il avait couru suffisament vite pour échapper aux sortilèges de ces petits connards de sang purs. Lui avait fini de reprendre totalement son souffle, resaissant sa baguette à pleine main, et s’appuyant d’une main sur un pilier ; il le toucha, et retira ses doigts immédiatement, le pilier était humide alors qu’ils étaient à l’intérieur même du Poudlard, c’était un lieu infréquenté, c’était évident, peut être même qu’il s’agissait d’un couloir interdit… attendez, ils étaient aux troisième, c’est là que ce trouvait le couloir interdit, qui par nature était formellement interdit aux élèves de Poudlard. Cette fois ci, Mattie et Reed jouaient gros. Il hocha la tête avant de regarder Mattie et de dire : « Je vais bien...» d'un sortilège infomrulé il illumina la pointe de sa baguette éclairement faiblement le couloir, comme si l'obscurité absorbait la lumière, tellement la nuit était profonde. Il ajouta en tournant la tête vers Mattie avec un grand sourire : « Je vais toujours bien ! » Ce n’était pas tout à fait vrai, ces derniers temps, il n’était toujours bien, mais avec le temps cela allait mieux, en revanche, il était le premier à avoir l’air bien tout les jours. Il adressait ce sourire que seule Mattie connaissait, un sourire complice, indéfinissable, mis à part elle, personne ne pouvait connaitre ce sourire, cette malice dans ses yeux, juste elle, et seulement elle.

C’était le calme plat, cela ne laissait pressentir rien de bon. Reed se demandait s’il ne s’agissait simplement pas du calme avant la tempête. Il regardait autours de lui, l’obscurité, et la lumière au bout de sa baguette, même les cheveux de feux de Mattie ne pouvaient rien y faire, la nuit était épaisse, infranchissable. Mattie dit alors : « Tu crois que ces vipères ont renoncés?! » Il ne savait pas. Mattie laissa échapper un rire nerveux, il comprenait, l’endroit faisait froid dans le dos, lui qui n’était pas du genre à avoir peur, commençait un peu à se sentir mal. Que pouvait bien craindre les professeurs au point d’interdire le couloir aux élèves. Reed fit un pas en avant, peu assuré, avant de répondre : « je ne sais pas, peut être devrions-nous attendre un moment avant qu'ils ne... » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’on entendait des pas derrière la porte qu’ils venaient de franchir avec la rouquine, Reed se tu alors. Et merde, ils n’allaient quand même pas devoirs fuir dans ce couloir, sombre, humide, noir, inconnu, possiblement dangereux, certainement interdit. Il était à poufsouffle, il n’était pas forcément doué pour trouver une solution intelligente à lui problème, il lança à Mattie : « on doit trouver un moyen de bloquer la porte, avec un sortilège, je ne sais pas quoi. » Si seulement il avait été plus attentif en cours de sortilège… Ce n’était pas forcément son fort, en première année, il avait longtemps avant de comprendre qu’il fallait faire le geste et bien articuler en même temps.

720 mots.

Autour des deux élèves, c’était le calme total. Trop calme, même. Ce calme n’avait absolument rien de bon, bien au contraire, il laissait croire à Mattie que leurs assaillants n’avaient pas abandonné la partie, loin de là. Ils se préparaient à reprendre l’attaque. Il faisait noir, et le silence lourd donnait froid dans le dos. Elle regarda une autre fois autour d’elle pour enfin s’en rendre compte : ils étaient dans le couloir défendu. Le couloir que les professeurs avaient pris la peine de prohiber tous les élèves de s’y rendre. Et pourtant, Reed et elle venaient de s’y réfugier. Mattie avait l’habitude de prendre des risques. Elle n’en était pas à sa première escapade nocturne. Ce n’était pas la première fois qu’elle enfreignait une poignée de règles avec Reed. Elle avait la soif du danger et de l’aventure, ça c’était connu. Mais là, c’était pratiquement du suicide. Avec les nouvelles règles à l’intention des Grindelmonk, elle risquait beaucoup plus, la vie à Poudlard n’était pas facile pour les nés moldus. Juste en faisant usage de sa baguette, elle avait enfreint une règle. Elle avait également transgressé la règle des couvre-feux. Mais enfreindre celle qui interdisait l’accès à ce couloir du troisième étage, c’était peut-être trop. Décidemment, elle et Reed risquaient gros s’ils se faisaient prendre. Dans un coup d’œil rapide, elle regarda vers le fond du couloir, qui se perdait dans la pénombre, puis elle regarda la porte. Peut-être que leurs assaillants étaient réellement partis. « je ne sais pas, peut être devrions-nous attendre un moment avant qu'ils ne... » Elle fit un pas vers la porte et avança sa main, mais la rétracta aussitôt quand elle entendit des pas derrière la porte, au même moment où Reed se tut. Elle attrapa le poignet de Reed et fit un léger pas vers l’arrière, lui tirant le bras. Il était maintenant évident que la bande de Serpentard – étaient-ils vraiment à Serpentard? – n’allait pas lâcher prise si facilement et qu’ils étaient toujours derrière cette porte. Visiblement, ils attendaient que Reed et Mattie sortent de leur cachette. Alors ils pensaient vraiment les tenir prisonniers? Ils ne savaient pas à qui ils s’en prenaient! On ne mettait pas Reed Magnus-Wexforth et Matilda Alldrïn dans une trappe si facilement!

Elle regarda derrière elle. Deux options s’offraient à eux : soit ils affrontaient leurs assaillants et sortaient de leur cachette improvisée, soit ils prenaient la fuite dans la direction opposée – le couloir interdit. Elle déglutit, puis fronça les sourcils. Aucune de ces deux options ne lui souriait vraiment. Mattie et Reed étaient doués pour se mettre les pieds dans les plats, mais pour se sortir du pétrin, c’était une toute autre histoire. Ils faisaient un bien drôle de duo. « on doit trouver un moyen de bloquer la porte, avec un sortilège, je ne sais pas quoi. » il avait raison. C’était une bonne option qui leur donnerait le temps de s’arrêter pour réfléchir en gardant ces abrutis de l’autre côté de la porte. Elle savait que les sortilèges n’étaient pas le point fort de Reed. Elle-même n’y excellait pas nécessairement, elle articulait toujours trop vite. En fait, Mattie parlait toujours trop vite. Et en moment pareil, c’était pire que tout. Elle brandit néanmoins sa baguette, persuadée de savoir quel sort utiliser. « bonne idée! Je connais un sortilège! Laisse faire l'experte! » Elle lui adressa un sourire, à fière d’elle et espiègle. Pour une fois, elle avait écouté en classe et savait pertinemment ce qu’elle devait faire. Ou du moins, c’est ce qu’elle croyait. Sa baguette en main, elle prononça rapidement « collopuerto! ». De petites étincelles jaillirent de sa baguette, mais rien. Elle marmonna un juron entre ses dents, « merde! », avant de secouer la tête. Elle répéta le sortilège, d’un ton plus sec « calopurta! ». Même résultat. Frustrée, elle tenta une nouvelle fois, criant des formules erronées, à plusieurs reprises. « Collaporto! Callaparto! Collaportuo! » Il fallait qu’elle se rende à l’évidence, elle n’avait aucune idée de ce qu’était le sortilège. Et avant de faire tout exploser, elle préféra abaisser sa baguette, évitant le regard de Reed, qu’elle imaginait moqueur. Il fallait qu’ils trouvent une autre solution, et vite. Les pas derrière la porte étaient de plus en plus lourds et bruyants, comme s’ils s’étaient rapprochés. Ou comme s’ils avaient doublé en nombre. Avaient-ils eu le temps d’aller chercher du renfort? Chose certaine, Mattie et Reed, à eux deux, étaient largement inférieur en nombre.

Elle échangea un regard rapide avec son meilleur ami. Elle venait de se rendre compte qu’elle avait fait quelques pas vers l’arrière, inconsciemment. Une partie d’elle n’avait qu’une seule envie, celle de prendre la fuite vers le corridor, malgré tous les risques que ça pouvaient engendrer. Ils n’avaient plus qu’une fraction de seconde pour prendre une décision, parce qu’il était évident que leurs assaillants, en constatant que les deux amis ne sortaient pas de leur cachette, allaient changer de tactique et, qui sait, les pourchasser. Valait mieux prendre de l’avance. Son regard papillonnait maintenant entre la porte, Reed et derrière elle. Tant qu’à s’être embarqués dans cette aventure, autant prendre des risques jusqu’au bout, non? « Tu crois vraiment que ce corridor est aussi dangereux qu’il en a l’air? » Ce n’était pas une question, mais plutôt une invitation à laquelle elle espérait qu’il répondrait « Découvrons-le maintenant! » et vite.

Être sur le qui vive. C'est-à-dire être en alerte, comme si notre vie en dépendait, ou quelque chose du genre. Reed était quelqu’un qui était souvent sur la défensive, toujours prêt à subir une attaque, normal, il avait un certain nombre d’ennemis. Il n’était pas le type le plus fréquentable du monde, d’ailleurs il n’était pas le type le plus sage et le plus gentil du monde. Il n’était pas « le gendre idéal », il collectionnait les heures de cours, il était arrogant avec les professeurs, et avec certains élèves. Reed était un mauvais garçon, et il en était fier. Etre le bon gars, le parfait petit ami, trop peu pour lui. Il était arrogant, violent parfois, mais avant tout loyal à ses amis et à ses idéaux. Sa plus fidèle amie, était sa meilleure amie, Matilda. Il aurait parfois juré qu’ils étaient frères et sœurs tellement ils s’entendaient bien, enfin… avec des petites disputes parfois, et des chamailleries d’enfants. Mattie et Reed, c’était un peu des inséparables, un peu comme Bonnie & Clyde mais sans l’histoire d’amour. Oui, de l’amour entre Reed et Mattie ? Jamais, juste une sorte d’amour fraternelle, rien de plus. Non, ils étaient très proches, d’ailleurs des gens devaient croire qu’il y avait quelque chose entre eux. Alors qu’en vérité il n’y avait rien entre Reed et Mattie. Rien hormis une sacré amitié que jusque là personne n’avait réussi à dissoudre, ni même à briser. C’était à un point qu’à choisir entre sa petite amie et sa meilleure amie, il serait presque tenté de choisir Mattie, c’était dire. inséparable, comme Bonnie & Clyde.

En parlant des inséprables, ils étaient sur un mauvais coup, et en passant dans une mauvaise posture. Ils avaient décidé d’emmerder une bande de serpentard qu’ils avaient estimé au nombre de trois, mais ils étaient six. Six petits cons de conservateurs, allant du serpentard stupide de base au crétin d’Herondale de Griffondor. Lui et Mattie allaient devoir user de ruse pour s’en sortir. Personne ne leur viendrait en aide dans le couloir interdit, normal… il était interdit par définition. La solution était de ralentir, voir d’arrêter leur poursuivant, et au moyen de la condamnation de la porte. Sa Bonnie, enfin, sa Mattie dit alors quand il proposa de condamner la porte : « bonne idée! Je connais un sortilège! Laisse faire l'experte! » La jeune femme experte en sortilège ? Il demandait à voir. A ce qu’il savait, Mattie et lui n’étaient pas les élèves les plus attentifs qui soient en classe. Bien qu’ayant un an d’écart ils avaient assisté à des cours regroupant plusieurs années et à chaque fois mettaient un sacré bordel, ou faisant des jeux sans aucuns rapport avec les cours. Mattie devait sans doute connaitre ce sortilège, Reed en avait un sur le bout de la langue, mais il laissa à la rousse la chance de prouver ses talents. « collopuerto! » Quelques étincelles peu vivaces sortir du bout de la baguette de Mattie, et c’était très peu convainquant. Reed ne se moquait pas des autres – pas de Mattie du moins – sauf quand ils le méritaient. Elle jura alors : « merde! » Hum, lui aussi sortirait des jurons à tout va quand il n’arrivait pas à faire quelques choses, cela lui arrivait très souvent. « calopurta! » Toujours rien, les mêmes petites étincelles, mais rien de véritablement magique. « Collaporto! Callaparto! Collaportuo! » Elle essayait une succession de formule dans aucun sens et sans aucun effet. Reed connaissait cette formule, elle avait été évoquée dans un cours qu’il avait sans doute trop peu écouté. Reed avait la mémoire qui lui jouait des tours, il se souvenait de détails qui ne l’aidait pas. Ce sort lui était totalement sorti de la tête.

Ça ne marchait pas, il allait falloir changer de technique, car les pas de leurs assaillants semblaient s’être considérablement rapprocher. Il échangea un regard avec Mattie, et il serra sa baguette dans sa main. elle dit alors : « Tu crois vraiment que ce corridor est aussi dangereux qu’il en a l’air? » Le danger avait une saveur délicieuse. Le sorcier n’avait jamais aimé la sécurité et la stabilité. Il aimait le danger aussi surement qu’un enfant aime manger du chocolat, ce besoin perpétuel de se mettre en danger, de chercher le danger lui donnait l’impression de vivre pour quelque chose. Alors que les pas se rapprochaient, il glissa à l’attention de Mattie : « Je crois que s’y aventurer est le meilleur moyen de connaitre la réponse à cette question. » Un air malicieux, avec Mattie il irait au bout du monde. Il se souviendrait toujours de leur première escapade dans la forêt interdite. Reed tourna la tête réfléchissant à la vitesse de la lumière une armoire trainait dans le coin. Sans crier gare, il alla vers elle, et la poussa de toute ses forces devant la porte pour retarder leur poursuivant, pendant un certain temps du moins. « Mat’, passe devant, je te rejoint ! » Dit-il en lui faisant un signe de la tête. Avec elle, comme avec tout le monde, Reed faisait toujours en sorte qu’ils soient protégés, il tenait à Mattie. Il poussa de toute ses forces l’armoire contre la porte. Il entendit des voix derrière la porte. Merde, il entendit dire qu’ils étaient derrière la porte, et merde. Reed était appuyé contre la porte, cherchant le moyen de la bloquer de façon définitive. Il entendit dire derrière lui qu’il allaient défoncer la porte, il resta interdit une seconde et l’instant d’après il était projeté sur le sol et pierre avec des débris d’armoire sur lui.